Ma vie avait quelque peu changé depuis quelques semaines. Et dire, qu'elle aurait pu changer bien avant si je n'avais pas été si buté. Je vous explique. J'avais reçu des appels pendant un temps du garage qui enquêtait sur mon accident de travail. Seulement, je n'avais jamais voulu décrocher. Il faut dire, à cette époque, je ne parlais pas, je ne répondais pas. Je ne faisais que de me lever et rester devant ma fenêtre, dans mon fauteuil roulant. Je ne faisais rien d'autre.

Mais je m'étais remise, plus ou moins, de ma dépression. J'avais essayé de renouer avec des personnes de mon entourage, j'avais démissionné pour retrouver un autre travail, je me retrouvais enfin, je me redécouvrais dirons-nous. Bref, j'avais vraiment l'envie de tout surmonter, d'ailleurs, je suivais très régulièrement mes séances chez mon psychologue. Ce n'est pas évident puisqu'elle me bousculait dans mes retranchements.

D'ailleurs, je reçus une lettre il y a quelques semaines, on m'avait mit par écrit les résultats de l'enquête concernant la voiture. Je n'ai pas coupable à cent pour-cent. Bien entendu que j'étais coupable de mettre endormie en voiture, c'était d'une stupidité. Mais j'appris que la voiture était réellement défaillante et quoiqu'il arrive, je n'aurais pas pu éviter cet accident ou un autre. La voiture était morte de base. Cela soulagea un peu ma conscience, mais tout de même.

Je m'étais rendu au garage du coup, bon d'accord, mon psychologue m'y avait poussé. C'était une étape que je devais affronter encore. C'est là que j'avais fait la connaissance d'Enaël, un mec très véritablement sexy pour le coup. Il y avait quelque chose en lui qui m'attirait instantanément. Je ne sais pas pourquoi, peut-être son côté sombre et torturé. Dès le début, j'avais eu envie d'être là, d'être présente pour lui. C'était comme un besoin, j'avais besoin de prendre soin de lui et de l'aider avec ses démons. Tu parles, comme si je n'en avais pas assez des miens.

Bref, depuis ce jour, je venais souvent au garage, il avait accepté de retaper ma voiture et je voulais aider. Je voulais découvrir, apprendre. J'étais un peu une touche à touche. J'aimais bien connaître et savoir faire de nouvelles choses. Bref, aujourd'hui, j'avais « rendez-vous » avec lui pour travailler sur ma voiture. Je m'habillai simple, en petit débardeur blanc et un jogging (en laine) avec les cheveux attaché simplement en un chignon. Je n'avais pas non plus pris la peine de me maquiller, de toute façon, j'allais devenir un vrai petit sagouin d'ici quelques heures.

Lorsque j'arrivais, la voiture était préparée à subir nos traitements. J'eus un énorme sourire quand je le vis, lorsqu'il m'offrit ses bras, j'y allais avec un très grand plaisir. Je ne me faisais clairement pas prier pour le coup. Même avec l'odeur de voiture, etc, on pouvait sentir son parfum qui était un vrai délice pour mes narines. Mais je ne m'attardais pas trop, je me sentirais bête qu'il remarque que je le renifle « Tu vas bien ? » Lui demandais-je avec un grand sourire « J'ai hâte à faire des bidouilles » Dis-je tout excité en tapant dans mes mains.

Je pense que j'avais vécu le pire, et que j'avais réussi à y survivre. Je pense que, le destin avait changé de cible et que j'avais eu réparation en quelque sorte de ce que j'avais vécu. Tout allait pour le meilleur du monde. Bien entendu, je n'avais pas retrouvé ma vie d'avant. La Lily d'avant n'était plus entièrement là. Cette épreuve m'avait changé, m'avait plus ou moins endurcie. Je n'étais plus aussi fragile qu'avant, peut-être toujours sensible, mais plus fragile. Je ne voulais plus me laisser atteindre, laisser les autres me blesser, me blesser moi-même.

