C'était un bâtiment moderne, imposant, avec une structure en acier et en verre, des façades entièrement vitrées, et tout ce qu'il y avait de plus luxueux, portant en lettres de lumière le nom Carlson. La réception était spacieuse, un grand espace qui donnait d'un côté vers un des restaurants et un salon, de l'autre se trouvaient deux ascenseurs qui ne se déverrouillaient qu'avec une carte et qui menaient vers les étages où se trouvaient les chambres. C'est à l'avant-dernier étage que se rendait Anteynara, celui où se trouvait une partie privée et non ouverte aux clients. Des bureaux, une salle de pause, l'infirmerie, la salle de réunion. Si elle avait un bureau ici, c'était peut-être purement pour le luxe de pouvoir dire que c'était le cas, parce qu'elle n'y passait presque jamais. C'était pour les apparences, pour son nom gravé dans une plaque dorée, sur la porte, et pour cet espace qui n'était qu'à elle, toujours extrêmement bien rangé. Le travail qu'elle avait à faire pour gérer l'hôtel, elle s'en chargeait chez elle. Ca ne représentait presque rien, juste des papiers à signer en général, ou des coups de fils à passer. La gestion en elle-même, ce n'était pas Anteynara qui s'en chargeait. Elle, elle avait le privilège de faire tout ce qui était moins ingrat. Prenait les décisions et donnait les ordres, le reste, elle le laissait aux autres. Puis, il y avait Chanel, qui était plus souvent à Miami qu'elle, qui avait une vie un peu moins bordélique, et en qui Anteynara avait totalement confiance. Elle pouvait compter sur elle pour la remplacer lorsqu'elle n'était pas là et pour prendre les bonnes décisions, toujours. Et c'était pour traiter de quelques affaires importantes qu'Anteynara lui avait demandé de venir aujourd'hui, lui donnant rendez-vous dans ce bureau à dix-huit heures. Elle était un peu en avance, le temps d'arriver, de se poser, d'allumer son ordinateur, de se faire un café. Les gros talons de ses bottes claquaient sur le parquet alors qu'elle se dirigeait vers le bureau pour le contourner, se débarrasser de son sac et sortir son ordinateur de celui-ci pour le poser sur le bureau. Sa main gauche était toujours et encore emballée dans ce foutu bandage, mais ça allait de mieux en mieux, dans le sens où les derniers scanners révélaient que sa main ressemblait à nouveau plus ou moins à une main. Elle s'en fichait un peu de ce qu'on pouvait penser, mais pourtant, ça l'emmerdait de débarquer ici avec sa main blessée, et que ce soit si visible. Puis le problème allait persister pendant toute la période pendant laquelle ses ongles repousseraient. Ca attirait les questions, c'était chiant, vraiment. Puis elle avait l'air con avec ses bottes à talons, son jean slim et son haut assez classe... puis ce truc autour de sa main. Enfin, bref, elle n'était pas assez désagréable avec les employés pour qu'ils se mettent à parler derrière son dos et à spéculer, surtout qu'elle avait donné pour explication un accident idiot : le coup de la porte fermée sur la main. C'était crédible au moins. Elle se dirigea vers sa machine à café et choisit la dosette qu'elle voulait avant de la mettre dans la machine et de se faire couler un expresso, et voilà qu'on toquait juste au moment où le café cessa de couler. « Entrez » elle fit simplement, tournant la tête vers la porte pour reconnaître de suite Chanel, à qui elle adressa un sourire. « Salut. Café ? » et elle ne lui laissa même pas le temps de répondre, appuyant déjà sur le bouton pour faire couler un second expresso, qu'elle apporta à Chanel une fois celui-ci terminé. Elle laissa la jeune femme s'installer, contournant le bureau pour aller à sa place et s'asseoir dans le fauteuil. Son regard traîna sans gêne sur la sublime brune face à elle. « Il te va bien ce jean » elle commenta, pensive, les yeux sur les fesses de Chanel qui lui tournait le dos, juste le temps de poser ses affaires. « Bref ! J'ai besoin de ton avis pour les travaux de la suite royale. Plutôt du marbre blanc avec un peu de gris comme ça, ou bien... en beige rosé genre... ça ? » elle demanda, glissant vers Chanel des photos et exemple des deux teintes de marbre.

