C'est vrai que ça pouvait paraître bizarre comme conseil, aller parler à son père, mais je n'en avais pas la chance moi et des fois j'aurais aimé savoir pourquoi. Pourquoi il était parti, pourquoi il avait fallu qu'il se comporte comme un connard en nous abandonnant. J'aurais souhaité le voir au moins une fois, voir à quoi il ressemblait, l'écouter et peut-être enfin lui dire ce que j'avais ressenti, ce qu'il nous avait fait subir en partant. En finissant certainement par lui mettre un bon poing dans la figure, lui faire regretter d'être parti.

« Mais...tu n'aurais pas envie de le voir une fois, juste une fois, et de tout mettre au clair avec lui ? Moi aussi je suis sûr que je pourrais pas me retenir de frapper mon père mais...j'ai envie de savoir. Juste pour pouvoir mettre une croix dessus pour de bon. A un moment ou un autre il faudra que ça sorte, que tu lui dises à quel point il a été dégueulasse. Tu voudras le revoir et tu auras la chance de pouvoir lui dire tout ça en face. Si tu ne le fais pas, tu le regretteras. »

C'était dur pour moi de parler tout ça parce que malgré le fait que mon père soit un connard, il me manquait. Cette présence dont j'avais manqué me faisait comme l'effet d'un grand vide qui ne serait jamais comblé. Je ne reverrai certainement jamais mon père. Je ne pourrais jamais l'insulter. Je me demandais d'ailleurs parfois s'il me voyait à la télévision lors de compétition, s'il pouvait savoir que j'étais son fils, et que je n'avais pas eu besoin de lui pour réussir.

Et maintenant Aloysia apprenait que son père avait une autre famille, une autre fille. Et elle allait emménager avec elle. Je sais très bien que ce n'est pas de la faute de cette autre fille mais je crois que n'aurais pas pu. C'était comme continuer à vivre avec une personne qui vous rappelait chaque jour que votre père avait fait une énorme connerie. Je pouvais pas vraiment comprendre ce choix, du moins sur ce plan là. Sinon je comprenais parfaitement bien qu'Aloysia avait besoin de compagnie.

« Eh mais on s'en sort très bien tous les deux ! » répondis-je quand elle parla de ma colocation avec Charlie. Ça me faisait penser que j'avais une lessive à faire le soir-même, la flemme... « On te paierait pour que tu fasses tout ça. » disais-je avec un sourire. « Et niveau conquêtes...non je n'en parlerai pas... »

Charlie en ramenait parfois, et j'étais souvent obligé de lui rappeler ce qu'il s'était passé le lendemain matin en l'aidant à dégager ses conquêtes de notre appartement. Je me demandais d'ailleurs si, la prochaine fois, on ne pourrait pas demander à l'une d'entre elles de rester quelques temps pour qu'elle range à notre place. Fallait que j'en parle à Charlie, qu'il joue le jeu du gars amoureux... Non c'était dégueulasse pour la fille. Fallait pas que j'abuse non plus.

Le changement de sujet fut radical vu qu'on dériva vers ma mère et son copain. Sujet compliqué pour moi parce que j'avais toujours du mal à m'y faire. La voir avec quelqu'un d'autre était étrange. Ce mec était un total inconnu, c'était comme un intrus, pour moi et il se faufilait dans ma famille – et pas dans ma mère, vision d'horreur!!- comme si c'était facile, comme si c'était normal. Il avait dérobé le cœur de ma mère et je ne savais pas de quoi j'étais capable s'il le piétinait. Tout ce que je voulais c'était que ma mère soit enfin heureuse et il semblait que ce soit le cas avec cet homme. Alors, qu'est-ce que je pouvais dire...

« Ça fait plus longtemps qu'ils ne veulent me le dire » répondis-je à Aloysia. « Je crois ma mère a peur que je lui en veuille de ne pas m'en avoir parlé aussitôt. Elle a raison, j'aurais dû être le premier à savoir, pas le dernier. »

Bref, il était temps d'aborder un tout autre sujet, assez important tout de même. Le patin. Franchement, j'espérais vraiment qu'elle accepterait de reprendre parce que j'étais honnête quand je disais que je reprendrai pas sans elle, même si ça avait plus l'air de ressembler à du chantage comme elle me le faisait remarquer. J'admettais que s'en était un peu. Je me redressais immédiatement quand elle avoua que c'était possible.

