Le Café Madrid. Aucune idée de la raison pour laquelle Cassio aimait venir ici plutôt qu’ailleurs. Pas que cet endroit soit le seul qu’il fréquente mais disons qu’ici il faisait un peu parti des meubles à présent. Il était là souvent, il aimait l’ambiance latine, le cadre, le personnel… Et puis avec le temps il avait noué des liens avec le patron. Souvent les gens d’ici pensait qu’il était espagnol lui aussi à cause de ça et pourtant il n’y avait rien que Cassio aime plus que de rappeler qu’il était plutôt Italien lui… ! Bref. En entrant a un petit signe de la main pour saluer quelques connaissances, autant dans la clientèle que dans le personnel. Il y a pas mal de têtes inconnues aussi. L’endroit attire du monde, c’est sûrement une très bonne chose pour le propriétaire d’ailleurs. Ce dernier est invisible à ses yeux d’ailleurs mais peu importe, Cassio va au bar, se commande un de ces cocktails colorés qui donnaient envie de faire la fête rien qu’à les regarder et une petite assiette d’un assortiment de tapas comme on les faisait si bien ici.
L’objectif suivant c’était d’aller se poser dans un coin ensuite et sûrement de trouver des compagnons de soirée, hommes ou femmes… Au pluriel comme au singulier d’ailleurs ! Mais ce qui change ses plans, c’est une sensation contre sa nuque. Un léger picotement impossible à décrire mais qu’on a tous déjà ressentit au moins une fois, voyez le genre ?
Cassio se retourne, cherchant des yeux à la fois tout et n’importe quoi jusqu’à croiser le regard d’un homme. Pas très grand mais lui-même n’était pas du genre immense donc bon… Brun, les cheveux un peu en bataille et la barbe très fournis. Un regard sombre intelligent. Surtout il connait cet homme et de son enthousiasme le moins subtile, Cassio s’adresse à lui malgré les quelques tables qui les séparait.
« Héééééééééé ! Regardez-moi qui voilà ! »
Cassio dépose un billet sur le bar pour la serveuse, lui laissait le trop en pourboire et un petit clin d’œil charmeur comme il aimait les distribuer. Il récupère son verre, la petite assiette et va donc rejoindre… Johann. Un allemand qu’il avait connu en Sicile. Et par « connu » il voulait dire « bibliquement » connu.
« Ben ça alors, qu’est-ce que tu fais là ? Ça fait un bout. »
Plusieurs années même pour tout dire. Et s’il reconnaissait Johann c’est qu’il n’avait pas changé. Et en même temps, au contraire, c’était un homme incroyablement différent. A l’époque il émanait de lui beaucoup de combattivité mais une grande fragilité qu’il ne ressentait clairement plus chez lui ce soir. Et puis il avait le visage de l’homme marqué par la vie, sans que ça le desserve bien au contraire. Ne serait-ce que cette pilosité qu’il ne lui avait pas connu leur de leur rencontre, ça lui donnait un charme très différent.
« Putain, la vie t’a roulé dessus ou quoi depuis Messine ? Tu te souviens de moi au moins ? Je serais incroyablement vexé si ce n’était pas le cas… »
Avec une fausse mine de chien battu ! Il vient prendre une gorgée de son cocktail, notant la bière que Johann avait préféré aux jolis cocktails de l’endroit. Ça aussi ça avait changé non ?
« Le monde est p’tit. »
Mais de convenir :
« T’as des origines espagnoles non ? Ça explique peut-être le choix de l’endroit. Mais c’est la première fois que je te croise ici. La France c’est terminé ? »
Le petit germano-espagnol expatrié en France et qu’il avait connu en Italie !
« Allez, dis-le-moi, amore, que je t’ai laissé un bon souvenir… ! »
De cette petite voix suave accompagné d’un clin d’œil à nouveau ce qu’il y avait de plus charmeur et gouailleur. Et parce qu’en même temps il n’avait pas été élevé par les chiens il pousse l’assiette entre eux.
