J’avais accepté que Derek vienne rendre visite à Maxence à la maison. Je voulais faire des efforts malgré ce qu’il s’était passé. Et pour une raison qui n’avait pas été vraiment éclaircie, je ne comprenais pas pourquoi mon ex avait finalement abandonné sa procédure de justice pour avoir la garde de mon fils. Il avait pourtant était extrêmement motivé à obtenir ce qu’il souhaitait, et cela au détriment de la sécurité affective de Maxence. Et puis du jour au lendemain plus rien. Je n’allais pas m’en plaindre. Il n’avait jamais été question de priver Derek du petit garçon et inversement, je voulais juste tenir la prunelle de mes yeux éloigné d’un type en qui je n’accordais aucune confiance. Mais voilà que cette histoire était terminée alors, avançons pour le meilleur j’avais envie de dire.

J’entendis mon ex sonner à la porte. Je vérifiai que la porte de la cuisine était bien fermée et la barrière de sécurité au niveau de l’escalier bien enclenchée. Maxence, du haut de ses 10 mois, explorer de plus en plus la maison en faisant ses premiers. Alors il était plus prudent de s’assurer qu’il ne courrait aucun danger le temps de quelques minutes en dehors de mon regard. J’allais ouvrir la porte d’entrée et offris un sourire chaleureux à l’homme qui se tenait dans l’encadrement de ma porte.

« Bonjour Derek. Merci c’est gentil et ce bouquet également. Tu n’aurais pas dû ! »

Il s’approcha de moi et vint déposer une bise sur ma joue qui me surpris quelque peu pendant un court instant. Les choses tendaient à aller mieux entre nous mais pas au point de se faire la bise pourtant. Je n’en fis pas cas et le laissai entrer dans la maison en lui disant de poser sa boite, de laquelle s’échappait une merveilleuse odeur, dans la cuisine.

« Referme bien la porte derrière toi, Maxence est un rapide. Il gambade comme jamais en ce moment, je suis toujours entrain de le chercher dans la maison. »

Je me mis à rire. Bon c’était sans doute un peu exagéré car je savais où se trouvait mon fils, mais il était vrai que parfois il vadrouillait tellement qu’il me surprenait à se trouver dans un endroit où je ne l’attendais pas. Je laissai Derek se rendre à la cuisine tandis que je terminai de mettre le couvert dans le salon où jouait mon fils avec des petites maracasses.

Voir Derek tenir Maxence raviva quelques tendres souvenir en moi. Des souvenirs qui se voulaient douloureux aujourd’hui. Je leur laissai un moment d’intimité ensemble. Le petit garçon aimait ce grand homme affaire et l’inverse était tout à fait constatable. J’esquissai un sourire avant de rentrer un peu plus dans la pièce en me raclant légèrement la gorge. Derek sembla revenir à la réalité et s’excusa de s’être perdu un moment dans les yeux du petit garçon.
 
« Oui il a diversifié son alimentation depuis quelques mois maintenant et il se débrouille comme un chef. »
 
Mon fils faisait de grands progrès à une vitesse affolante. Il allait bientôt sur ses un an. Le temps passait bien trop vite. Bientôt il décrocherait son diplôme de fin d’études sans que je m’en rende compte. Je montrai la chaise haute à Derek, la place de Maxence à table.
 
« Je mange généralement avec lui, enfin quand il ne dîne pas trop tôt. Tu peux le mettre dans sa chaise et lui donner une cuillère, il va en mettre partout mais il aime bien essayer de manger en autonomie. »
 
J’étais à chaque fois bonne pour passer le balai et nettoyer la tablette de la chaise haute, mais ca le rendait si fier de pouvoir essayer de mettre sa nourriture dans sa bouche avec sa cuillère. Les gestes étaient maladroits mais je constatais qu’au fil du temps sa maitrise de sa motricité fine progressait bien.
 
« J’ai mis une deuxième petite cuillère pour l’aider à manger. » lui indiquai-je. « Tu remercieras ta grand-mère pour le repas, c’est vraiment gentil. »
 
Je pris l’assiette de Maxence dans laquelle j’avais déjà disposé sa portion de viande hachée en petits morceaux et y ajouta la purée rapportée par Derek. Une fois l’assiette disposée, je la tendis à mon invité pour qu’il s’occupe de mon petit garçon. Maxence avait bien vu que le repas lui était servit et il commençait à s’agiter sur sa chaise haute.
 