« Sérieusement ? » articulais-je, surpris.

J'y croyais plus et pourtant elle semblait vraiment sérieuse en me donnant quand même quelques conditions. Fallait s'y attendre...

« Trois mois, ça marche... »

Les conditions s’enchaînaient alors et j'étais plus ou moins d'accord avec certaines d'entre elles.

« 8 heures d'accord... » soupirais-je. Ça me faisait vraiment chier, il allait falloir que je me couche plus tôt à partir de maintenant, et il faudrait pas non plus que Charlie me réveille en revenant avec une fille.

« La presse, aucun problème, j'en parlerai pas. » C'était pas vraiment compliqué.

« Ok, on fera du basique principalement et on verra le reste plus tard. On ira à ton rythme promis. » Fallait bien faire des concessions.

La dernière était dure. Le coach... Je soufflais. Ce mec, j'en pouvais juste plus, ses règles étaient tellement strictes, c'était invivable.

« Il a eu les mains baladeuses avec toi aussi ? » demandais-je parfaitement sérieux. Il me faisait vraiment flipper ce mec. Il se prenait presque pour notre père mais en plus tordu.

« Tout me va, à peu près... Il reste un problème... Emilie pourrait parler à la presse et dire qu'elle nous a vu à la patinoire. Des rumeurs pourraient commencer à circuler... »

Mon père, c'était un sujet que j'avais beaucoup de mal à aborder. Ce qu'il nous avait fait, à ma mère et à moi, me restait toujours en travers de la gorge et j'avais toujours du mal à l'accepter. Mais j'avais vieilli, j'avais réfléchi et j'avais décidé que je voulais le rencontrer, l'entendre me raconter des conneries pour justifier sa décision, ou pas d'ailleurs.

« Dis pas ça, ton père est toujours là. C'est un connard mais je suis sûr qu'il t'aime et qu'il restera là pour toi même si tu l'envoies bouler. »

Est-ce que les pères étaient tous des connards ? Parce que là, ça m'en donnait vraiment l'impression.

« C'est encore trop tôt. Tu verras dans quelques mois si tu n'as pas besoin de lui parler. » disais-je avant de boire une gorgée d'eau et de l'écouter me parler de la future colocation qu'elle avait mis en place avec sa demi-sœur.

Ça aussi, je trouvais que c'était un peu trop tôt. Et si ça se passait mal entre elle ? Ce ne serait pas une simple connaissance qu'elle perdrait, mais un membre de leur famille. Et c'était vivre avec une personne qui lui rappellerait constamment que son père a fait sa vie avec une autre femme. Si je revoyais mon père et que j'apprenais qu'il avait eu d'autres enfants, et qu'en plus il était resté avec eux et les avait élevé, je ne pourrais même pas leur adresser la parole. J'avais donc dit à Aloysia qu'elle aurait pu vivre avec Charlie et moi plus tôt.

« Ok, c'est le bordel oui... Je pense même qu'on va finir par embaucher quelqu'un pour ça. Mais on s'y sent chez soi ! »

Je lui proposais ensuite de la payer pour qu'elle fasse toutes les tâches ménagères chez nous en rigolant et elle joua le jeu même si je sentais bien que si je n'avais pas été aussi loin d'elle, je me serais prit un coup. Et elle ne voulait pas non plus voir défiler les filles chez nous. Il n'y en avait pas énormément, disons que c'était par phase.

« Tu aurais pu nous être très utile pour leur faire à manger le matin et les convaincre de partir. Je suis sûr que ça passe mieux quand ça vient d'une fille. »

Le sujet dériva sur ma mère et son nouveau petit-ami avec qui ça avait l'air d'être vraiment sérieux. C'est vrai que je lui en voulais un peu de ne m'avoir rien dit parce qu'on était plutôt du genre fusionnel et à tout partager. C'était en vérité la seule personne avec qui je pouvais tout dire. Cela pouvait paraître étrange pour certaine personne de ne pouvoir se confier qu'à sa propre mais pour moi c'était normal.