S’il y avait bien quelque chose qui ne déplaisait pas à tout Allemand de base, c’était d’aller prendre une bonne bière fraîche dans un bar. Et si c’était un bar à tapas, c’était encore mieux ! Ça, c’était peut-être plutôt le côté espagnol qui parlait, mais soit…! Il n’était à Miami que depuis quelques mois et en vrai, il n’était pas vraiment à Miami puisqu’il vivait à l’extérieur de la ville, dans un petit coin tranquille où il ne voyait même pas les voisins de chez lui. Il serait devenu fou à vivre en pleine ville pour y passer l’extrême majorité de son temps ! Bref, il avait donc encore tout à découvrir, même s’il commençait à se faire ses petites habitudes ici et ce bar était une agréable petite nouveauté dans sa routine.
Il était seul et considérait le rester puisqu’il ne connaissait pas les gens qui fréquentaient cet endroit. Un match de foot passait à la télévision, qu’il suivait avec plus d’attention que sûrement n’importe qui dans cet établissement ! Ce qui explique pourquoi il sursaute quand on crie en sa direction. Un peu de bière s’échappe de son verre, lequel il tenait pourtant fermement. Quelques gouttes se perdent dans barbe et tout en levant les yeux vers le nouveau venu (pas très subtil, d’ailleurs !), l’Allemand attrape d’une main une serviette en papier pour s’essuyer. Ça lui prend quelques secondes pour replacer l’homme. Heureusement que Xander est physionomiste… parce qu’il ne l’avait vu qu’une fois sur une photo. C’est son frère qui lui en avait parlé. Johann et lui ne s’étendaient jamais vraiment sur leur vie intime alors c’était plutôt exceptionnel qu’il ait vu une photo passer !
Un Greco. Il essayait de se souvenir de son prénom tout en le regardant approcher avec beaucoup d’amusement. Son regard noisette brillait d’une espièglerie qu’on parvenait parfois à faire ressortir chez lui. Là, Xander était on ne peut plus amusé par cette rencontre et, surtout, par le quiproquo qui avait lieu mais qu’il ne tente pas le moins du monde de dissiper pour le moment. La différence entre son jumeau et lui devait effectivement rendre perplexe quand on prenait l’un pour l’autre…
« Bonjour, Cassio. », répond Xander, ravit d’avoir retrouvé le prénom perdu dans un coin de sa mémoire. « Je me souviens de toi, oui. »
Enfin… pas exactement comme le Sicilien devait en avoir envie, mais ça c’était une autre histoire ! Ils y reviendraient, parce que Xander n’allait pas jouer à ce petit jeu toute la soirée. Il trouvait juste assez amusant de le faire un peu tourner en bourrique avant de laisser tomber les masques ! Et il n’allait pas mentir, non plus… Juste jouer sur les mots !
« Roulé dessus ? », fait Xander. Question rhétorique. Mais si Johann avait entendu ça, il aurait bondi au plafond ! « Tu me trouves moins séduisant ? Dommage… »
Très dommage ! Mais bon, les gens qui cherchaient la proximité intime de Johann ne cherchaient généralement pas la sienne, à moins d’avoir des goûts très hétéroclites, pour ce qu’il en savait ! Quoique, ça ne l’aurait pas dérangé de montrer un nouveau genre de plaisir à cet homme-là. Un très beau Sicilien, qui avait son pays dans la peau. Ses yeux étaient vert d’eau. Il n’en avait jamais vu de tels. Xander opine. Le monde était effectivement petit. Et d’un geste de la main, il invite Greco à s’asseoir.
« Oui. Ma mère est Espagnole. C’est probablement la raison pour laquelle je suis entré dans ce bar. Eh, un bar à tapas… C’est bien ce qui manquait à Miami, non ? La bière est bonne… Juste pas allemande. », blague Xander tout en faisant un petit clin d’œil charmeur à l’Italien. « Effectivement. La France est terminée. J’ai pris ma retraite. »
Il s’amuse à voir une lueur d’incertitude briller dans le regard de Greco. Pour prendre sa retraite à son âge, il devait avoir un métier particulier et ce n’était pas le cas de son frère jumeau, qui était, en France comme ici, gérant dans une boutique de vêtements de luxe.
