Dans cette ville, j'avais connu un tas de choses. J'étais parti de loin, de très loin. Là, à l'étage de mon casino, j'observais tous les clients, tous les employés. C'était un de ces moments, vous savez, quand on fait un débrief de comment on en est arrivé là. Je revoyais mes nuits dans le froid, mes nuits à me demander si je n'allais pas mourir le lendemain, les moments où j'avais eu un flingue braqué sur moi, les moments où j'avais arnaqué des hommes puissants, les moments où j'avais été fier de mener des escortes... Tous ces moments qu'aujourd'hui je gardais dans un coin de ma tête, priant pour que mes enfants ne sachant jamais tout ça. Je refusais qu'ils sachent ce que papa avait dû faire pour en arriver là, leur offrir une jolie maison, une famille heureuse. D'un autre côté, c'était ce que j'étais, ça coulait dans mes veines et ils n'existeraient sûrement pas si je n'avais pas fais tout ça.
Mes pensées durent interrompues par un visage familier dans la foule. Ce visage m'arracha un grand sourire et mes jambes descendaient déjà sans que je leur ai déjà dictés de le faire. Toujours magnifique, ma meilleure amie traversait la foule de mon casino. J'allais la prendre dans mes bras de plein fouet. hey toi lui fis-je alors en lui souriant. Lyah avait été là aussi depuis presque le début. Elle avait été comme moi, et maman aujourd'hui comme moi. Nous vivions pas mal de choses en commun, ce qui faisaient de nous des personnes sensiblement proches et qui se comprennent - quoi de plus agréable que ça. J'attrapais un verre de cocktail au vol pour elle que je lui offrais. santé. tu vas bien? fis-je en en prenant un aussi, trinquant avec elle et engageant la conversation. C'est comme si l'univers me l'avait envoyé au moment le plus opportun.
Ces derniers temps, Lyah avait été souvent ailleurs, écoutant à peine les discussions, répondant en hochant la tête comme si elle était désintéressée. Son beau sourire se faisait rare et se sentiment l'oppressait de plus en plus. Elle avait du mal à se concentrer. Sur scène, elle oubliait ses mouvements ce qui était rare, elle glissait de ses hauts talons à aiguilles lors de ses shootings, c'était une catastrophes. Elle était de nature bien investie et très sérieuse lorsqu'il s'agissait de boulot mais depuis cet accident, elle avait du mal à se concentrer sur quelque chose d'autre que son fils. Noah a failli perdre la vie et c'était sa faute. Tous les soirs, elle revoyait ses flash-back et depuis, son sommeil était troublé, elle n'arrivait plus à fermer l'œil sans enfiler une bouteille de Whiskey entière. Elle devrait pas, elle le savait bien mais c'était plus fort qu'elle.
Ce soir, elle avait décidé de se changer quelques peu les idées, si elle continuait comme ça, elle allait foutre sa carrière en l'air et la vie de son fils par la même occasion. Elle avait besoin de souffler et de penser à autre chose, quoi de mieux qu'une soirée chill avec son meilleur ami. Léo savait toujours lui rendre le sourire, ils avaient l'habitude de faire des conneries tous les deux, il la connaissait très bien et savait aussi lorsque ça n'allait pas bien. Cette soirée au moins, elle allait pouvoir oublier ses soucis et profiter de la vie sans aucun stress. Gabriel avait gentiment proposé de garder son filleul, ce qui l'arrangeait énormément.
Comme d'habitude, elle se mit sur son trente-et-un. Chaque occasion était bonne pour être belle disait-elle souvent. Une robe noire, assez courte, moulant son corps parfait était donc la tenue choisit pour ce soir. Des talons, comme à son habitude, accompagnaient sa tenue ainsi que quelques accessoires. A son arrivée au casino, les regards étaient tournés vers elle, elle avait bien l'habitude, sa poitrine ne passait pas inaperçue. Mais elle, elle ne cherchait qu'un seul regard, celui de son meilleur ami. Léo finit par apparaître à ses côtés avec un sourire, il la prit dans ses bras et la serra bien fort. "Trop contente de te voir toi !" Avoua t'elle avec un grand sourire. Elle attrapa la coupe tendit par la jeune homme avant de trinquer. "Cheeeers ! Gosh je suis épuisée !! Et toi ? Comment vont les mômes ? Et Jade ?" Elle connaissait très bien la belle blonde également.
