Ce qu'il pouvait avoir la tête dure! On était en train de s'engueuler comme deux adolescents pré-pubères. Je lui avais sortis tous mes arguments pour le faire venir et le connaissant, il allait même pas lever son cul pour me suivre. Je le trouvais bête, vraiment bête! Il pouvait croire que Geane était mieux sans lui, mais je savais très bien ce qu'elle pensait. Je savais beaucoup de choses sur elle même si on ne parlait pas. Je m'étais levé le premier et j'étais prêt à quitter les lieux de cet appartement-poubelle.

« Mon coloc n’est pas fou. Et je te jure que si tu le critiques encore, tu ne sortiras pas vivant de cette pièce. »


- Haha! Ce que tu peux être nul! Ton gay de coloc est à l'institut Jackson depuis bientôt trois mois, s'il n'est pas fou à l'heure qu'il est, je me demande bien ce qu'il est!

Parce que mon détective privé avait bien fait son travail, il avait même été trouvé Edward à l'institut pour avoir des renseignements sur Kenneth et il n'avait pu rien dire parce qu'il l'ignorait où il se trouvait. Tout un ami, mais on dirait qu'il tenait à lui, c'était donc une faille possible, bien que je ne pense pas que ça pèse dans la balance. Peu importe j'étais parti à la cuisine prendre mon sac et je voulais partir le laissant moisir ici. Je lui mentionnai alors que ça me fera une joie de dire que je l'avais tué à sa sœur.

«  Même si tu le voulais, personne ne penserait que tu m’as tué. Tu n'en aurais pas les couilles et tu n'y arriverais pas. »

J'avais fait volte-face et je lui avais carrément rentré dedans pour le coucher sur la table, moi le tenant fermement, ma bouche à deux pouces de sa face de connard. Je ne pouvais pas croire qu'il venait de me menacer encore une fois, mais là, c'était une fois de trop. Je n'allais pas me laisser faire. Comme à chaque fois qu'on se voyait, il fallait se taper sur la gueule, à croire que c'était rendu une tradition. Je regardai Kenneth, le regard mauvais et je lui montrai alors que j'étais bien sérieux. Si Geane croyait que je l'avais tué, ÇA c'était grave et alors, c'était certain que tout le monde le croirait.

- Ce n'est pas l'envie qui manque! Parce que tu sais rien de ce que j'ai déjà fait! À ta place je n'y serai pas si sûr!!! Tu te souviens pourtant de Madison non? Bien à côté de ce que tu sais, c'est pire!

Aborder le sujet Madison était sans doute délicat, mais justement, je n'étais pas prêt à me laisser faire et quitte à se moquer de ma gueule, moi aussi je pouvais bien le faire pour lui. Torturer Madison avait été facile et pourtant ça avait été Kenneth qui avait tenté de me tuer. Chance raté. Je le tenais toujours et je sais pas pourquoi, je n'arrivais vraiment pas à le lâcher. C'était comme si une envie noire et sadique c'était emparé de mon esprit. L'étrangler c'est tout ce que je voulais... Comme ça, Geane aurait une bonne raison de m'en vouloir. Finalement, j'avais plus envie de le découper en morceau que de le ramener à Miami.

Parler de mon colocataire avec Sebastian, ce n’était pas une partie de plaisir. J’aurais préféré que ce crétin ne connaisse jamais son existence. Il ne faisait aucun doute qu’Edward ne résisterait pas cinq minutes face à un malade dans son genre. Peut-être que je le sous-estimais et que je me trompais mais à mes yeux, Edward était quand même assez crédule et naïf. De plus, il était le contraire de violent et je le voyais mal se défendre face aux autres. Il n’y avait qu’à regarder ce qui s’était passé entre lui et Marina. Une fille. Il s’était fait clouer le bec par une sale petite morveuse pourrit gatée… et une fille !

« Haha! Ce que tu peux être nul! Ton gay de coloc est à l'institut Jackson depuis bientôt trois mois, s'il n'est pas fou à l'heure qu'il est, je me demande bien ce qu'il est! »

J’avais failli lui rétorquer dans un premier temps que mon colocataire n’était pas gay mais je m’étais abstenu parce que finalement je n’en étais pas sûr à cent pour cent. Il était quand même assez particulier. Il n’avait jamais eu de copine, il était puceau, il ne ressentait pas de manque et il refusait qu’on le touche. A cette vitesse, il finira sans l’avoir fait une seule fois. Quoi qu’il en soit, j’avais fini par me reconcentrer sur les paroles de Sebastian. L’institut Jackson ? J’avais froncé les sourcils sans réellement comprendre ce qu’il entendait par là. Je n’en avais jamais entendu parler. Ce serait donc un asile ? Mais pourquoi Edward aurait-il été interné après mon départ. Il allait bien… enfin le mieux qu’il puisse aller en tout cas. Mes pensées s’entrechoquaient et je ne savais même pas quoi lui répondre. J’avais des questions mais par laquelle commencer ? Mes interrogations se firent interrompues quand il décida de partir de l’appartement en me lâchant un petit pic qui me fit rétorquer aussi vite. Toutefois, monsieur ne semblait pas aimer ma réponse puisqu’il m’avait pris par surprise en me plaquant sur la table. Je ne l’avais jamais vu comme ça et je me demandais s’il ne profitait pas de mon moment de faiblesse pour prendre le dessus d’un point de vue physique.