Cela, je le devais bien entendu à de nombreux facteurs, notamment mon ancien entourage, qui m'avait permis de reprendre mes repères tout de même, mon psychologue qui me bousculait et qui me faisait aller dans mes retranchements les plus ardus. Je devais combattre mes démons, bien que ce fût plus facile ceux des autres. C'est toujours plus facile quand on n'est pas le personnage, quand on n'est pas interne. Puis, c'était aussi grâce à un nouvel entourage que je m'étais fait, comme Ayann, Jason, mon nouveau collègue et aussi Enaël.

Je quittai ses bras pour ensuite lui faire part de ma joie et de mon excitation à jouer les mécaniciennes. Je n'étais qu'une vulgaire amatrice d'ailleurs « Je vais bien » Lui répondis-je en souriant et j'étais contente quand il annonça qu'on allait commencer, pour ensuite me faire le rejoindre près de la voiture. Son contact était doux, presque hésitant. Il n'était peut-être pas à l'aise avec les simples gestes comme ça. Je savais quel genre de gars était Enaël, je veux dire... Il n'était pas du genre romantique ou tendre généralement donc.

Bref, je ne commentais pas. Je ne voulais pas le mettre mal à l'aise avec mes remarques. Il reprit très vite son sérieux et son assurance, que j'aimais tant. Puis, il m'expliqua comment cela allait se passer, j'acquiesçai vivement de la tête, soif d'apprendre « Oui mon capichef » Dis-je d'une voix forte et déterminé. Je fis alors ce qu'il me dit et je trouvais ça bien intéressant même si, pour être honnête, je galérais. Je veux dire, je n'étais pas la fille la plus forte du monde, bien au contraire. Entre la dépression et ma maladie, je n'avais pas vraiment de force en moi.

Je sentais bien le regard et le sourire moqueur de mon ami avant qu'il vienne m'aider. Ce qu'il fit « T'es mignon, toi » Dis-je en levant les yeux « Tu veux que j'y aille quand » Répliquais-je. Bien entendu, j'avais mon camarade de sport qui n'était rien d'autre que Jason, c'était lui qui m'avait rééduqué et que je remarchai à nouveau d'ailleurs, je lui devais tout. Bref, grâce à son aide... J'arrivai à enlever la roue. J'étais bien faire de moi quand même « Pourquoi il a fallu qu'il y ait autant de roues pour une voiture » Commentais-je avec une petite moue.

Bien entendu, malgré ce qu'il aimait souvent faire croire aux autres, il n'était pas tout le temps froid et contrôlé. Il avait des petits moments de fifous, comme en cet instant alors qu'il venait de me barbouiller le visage « Hey » M'écriais-je en rigolant. Je souriais « Mais si je suis Simba, tu es Nala » Dis-je malicieusement, les yeux tout pétillants d'humour « Un petit souci de virilité, mais ça fera l'affaire » Commentais-je pour le taquiner « J'adore le roi lion, je suis une fan » Lui révélais-je, j'étais clairement une femme-enfant, un trait de caractère qui n'avait pas changé malgré les événements « Si tu veux, je t'invite un soir à la maison, pour dîner et ensuite... On pourra se faire les deux roi lion » Proposais-je en rougissant timidement.

Je souriais et levais les yeux à ses propos. Il n'était donc pas possible « Oh, il y en a combien d'autres à part moi ? » Lui demandais-je avec un petit clin d'oeil. Je savais qu'il était du genre, plan d'une soirée, juste pour le sexe. Il ne m'avait jamais parler d'une autre fille que sa sœur, donc je me demandais pour le coup ce qui avait fait qu'il se ferme autant, est-ce qu'une fille lui aurait brisé le cœur dans le passé ?

En tout cas, monsieur râlait car je n'avais pas assez de force, j'étais bien d'accord sur ça. Pleins de fois, je me retrouvais un peu embêter dû à cela et j'étais toujours obligé de demander de l'aide à quelqu'un de bien plus fort que moi. Un peu de sport s'impose, effectivement, mais je ne pouvais pas trop forcer sur mes jambes et mon dos, d'ailleurs un petit massage ne serait clairement pas de refus, mais c'était bien trop beau pour être vrai « Haaan non, tu ne peux pas me faire ça » Fis-je avec une petite moue « C'est pas mignon, ça » Répliquais-je toujours avec ma moue boudeuse.