Chanel avait du talent, et elle était fiable. Deux bonnes raisons de la choisir pour ce job pas forcément facile, qui demandait de savoir prendre des décisions sous pression, être rapide et efficace, ne pas avoir peur des responsabilités. Puis, d'un côté, elles étaient un peu pareilles toutes les deux, sur certains points. Disons qu'elles savaient se débrouiller et que peu de choses leur faisaient peur. Puis, elles ne se laissaient pas marcher sur les pieds et pouvaient à elles deux commander tout cet empire sans être une seule seconde déstabilisées par ceux qui les secondaient. Le Carlson, il était totalement à elle, rien qu'à elle. C'était sa fierté, le bâtiment qui portait son nom, quelque chose de matériel et d'immense qu'elle ne partageait pas et qu'elle dirigeait comme son petit royaume. Elle l'avait fait construire avec son argent à elle, avait choisi l'emplacement de chaque porte et l'agencement de chaque pièce, s'était chargée de l'ameublement et de la décoration, et laissait désormais tourner son produit fini, en se contentant de faire le peu qu'elle avait à faire, et en regardant les choses se passer avec un sourire satisfait. Tout simplement. Mais même si elle n'y mettait plus tant les pieds que ça, elle restait extrêmement possessive et protective, et seules quelques personnes de confiance pouvaient réellement être chargées de gérer les choses à sa place. Des personnes comme Chanel. Anteynara, une fois installée dans son bureau, alla se faire couler un café, et à ce moment précis arriva la jeune femme. Bonjour Anteynara, elle lui fit en répondant à la salutation d'Anteynara, qui n'attendit pas sa réponse à la proposition pour faire couler un second expresso et l'apporter à Chanel. Merci, elle fit alors qu'elle s'installait. Antey, quant à elle, se contenta de la regarder, suivre des yeux ses mouvements, alors qu'elle s'était posée dans son grand fauteuil, de l'autre côté du bureau. Elle ne put s'empêcher de faire un commentaire sur le jean que portait la jeune femme. A vrai dire, ce n'était pas exactement le vêtement qu'elle complimentait, mais plutôt le corps qui s'y trouvait, et ce sans la moindre gêne. De toute façon, leur relation était plutôt claire. Je te retourne le compliment, lui fit d'ailleurs la jeune femme après s'être assise elle aussi, face à Anteynara. Le sourire en coin de cette dernière s'élargit, amusée par la situation et déjà décidée à faire en sorte que la soirée se prolonge une fois qu'elles auraient fini de parler affaires. Il y avait largement de quoi passer un bon moment ici, c'était peut-être un bureau, mais pas n'importe lequel. Le coin salon un peu plus loin avait un canapé très confortable ainsi qu'un mini-bar, disons que c'était presque comparable au bureau ovale. Sans perdre de temps, elle sortit du coup la paperasse nécessaire et commença à expliquer à Chanel la première question, lui montrant plusieurs exemples de marbre pour envisager de refaire la salle de bain de la suite royale. Elle glissa vers elle les photos, la laissant regarder tout en buvant un peu de son café. Mmh, à mon sens, j'opterai pour le marbre blanc avec quelques traits gris. J'ai peur que le beige rosé face un peu kitsh. On y accueillerait que des filles, encore ça passe, mais là, on accueil aussi des hommes. Et puis, j'ai bien peur que le rose, on finisse par s'en lasser. Après, ce n'est que mon avis, lui répondit Chanel, n'ayant absolument pas d'hésitation quant au fait de donner son avis, ce qui plaisait à Anteynara. Avec elle, c'était efficace et franc. Tout ce qu'elle voulait. Elle considéra un temps l'avis de la jeune femme, qui n'avait pas tort, mais à son goût, le blanc manquait de personnalité. « Mmh mmh » elle marmonna même tout en regardant à nouveau les petits échantillons. Elle-même n'avait pas d'à priori bidons sur les couleurs, n'avaient même pas de couleur favorite en fait, mais il était vrai que le beige risquait peut-être de mal vieillir ou de se démoder très vite. Enfin, ce n'était pas comme si elle manquait de moyen pour rénover une autre fois, mais autant éviter ça. Enfin, je