« Ce n'est pas l'envie qui manque! Parce que tu sais rien de ce que j'ai déjà fait! À ta place je n'y serai pas si sûr!!! Tu te souviens pourtant de Madison non? Bien à côté de ce que tu sais, c'est pire! »

De longues secondes s’étaient échappées avant que je ne sois obligé d’utiliser le peu de force qu’il me restait pour me débattre et le pousser en arrière dans le but de respirer normalement. Je m’étais aussitôt redressé en le fixant du regard puis de faire un pas en arrière. Je n’avais pas vraiment envie qu’il me resaute à la gorge sachant qu’il n’avait pas l’air de s’arrêter.

« Tu serais pas en train de m’avouer à demi-mot que tu as tué quelqu’un ? »

Je l’avais questionné sans attendre réellement une réponse à ma question. Au fond, je la connaissais déjà et je ne voulais pas trop avoir cette discussion avec lui. Ma tentative de meurtre sur sa personne était suffisante à mes yeux pour ne pas vouloir en reparler pendant longtemps. Si au départ, je n’avais pas ressentit la gravité de mon acte, à présent, c’était le cas. J’avais changé et ce sentiment me dégoûtais. C’était à peine si je pouvais me regarder dans une glace.

« Peu importe, je m’en fiche… Si tu veux me tuer, fait-le. Mais je te préviens, ça me fera juste plaisir. Alors pendant que tu pèse le pour et le contre, dis-moi. Je veux que tu me parles de mon colocataire. Qu’est-ce qui se passe exactement ? »

Geane était une femme forte et elle m’avait beaucoup impressionné depuis que je l’avais revu. Je ne me faisais aucuns soucis pour elle dans la vie. Elle savait se défendre. Cependant… Edward… c’était différent.

J'avais perdu le contrôle au moment où il m'avait dit que je n'avais pas les couilles pour le tuer. Ça m'avait vraiment énervé et quand je voyais noir, je pouvais difficilement me contrôler. Je le maintenais fermement par le collet, mais j'avais fini par lâcher à force qu'il me repousse. Je voulais me tirer d'ici et je n'allais pas lui avouer que j'avais tué un mec il y a de ça 3 mois déjà. Je me contenta de le regarder tout en prenant mon air impassible devant lui. Parce qu'il croyait que j'allais faire des confidences alors que j'étais toujours énervé.

« Peu importe, je m’en fiche… Si tu veux me tuer, fait-le. Mais je te préviens, ça me fera juste plaisir. Alors pendant que tu pèse le pour et le contre, dis-moi. Je veux que tu me parles de mon colocataire. Qu’est-ce qui se passe exactement ? »

Il venait vraiment de me dire que de le tuer ça lui ferait plaisir? J'avais froncé les sourcils un instant avant de me croiser les bras sur la poitrine. Ce mec, avait vraiment un problème, mais le fait qu'il reparle de son coloc, ça voulait dire beaucoup de choses. C'est pourquoi un faible rictus apparut sur mes lèvres.

- T'es pas au courant? il est entré à l'institut Jackson il y a trois mois de ça! Un peu après ta "disparition" je dirais! Non mais, trois mois enfermé dans une place de fous, si tu veux mon avis, il est déjà barge ton pote! Pas de visite, personne pour le soutenir... non mais quel pote tu fais oui! Il va moisir là-bas et toi ici.

Je ne pouvais pas mieux dire, car tout ici était dégueulasse. S'il aimait vivre dans la crasse, c'était son affaire. Je tournai les talons pour ouvrir la porte d'entrée et me retournai à nouveau. Parce que vu comment il avait réagit avec ce que je venais de lui annoncer, je voyais bien la faille! Si je voulais le ramener à Miami, c'était le moment de marchander.

- Tu sais, si tu te ramènes avec moi, je ferai en sorte de le faire sortir de là!