Bien que j'étais motivé à refaire cette voiture et pourquoi même pas d'autres, j'adorais faire ça... Même si j'étais un vrai petit souillon et une vraie petite sauvageonne après. J'espérais pouvoir continuer après ma voiture. De plus, j'aimais particulièrement la compagnie d'Enaël, d'ailleurs, c'était une motivation pour moi de me levé le matin en me disant que j'allais le voir dans la journée, c'était plus reboostant qu'un jus d'orange et une tasse de café.

Cependant, les roues... Je n'aimais clairement pas ça et je le fis comprendre à mon compagnon de réparage « C'est nul ! Bouh ! » Fis-je toujours en boudant. J'étais la reine des boudeuses, je ne faisais que cela au quotidien, puis, j'aimais bien bouder. Mais je cessai très rapidement de bouder quand on se mit à parler de Disney, plus particulièrement du roi lion. J'étais une fan inconditionnelle, surtout du film numéro 2 où je connais les répliques de A à Z, passant par toutes les musiques.

Je pris le courage de l'inviter à la maison pour venir manger et regarder des films avec moi. Je n'invite jamais de garçon généralement à la maison. Je traînais avec des garçons, tout le temps, mais je n'avais pas besoin de les inviter, ils passaient directement. La dernière fois que j'avais invité un garçon, c'était dans les débuts avec mon ex. Donc, c'était réellement étrange comme constatation. En tout cas, sa réponse me vexa et me refroidisait terriblement.

Je ne comprenais pas pourquoi il s'était subitement renfermé « Pourquoi ? » Demandais-je en fronçant les sourcils. Je ne voyais pas en quoi manger et regarder un Disney pouvait être la source d'un tel revirement de situation, pourquoi il était froid et distant comme cela, il n'aimait peut-être pas les Disney après tout. Je me mordis la lèvre, me sentant du coup un peu mal à l'aise et également blessé par sa froideur.

Bien entendu, il changea de sujet et je n'aimais pas spécialement ça. J'aimais notre complicité, j'aimais notre proximité, j'aimais sa chaleur. Je n'avais pas eu ce genre de relation depuis longtemps et je me rendais compte que j'aimais ça, je me sentais bien de cette façon là « Oui je veux bien, mais je ne sais pas quoi faire en couleur » Dis-je avec une petite moue, j'étais la reine des indécises également. Donc le temps de prendre une décision, la fin du monde avait le temps d'arriver et tous nous emporter.

Bien entendu, il restait fermer. Je plaçai ma main sur sa joue et le forcer à me regarder droit dans les yeux, tout en restant toujours douce « J'ai fais quelque chose pour que tu me repousses comme ça ? » Lui demandais-je alors directement, cela ne servait à rien de tourner autour du pot. Si je pouvais arranger les choses entre lui et moi si jamais, j'avais fait une boulette. En tout cas, je ne quittai pas ses magnifiques yeux où je me plongeai dedans comme je plongerai dans un océan alors que je sentais le rouge me monter aux joues.

Je plissais les yeux en entendant sa réponse, bien entendu, je rigolais « Ah oui ? Qui est-ce ? » Demandais-je alors avec ma petite moue « Attention, je risque d'être jalouse hein » Commentais-je en riant. Bien sûr que je n'étais pas jalouse, je devais déjà être bien touchée qu'il me porte un tant soit peu d'attention. Avec tout ce que j'avais pus faire, tout ce que j'avais pu vivre. J'étais bien heureuse d'avoir quelqu'un comme lui dans ma vie.

Bien entendu, il attaqua à son activité préféré qu'était de m'embêter. Je le soupçonnai d'en prendre même un certain plaisir sadique à me faire bouder. Enfin, pour une grosse boudeuse comme moi, ce n'était clairement pas difficile d'y parvenir. Il continua à me taquiner « Fais gaffe, si tu continues de me pousser, je vais devoir me venger » Le prévins-je « Et je t'assure que je peux faire plus mal qu'un petit bébé écureuil » Continuais-je, en lui tirant la langue.