m'avance peut-être un peu trop, mais ça sera pour quel type de public cette suite ? reprit Chanel qui peut-être avait senti le doute chez Anteynara. Ca leur arrivait de ne pas être d'accord, parce qu'elles n'avaient pas forcément les mêmes goûts, puis ça leur arrivait aussi évidemment de s'entendre parfaitement sur certaines choses. « N'importe qui de relativement respectable qui a les moyens de se la payer » elle fit avec un petit haussement d'épaules. Soit, des personnes comme elle, de son statut, des gens avec beaucoup d'argent, qui ont fait fortune d'une manière ou d'une autre. Des hommes et femmes d'affaires ou de riches héritiers. Ou encore, des personnes plus simples qui cherchent simplement à passer une nuit de leur vie dans une des plus belles suites de Miami. La royale n'était pas la plus belle ou la plus grande de toutes, mais pour un couple, c'était parfait. « Sinon... » elle commença en sortant un troisième exemple. « J'ai ça. Anthracite, presque noir à certains endroits » elle fit en proposant à Chanel la photo. « J'ai un peu hésité, même si je l'aime beaucoup, parce que c'est vachement sombre quand même... Mais y'aura pas mal de détails dorés dans la pièce, comme les robinets par exemple, et un paquet de petites lumières d'ambiance, alors j'me dis, pourquoi pas... » Le marbre foncé, c'était son favori, mais elle l'avait mis de côté en se disant que ce serait mieux de privilégier des couleurs claires et lumineuses. « J'crois que j'vais choisir celui-là, en fait » elle fit, tout en relevant les yeux vers Chanel, son ton lui indiquant que malgré ça, elle aimerait son opinion sur ce choix. « Ce sera une pièce vaste, j'ai déjà prévu pas mal de miroirs » elle continua à voix haute, énumérant les raisons qui la poussaient à choisir ce marbre là et suivre son instinct. Et lorsque finalement elles eurent fini de discuter de la salle de bain, et qu'un choix fut fait, Anteynara sortit des photos de meubles pour la chambre elle-même, montrant ses choix à Chanel. « Ce sera pareil que la salle de bain, avec des touches dorées, mais pour la chambre j'ai choisi de rester dans les tons clairs... Ecru et beige » elle fit en lui montrant rapidement quelques exemples. Puis elle laissa Chanel observer tout ça, prendre note des changements qui allaient avoir lieu, alors qu'elle se dirigeait vers le téléphone du bureau pour appeler l'un des restaurants du rez-de-chaussée. « J'vais nous faire monter un plateau de sushis, tu veux autre chose ? Y'a la carte posée sur la table basse, si tu veux jeter un oeil, et choisir à boire et un dessert » elle dit à Chanel, tout en pressant la touche qui dirigerait son appel directement vers le restaurant en question.

Le pouvoir, c'était quelque chose qui l'avait toujours attirée. Entrer dans une pièce et se sentir plus grande que le reste, c'était jouissif. La toute première fois, ça avait été avec Jay, lui qui rendait toujours tout mille fois plus grandiose que ça ne l'aurait été de base. Avant lui, elle n'était qu'une pauvre adolescente un peu trop extrême pour pouvoir réellement mener une vie normale. Avec lui, elle avait été mise en avant, mise en valeur, rendue meilleure. Elle avait développé tout ce qu'elle avait déjà pour devenir la meilleure version d'elle-même. Et depuis, elle n'avait cessé de continuer dans ce sens, s'adaptant parfois à ses propres envies et s'éloignant de ce que Jay pensait parfait, de sa façon à lui de penser. Mais elle n'oubliait jamais et ne perdait pas le goût de ces choses là. Le luxe, et la puissance. L'hôtel était son royaume, elle y était reine. Entrer ici attirait les regards sur elle, on se poussait pour la laisser passer et se redressait lorsqu'elle venait s'adresser à nous. C'était comme ça, et elle était loin de traiter les gens comme de la merde, mais tout de même, ça lui plaisait tout ça. Elle en était fière, du Carlson. L'endroit était luxueux, un vrai palais, un mélange de modernité et de classicisme, avec de hauts plafonds et des escaliers en marbre imposants, aux airs de ceux de Harry Potter, sans la magie évidemment. Lorsqu'elle