Avec mes conditions bien sûr parce que j'allais le faire poireauter un peu avant de le faire et la priorité restait Geane. Puis, j'avais franchi la porte pour sortir et respirer l'air nauséabonde de la place. Ce quartier était en train de tomber en ruine. Kenneth savait que j'allais rester deux jours ici s'il ne me suivait pas maintenant. Je crois qu'il allait me suivre, mais je ne pouvais pas être certain... Ce type avait le don de m'énerver et il était capable de me faire bien chier encore longtemps. J'avais commencé à descendre deux marches quand il se pointa à nouveau, ce qui me fit arrêter un instant en voulant savoir ce qu'il allait me dire.

Il m’avait demandé si je n’étais pas au courant comme si c’était une faute grave. J’avais décidé de partir sans me retourner et sans prendre des nouvelles des autres. Je trouvais tout à fait légitime dans ces conditions de ne pas savoir le moindre fait et geste de mes amis à l’autre bout du monde. De plus, même si on avait tenté de me contacter, mon téléphone était quelque part au milieu des océans. Quoi qu’il en soit, Sebastian ne tarda pas à me confirmer que l’institut dont il me parlait était de nature psychatrique et cela faisait déjà plusieurs mois qu’Edward était enfermé là-bas. Il m’informa aussi que mon colocataire n’avait eu aucune visite ce qui me laissait sous entendre que personne n’allait le sortir de cet endroit. Il ne m’avait jamais parlé de ces parents ou peut-être que si mais je n’en avais pas trop de souvenirs. Cependant, j’étais persuadé que si ces derniers voulaient le faire sortir, il l’aurait déjà fait depuis déjà longtemps. Je me sentais coupable. Coupable de ne pas le soutenir. Coupable de pas l’avoir su plus tôt. Coupable de ne pas l’aider à sortir de cet établissement. J’avais le choix. Tourner le dos et faire comme si de rien était en me demandant jusqu’à la fin de ma vie s’il avait fini par en sortir ou trouver une solution. Mon cerveau était sur le point d’exploser quand Sebastian se dirigeait vers la sortie. Je ne voulais pas le retenir mais il était le seul à avoir les réponses à toutes mes questions. Par chance, je n’eu pas à le faire. Il s’était retourné de lui-même.

« Tu sais, si tu te ramènes avec moi, je ferai en sorte de le faire sortir de là ! »

Je l’avais fixé en l’écoutant parler. Ce n’était pas étonnant de le voir en profiter et de me faire du chantage. Si je refusais, je condamnais mon ami. Si j’acceptais quelque chose de sa part, c’est ma fierté qui en prenait un sacré coup. Je me sentais coincé et je commençais à faire les cents pas alors que Sebastian avait franchit la porte. En le voyant disparaitre, j’avais agis sans réfléchir plus longtemps. Je l’avais suivi et je savais que j’allais m’en mordre les doigts. Je ne voulais pas qu’il gagne mais il était sur le point de le faire. Si je revenais là-bas… Je ne voulais même pas y penser. J’avais préféré fuir mes démons plutôt que de les affronter et me voilà obligé de faire marche arrière.

« Trois conditions. »

J’avais dit ça suivit d’un long soupire et je n’avais pas manqué les yeux de Sebastian en train de rouler. Il devait sans doute me trouver chiant comme d’habitude mais pourtant il était en train d’avoir ce qu’il voulait alors il pouvait bien m’accorder un ou deux services.

« La première chose qu’on fera là-bas c’est libérer Edward. Je veux aussi que tu me dises exactement pourquoi tu veux que je rentre à Miami. »

Je ne pensais pas que c’était uniquement pour Geane. Il était prêt à sortir mon ami d’un asile pour que je reparte avec lui. Il devait y avoir une explication. Je remarquai rapidement qu’il ne me disait rien pour l’instant. Il attendait sans doute la dernière condition. J’avais détourné le regard comme un réflexe avant de baisser rapidement les yeux vers le sol en me mordant la lèvre. Je sentais que ça n’allait pas être difficile à sortir et que j’allais le regretter.

« Je… Comment dire… Techniquement, je… Je ne peux pas quitter cette ville tant que je n’ai pas remboursé certaines personnes ici. Je le faisais en travaillant mais si je dois partir… Il me faudrait environ… 50 milles dollars. Je sais ce que tu vas dire mais c’est presque rien pour toi et je t’ai rendu ton argent sans rien te demander en échange. Je ne veux pas que tu me les donnes mais… tu pourrais les payer et je te… redonnerais tout… petit à petit. »

Je m'étais arrêté pour le regarder, car je savais qu'il voulait me parler et me dire des mots. J'espérais que je l'avais assez tenté avec ma proposition. Faire sortir son coloc d'un asile était sans doute pas une simple tâche, mais c'était possible. Tout s'achetait avec de l'argent.

« Trois conditions. »

Alors là, il voulait négocier en plus! Je roulai des yeux parce qu'il était un vrai connard... jusqu'aux bout. Je lui dis de shooter ses conditions au plus vite avant que je me casse d'ici pour voir si c'était possible que j'accepte ou pas.