« Un bon souvenir ? », s’amuse Xander. « Probablement pas comme tu le voudrais. Il faudrait me rafraîchir la mémoire. Quoique cette fois, ce serait moi qui te rafraîchirais la mémoire… »
Il acquiesce pour les tapas… et alors que Cassio drague comme ça semble être naturel chez lui, l’Allemand s’adosse confortablement contre sa chaise, un petit sourire en coin étirant ses lèvres. Il observe l’homme comme jamais son frère n’avait dû le faire : c’était lui le prédateur ce soir, pas de Sicilien !
Au moins Johann se souvenait de son prénom ! Ca faisait quelques années. Peut-être que c’était moins surprenant de la part de l’allemand qui semblait plutôt du genre « vie bien rangée » et tout ça… Il ne devait pas faire des écarts de folie à tous les huit jours, il se souvenait donc probablement plus facilement des prénoms de ses amants d’un soir. Venant de Cassio en revanche ça pouvait paraître plus surprenant. Pourtant il avait la mémoire de la plupart des prénoms de ses conquêtes. Pas toutes, il confessait. Mais pour celles pour qui de toute évidence ça avait « un minimum compté » il avait gravé ça dans sa mémoire, inexplicablement.
A la suite Cassio a un petit sourire amusé en venant rabattre quelques boucles brunes en arrière d’une main dans ses cheveux. Il transpirait un peu, c’était la température qui voulait ça. La plupart des bars avaient un minimum de climatisation mais Cassio venait d’arriver. Pour autant il n’en souffrait pas. La chaleur, il en avait l’habitude maintenant… Et si c’était trop, il savait comment aller se terrer là où la lumière et la température perçait mal : les fonds sous-marins.
« Est-ce que j’ai dit quelque chose comme ça ? »
Il a un nouveau petit clin d’œil charmeur même s’il ressentait puissance mille cette « bizarrerie » dans leur conversation. L’attitude de Johann, à des millions de kilomètres de celle qu’il avait gardé en mémoire de lui… Un jeune homme avec beaucoup de tempérament mais surtout une vraie coquille, versé ben davantage dans la défense que dans l’attaque. Aujourd’hui, il lui semblait que c’était un peu l’inverse… Que Johann était bien davantage dans l’attente de bondir.
« Ca te va bien. Mais tu es tout un autre homme. »
Il ne pouvait quand même pas le nier, si ? Même lui devait pouvoir l’admettre. Bref, le regard de Cassio va à la bière « pas allemande » de l’homme qui l’était pour sa part.
« Je pensais que tu aurais pris un cocktail. Ne serait-ce que pour vérifier qu’ils les faisaient correctement ? »
Avec son petit air méticuleux et scrutateur ! Critique aussi ! Ceci étant dit cette histoire de retraite amène son lot de confusion. Cassio n’était pas le roi de la poker face, il n’en avait jamais eu besoin… Alors cette confusion doit se lire un peu sur ses traits.
« Tu as vendu tellement de sacs à main hors de prix que tu peux prendre ta retraite ? »
Mais la confusion ne fait que grandir devant l’attitude de l’homme en face de lui, plus en contrôle que ce qu’il lui avait jamais connu, suave aussi. Ho, Johann avait tout un charme, sans quoi il ne se serait pas intéressé à lui. Mais il n’avait plus ce charme qui l’avait attiré à l’époque. Il en avait un autre qui piquait surtout sa curiosité pour l’heure plus qu’il ne l’attirait. Cassio… Ne jouait pas dans cette coure là. Mais il était joueur, le feu avait toujours été hypnotisant et pour sûr Johann avait quelques flammes au fond des yeux ce soir !
« D’accord... »
Pas sur le ton de celui qui approuve réellement quoi que se soit non… Plutôt de celui qui commence à comprendre que même le plus abrutit du monde comprendrait que quelque chose clochait. Il y avait trop de coïncidence pour que ce ne soit pas Johann. Il savait qui il était, ce qui les avait unis et par dessus le marché il était son sosie hein ! Et pourtant, ça ne matchait pas. C’était étrange et un peu désagréable comme situation. Cassio commençait à réaliser que Johann avait toutes les cartes en main : il savait tout. Et lui, il ne comprenait rien.
