Une bouteille de champagne vint se fracasser sur le mur à l’endroit même ou se trouvait ma tête quelques secondes auparavant. À la vue de celle-ci, j’avais tout juste eu le temps de me baisser en protégeant mon visage afin de l’éviter. C’était assurément la goutte de trop puisque c’est suite à cela qu’un des agents de sécurité de la boîte de nuit m’escortait périlleusement vers la sortie. Une fois à l’extérieur, je me rendais compte que je n’avais pas emporté mon matériel. Fort heureusement, un autre agent de sécurité eut bien l’amabilité d’aller me les récupérer tandis que la bagarre générale faisait toujours rage au sein du club. Je lui plaçais un billet de cent dollars en main avant de m’éloigner de l’établissement et de me diriger vers ma voiture. Je m’installais à bord de celle-ci après avoir placer mon équipement à l’arrière. Je soufflais quelques instants en passant une main dans mes cheveux. Quelle soirée. J’avais l’impression que Miami avait une tout autre décadence que l’Europe ou j’avais eu l’habitude de me produire depuis ces trois dernières années. Ici, aux États-Unis, je devais encore faire mes preuves. En effet, je m’étais fait une place parmi les meilleurs djs en Europe, mais en outre atlantique, ce n’était pas encore chose faite. La boîte dans laquelle j’avais signé récemment un contrat ne possédait manifestement, pas une bonne clientèle. Mais ce n’est pas comme si je pouvais me permettre de faire mon difficile. J’avais beau venir d’une famille très influente, je n’avais aucunement envie de m’aider à franchir les échelons grâce à la réputation de cette dernière. Il fallait donc que je commence en bas de l’échelle, ici, à Miami.

Je m’étais directement rendu à la villa. Il était déjà très tard, et je n’avais pas encore assez fait de connaissance dans cette ville pour pouvoir rejoindre de quelconque ami. Boire seul en tête à tête avec mon verre, ça, je pouvais très bien le faire chez moi. C’est d’ailleurs ce que je ne tardais pas à faire. Je n’avais même pas pris le temps de me mettre à mon aise. Je traversais directement le séjour pour atteindre la cuisine, et me prendre une bière bien fraîche dans le frigidaire XXL. Je réalisais que je n’avais pas pris la peine d’allumer la lumière, je pensais également à Charisma. Je n’avais pas entendu, ni vu de signe de vie dans la maison. Donc elle était probablement entrain de dormir ou elle était peut-être dehors. Je ne le savais pas. Je m’en fichais pour être sincère. Nous avions beau être mariés, vivre sous le même toit, nous étions loin d’être un couple-modèle. Voir un couple tout court. Chacun faisait sa vie de son côté, c’est à peine si nous nous adressions la parole. Le bruit de la porte d’entrée m’arrachait à mes pensées. Je m’avançais alors vers le séjour, et c’est à ce moment que la pièce entière s’illuminait et que je découvrais ma femme. Celle-ci échappait un cri de surprise. Toutefois, je n’en portais pas attention puisque j’étais beaucoup trop stupéfait de la voir dans un tel accoutrement. C’est presque si j’en avais fait tomber ma bière. Je la détaillais de haut en bas. Elle était méconnaissable. Tellement sexy –pas qu’elle ne l’était pas en temps normal- cette petite tenue la mettait en valeur et ferait gober des mouches à n’importe quel homme qui posait les yeux sur elle. Tu m’as fait peur ! Qu’est-ce que tu fais là ? J’étais encore si surpris que je me contentais de la regarder ramasser son... peignoir de soie ? Du sol et l'enfiler. Tu devrais encore être à ta soirée à l’heure qu’il est ! s’exclamait-elle. Je reprenais finalement mes esprits, puis souriais, amusé par la situation. Bien que fortement intrigué. « Pourquoi ça t'intéresse ? Aurais-je aperçu quelque chose que je n’étais pas censé voir ? » dis-je dans un fort accent italien en la reluquant à nouveau de tout son être. « Il y a eu une émeute dans le club. J’ai dû quitter les lieux. Je ne savais pas que tu t’étais converti en strip-teaseuse. » ajoutais-je en amenant le goulot de la bière à mes lèvres.

Le simple fait qu’elle fuyait mon regard prouvait que mes dires étaient loin d’être stupide. Je suis sur que la dernière chose que Charisma aurait voulue, c’était bien que je la surprenne ainsi vêtu. Ce n’était finalement pas plus mal que cette soirée dans ce club fut raccourcie. Sans cela, je n’aurais jamais pu la prendre la main dans le sac. Et c’était fort plaisant, je voulais voir comment celle-ci arriverait à gérer la situation dans laquelle elle venait de se mettre bien malgré elle. Aussi, j’étais également bien curieux de savoir d’où la jeune femme revenait. J’étais encore tellement surpris, que je n’arrivais pas à diriger mon regard bien longtemps vers une autre cible que son corps. Ce qui la gênait manifestement puisqu’elle ne tardait pas à me le faire savoir. Un regard d’animal ? N’était-ce pas un peu extrême? Dire qu’elle ne me faisait pas d’effet serait mentir, mais elle ne figurait aucunement dans un tableau de chasse. Pas dans le mien. En admettant que j’en possédais, ce qui n’était pas le cas. Je déposais ma bière sur le meuble le plus proche tandis que la jeune femme s’approchait de moi, afin de venir me chuchoter à l’oreille quelques mots. Je m’étais raidis rien qu’en sentait son souffle s’abattre sur ma peau. Elle me déstabilisait complètement. Je ne savais pas à quoi elle jouait. Je ne comprenais encore moins ce qu’elle essayait de me dire. Danser derrière un drap ? Cela se rapprochait fortement d’une stripteaseuse de mon point de vue. Je l’observais éteindre la lumière et j’arquais un sourcil. Puis je l’écoutais attentivement. Danseuse burlesque ? Je ne savais pas comment le prendre. Je restais silencieux quelques bonnes secondes. « Tu ne manques pas d’argent, pourquoi une princesse de Monaco voudrait se rabaisser de la sorte en se dénudant devant des inconnus ? Et est un peu de respect pour les membres de « notre » famille. » Eh oui. Nous étions mariés. Par conséquent ma famille était désormais la sienne, et inversement. Même si je ne m’entendais pas avec tous les membres Bartolozzi, le respect était une valeur très importante de mon éducation. Charisma me paraissait si différente. Je ne savais pas si c’était une bonne ou une mauvaise chose.