Dans la voiture, j'écoutais de la musique tranquillement. Le coude dehors, les doigt au bout de ma voiture adorée, je suis plutôt de bonne humeur. Disons que je n'ai pas de raisons de ne pas l'être. Le boulot ça va, je m'éclate bien dans des soirées, je sors à droite à gauche dans de soucis, je vis bien ma vie, aisément, je peux me payer des trucs de fou... Bref, tout va pour le mieux pour moi, même si parfois je me disais que me poser une bonne fois pour toutes avec une femme que j'aimerais de toute mes forces ne me ferait pas de mal, mais faut qu'elle vienne et ça c'est pas du gateau. Faut dire que je suis pas mal chiant comme mec, alors faut savoir me supporter. En attendant, je vivais ma vie comme je l'entendais. Sur la route, à un coin paumé d'ailleurs je peux le préciser car j'y pensais, je trouvais une voiture enfumée et Hannah, Carter dans les bras. Je m'arrêtais sans réfléchir, pour lui venir en aide. Cela fait bien des mois que nous ne nous étions pas revus, faut dire que la dernière fois ça avait été plutôt compliqué entre nous. Agréable, mais compliqué. Je n'avais pas voulu lui faire perdre la tête, car elle avait assez de soucis comme ça alors j'étais sorti un moment de sa vie, histoire que le temps fasse passer tout ça. Apparemment, il avait décidé qu'il était temps de nous retrouver, qu'on devait être prêts. Je baissais la vitre de la fenêtre, et sans attendre elle m'expliqua son problème. Salut lui dis-je alors. Je coupais le moteur, me mettant sur le côté de la route, face à sa voiture. Je sortais le téléphone. Pas de réseau, je suis tombé au bon moment on dirait. Je la regardais avec Carter, il fallait que je l'aide. Tu allais quelque part? Tu avais des choses à prendre? Installe Carter dans la voiture, si y'a des affaires je les prends et je vais t'emmener où tu veux aller, je m'occupe de ta voiture si tu veux. dis-je, n'ayant pas oublier le boulot qu'elle faisait. A cet heure-ci, elle était sûrement sur une livraison ou quelque chose comme ça. Je n'avais rien à faire cet après-midi faut dire, je bossais dans la soirée rapidos et puis, j'étais le genre de personnes à ne pas prévoir, alors j'étais disponible. Je la regardais, dans ces yeux magnifiques. Qu'en dis-tu? demandais-je alors.

Je m'arrêtais sur le bas de la route, remarquant la voiture d'Hannah. Je sais que ça fait des mois que nous ne nous sommes pas parlé, ni vu, pourtant je n'allais pas la laisser là alors qu'on étais dans un coin complètement perdu de Miami, en nuit. Je prenais donc ses affaires, elle installa Carter et je mettais le contact après qu'on ait bien fermé sa voiture. Je commençais à rouler vers chez elle, sachant qu'il nous faudrait une demi-heure pour y arriver. Du coup, ce serait soit un grand silence, soit on se force à parler. Hannah elle, choisit d'aller droit dans le fond du problème. Je soufflais légèrement. Evidemment, je l'avais abandonné, c'est la façon dont elle le voyait. Sauf que si j'avais fais ça, c'était pour tout autre chose, et si on avait une demi-heure à tuer alors, allons-y. Je ne t'ai pas abandonné, Hannah. Enfin ce n'est pas ce que je voulais faire. On était sur un terrain trop glissant, et tu le sais. Je ne voulais pas gâcher ce qu'on avait vécu et pas non plus gâcher ce que tu avais déjà, alors j'ai préféré m'éloigner avant de te causer encore plus de problèmes et de perdre l'homme que tu aimes vraiment, voilà. dis-je alors sans lâcher les yeux de la route. Quand elle était à terme, avant d'accoucher, nous avions vécu des moments un peu trop intimes qui auraient pu gâcher sa relation avec son petit-ami, chose que je me refusais. J'espère que tu le comprendras et que tu me pardonneras un jour finis-je alors par dire. Je tenais vraiment à elle, même ces derniers mois d'absences je prenais des nouvelles d'elle comme je pouvais, en regardant les réseaux sociaux par exemple. J'avais été dangereux pour elle.