Entre deux gorgées de cocktail, Cassio vient attraper un tapas à base d’aïoli qu’il vient enfourner entre ses lèvres, se laissant à son tour aller dans le fond de sa chaise en observant Johann, cherchant à deviner. Et clairement ça semblait faire le jeu de l’autre européen hein ! Finalement il soupire, levant une main légèrement dans les airs pour balayer une chose imaginaire.
« D’accord, j’abandonne, je donne ma langue au chat. Qu’est-ce que tu sais que je ne sais pas ? »
Et après un petit rire, il précise :
« Je ne suis pas le bon gibier, je pensais que tu le savais, même si j’adore qu’on me considère comme ça. »
Alors clairement, il n’allait pas l’en empêcher non… !
Ah. Alors peut-être que Cassio était de ces hommes pouvant être sensible au charme des deux frères. Ils n’en avaient pas rencontré autant qu’on eût cru dans leur vie…! Au moins l’autre homme avait-il un minimum de bon sens : ils étaient rares aussi ceux qui faisaient aussi bien la différence entre Johann et lui. Sûrement parce que les gens se reposaient souvent un peu trop sur leur vue. Et même là… c’était assez vite fait de constater qu’ils n’avaient rien à voir l’un avec l’autre, malgré leurs traits communs. C’était tout en l’honneur du Sicilien et Xander ne manque pas de s’en faire la remarque.
« Je n’aime pas les cocktails. », assure-t-il. Nouveau point de différence entre Johann et lui ! « Je ne suis pas très dent sucrée de base… alors avec de l’alcool en plus ? Une bonne façon de le ruiner. »
Il garde le silence un moment ensuite, amusé. Parce que c’était évident que Cassio avait mis le doigt sur quelque chose, sans trop être sûr de quoi exactement ! Alors finalement, restant sur le sujet de l’alcool, Xander lui concède une bribe d’information.
« Je n’ai jamais compris comment Johann pouvait être pompette là-dessus. Il y a de quoi faire de l’hyperglycémie avant d’être saoul. »
Sur ce… il se penche au-dessus de la tête, son regard ambré plongé dans celui vert d’eau de Cassio. Il tend une main solide, rugueuse d’un peu de corne sur les doigts, pour serrer celle de l’autre homme. Après tout, ils venaient de faire connaissance. Sa prise est puissante, ferme et chaude.
« Xander Rosenbach. Enchanté. Johann a un jumeau. », annonce-t-il simplement, ne faisant plus de secrets maintenant que le voile était tombé. Ça avait été amusant le temps que ça avait duré, mais à trop étirer la sauce, ils allaient juste finir frustrés ! Il a un clin d’œil taquin pour Cassio, qui venait de toute évidence d’en apprendre une bonne. « C’est un petit miracle qu’on se soit tombé dessus ici. Au-delà de la coïncidence, il faut souligner que Johann et moi parlons très peu de notre vie intime ensemble. Mais je suis physionomiste et j’ai la mémoire des noms. »
Un mal nécessaire dans son ancien boulot. Entretemps, des tapas avait été commandé. Xander a d’ailleurs un sourire chaleureux pour la demoiselle qui vient les leur porter. Puis, il s’attaque aux amuse-gueules sans attendre, gourmand de nature !
« Pas le bon gibier ? », demande Xander, relevant la tête vers Cassio. « Tu es sûr ? »
Il ne le semblait pas autant qu’il l’aurait aimé. Il a un petit sourire, observant un moment l’autre homme avant de finalement complètement changer de sujet. Xander était du genre à savoir obtenir ce qu’il voulait. Mais il n’était ni lourd, ni chiant. Et puis, il était curieux à propos du bel Italien maintenant qu’il l’avait devant lui.
« Qu’est-ce que tu fais dans la vie, Cassio ? », demande-t-il, réellement curieux parce que c’était là quelque chose dont Johann et lui n’avaient pas parlé. « Tu habites à Miami maintenant alors ? »
Il ne demande pas pourquoi. Ça ne le regardait pas. Cassio avait peut-être une raison très personnelle.