« La première chose qu’on fera là-bas c’est libérer Edward. Je veux aussi que tu me dises exactement pourquoi tu veux que je rentre à Miami. »

Je l'écoutai toujours, mais je voulais savoir la suite! Je ne sais pas pourquoi il voulait savoir pourquoi j'étais vraiment ici, mais je n'allais surement pas dire la vérité.


«Je… Comment dire… Techniquement, je… Je ne peux pas quitter cette ville tant que je n’ai pas remboursé certaines personnes ici. Je le faisais en travaillant mais si je dois partir… Il me faudrait environ… 50 milles dollars. Je sais ce que tu vas dire mais c’est presque rien pour toi et je t’ai rendu ton argent sans rien te demander en échange. Je ne veux pas que tu me les donnes mais… tu pourrais les payer et je te… redonnerais tout… petit à petit. »

- 50 000 billets!!! MAIS ÇA VA PAS!!!

Je remontai à sa hauteur parce que là, il dépassait les bornes. Il avait eu tout mon fric pendant un laps de temps et il s'en était même pas servi! Comment ce mec avait fait pour être endetté de la sorte? En fait, je ne voulais même pas le savoir! Une fois à sa hauteur au lieu de lui mettre mon poing dans sa tronche, je le regardai un instant tout en prenant le temps de réfléchir à ce qu'il venait de me dire. Sortir petit coloc... ok.... 50 000 $ C'était peu et je pouvais facilement le faire... Puis, lui dire la vérité sur ma présence, j'allais travailler un peu pour qu'il me croit, mais c'était possible. Je lui souris donc et lui tendis la main. C'était pas une trêve, loin de là, c'était pour qu'on se tienne au marché.

- Deal!

Il me tendis la main et alors c'était marché conclut. Je me retournai aussitôt pour redescendre encore.

- Je loge au U Pattaya chambre 223! Viens demain à 15h00 et je te donnerai l'argent qu'il te faut et on partira le soir même. Je te dirai alors ce que tu veux savoir sur le fait que je veux que tu rentres!

Je descendis encore les marches pour quitter ce quartier puant. J'étais certain que Kenneth se pointerai le lendemain parce que j'avais accepté ses conditions et que pour son coloc il était prêt à revenir.

Mes conditions avouées, la réaction de Sebastian ne se fit pas attendre. Je n’étais pas totalement étonné en l’entendant râler à propos de l’argent. Il est vrai que j’avais un peu déconné à mon arrivée en ville et que j’avais accumulé de grosses dettes. J’étais même un peu soulagé qu’il ne me pose pas de questions à propos de ça. Je n’en étais pas fier et il était la dernière personne avec qui j’avais envie de m’étaler sur le sujet. J’espérais bien que tout ce qui s’était passé dans cette ville finisse enterrer et que certains problèmes ne m’accompagnent pas à Miami. La décision de Sebastian s’était fait attendre de longues secondes comme si ma dernière condition avait dû mal à passer. Je ne comprenais pas trop le souci connaissant son compte en banque. Il me tendit finalement la main pour conclure l’accord. Aucune résistance ? Alors c’était tout ? J’allais repartir à Miami. Une hésitation me parcourra l’esprit tandis que je tendis ma main à mon tour pour la lui serrer. Je devais le faire pour Edward. Ne penser à rien d’autre qu’à lui, même si l’envie de fuir ne quittait pas mes pensées.

« Je loge au U Pattaya chambre 223! Viens demain à 15h00 et je te donnerai l'argent qu'il te faut et on partira le soir même. Je te dirai alors ce que tu veux savoir sur le fait que je veux que tu rentres! »

Il me laissait sans aucune surveillance jusqu’à demain. Il devait être plutôt confiant pour penser que je ne changerais pas d’avis. De mon côté, ce n’était pas la même histoire. Je n’arrêtais pas de me dire qu’il me faudrait seulement quelques minutes pour faire mon sac, trouver une autre identité et prendre le premier avion pour une destination inconnue et choisit au hasard. Pourquoi pas la Grèce ? Je n’y suis encore jamais allé malgré mon tour du monde. Finalement, l’image d’Edward me revenait en tête. Je ne pouvais pas l’abandonner une seconde fois. Personne n’était là pour lui. Une chose est sûre, je devais trouver une solution pour éviter de croiser Geane les premiers jours. Je n’étais pas prêt. Pas prêt à lui parler ou à lui expliquer ce qui s'était passé dans ma tête avec les bons mots. Je ne trouvais aucune raison valable et elle ne pardonnerait sans doute jamais d'avoir une nouvelle fois pris la fuite. Je n’étais pas prêt. Je ne suis pas prêt.