« Elle sait très bien que je lui en voudrais pas pendant très longtemps. » répondis-je à Aloysia. « Quel est l’intérêt d'attendre ? »

Et là ce fut le retour de manivelle car Aloysia me retournait ce que j'essayais de lui dire à propos de son père. Enfin, en partie, parce que je ne pensais pas qu'elle pourrait un jour comprendre pourquoi il avait agi comme ça.

« Je comprendrai, ouais... » disais-je, tout de même sceptique. « Il la rend heureuse oui. Je l'avais jamais vu comme ça. Mais oui, c'est le principal. »

Cette histoire avec ma mère me touchait beaucoup trop.

J'abordais ensuite le sujet du patinage et l'écoutait attentivement donner toutes ses conditions. L'histoire des horaires, c'était un peu compliqué pour moi parce que j'avais pris l'habitude de me lever très tard, même encore plus tard qu'auparavant comme je n'avais plus grand chose à faire de ma vie. Mais ce n'était pas très important. Je crois que le plus compliqué était le coach. J'avais tellement du mal avec lui...

« Je pensais que c'était qu'avec moi qu'il avait les mains baladeuses ! Maintenant je comprend mieux pourquoi tu t'enfermais, je pensais que c'était à cause de moi !» m'exclamais-je alors qu'elle se mettait à rire. « Il était toujours là à me tripoter et à me mater quand j'étais dans le vestiaire. Mais c'est pas drôle ! » disais-je en me mettant à rire moi aussi.

Cette situation était vraiment bizarre mais oui le coach avait eu quelques comportements bizarres et tendancieux avec moi aussi. Et ça ne changeait rien que je sois un mec.

En tout cas, il y avait un hic dans toutes ces concessions, et c'était Emilie. Cette meuf me ferait chier jusqu'au bout. Elle nous avait vu à la patinoire, et elle n'aurait aucun problème à en parler. Mais le pire c'était qu'elle avait vu Aloysia m'embrasser, même si ce n'était que pour la rendre furax. Elle parlerait, c'était obligé.

« Elle aime trop les médias. Des fois je me demandais même si elle ne les appelait pas exprès parce que je n'en avais jamais vu autant quand on était partenaire tous les deux. Fait chier... » soufflais-je en passant les mains sur mon visage. « Je suis vraiment désolé, c'est de ma faute tout ça. J'aurais jamais dû te demander de m'aider avec elle. C'est pas un problème pour moi les journaux mais toi tu as recommencé ta vie ici et je suppose que c'était pas ce que tu voulais. »

J'avais merdé. Je revenais comme ça lui demander de redevenir ma partenaire après un an d'absence et maintenant par ma faute on allait peut-être se retrouver dans les journaux alors que ce n'était absolument pas ce qu'elle souhaitait.

« Tu as lu les journaux aujourd'hui ? » demandais-je. Peut-être que je m'étais trompé. Peut-être qu'Emilie n'avait rien raconté après tout.

Je continuais de piocher dans mon plat en l'écoutant me dire qu'il n'était pas question qu'elle vive avec nous, et surtout qu'elle ne se chargerait certainement pas de virer les filles de notre appartement.

« Des poufs ? Arrête... On est tous comme ça, à vouloir se détendre, à vouloir évacuer la pression à un moment ou un autre. Ne dis pas que ça t'est jamais arrivé. De sortir, et de draguer juste pour le plaisir, juste pour toi, rien de sérieux. » disais-je en haussant les épaules. « Y a rien de mal à ça... »

Elle m'expliquait ensuite que de se faire virer par une autre fille n'était pas mieux ni plus agréable que si je le faisais moi-même. C'était surprenant, je pensais vraiment que ce serait plus simple. C'est sûr que ce serait plus simple pour moi parce que franchement des fois c'était pas facile, certaines s'accrochaient vraiment, pourtant je ne faisais jamais rien pour les y encourager. Aloysia semblait suivre le même fil de pensées que moi puisqu'elle me dit qu'elle ne voyait pas où les filles pouvaient bien chercher pour croire que je cherchais quelque chose de sérieux avec elle.