On aurait pu dire que c’était une façon d’enfoncer des portes ouvertes… Mais Cassio se contente d’un petit sourire, parce que cette réflexion sur les cocktails allait au-delà de ça. C’était ce timbre tranquille, un peu rocailleux, gentiment joueur… Ou perçait cette malice dans le fait d’appuyer sur le fait qu’un « truc clochait ». Clairement l’homme en face de lui savait qu’il l’avait troublé et s’en délectait. Mais la délectation n’avait de saveur que lorsqu’elle n’était pas mâchée et remâchée des heures durant sans doute et son vis-à-vis semblait en avoir parfaitement conscience puisqu’il commence à mettre les pieds dans le plat. Et aussi excentrique Johann puisse-t-il paraître aux yeux de n’importe qui, il ne l’était clairement pas assez pour parler de lui à la troisième personne. Et moins encore pour se moquer de cette façon de lui-même ! Pas que se soit dit méchamment mais bon !
Est-ce que Cassio commence à sentir venir le coup du jumeau là maintenant ? Un peu, forcément. Mais ce n’était jamais spontané chez personne, le cerveau faisait un petit blocage et malgré l’évidence, rien qu’à entendre notre pensé évoquer cette possibilité, on la repoussait de peur d’avoir l’air idiot. Pourtant Cassio ne l’aurait pas été, de toute évidence…
Il accroche lui aussi le regard sombre de « Xander » avant de glisser sa main dans la sienne. La prise de Johann, si elle était ferme, était douce. Ses mains elles-mêmes sentaient bon la crème adoucissante ou hydratante. La poigne de Xander était clairement différente. S’il n’avait pas eu peur d’offenser Johann ne serait-ce qu’en pensé, il aurait dit « plus virile ». Moins douce et plus calleuse, il y était accroché une subtile odeur de tabac.
« Sacrée surprise. J’ignorais. »
Xander n’allait sans doute pas mal le prendre, si ? De toute façon, feindre maintenant qu’il savait mais qu’il avait oublié ce détail était impossible : Cassio se savait assez expressif la grande majorité du temps même si sur quelques sujets il savait sortir sa plus belle poker face.
« C’est quand même fou de se ressembler à ce point tout en étant aussi différents ! »
Parce que Xander et Johann étaient clairement le jour et la nuit. Il l’avait déjà constaté ces dernières minutes mais il lui semblait qu’à étudier les traits de l’allemand le fossé se creusait chaque minute un peu plus.
En tout cas Xander ne se contente pas de savoir qui il est de manière vague. Il sait de toute évidence ce qu’il y a pu y avoir entre Johann et lui. Il y a des gens que ça embarrasserait… Pas Cassio, clairement, qui se contente d’un petit sourire gouailleur, comme un sale gamin !
« Le monde est minuscule. »
Quant à être sûr de n’être pas le bon gibier, il y avait ce petit « quelque chose » qui aiguisait la curiosité chez Cassio. Cette façon de laisser entendre, sans vraiment le dire, qu’il était pourtant déjà le gibier de sa chasse perso. Voilà qui promettait décidément une soirée des plus intéressantes.
« Ha, les frères Rosenbach sont de toute évidence des gens passionnants ! »
Cassio gardait un excellent souvenir de Johann, au-delà de leur histoire charnelle d’une nuit orpheline. Il aimait les hommes de caractère.
« Comment va-t-il, d’ailleurs ? »
Et puisqu’ils font connaissance, Cassio explique :
« Je dirige un club de plongée. Mais il a suffisamment bien marché pour que je n’y sois plus très souvent aujourd’hui. Je suis plongeur. Avec ou sans bouteille. J’ai encore quelques records à mon actif, c’est une passion. Je dois avoir su nager avant de savoir marcher. »
Mais de fait, parce que toute la personne de Xander piquait sa curiosité :
« Et toi ? Quelque chose de physique, je présume non ? »
Avec la corne sur ses mains et la charpente certes pas forcément « massive » qu’il possédait mais néanmoins plus épaisse que celle de son frère, preuve d’une activité plus physique. En tout cas :
« Ça fait quelques années que je suis dans le coin. Mais bon… »
Il vient se frapper sans trop de force le torse, à l’endroit du cœur.
« La Sicile est là. »
Plus que l’Italie toute entière ! Cassio a quelques mots presque pieux pour Messine, dans son sicilien le plus profane paradoxalement, avant d’embrasser son poing comme lors d’une prière on aurait dit « amen ».