C'était parti pour une bonne demi-heure de voiture avec Hannah, et ça n'allait pas être simple je le savais déjà. Soit ça allait être un silence pesant, soit un règlement de compte. Hannah optait pour le règlement de compte, puisqu'elle commençait le speech. Je soufflais intérieurement, histoire qu'elle ne le voit pas et ne le prenne pas comme si j'en avais rien à foutre. Au contraire, j'en avais sûrement pas rien à faire, Hannah m'importait beaucoup quoiqu'elle puisse elle-même penser. Mais si j'avais disparu de sa vie c'était pour une très bonne raison à laquelle je m'accrochais comme une moule à son rocher. Je l'écoutais tout de même me répondre, attentivement. Elle voyait ça autrement, évidemment. Pour elle, je l'avais en effet bien abandonner, disparu de sa vie volontairement pour lui faire du mal. Alors oui, je lui avais peut-être fais du mal mais c'était minime à côté de ce que j'aurais pu faire si j'étais resté. Elle me regardait, je le sentais, pendant son speech mais je regardais la route. Il faisait sombre alors je ne préférais pas tourner la tête, puis de toute façon j'avais bien trop peur de croiser son regard. Ce qu'elle dit à la fin me fit froncer les sourcils, je savais qu'elle faisait rapport avec ses parents, et elle me mettait dans le panier. Tu peux pas dire ça, Hannah. Je ne t'ai pas fais d'appel ou de sms parce que je voulais laisser le temps que ça se fasse tout seul, de pas revenir trop tôt. J'ai minimisé les dégâts, quoique tu en penses. dis-je alors, changeant de main sur le volant, me frottant la joue. Je ne t'ai pas rayé de ma vie. Je voulais juste nous donner le temps de faire nos vies de nos côtés pour ne pas que je gâche la tienne, simplement. Et ne me dis pas le contraire, on en avait parlé de toute façon. Si on s'était vu quoi? Bah ça n'aurait pas changé, et on aurait pu faire des trucs qu'on aurait regretter aujourd'hui et on se parlerait plus du tout, là c'est sûr. dis-je alors, délivrant ma pensée. Après tout, elle voulait l'entendre je pense.

Sur la route, j'encaissais ce qu'elle me disait. Regardant au loin, je repensais à chacun de ses mots quand elle les prononçait. J'étais tout à fait conscient de lui avoir dit toutes ces choses : lui avoir promis de ne jamais l'abandonner, que j'étais là pour elle quoiqu'il arrive. Ce qu'elle pensait était tout à fait compréhensible, et pourtant ça me rendait fou. Qu'elle puisse penser que j'ai passé un trait sur ce que nous avions vécu, que je l'avais oublié et que j'allais oublier encore ce moment-ci me fit froncer les sourcils et serrer mon volant dans ma main. Mais j'encaissais, sans rien dire. Je me disais que peut-être ça lui ferait du bien de me claquer tout ça dans la tronche - et que j'avais déjà tout dis de toute façon. Qu'ajouter de plus? Elle ne changera pas d'avis apparemment. Mais alors que je me garais devant chez elle, que je m'apprêtais à sortir pour l'aider avec ses affaires, elle me dit quelque chose qui me fit sortir de mes gonds. Elle sortit de la voiture avant que je puisse répondre quoique ce soit mais e sortais, prenant soin de le faire avant qu'elle ne sorte Carter de la voiture pour ne pas le mêler à tout ça, parce que ça allait être musclé. Je l'empêchais donc d'ouvrir la portière pour le prendre un instant. Elle veut qu'on règle nos compte, pas de problèmes. Et quoi? dis-je froidement. ça nous avance à quoi d'assumer qu'on puisse avoir eu quelque chose d'autre, de supérieur à l'amitié un jour? Tu penses qu'à toi, Hannah. Tu ne penses pas une seconde à ma position dans cette histoire? "Bonjour je m'appelle Chad et pendant qu'Hannah était enceinte et en couple je l'ai embrassé parce que ouuui je ressentais plus que de l'amitié pour elle mais maintenant bah je suis toujours là pour elle évidemment et puis je souffre parce que forcément je peux pas faire tout ça que c'est irrecpectueux et juste inhumain de briser une relation alors voilà je suis là à ses côtés à imaginer des choses de loin et souffrir dans mon coin" c'est ça que tu voulais? dis-je alors me râclant la gorge car c'était des mots étrangement sincères qui étaient sortis de ma bouche - chose que j'ai bien du mal à faire en général. Mais j'avais bien réussi à tourner la chose pour ne pas en dire de trop directement. Je lâchais la porte qu'elle puisse prendre Carter. Je prenais du coup une voix plus calme. Alors c'était peut-être aussi par égoïsme que j'ai fais ça oui, tu peux le penser. Je sais très bien ce qu'on a vécu tous les deux et je ne l'ai pas oublié, ne t'inquiètes pas pour ça, c'est toujours bien là et le problème c'est que ça fait mal, alors oui, j'essaie de mettre ça derrière moi juste pour pouvoir avancer, et que tu puisses avancer, enfin apparemment toi tu n'as pas eu tant de mal que ça, c'est tout. Arrête de dire que tout est de ma faute parce qu'on a tous les deux notre faute, s'il te plaît. finis-je par dire alors, reculant petit à petit.