« Il semblerait que je donne envie à pas mal de filles d'avoir une relation sérieuse. Je sais pas d'où ça vient... »

On continuait de parler de relations sérieuses mais cette fois, c'était vraiment du sérieux. Ma mère avait trouvé quelqu'un, et cela faisait quelques temps déjà. Sauf que j'avais été mis au courant récemment, beaucoup trop récemment à mon goût compte tenu que je suis son fils et que j'estime avoir le droit de connaître ce genre de détails de sa vie. Je ne voulais pas avoir non plus tous les détails, mais me dire qu'elle avait rencontré quelqu'un c'était important et un changement pour ma vie aussi, pas que pour la sienne. Ce mec devenait en quelque sorte mon beau-père, c'était pas n'importe quoi non plus ! Mais Aloysia semblait avoir une explication à propos de ça. Elle disait que c'était souvent préférable d'attendre un peu avant de mettre au courant au cas où ça ne marchait pas.

« Oui, mais si elle m'en avait parlé et que ça n'avait pas marché, j'aurais pu la soutenir. Alors que là si ça ne marchait pas, je me serais retrouvé comme un con à pas comprendre ce qu'il se passait. Les relations sérieuses, c'est trop compliqué. » concluais-je.

Je buvais une gorgée d'eau entre deux bouchées alors que la discussion dérivait à nouveau sur un autre sujet que j'avais voulu aborder. J'avais d'ailleurs cru que c'était pour parler de ça qu'elle m'avait contacté. Néanmoins, elle avait réfléchi au patinage, ce qui était déjà un pas par rapport à la dernière fois que l'on s'était vu. Elle me cita toutes les conditions et se mit à rire quand je lui expliquais que notre coach n'avait pas eu les mains baladeuses qu'avec elle parfois ou le regard un peu trop insistant dans les vestiaires. Et maintenant, Aloysia se foutait de moi.

« Quoi ? Même maintenant que tu sais ça, tu veux quand même qu'on le reprenne ?! » m'exclamais-je. « Et arrête de rigoler, je te rappelle qu'on était mineur quand on a commencé et qu'il devait déjà avoir ces petites idées perverses à l'époque ! »

Le revoir, c'était vraiment la dernière chose que je voulais. Mais elle semblait vraiment vouloir le reprendre comme on avait toujours bossé avec lui et qu'il nous connaissait bien.

Mais il y avait une autre complication. Emilie nous avait vu à la patinoire et elle avait vu Aloysia m'embrasser pour la faire chier. Et elle en parlerait aux médias, c'était certain.

« Les médias n'ont pas vraiment besoin de preuves... Et n'importe qui les croit. C'est la merde ! »

Elle essayait de relativiser les choses mais j'étais déjà persuadé que c'était mort, Emilie ne pourrait pas garder ça pour elle. Alors qu'elle me répondait qu'elle allait vérifier dans les journaux, je sentis mon portable vibrer dans ma poche. Je galérais à le sortir de la poche de mon jean en remarquant qu'Aloysia avait une expression bizarre sur le visage alors qu'elle regardait son propre portable. Je m'inquiétais alors, est-ce que ce qu'elle avait trouvé sur nous était si grave que ça mais elle m'assura qu'il s'agissait d'un message et très certainement d'une erreur. Je sortis enfin mon portable et le déverrouillais pour voir qui m'avait envoyé un message.

Le nom m'était totalement inconnu. Qui était Nightmare et comment cette personne pouvait savoir que j'allai certainement reprendre le patinage avec Aloysia alors qu'elle venait d'accepter partiellement. Et en plus cette personne me conseillait de plutôt reprendre le patin avec Emilie plutôt qu'Aloysia. C'était quoi cette blague ? Et comment ça Aloysia me plaisait ? Et qui était cette personne pour dire qu'Emilie serait meilleure ? Elle n'avait clairement pas le niveau. Et puis il y avait cette dernière pique qui disait que je devrais l'abandonner, une nouvelle fois... Ce message m'énervait plus qu'autre chose. Personne n'avait à se mêler de nos vies comme ça ! Et je me demandais qui cela pouvait bien être parce que toute ces informations n'étaient restés qu'entre Aloysia et moi. Je posais alors brutalement mon portable sur la table avant de regarder les autres clients du restaurant. Mais bien sûr cette personne devait se faire discrète après tout...