« C’est Derek qui va te donner à manger. Evite de faire des expérimentations sur sa chemise s’il te plait. » dis-je au petit en lui déposant un baiser sur le haut de son crâne, avec un léger sourire.
 
Je pris place à table et servit nos assiettes d’adultes et nous servit de l’eau dans nos verres. Ce repas aurait tellement pu avoir un autre sens il y a quelques mois de cela. Malgré tout ce qui s’était passé, j’étais contente de recevoir Derek pour manger aujourd’hui. Même s’il m’avait blessé encore et encore, je ne pouvais l’écarter de ma vie totalement. En faite je ne le voulais pas pour une ou même plusieurs raisons qui m’échappaient. Un sourire se glissa intentionnellement sur mon visage alors que je croisai les yeux de Derek. Je passai une mèche de cheveux derrière mon oreille et pris mes couverts.
 
« Comment vas-tu ? Est-ce que les tensions avec Violette se sont apaisées depuis votre dispute ? »
 
Je savais que je m’embarquais sur un terrain tendu mais il était important pour moi de savoir si Derek était bien entouré. Et, de plus, je n’avais pas eu de nouvelles de la jeune femme depuis quelques mois maintenant.

Derek me dit n’avoir aucune nouvelles de sa fille Violette. Elle avait toujours été très indépendante et à quitter la ville du jour au lendemain, sans laisser de nouvelles alors je n’étais pas plus inquiète que cela. Elle finirait par revenir comme toujours, au moment où l’on s’y attendrait le moins. Il me raconta également ses mésaventures avec son voisin. Je ne pu m’empêcher de rire.
 
« Et après tu venais critiquer le quartier ici. Moi je n’ai pas de voisin voyeur qui m’épie au moins. »
 
Derek continua à parler en me disant qu’il était troublé par le comportement de son voisin. Je ne pu m’empêcher de sourire. Tout être normalement constitué et à la psychologie un minimum équilibré le serait. Puis il ajouta qu’il avait besoin de cette attention, cela l’empêchait de sombrer dans des tentations toxiques. Il ajouta qu’il avait le soutien de Apple en ce moment et que cela lui faisait du bien, regrettant au passage l’attention trop accrue sur son autre fille.
 
« Je ne pense pas que ce soit une erreur. Qui te dit qu’Apple n’aurait pas agit de la même manière que Violette dans la vie ? Je ne pense pas qu’il faille regretter ses actes. Ce qui est fait est fait. »
 
J’hochai les épaules. Et mangeai un peu de mon assiette. On sentait la bonne cuisine familiale dans le petit plat. Les mamies savaient toujours bien cuisiner. Mon ex laissa glisser qu’il souhaitait de nouveau être père. J’aurais voulu lui donner mon avis mais je préférais me taire. De toute façon je savais que lorsqu’il avait une idée en tête, il était impossible de la lui enlever. Je me raclai la gorge légèrement lorsque Derek me demanda si j’avais fait de nouvelle rencontre.
 
« Rien de sérieux. J’ai retrouvé une connaissance du passé à l’hôpital et l’on se voit parfois de temps en temps mais nous ne nous engageons à rien. »
 
Je regardai Maxence qui tentait de se débrouiller par lui-même avec ses petits morceaux de viande haché et esquissai un sourire avant de poser mes yeux sur le visage de mon ex. J’avais pas tellement envie de lui dire que je m’envoyais en l’air avec un ancien de mes élèves que j’avais formé en voyage humanitaire il y a de deux décennie de cela.
 
« Le compagnon de Apple ne se décide pas à mettre les pieds à Miami ? Il a peur de rencontrer son beau-père ? » dis-je en riant pour changer de conversation. « Elle va bientôt avoir leur premier enfant et il est aux abonnés absents. Je veux bien qu’il travaille beaucoup, mais tout de même, tu trouves pas ça un peu étrange ? »
 
Je me disais parfois que Apple avait peut-être quitter son compagnon et qu’elle n’osait pas le dire à sa famille.