Alors, c'est comme ça que vous accueillez les gens à Miami? On se présente ? Ah, génial ! Je viens de passer 2 ans médiocres à Londres pour étudier dans une école de design réputée (merci maman...) et je crois que personne ne s'est jamais vraiment intéressé à moi là-bas. Pourtant, je n'ai rien d'une fille désagréable, au contraire, vous pouvez me faire la blague de la police qui rentre dans le mur 100 fois et je vais continuer à la rire. Vous pouvez aussi ne pas vouloir faire de blague et je serai là pour discuter, ou non. Eh oui, je me considère simple, alors qu'il me semble que rien ne l'est dans ma vie. Dites-moi que je ne suis pas la seule? J'imagine que non.

Avant de parler de mon séjour plutôt sombre à Londres, commençons par parler du commencement.

En 2006, ma mère est morte. Je ne vous ferai pas un dessin de la scène, ni de l'état dans lequel j'étais lorsque j'ai appris son décès, mais je peux vous dire que du haut de mes cinq ans, j'avais du mal à comprendre. Quand on perd quelqu'un, la seule chose qu'on peut encore ressentir ou voir sont les photos, les écrits et parfois les odeurs. Des photos, j'en ai peu, car mon père s'en est débarrassé, et sa dernière lettre, j'ai bien dut l'égarer entre Denver et Londres. Puis l'odeur. L'odeur de son chandail préféré, un cotton ouaté noir avec l'inscription ''dove'' dessus... l'odeur a fini par disparaître, même si j'ai continué longtemps à l'asperger de son parfum. Ça n'enlève pas la douleur et mon père avait très mal, ça se voyait.

Son mal a fini par disparaître quand il a rencontré ma belle-mère, je crois. J'avais sept ans à ce moment-là et elle est arrivée au bon moment, je trouve. Moi, ça m'a fait autant de bien que lui de la rencontrer, mais je crois que ce n'était pas le cas pour ma soeur, Abigail, qui était plus vieille que moi lorsque ma mère est décédée. Elle m'a semblée plutôt froide envers notre nouvelle famille. Pourtant, moi, j'étais tellement reconnaissante d'avoir un ''frère'' et une ''mère'' qui m'aimaient. Nous aimions faire de longs pique-nique près du ranch voisin (mais le voisin était loin, on était à Denver, je vous le rappelle!). J'adorais quand on jouait au chevalier et à la princesse moi et Gabriel, mon demi-frère. Bon, il n'y avait pas vraiment de chevalier dans l'histoire, car Gabriel jouait le cheval (ça, c'était très drôle), mais on ne trouvait jamais le prince charmant et on retournait à la maison.

Parlons-en, du prince charmant ! J'ai dut halluciner que je le trouvais au moins quatre fois depuis mes 12 ans. Gabriel aimait bien me taquiner avec ça et c'était parfois très drôle, jusqu'à ce que mon coeur se brise. Eh oui, il s'est souvent fait écorcher, mon pauvre  coeur. En même temps, je me dis que le seul qui est important en ce moment, c'est le dernier. Celui qui m'a mise enceinte et qui s'est enfuit au galop dès qu'il a sut que j'étais enceinte. Je ne peux pas lui en vouloir, il n'était pas prêt pour cela malgré ses 27 ans. Peut-être avait-il peur de mon âge? Je n'en sais rien. En ce moment, j'ai juste envie de retrouver ma famille. Et annoncer la nouvelle à mon père ne pourra se faire que si j'en parle à mon frère et à ma soeur avant tout. Là, je me sens comme une enfant à nouveau et j'ai besoin qu'on prenne soin de moi. Ça fait combien de temps que je n'ai pas vu Gabriel depuis qu'il nous a quitté pour venir ici? Trop longtemps.

Bref, je me sens bien seule tout-à-coup. Londres, c'est froid, c'est triste et c'est rempli de faux princes charmants. Moi, je veux une histoire qui durera pour la vie et j'y crois toujours! Si seulement j'arrêtais de tomber amoureuse de chaque homme qui me donne de l'attention... Le dernier prince, appelons le #4, puisque c'est le quatrième prince charmant; je l'ai rencontré à mon arrivée à Londres alors que j'essayais tant bien que mal de m'intégrer à l'école. J'ai ouvert Tinder et, après 2-3 déceptions en 2 semaines, je suis tombée sur #4 qui m'a bien envoûtée et m'a redonné espoir en l'amour véritable. D'ailleurs, je l'aime toujours, il me manque. C'est lui qui m'a fait découvrir cette triste ville. Avec un peu de recul, je me rends compte qu'il était la seule raison pour laquelle je restait. Oui, l'héritage de ma mère était de m'envoyer dans cette école de design réputée afin que je puisse suivre ses traces de designer, mais non, je n'étais pas obligée d'aller à CETTE école précise.

Me voici donc à Miami, prête à revoir mon frère et ma soeur, à qui je devrai apprendre que je suis enceinte. Quoique, ce n'est pas tellement évident de cacher un ventre qui grossit à vu d'oeil depuis 7 mois déjà. Hello Miami !