Aloysia me fit me détourner en me disant que l'on pouvait paniquer à présent. Elle me montra alors son portable où il y avait une photo de nous et un court article. Je fermais les yeux un instant après avoir lu l'article, me pinçant l'arête du nez en me tentant de me calmer.

« Putain... » soufflais-je. « La salope ! »

Je ne m'attendais vraiment pas à ce que des journalistes me suivent, et surtout même avant qu'Emilie ne leur parle.

« Maintenant je comprendrais vraiment que tu refuses le partenariat même si je n'y tiens pas. Faut que j'aille lui parler et mettre les choses au clair avec elle. »

En espérant que ça n'empire pas les choses. Je lâchais ma fourchette et repoussais mon assiette en réfléchissant.

« Et je parlerai aux journalistes aussi. J'arrangerai tout ça. »

Encore une fois, ils étaient tous les deux en désaccords. Aloysia avait une mauvaise vision des histoires d'une nuit et des filles qu'il pouvait ramener chez lui. Blake, lui, n'y voyait aucun problème, c'était juste du bon temps à passer. Il lui dit d'ailleurs qu'il était persuadé que ça lui était arrivé à elle aussi.

« Okay, un point pour toi, mais il y a une différence entre le faire une fois sous l’emprise de l’alcool et tous les week-ends. Personnellement, je trouve ça mal. C’est pas comme ça qu’on se sent mieux ! C’est totalement débile et puéril. Je veux dire, une fois, deux fois, okay ça passe mais plus c’est dégradant » lui répondit-elle.

« Qu'est-ce qui te dis que ça m'arrive souvent ? » demanda Blake.

Après tout, cela ne lui arrivais pas si souvent que ça, c'était surtout dans des moments où il se sentait seul, il allait boire, beaucoup et il ne passait pas la nuit seul. Et parfois, il lui arrivait de rentrer seul.

« Sincèrement, toutes ces filles, ça t’a apporté quoi ? Mise à part un tableau de chasse immense. »

Cela le fit sourire et il s'adossa à son siège avant de lui répondre.

« Du sexe, sans toute la merde et les problèmes à côté, tout simplement. »

Il savait qu'elle risquait encore une fois de ne pas être d'accord avec lui, qu'elle défendrait les relations sérieuses. Mais Blake ne voyait rien de bien là-dedans. En même temps le seul exemple de relation sérieuse qu'il pouvait avoir avait capoté peu de temps après sa naissance quand son père les avait laissé tomber. Ce n'était pas vraiment un modèle de relation. Comment il pouvait croire à tout ça ? Et encore plus maintenant qu'il apprenait que le père d'Aloysia avait lui aussi fait le con en ayant une double vie, une double famille.

Néanmoins, c'était vrai que ces filles étaient assez stupide pour penser que ça deviendrait sérieux. Il ne se souvenait même pas de leurs noms pour la plupart !

« On pourrait dire que t’as la tête du mec sérieux ou… que c’est simplement le fric qui les attirent. Beh quoi, c’est bien connu, l’argent ça fait tourner la tête de beaucoup de monde et je suppose que certaines filles avec qui tu as eu une relation savaient qui tu étais. »

« Ça fait toujours plaisir d'entendre ça, merci... » répondit Blake, un peu vexé par ce qu'elle disait.

L'argent n'était pas un sujet qu'il aimait aborder. D'ailleurs, il essayait souvent de ne pas montrer qu'il était assez riche. Il pouvait très bien prendre la grosse tête par rapport aux victoires mais pas par rapport à l'argent. Parce qu'il savait ce que c'était de ne pas en avoir... Et parce qu'il n'aimait pas en profiter.

