L'association se remplissait de jeunes âmes perdues. je l'avais crée dans ce but, pour aider les jeunes qui, comme Dani et moi, étaient perdus pour une raison ou une autre. Certains ne se sentaient pas en sécurité chez eux, certains étaient simplement seuls, abandonnés, orphelins. Certains voulaient, par crise d'adolescence, simplement fuguer. Au moins, ils étaient sous un toit et pas dans la rue en danger. Le boulot de mon équipe, c'était de les accueillir, de leur offrir un minimum de confort et de les faire parler. Les jeunes ont tendance à s'enfermer, notre but était de les épanouir. Souvent, ils demandaient du travail afin de pouvoir s'envoler de leurs propres ailes et quitter le foyer qu'on avait mis en place. Ce n'était pas un établissement comme les autres : nous n'allions pas chercher ces jeunes. On s'appuyait sur les réseaux, sur la publicité en ville, sur le bouche à oreille aussi pour qu'ils viennent à nous. Les jeunes qu'on oblige à prendre le droit chemin ont plus tendance à fuir que l'inverse. Chez nous, ils étaient invités et partaient quand ils le voulaient. Rien était obligatoire.

Aujourd'hui, on avait pas mal de jeunes qui souhaitaient bosser. Je prenais donc les candidatures et je me mettais à aller à divers endroits de la ville pour leur proposer leurs services, dire que certains jeunes cherchaient du travail. De leur côté, dans la salle informatique, ils cherchaient sur LinkedIn ou d'autres sites accompagnés de mon équipe. Je me déplaçais pour les aider, pour les soutenir, qu'ils sachent que des adultes ont confiance en eux à défaut de leurs propres parents, qu'ils aient des fondations sur lesquels tenir. J'avais fais pas mal de pôles de la ville quand j'arrivais dans les bars. Pas forcément les meilleurs endroits pour garder la tête droite mais parfois on cherchait des serveurs et puis moi j'apprenais aussi à connaître les lieux de la ville que je ne connaissais pas en même temps. Je demandais à un employé de voir le patron si possible en entrant ici en fin d'après-midi. J'allais répéter le même monologue à ce dernier s'il acceptait de me rencontrer, aider des jeunes à entrer dans la vie active. Certains m'envoyaient boulet, d'autres étaient très attentifs. Je regardais autour de moi avant que l'employé ne revienne, suivi de son patron j'imagine.

Le problème c'est que, je connaissais ce patron. M. Williams lâchais-je alors. J'avais déjà travaillé avec lui dans le passé... ça ne s'était pas très bien passé. Je fronçais légèrement les sourcils. Vu l'endroit, il n'avait pas tellement changé contrairement à moi. je suis désolé, je vous ai dérangé pour rien. fis-je alors en souhaitant me congédier. Je refusais de voir des jeunes de mon asso entre les mains de cet homme. Il m'avait amené dans une situation dangereuse, bien trop dangereuse la dernière fois que l'on s'était vu et je ne voulais plus avoir à faire avec ça, c'est pour cela que j'étais venu à Miami. Je n'étais pas là pour retomber dans les griffes du piège.