C’est fou quand même à quel point je me sens seule dernièrement. Depuis que je suis déménagée à Miami il y a déjà plus de 4 ans maintenant, je n’ai pas su créer beaucoup d’amitié, de base. Il faut dire que je me suis vite engagée dans cette relation avec Colton, un homme de 9 ans mon aîné, père de famille et qui, en plus d’avoir trois enfants, devaient les élever seul. Je m’étais donc laissé emporté dans cette petite vie de famille, emménageant chez lui, puis… acceptant de devenir sa femme. On avait ensuite trouvé une autre maison et boom, mon fils Eliott était né. Tout ça durant quatre merveilleuses années où mon mari avait été là pour moi, dans la maladie comme dans la joie. Faisant de son mieux pour me rendre heureuse et je l’avais été, réellement et longtemps en plus. Je continuais d’ailleurs de dire qu’il était l’homme le plus fantastique au monde. Un amoureux en or, un père de famille exceptionnel et c’était moi la fautive, moi qui avait tout gâchée. J’avais très mal prise cette récidive de cancer. Je m’étais sentie tellement mal de tout ça que j’étais retournée chez mes parents pour éviter de faire subir ça à Colton une fois de plus, à Colton mais aux enfants.

Puis, alors que je passais le plus clair de mon temps seule, à refouler cette colère, j’avais rencontré Chad dans une galerie d’art. Rapidement, on était devenu amis… et ce que j’aimais le plus de lui, c’était qu’il avait le don de me faire sentir en santé. il ignorait ma maladie, il pensait que j’étais une jeune femme de 25 ans en santé et ça me faisait un bien fou. Puis tranquillement, je m’étais laissée emporter dans ce bien être, jusqu’à commettre l’irréparable, au jour de l’an, en couchant avec lui. Erreur qui avait brisé non seulement ma famille, mais le coeur de Colton. Chose que je me pardonnait pas et que je me pardonnerais probablement jamais. D’autant plus que j’avais découverts il y a quelques jours seulement qu’il avait commencé à consommer… lui, qui était un homme si bon… et j’en étais la raison. J’étais donc revenu à la maison car il n’était pas question que je laisse les enfants seuls avec lui en tout temps. Je tenais trop à eux… et il n’était pas dans un état apte à n’en prendre soin convenablement. Il avait besoin d’aide et je le poussais continuellement à le faire.

Aujourd’hui j’étais seule à la maison… cette maison qui n’était d’ailleurs plus trop la mienne. Eliott faisait sa sieste, les enfants étaient chez leurs grands-parents et Colton… il devait travailler, j’imagine. En tout cas, c’était ce qu’il m’avait dit. J’attends sagement mon ami Mike que j’avais invité pour venir discuter un peu. J’avais besoin de me vider le coeur mais aussi de prendre de ses nouvelles! Mon plus vieil ami probablement, et un des seuls que j’avais ici. C’était d’ailleurs une vraie joie qu’il soit sur le même continent que moi désormais. Ce dernier arriva pile à l’heure à la maison et c’est bien souriante que je me rendis lui ouvrir la porte. « Mikyyyyyy!!!! Oh je vais bien, encore mieux maintenant que t’es là! Et toi comment tu vas? » lui dis-je en le laissant entrer. J’avais envie de lui sauter dans les bras mais je remarquai bien vite un bouquet de fleurs, qu’il me tendait d’ailleurs. « Oh, mais c’est beaucoup trop gentil! T’es adorable! Elles sont magnifiques, merci! » J’apportai les roses à mon visage pour les humer un peu. C’était tellement pas nécessaire mais c’était tellement gentil! J’appréciais beaucoup le geste, encore plus dans l’enfer que je vivias présentement. Aussitôt, le jeune homme me questionna à propos de sa venue ici. « Si tu savais… t’es même pas prêt à entendre tout ce que j’ai à te dire… » soupirais-je en lui faisant un signe de me suivre jusqu’à la cuisine. Je devais d’abord et avant tout m’occuper de ses petites merveilles en les mettant dans un vase dans l’eau. J’osais espérer que Colton ne croit pas que ça venait de Chad… ça ferait encore plus un gros malaise. « Voilà, elles seront parfaites ici! T’as du goût Linklewood! Encore merci! » Je m’approchai finalement de lui pour le serrer et l’embrasser à la joue. Un vrai trésor! « Avant de rentrer dans le lourd de la conversation, comment va le boulot? » Il était artiste, c’était une passion que nous avions d’ailleurs en commun, bien que je n’en faisais pas ma profession comme lui. Je l'adorais énormément de pouvoir en vivre, c’était pas donné à tous.