Je prenais dans mes bras ma meilleure amie, présente ce soir, aussi belle que jamais. Je lui souriais en lui amenant un verre à l'oeil évidemment et la prenant dans mes bras. mmmh tu savais très bien que je serais là, coquine. lui fis-je alors en souriant. On ne pouvait que me croiser, ici, c'était sûr. Surtout depuis quelques semaines. J'avais engagé une nounou sur-qualifiée pour les enfants pendant que j'étais au travail. Malgré ce que j'avais prévu au départ, j'avais non pas réduit mon temps de présence par deux mais disons que j'étais là deux tiers du temps plutôt sur ce que j'étais en entier avant. J'avais pris la décision pour faire plaisir à Jade et vu ce qu'il s'était passé, finalement, j'avais pu revoir ma décision à la hausse.
je vais bien. Les enfants vont très bien et Jade aussi. Il faudrait que je lui dise, de toute façon. Je l'attrapais à la manière d'un gentleman dans le dos pour l'amener dans un endroit du casino moins bondé. Je ne voulais pas que quoique ce soit n'arrive aux oreilles d'autres personnes qui pourraient me nuire. Je l'emmenais où j'étais, à l'étage, seuls tous les deux mais toujours avec une vue sur l'attraction d'en bas. en réalité, il y a quelque chose que je ne t'ai pas encore dite lui fis-je une fois à l'abri d'autres oreilles. Lyah savait que j'étais très prudent. Le milieu dans lequel je bossais étaient pleins de personnes malveillantes et souhaitant savoir mes moindres faiblesses. C'est pour cela que mon entourage est pas mal retranché. J'avais eu envie d'être plus à la maison, alors j'ai organisé un planning bien allégé et un soir je suis rentré bien plus tôt par surprise. Sauf que Rose, une amie de Jade, m'a envoyé un message le même jour. Elle a retrouvé de la drogue dans ses affaires quand elle est passée à la maison. Alors j'ai fouillé où elle m'a dit et j'ai trouvé exactement ce qu'elle m'avait dit. Jade n'a pas nié, après une lourde dispute elle m'a demandé de l'aide... lui fis-je alors en lui expliquant rapidement et dans les grandes lignes. alors je l'ai amené en cure. exclusive, elle ne peut pas sortir. On vit seuls à la maison tous les trois... j'ai engagé une super nounou et du coup je viens quand même moins ici pour être là pour les jumeaux mais un peu plus que prévu... lui expliquais-je alors. Je levais mon verre à mes lèvres. et toi? ton loulou? ta famille? c'est ça qui te fatigues tant? lui fis-je alors en souriant. Elle savait que je n'aimais pas montrer mes émotions. Toute cette histoire avec Jade avait été très dure à encaisser mais je faisais mon possible pour rester impassible. Pour mes enfants, pour mon travail et pour moi.
Lyah avait besoin d'une bonne dose de déstresse. Les derniers jours ont été infernales mais elle comptait bien passer à autre chose ce soir. Son meilleur ami allait l'aider c'était certains. Elle avait déjà le sourire jusqu'aux oreilles lorsqu'il la serra dans ses bras. Elle était contente de le revoir. Cela faisait un moment d'ailleurs, lui son boulot et ses enfants et elle, eh bien la même chose. C'était dur d'aménager son temps lorsqu'on était parent. Lyah prit par la même occasion des news de la famille, les bébés et leur belle maman Jade. Elle était contente de savoir que tout allait pour le mieux pour lui.
Ou pas. Lyah était surprise d'entendre qu'il y avait autre chose dont elle n'était pas encore au courant. Elle se fit discrète et le suit sans rien dire, attendant d'être à l'abri pour en savoir plus. Lyah avait connu le même milieu que Léo, celui de la mafia et des trafiques, elle savait que le plus important était la discrétion, autrement tout le monde pouvait être en danger, à commencer par ta propre famille. Lorsqu'ils étaient enfin à l'abri des regards, l'aveu du jeune homme surprit la jeune espagnol. Elle ne s'attendait pas à ce que Jade se remette à la drogue, surtout après la naissance de ses enfants. Mais elle savait qu'avoir une telle responsabilité à un jeune âge n'était pas facile à encaisser. Lyah savait bien de quoi elle parlait. Elle avait elle-même traversé une très mauvaise période lorsqu'elle s'était rendu compte qu'un bébé grandissait dans son ventre et qu'elle allait devoir assumer la responsabilité toute seule, comme une grande, sans soutient.