était ici, elle avait l'impression de jouer un jeu, tout en étant totalement sincère et fidèle à elle-même. Elle se posait rarement la question en fait, parce que la réponse était introuvable et que ça la dérangeait. Mais entre cette Antey, et l'autre, laquelle était la vraie ? C'était récurrent chez elle, un problème qui persistait, qui n'avait rien de grave, mais qui venait parfois l'emmerder. Celui de savoir qui elle était vraiment. Est-ce qu'elle était réellement la tueuse professionnelle, cette fille-là toujours prête à faire face à n'importe quelle situation désastreuse, s'attendant toujours au pire et vivant avec un compte à rebours à la place du coeur ? Ou bien est-ce que cette Antey, c'était juste une carapace, un personnage fabriqué de toutes pièces par les années, les rencontres, les évènements... mais même dans ce cas, ça faisait peut-être bien d'elle ce personnage, et rien d'autre. Ou alors, elle était peut-être la femme d'affaires, celle qui dirigeait son empire et prêtait attention au moindre petit détail, satisfaisant son banquier avec un compte plein à ras-bord, se plaisant dans ce luxe, entourée d'or et de divertissements, de petites joies qu'elle n'aurait jamais eu la chance de pouvoir se payer avant tout ça. Ou alors... elle était les deux, sans doute, dans une seule et même personne, indissociables l'une de l'autre, et toutes les deux aussi vraies que possible. Mais comme dit, elle évitait souvent de penser à tout ça, parce que ça l'emmenait sur des pentes glissantes, lui rappelait qu'elle n'avait aucune idée de qui elle pouvait bien être, tout au fond. Sans famille, orpheline, mise de côté par son père biologique, cachée de sa vraie famille. Carlson ou Mayer. Son sang appartenait à la seconde lignée, mais pour autant, elle tenait plus des Carlson. Le crime, la violence... Certes, du côté Mayer, elle tenait de son père biologique quelques caractéristiques. Le besoin redoutable de gagner, d'avoir le pouvoir, l'envie de réussite. Il était une ordure, et peut-être qu'elle aussi, un peu, à sa manière. Mais il restait pire qu'elle. Elle, elle n'aurait jamais eu l'audace malsaine de faire croire à sa famille à la mort d'un enfant. Ce n'était pas son genre. Alors au final, certainement qu'elle tenait un peu des deux. Un bon mélange de la jolie famille Mayer et du désastre Carlson. Deux parents morts assassinés et une fille unique. Et Antey, elle était toujours attirée par les gens un peu comme elle. Arielle, Noah... Chanel. Elle aussi, c'était une fille un peu seule, débrouillarde, plus grande que ses années. Elle avait un avenir brillant, plus même que celui d'Antey. Voilà alors qu'Anteynara montait pour aller rejoindre l'étage où se trouvait son bureau, croisant au passage une famille : deux parents et un gamin. Ils étaient rares ceux-là, ici. Ce n'était pas souvent qu'ils avaient des gosses, et celui-là avait l'air particulièrement ravi d'avoir passé la journée au zoo, expliquant à ses parents qu'il avait vu des chimpanzés, orang-outans et autres singes fascinants. Anteynara se dépêcha donc de se rendre dans son bureau, et ferma la porte derrière elle, préparant rapidement tout ce dont elle aurait besoin. Chanel fut à l'heure, et très vite, elles commencèrent leur entretien. Tout se passa comme elles en avaient l'habitude, dans le calme, à échanger leurs avis, se faire des propositions, répondre aux diverses questions de l'une et de l'autre, et pour choisir la couleur de ce marbre, Anteynara fut un peu compliquée. Elle en proposa d'abord deux à Chanel, gardant la troisième au chaud, hésitant encore un peu, mais elle finit par lui tendre l'échantillon, et précisant un peu ce qu'elle comptait faire. Je trouve que c'est une excellente idée, et je pense que la salle de bain va vraiment être jolie, j'ai hâte de voir ce que ça va donner, lui disait Chanel, après qu'Anteynara ait présenté ce gris anthracite. « Validé » se contenta de répondre Antey, satisfaite et décidée. Ce sera cette couleur là, et c'était d'autant plus une bonne décision si Chanel était de son avis. Tu songes à commencer les