C’était fou quand même, quand on y pendait à quel point le monde peut être petit. J’veux dire… c’était quoi les chances que mon meilleur ami, mon tout premier ami de Londres se retrouve dans le même ville que moi, de l’autre côté de l’océan de notre pays natal. C’était comme si c’était hier qu’on jouait ensemble pendant des heures à l’extérieur, qu’il venait à la maison pour dîner et qu’on regardait des films jusqu’à ce que ses parents viennent le chercher - et le plus tard possible, svp. Il n’était pas question qu’on soit séparés trop longtemps lui et moi. Et voilà qu’il trouvait toujours là, devant moi, en bel homme qu’il était à me tendre de jolies fleurs qui me faisaient tant plaisir. C’était une vraie joie de pouvoir l’avoir à mes côtés, surtout qu’il ne savait pas encore tout ce qui je vivais présentement, en plus de ma rémission de cancer. Disons que ce n’était pas ce que je criais sur les toits parce que je m’en voulais, j’avais agis en conne et jamais j’allais pouvoir me pardonner de tout ça. Je le remerciai, l’invitant à me suivre jusqu'à la cuisine pendant qu’il me disait qu’il allait bien. J’étais bien heureuse de l’apprendre d’ailleurs.

Je m’occupai des belles fleurs pour les mettre dans l’eau tout en questionnant mon ami sur sa petite vie. Je ne veux pas entrer dans le vif du sujet maintenant et parler de moi continuellement. Et puis, je me disais bien qu’il devait avoir de plus belles histoires à raconter que moi. Bien que lorsqu’il se mit à me parler de Jack, j’eus la mine bien basse. Le pauvre amour! Il n’y avait rien de pire que coeur brisé avec encore un peu d’espoir dedans. « T’as eu une conversation avec lui Mike? J’veux dire… une vraie conversation, où tu mets carte sur table et que tu lui dis tout ce que tu as sur le coeur une bonne fois pour toute? Peut-être que ça t’aidrait… que ça vous aiderait! Et qui sait ce qui peut en sortir de cette conversation! » peut-être qu’ils allaient réaliser que c’était stupide de ne plus être ensemble, qu’ils étaient faits pour l’être et qu’ils allaient se retomber dans les bras. Bon, je vivais peut-être sur mon petit nuage où tout était beau et qu’il y avait des licornes et des bisounours partout mais à défaut d’avoir une vie sentimentale de merde, j'aimais bien m’imaginer le mieux pour les autres. Et là, c’était Mike en plus… je lui souhaitais tout ce qu’il y avait de mieux car il le méritait bien. « Sinon, c’est clair que je vais venir à la prochaine. Tu me diras quand, j’ai trop hâte de voir ça. Je suis fière de toi! » dis-je en essayant de lui redonner un peu le sourire malgré tout.