Cependant, toutes les bonnes choses ont une fin et je devais, et nous devions, reprendre notre travail, même si je n'aimais pas du tout m'occuper des roues, en plus, je commençai à devenir à vrai petit souillon à m'en mettre partout « Tu as intérêt de m'offrir une douche » Fis-je avec un petit clin d'oeil. Bah évidemment, je n'avais pas non plus envie de sentir pas bon et de ressembler à rien, même si je n'étais pas non plus du genre à faire absolument attention à mon apparence, j'avais des limite à la connerie.

Nous nous mîmes à reprendre le travail, j'étais assez ravie quand il m'appelait « princesse », ce petit nom affectif comme ça, me montrait quotidiennement, que j'avais une petite importance dans sa vie et cela faisait du bien, j'étais assez perdu dans ma vie relationnelle, j'avais tellement perdue dans mon accident et j'avais tellement du mal à retrouver des personnes appréciable et qui en valait la peine, surtout dans ce monde où on ne pouvait plus tellement faire confiance.

Mais peut-être que j'avais parlé trop tôt. Je ne le comprenais pas, je lui avais proposer de passer chez moi et voilà que désormais il s'était renfermé sur lui, qu'il s'enveloppait de cette barrière, de cette carapace d'une froideur que je n'aimais pas trop. Je ne comprenais pas pourquoi, je ne comprenais pas ce que j'avais fait de mal. Je me sentais réellement très mal à cette situation, je voulais savoir, je voulais arranger les choses.

Je ne lui laissai d'ailleurs, pas tellement le choix. Je lui fis tourner la tête pour qu'il me regarde et qu'il me parle ouvertement, avec son cœur. Comme j'aimais le faire, comme je le préférais. Je ne comprenais pas avec son explication, j'étais littéralement dans le flou « Mais en quoi, regarder un film, pourrait gâcher ce qu'on a » Lui dis-je en fronçant les sourcils « En quoi être chez moi et être ici, changerait nos moments et notre complicité » Lui demandais-je toujours dans l'incompréhension de sa réaction.

Je ne comprenais pas du tout sa réaction et ses explications me perdait encore plus. Je ne voyais pas du tout pourquoi il réagissait de la sorte. Ce n'était qu'un film et qu'un repas après tout. Passer juste du temps tous les deux en dehors de garage. J'avais envie de le connaître d'avantage, j'avais envie de le connaître derrière son masque de mécanicien. Il m'intriguait, il m'intéressait. J'étais persuadé que l'homme derrière ses barrières était époustouflant.

Je lui fis comprendre que je ne comprenais en rien ce qu'il disait, il semblait surpris. Je ne voyais pas pourquoi, c'était lui qui était étrange à se refermer « Mais comment veux-tu gâcher le peu que nous avons avec un film et un repas... Tu manges comme un cochon, c'est ça ? » Dis-je en rigolant un peu, j'essayais de détendre un peu l'atmosphère, je n'aimais pas qu'il me rejette comme ça. Je n'aimais pas les rejets de manière général, comme tout le monde je suppose. Mais, j'avais perdu beaucoup de monde, je ne voulais pas qu'on me rejette.

J'étais encore plus intrigué sur ses peurs. Je plaçai mes mains de part et d'autre de son effigie « Enaël, détends-toi.. Ce n'est que moi, rien que moi » Lui dis-je doucement en me noyant dans ses yeux « Tout va bien se passé, cesse d'avoir peur... Aie confiance en toi, ta capacité de contrôle... Tu ne ferais rien qui fait que je pourrais te détester, je le sais... Je te fais confiance » Lui dis-je doucement avec un petit sourire « Qu'est-ce que tu pourrais faire, que je puisse te détester de toute façon, dis-moi » Lui demandais-je en souriant tendrement.

Je restai comme ça un moment avant de le prendre dans mes bras et le serrer fort contre moi. Je voulais qu'il se sente mieux, je voulais le réconforter. Il allait tellement. C'était un homme blessé que j'avais dans les bras, c'était un homme perdu.. Je me doutais bien que ça n'arrange pas ses douleurs et ses démons entièrement. En tout cas, moi, j'avais besoin d'un câlin pour me sentir mieux, toujours. C'était mon remède magique, j'espérais que cela le serait pour lui aussi.