travaux quand ? Et tu voudrais faire cette suite à quel niveau de l'hôtel ? demanda ensuite la jeune femme, alors que toutes deux continuaient de boire leur café. Anteynara haussa les épaules pour répondre à la première question. Commencer quand ? Le plus tôt possible, suivant les disponibilités de Chanel, en fait. « Juste en-dessous de nous » elle fit pour répondre à sa seconde question, désignant spontanément d'un coup de tête le sol, et par conséquent l'étage du dessous. « J'pensais commencer rapidement, d'ici la semaine prochaine ? J'ai déjà fait venir la boîte de construction, ils ont repéré les lieux et tout. Faudra que tu sois là, alors ça dépend de toi » elle fit, concluant avec un sourire complice. Plus le temps passait, et plus elle impliquait Chanel dans les décisions et la direction du Carlson. Elle ne voyait en fait personne d'autre à part elle pour s'occuper de l'hôtel lorsque Antey n'en était pas capable. Pendant ses deux mois de coma, ça avait été Chanel qui avait tout fait, et ça s'était très bien passé. Puis, Anteynara n'était pas idiote non plus, elle menait une vie compliquée et dangereuse, et il se pourrait qu'un jour elle disparaisse. Ca lui arrivait parfois de penser à ça, de façon assez pragmatique, en simple constat. Elle savait que son activité réduisait considérablement son espérance de vie, et elle avait pris soin de prévoir un peu, juste au cas où. L'hôtel pour Chanel, parce qu'elle ne voyait personne d'autre de compétant. La villa, ses autres maisons et appartements, sa collection d'oeuvres d'art et tout le reste de sa fortune, partagés équitablement entre James, Aloysia et Arielle. C'était prêt, juste au cas où. Restaient quelques biens de valeur sentimentale, comme le couteau de son père et le ukulélé de sa mère, puis Pégase, son chien. Enfin, ce n'était pas le moment de divaguer là-dessus. Elle observa encore un peu les dessins et simulations, montra à Chanel les lumières de l'entrée de la suite, de petits faisceaux de couleur, semblables à une fine pluie de confettis pailletés. C'était beau, clair, joyeux sans être kitsch, juste une petite touche de couleurs discrètes. Et finalement elle se leva pour aller commander des sushis au restaurant japonais installé au rez-de-chaussée de l'hôtel. Prenant note des choix de Chanel, elle commanda rapidement un plateau et les desserts, ainsi qu'une grande bouteille d'eau. Elle fut certainement placée en priorité dans la liste des commandes, puisqu'il suffit d'un quart d'heure pour que l'on toque. Elles étaient donc servies, et se posèrent  la table basse, sur les grands fauteuils, pour manger, se levant parfois pour attraper tel ou tel dossier, s'échanger des infos, continuer de discuter et profiter de ce moment pour régler tout ce qui devait l'être. Elles finirent les sushis, passèrent au dessert, bananes au chocolat pour Antey, litchis pour Chanel, debout toutes deux à côté du bureau, les yeux baissés sur celui-ci pour observer des plans. Ou du moins... Anteynara les connaissait ces plans, elle préférait du coup rester plantée derrière Chanel, peut-être un peu trop près même, à détailler son dos du regard. Le haut de sa colonne vertébrale, sa nuque, puis descendant vers le creux de son dos, et ses fesses. Elle ne se gêna pas, termina lentement son dessert tout en se régalant. Leur entretien avait assez duré, la conversation au sujet de la suite se finissait, et il était temps de passer à autre chose. Alors Anteynara posa son bol vide sur un meuble adjacent au bureau, et elle fit comprendre à Chanel qu'elle devait se retourner en plaçant sa main sur la taille de la jolie brune. Là, elle lui prit délicatement son bol des mains, un geste presque doux qui n'avait rien à voir avec la façon qu'elle eut, au même moment, de s'emparer de ses lèvres. Elle l'embrassa fougueusement, sans hésiter une seule seconde, la coinçant entre le bureau et son propre corps, avançant même un peu encore pour la piéger plus. Puis Antey attrapa la cuisse de Chanel de sa main indemne, la souleva et l'assit sur le bureau, sans cesser une seule seconde de l'embrasser.