Nous pouvant plus attendre plus longtemps, mon ami voulait savoir ce qui se passait de si intense dans ma vie. Je soupirai en me tournant vers le frigo pour nous verser deux verres de jus de fruits que j’avais pressé moi-même juste avant son arrivé. « Eh bien, t’es capable de t’imaginer la pire chose qu’une femme peut faire à son mari? » commençais-je en relevant mon regard vers lui, pour voir un peu s’il me suivait. « Il s’avère que je ne suis pas mieux que ma mère… et si tu savais comment je m’en veux Mike. » J’avais su il y a quelques années que ma mère était infidèle envers mon père depuis très longtemps déjà. Je lui en avait longtemp voulu de son comportement, de ruiner notre famille ainsi… et c’était ce que j’avais fais à mon tour. Je fis tourner mon doigt autour de mon verre, j’avais honte, j’avais du mal à regarder Mike dans les yeux maintenant. « J’ai l’impression que je suis bonne comme pour blesser les gens autour de moi. Colton sait que c’est arrivé une fois, j’ai pas voulu lui cacher… il m’en veut, naturellement et j’ai découvert dernièrement qu’il s’est mit à prendre de la drogue. J’ai du mal à tout gérer… t’as pas idée! Tout est de ma faute! »

« La clé c’est la communication, même si ça fait mal sur le coup, ça te fera du bien ensuite! »

Des fois, ça pouvait faire peur d’ouvrir son coeur, de laisser ses pensées sortir mais c’était ce qu’il fallait faire. Garder ses inquiétudes et sa peine à l’intérieur, c’était non seulement la pire des sensations mais ça faisait en sorte de ne jamais arranger les choses avec le ou les principaux concernés. Bref, je disais ça mais dernièrement, j’en gardais beaucoup dans mon petit coeur mais comme on dit : fait ce que je dis, pas ce que je fais! Je n’étais pas un très bon exemple dernièrement niveau relation, loin de là même! J’avais tout foutu en l’air et c’était d’ailleurs le temps de tout révélé à mon ami. C’était stressant car j’étais la responsable dans tout ça, j’étais celle qui brisait des coeurs, dont le sien aussi. Je n’eus pas besoin de dire concrètement à Mike que j’avais trompé Colton, je lui fis comprendre autrement et il n’était pas con, il fait rapidement le lien. J’avais soudainement la mine bien basse en essayant de lui expliquer le pourquoi du comment… même si moi-même j’avais du mal à bien mettre les pièces du puzzle en place. Je pensais que c’était simple avant : quand on aime, on trompe pas… mais quand on le vit, qu'on est confronté à une pareille situation... on se rend compte que finalement, c’est pas aussi simple que ça, malheureusement.

« C’est certain que je l’aime encore… enfin, c’est mon mari… c’est le père d’Eliott! Mais… honnêtement, je ne sais pas si je serai capable de tout rattraper, de retrouver la vie que nous avions ensemble. j’ai l’impression que plus rien ne sera pareille maintenant. »

C’était comme prendre une feuille de papier, la chiffonner et penser qu’elle reviendra droite éventuellement. On a beau vouloir la rendre droite de nouveau, il y aura toujours des plis, des marques qui resteront. Je ne veux pas rester dans une relation où je regardai mon mari chaque matin et voir dans ses yeux encore de la haine et de la tristesse à mon égard.

« Je sais justement en train de me dire que si je l’aime, je devrais peut-être le laisser partir… lui laisser l'opportunité d’être heureux de nouveau car il ne l’est plus avec moi. Je ne mérite pas d’un homme comme lui dans ma vie… mais c’est pas facile, surtout avec ce qui se passe présentement. »

Je sentais qu’il avait besoin de moi, et les enfants aussi par le fait même. Je ne voulais pas le laisser dans cet état, avec 4 enfants à s’occuper. Je pouvais bien prendre soin d’Eliott, l’enfant que nous avions en commun mais pour les trois autres, je les aimais comme si c’était les miens, j’étais dans leur vie depuis 4 ans et les deux plus jeunes m’appelaient souvent maman. Je posai ma main sur Mike qui venait de me dire qu’il allait être là pour moi, s’il y avait quoi que ce soit.

« Merci d’être là, j’apprécie énormément. Juste de pouvoir en parler avec quelqu’un et de ne pas me sentir jugée, t’as pas idée à quel point ça me fait du bien. »