Même s'ils changèrent de sujet en parlant de la mère de Blake et de son nouveau copain, ils ne s'éloignèrent pas vraiment du thèmes des relations sérieuses, et comme d'habitude ils n'étaient pas d'accord. Aloysia trouvait normal que la mère de Blake n'est rien dit à son fils à propos de cette nouvelle relation et elle disait que c'était parce qu'il ne comprenait rien aux relations sérieuses qu'il ne comprenait pas pourquoi elle lui avait caché être en couple. Les relations sérieuses, c'est trop compliqué, avait-il dit.

Et «Surtout pour un débutant ! » avait-elle répliqué.

« Je n'en suis même pas au stade de débutant. » lui répondit-il.

Il n'avait jamais essayé, jamais voulu tenter quoique ce soit. Tout ça l'effrayait trop. Les sentiments etc..., c'était pas pour lui. Il préférait ne pas se mouiller et aboutir à un échec.

« De toute façon, quoi que je dise, tu vas être contre moi tout simplement parce que tu comprends pas. Mais tout mon discours te paraîtra tout à fait normal quand tu entameras une relation sérieuse, mais comme c’est pas demain la veille, tu resteras inculte à ce sujet le restant de ta vie. »

« Pourquoi tu es aussi méchante avec moi aujourd'hui ? » lui demanda t-il. "Pour toi je finirai ma vie seul ? Je sais que je suis plutôt mal parti mais... non laisse tomber, t'as raison, j'y comprendrais jamais rien de toute façon. »

Il aurait voulu sourire et rigoler avec ça parce qu'il savait qu'elle ne faisait que le chercher mais il n'y arrivait pas.

« Je me contenterai de mes poufs » dit-il avec le sourire avant qu'elle ne réaborde le sujet de sa mère en disant que de toute façon, elle était heureuse et c'était un peu tout ce qui comptait. Sur ce point là, il était d'accord, le bonheur de sa mère était le plus importait, alors il acquiesça.

Ils parlèrent ensuite du patinage sauf qu'encore une fois il n'était pas en accord, à propos de leur coach cette fois.

« Quoi ? Parce que je devrais vouloir oublier cette idée tout simplement parce qu’il a été trop entreprenant avec toi ? Attends, attends, j’étais prête à subir ses mains baladeuses sans savoir qu’il avait le même comportement avec toi, alors c’est pas pour me défiler maintenant… Puis ça sera marrant d’observer tes réactions face à son comportement. »

« Mon comportement ? S'il me retouche, je lui casse la gueule, de même s'il recommence avec toi ! Et après on en prendra un autre ! » lui répondit-il. « Ou une autre... » ajouta t-il avec un sourire.

Avoir un entraîneur féminin, ça pouvait être bien après tout ! Et ça changerait un peu.

« Non mais plus sérieusement, il a ses défauts, mais on a toujours fait du bon boulot avec lui. Je m’occupes de le convaincre de retravailler avec nous. »

« T'es prêtes à subir toutes ses critiques à propos de notre alimentation et de notre vie sexuelle, de notre vie tout court en fait ! Mais si tu y tiens... »

C'est vrai que c'était en partie grâce à lui qu'ils avaient tous les deux atteints un si haut niveau mais ils n'avaient plus vraiment de vie, il controlait tout. Et il donnait l'impression de savoir où ils se trouvaient à chaque instant de la journée.

Mais à présent, ils avaient un plus gros problème que leur coach, Emilie et les journalistes. Aloysia avait sorti son portable pour voir s'il y avait quelque chose décrit sur eux et ça avait été le cas. Elle avait trouvé un article avec une photo d'eux alors qu'il la portait le jour où il s'était revu. L'article était assez explicite et disait très clairement qu'ils étaient ensemble. Blake ne savait pas si Emilie y était pour quelque chose mais le résultat était le même.

« Tu vois quand je dis que tu baises que des poufs, j’ai pas tort ! »

Blake commençait vraiment par être agacé par cette situation. En plus de ça se rajoutait le message que lui avait envoyé un certain ou une certain Nightmare qui lui disait clairement que ce n'était pas la peine de reprendre le patinage avec Aloysia et qu'Emilie était bien meilleur.