Elle avait des mots qui contredisais complètement ce qu'elle faisait. Autant elle disait qu'elle n'avait jamais regretté nos dérapages, qu'elle avait appris à les accepter, qu'elle avait tenté de me re-contacter, qu'elle était blessée, qu'elle m'en voulait.. autant elle agissait froidement, passant devant moi sans un regard. J'avais du mal à associer les deux du coup, pour savoir où trouver la faille. Je savais très bien qu'Hannah et moi étions de fortes têtes et que ça n'en finirait pas d'hurler tous les deux. Dès qu'on s'y mettait, il fallait des pieds et des mains pour trouver la bonne entente. Là, j'avais peur qu'on ne la trouve pas. Je dis bien peur, car en l'écoutant me répondre, bouche bée, je ne savais plus quoi ajouter, quoi dire pour lui faire comprendre que malgré tout je ne regrettais pas non plus, que j'ai juste voulu le faire pour elle quoiqu'elle en pense, que je ne voulais juste pas être une source d'ennui supplémentaire pour elle dans le temps où rien allait pour elle, que j'ai juste voulu lui simplifier la vie. Elle venait de me dire qu'elle aimait son petit ami, et bien tant mieux, j'avais donc fais le bon choix. Je ne vois vraiment pas pourquoi aujourd'hui on remuait le couteau dans la plaie. Tu sais très bien que je suis incapable de dire ces choses-là si facilement et de plus ça aurait changé quoi ce jour-là? Tu l'aimes et tu viens de me le dire alors j'ai juste simplifié les choses en faisant plus vite ce qui aurait mis des jours à être fait et qui m'aurait fait et t'aurais fais bien plus de mal. dis-je alors. Si je t'avais dis ce jour-là que je m'en allais, que je prendrais de la distance mais que ce n'est pas parce que je ne répondrais pas nul part que je ne penserais pas à toi, que je ne chercherais pas à regarder sur ton instagram ou que sais-je que tu ailles bien, que je voulais juste que tu ne souffres pas, que tu n'aies pas à choisir si tu avais à le faire, que tu n'aies pas mal, et bien quoi? Tu aurais voulu quand même que je reste, et on aurait eu mal, et tu aurais eu à choisir, et ça aurait été douloureux pour probablement rien, non? A quoi ça sert de ressasser le passé de toute façon? On en est là maintenant et on retournera pas en arrière. lui informais-je alors, et c'était vrai. Ca m'énervait qu'on se hurle dessus en parlant du passé alors qu'on ne pourrait rien en changer, c'est aujourd'hui que les choses se faisaient. Je reprenais mon éternelle voix calme. Quoiqu'il en soit, que tu penses, j'ai été content de te voir aujourd'hui et de t'avoir aidé. J'aurais préféré que ça se passe autrement mais je comprends les erreurs que j'ai pu faire à tes yeux et je suis désolé d'être comme ça mais je le suis et je l'ai fais en grande partie pour toi. Je ne ferais jamais comme si rien ne s'était passé sinon je ne parlerais pas comme ça là maintenant. J'aurais en fait aimé qu'on reparte d'un bon pied alors, si à un moment ça te va, laisse le moi savoir et là je te répondrais, promis. dis-je alors avant de reculer doucement et de fermer les portières de ma voiture.