Heureusement que Léo était là pour sa famille lui. "Putain merde je ne m'attendais pas à ça !!" Lyah encaissa la nouvelle avant de rajouter. "Bah écoute j'espère quand même qu'elle va s'en sortir, faut s'accrocher pour toi et les jumeaux !!" Elle le regarda un instant avant de demander. "Et toi tu vas comment du coup, t'encaisses ? Si t'as besoin de quoi que ce soit je suis là hein. Je serai ravi d'avoir deux mômes en plus que le mien." Fit-elle avec une touche d'humour. C'était un peu à la Lélyah, ils dramatisaient rarement et ils préféraient que cela se passe comme ça qu'autrement.
Son tour des aveux était arrivé et cela lui nouait la gorge. "Je crois que je vais finir dans un hôpital psycho si je continue comme ça... Ça fait des semaines que je revoie l'accident en boucle... Dès que j'embarque Noah en voiture, j'ai l'impression que je vais le tuer une deuxième fois. Putain cet accident me tue ! Et je ne sais pas quoi faire..."
Il avait fallu que je lui raconte tout pour Jade. Elle était une de mes meilleures amies alors il était normal qu'elle sache toute la vérité, je ne pouvais pas la lui cacher bien longtemps. Je ne voulais pas le faire devant toute la clientèle. Lyah savait comment ça fonctionnait. Il ne fallait que personne n'entende mes possibles faiblesses. Alors je la faisais monter à l'étage, là d'où l'on voyait toute la salle sans que personne ne nous remarque. Je lui racontais ma petite histoire du début à la fin, sans omettre aucun détail. Jade était partie, elle était retombée dans la drogue et c'était tout. Lyah semblait ne pas en croire ses oreilles, alors que moi j'étais déjà passé à l'étape suivante. Je m'étais bien trop battu pour elle et là c'était trop. Je ne voulais plus me battre et si cela signifiait de priver leur mère à mes enfants, c'était tout. Je ne voulais pas qu'ils grandissent là dedans. ça a toujours été la priorité, qu'ils n'aient pas la même vie que l'un ou que l'autre. Je faisais des signes de tête alors qu'elle était surprise de ma révélation. Puis elle me demandait si moi ça allait, si j'encaissais en me disant qu'elle était là au besoin. Je souris à sa phrase. Dramatiser, nous? Jamais. Comment on survivrait? La maison est assez grande pour vous accueillir, si ça t'en prends l'envie soudaine. Je sens quand même que les enfants ont besoin d'une présence maternelle... soupirais-je alors. mais c'est moi qui dort sur la gauche. fis-je alors en lui tendant le doigt avant de rire. Eh oui, toujours dédramatiser à la Lelyah. Je tiens le coup. j'ai décidé qu'elle m'en avait trop fait voir et que je devais aller de l'avant, sans laisser mes enfants souffrir de la faiblesse de leur mère. Me voilà donc dans ton club de parents célibataires. déconnais-je alors. je n'avais plus mon alliance au doigt. C'était très dur à accepter mais il le fallait, il était hors de question que je continue de souffrir pour elle. Arlo serait content d'entendre ça. Puis, je lui retournais la question. Oh, je sentais bien que c'était une question compliquée pour elle. Elle avait vécu un accident assez traumatisant récemment et je pouvais comprendre que ça la hantait. oh baby. lui fis-je en plaçant ma main sur la sienne. je ne te laisserais pas finir dans un hôpital psychiatrique, ne t'en fais pas. Ou au pire, je garderai Noah tu n'as pas à t'en faire déconnais-je alors en tournant la tête sur le côté avant de rire légèrement. il faut combattre le mal par le mal et ne pas abandonner le volant. je te proposerais bien un de mes chauffeurs mais j'ai peur que tu ne reprennes plus jamais la voiture et ce n'est clairement pas l'objectif nous ne sommes pas des lâcheurs, nous deux. On se bats, jusqu'au bout, même à en avoir mal aux tripes. tu en parles quand même à quelqu'un? je pense que malheureusement c'est quand même la meilleure des solutions... lui fis-je alors. mais tu ne tueras jamais ton fils, tu l'aimes trop pour ça et ça, tu le sais. Vraiment, si tu as besoin, je suis là pour toi. Si tu veux venir à la maison, être entourée aussi de quelqu'un qui te dit autre chose que "mamaaaaan?" ça pourrait peut-être être utile. Je dois avouer qu'à être qu'avec deux bébés à la maison, parfois je deviens fou et j'ai besoin de sortir parler à un adulte, même si c'est le facteur. lui fis-je alors en riant, m'appuyant contre la rembarde avec mon verre dans les mains.