« Emilie était une grosse erreur c'est vrai... Et peut-être que t'as raison, ça n'arrangera rien si je vais lui parler. Elle va me tuer. »

Il voulait vraiment arranger les choses parce qu'il était revenu comme ça demander à Aloysia de redevenir sa partenaire alors qu'elle refusait au début. Mais il avait insisté et maintenant c'était de sa faute si il y avait un article sur eux. Et aussi de sa faute si Aloysia avait dû l'embrasser pour faire déguerpir Emilie. Il avait mit Aloysia dans la merde alors qu'elle avait refait sa vie loin de tout ça. Alors il voulait arranger les choses sauf que sa façon de faire pourrait très bien les faire empirer plutôt.

« T’es pas le meilleur dans le social, tu vas nous enfoncer encore plus. Alors tu oublies les journalistes. On dément tous les deux sur nos comptes twitter et ça devrait passer. Je pense. »

« Tu penses que ça suffira ? » lui demanda t-il, inquiet. « Je suis vraiment désolé pour ça, tout est de ma faute. Si je pouvais faire quoique ce soit pour arranger la situation.... »

« Il va juste falloir qu’on se fasse discret sur le patinage... »

ça paraissait logique. Il hocha la tête en repensant au message que lui avait envoyé Nightmare. Blake regardait son portable, prêt à relire le message une nouvelle fois.

« T’en as eu un toi aussi, pas vrai ?... Un sms de ce Nightmare, je veux dire… Il disait quoi pour toi ? »

Blake releva la tête, surprit de ce que venait de lui dire Aloysia. Elle en avait reçu un elle aussi ? Il hésita un instant à lui révéler le contenu du message.

« Il disait que je devrais réfléchir au fait de repatiner avec toi. »

Blake ne parla pas du « je suis sûr que la petite Aloysia te plaît » ni du fait que Nightmare lui disait qu'Emilie serait meilleur.

« Et toi ? » lui demanda t-il.

Son portable vibra et il se demanda un instant si ce n'était pas un nouveau message de Nightmare. Il le regarda et ouvrit le message, soulagé de voir qu'il ne s'agissait que de sa mère.

« Oh merde... C'est ma mère, elle a vu l'article et... elle nous trouve très mignons..." souffla t-il. "Je vais devoir tout lui expliquer... »

Blake savait qu'elle ne comprenait et n'était pas d'accord avec son point de vue. Comme de nombreuses fois d'ailleurs. C'est vrai que c'était son genre de revenir à la patinoire dans les vêtements de la veille comme Aloysia le disait, et épuisé à cause du trop peu de sommeil.Le coach s'énervait souvent à cause de ça et elle aussi mais il ne voyait pas pourquoi. Tant qu'il restait performant sur la glace, pourquoi se priver d'un peu de plaisir en dehors ? Blake n'avait absolument pas écouté ce qu'ils disaient tous les deux et étaient arrivés de nombreuses fois dans cet état, levant les yeux au ciel sous leurs reproches. S'il y avait bien une chose avec laquelle il avait du mal, c'était bien les relations amoureuses, et donc sérieuses. C'était un territoire inconnu, un territoire qui le faisait fuir. Il n'y croyait tout simplement pas. Et Aloysia lui fit clairement comprendre qu'il n'y comprenait rien.

« Sans toute la merde qu’il y a autour ? Comment tu peux savoir ce qu’il y a autour sans t’être posé une seule  fois ?! Non mais franchement tu te rends comptes que tu sais même pas ce que sait de prendre un petit déjeuner à deux. Ou que même t’as première relation sexuelle c’était une fille dont tu te foutais complètement ? » lui dit Aloysia.

« Je ne me foutais pas d'elle ! » s'exclama Blake. « Je l'aimais vraiment bien. »

Bon, il ne se souvenait plus de son prénom mais ça avait été sa première petite-amie et il se souvenait avoir passé de bons moments avec elle. Il n'allait pas nier le reste de sa phrase, il n'y connaissait rien c'était vrai, il n'avait jamais vécu ce genre de situation.

« Okay, je suis allée trop loin, oublie. » dit-elle alors qu'il allait continué d'argumenter.

Blake referma la bouche et se radossa dans sa chaise, abandonnant lui aussi cette bataille. De toute façon, ils ne trouveraient jamais un terrain d'entente à propos de ce sujet là. Elle était allé trop loin aussi à propos des filles qu'il ramenait chez lui, en disant qu'elles ne s'intéressaient qu'à son argent et pas tout simplement à lui. C'était plutôt vexant de l'entendre dire ça et il ne comprenait pas pourquoi elle le rabaissait comme ça. Enfin si, il comprenait qu'elle lui en veuille encore de l'avoir lâcher et qu'elle lui balancerait ce genre de piques pour prouver qu'elle n'oubliait rien et qu'il avait fait le con. Blake espérait vraiment qu'elle lui pardonnerait entièrement un joue.

Il ne répondit pas à la question d'Aloysia lui demandant s'il était possible que finalement il croit un peu en l'amour. Blake n'en savait rien. Comment croire en quelque chose qu'il ne connaissait pas ? Et pourtant il lui arrivait de voir les effets que ça avait sur les autres et c'était beau. Sa mère par exemple avait l'air d'avoir retrouvé toute sa jeunesse avec cet homme.

En ce qui concernait le patinage, Blake était plutot content qu'elle accepte de reprendre, même très. Il n'était pas joyeux pour le coach mais il prévoyait déjà de lui casser la gueule s'il recommençait à jouer le pervers avec eux. Et s'il pouvait changer de coach et passer à un coach féminin, il n'y voyait aucun problème.

« Tu peux me dire pourquoi j’arrive même pas à être surprise de tes paroles ? »

« Parce que tu me connais trop bien ! » répondit-il en souriant.

Il fit les gros yeux et grogna quand elle lui dit qu'il devrait juste être plus discret à propos de ses relations sexuelles.

Mais tout cela semblait compromis à cause des journalistes et d'Emilie. Ils étaient tous les deux présentés en tant que couple dans un article et en plus ils avaient une photo d'eux le premier jour de son arrivée. Aloysia proposa juste de démentir via Twitter mais Blake se demandait si ce serait suffisant.

« J’en sais rien. Je pense que les gens sont assez lucides pour pas croire tout ce que les journaux disent. Puis on verra bien. Si ça prend trop d’ampleur, on interviendra, pour l’instant ça va. »

Blake hocha la tête, approuvant. Il trouvait qu'elle prenait ça un peu trop bien mais il ne ferait aucun commentaire à ce propos. Il y avait autre chose qui le dérangeait, le message que lui avait envoyé un certain Nightmare. Et Aloysia aurait reçu un message du même type.

« Euh en gros la même chose, que je devrais réfléchir avant de me relancer là dedans. Avant de re chuter. » lui expliqua t-elle.

Il n'arrivait pas à croire que quelqu'un se mêle de leurs vies comme ça et leur donne des conseils totalement débiles.

« De toute façon, on fait ce qu'on veut. Un essai ça ne fait rien de mal. » dit-il en balayant tout ce que Nightmare avait pu dire.

Il reçu un autre message et fut soudain inquiet que ce soit un autre message du dit Nightmare. Mais ce n'était que sa mère qui avait vu l'article et qui les trouvait mignons tous les deux. Est-ce qu'elle pensait vraiment que l'article disait la vérité ?

« Bon courage hein ! » lui dit-Aloysia.

« Ça va être la galère... » dit-il en grognant. « Je sens bien qu'elle va pas me lâcher... Vaut mieux que je fasse ça au plus vite parce que sinon elle risque d'en parler à toute la famille. Ça te dérange pas que je m'en aille maintenant hein ? »

Il posait la question en sachant que lui-même n'avait pas le choix. Elle acquiesça et il appela le serveur en demandant la note et paya pour eux deux. Blake se leva donc pour partir.

« Envoie-moi un message pour me dire quand on commence. Quand tu seras prête. » lui dit-il en souriant avant de sortir son portable et d'appeler sa mère.