Je venais d’entrer chez Starbucks, disons que je n’avais pas vraiment envie de me faire à déjeuner ce matin et j’avais encore moins envie que mes colocs me fassent à manger, j’avais quand même un peu de dignité.  Du moins ce qui en restait.  Lorsqu’il ne nous reste qu’une seule jambe, on n’a plus toute notre dignité tant qu’à moi.  On dépend beaucoup des autres.  J’ai d’ailleurs commencé ma rééducation et je ne mets pas toujours ma prothèse.  Comme aujourd’hui, j’avais laissé ma prothèse dans ma chambre car je n’étais pas encore tout à fait à l’aise avec. Je venais de faire la file pour me commander un truc à manger et la jeune femme à la caisse fut très gentille en me disant qu’elle viendrait porter le tout à ma table.  J’étais sur le point d’aller m’asseoir à une table lorsqu’une jeune femme se retourna vers moi et renversa tout son café sur moi. Je retenus un sacre pour ne pas énumérer tous les saints du monde^^, mais finalement c’Était plus mon équilibre que je tentai de garder.  Heureusement que j’avais mes béquilles.

« Merde!!  Il faut faire attention un peu… » Mais la jeune femme se confondit rapidement en excuse attrapant des serviettes pour m’éponger le plus possible.  Ça allait sécher, mais pour l’instant c’était très inconfortable.  Dès que je le pus, je m’installai à la table la plus proche et appuyant mes béquilles sur le côté de la table.« J’ai déjà vu pire, mais il faudra faire plus attention les prochaines fois miss! Vous auriez pu me faire tomber.» Je portais un pantalon trois quart qui cachait ce qui restait de ma jambe.  J’étais tout de même amputé sous le genou alors le pantalon arrivait tout juste au bon endroit.

« Ça vous arrive souvent des brûler les hommes pour les aborder? » avais-je dit en riant un peu pour détendre l’atmosphère un peu car elle semblait vraiment mal à l’aise.

© Fiche de Hollow Bastion sur Bazzart

Je tirai un peu sur mon chandail pour le décoller de ma peau. Il finirait par sécher de toute façon, mais comme il était vraiment tâché et que j’étais nul en lessive, il allait probablement finir ses jours dans la poubelle. Ce genre de choses ne m’était jamais arrivé dans le passé. Il faut croire que parce que j’étais maintenant handicapé, c’était forcément plus propice à arriver. Je n’allais pas en faire une affaire d’état. Ce qui était arrivé, était arrivé et je ne pouvais rien y faire. J’étais un grand garçon et même si ça m’avait brûlé, je n’allais pas me mettre à pleurnicher. J’avais justement dit à cette jeune femme que j’avais connu pire dans le passé; la preuve, j’avais une jambe en moins…

La caissière avait fini par m’emmener mon cabaret et elle avait eu la délicate attention de mettre davantage de serviettes de papier afin que je puisse m’essuyer sans problème ou du moins m’éponger un peu. Je l’avais remercié et elle était retournée à sa caisse. Remarquant que j’avais un deuxième gobelet de café dans mon cabaret, je le pris et le tendis à la jeune femme qui se confondait en excuse.

« Je présume que celui-là est pour vous donc je ne vous dois pas de café à moins que vous teniez à ce que je tordes un peu mon chandail? » avais-je simplement dit avec un petit sourire. Il fallait bien en rire dans ce genre de situation. Certaines personnes lui auraient tout simplement hurlées dessus jusqu’à ce qu’elle quitte le café en pleurant, moi je préférais rire avec la personne pour détendre un peu l’atmosphère et puis, il n’y avait pas eu mort d’homme à ce que je sache. J’avais simplement failli me péter la gueule et j’avais le torse encore tout chaud par la brûlure du café, mais sinon, j’étais vivant.

« Je suis nul en lessive alors il va probablement finir aux ordures. Vous pouvez vous asseoir avant de heurter quelqu’un d’autre… » Je lui avais fait un petit clin d’œil, mais il y avait tout de même un fond de vérité derrière tout ça, elle m’avait brûlé et je ne souhaitais pas ça à personne, alors elle ferait mieux de s’asseoir avant de tomber sur quelqu’un de moins sympathique que moi.. Je me permis de prendre une première bouchée de mon croissant, il y avait des œufs avec des tomates, de la laitue et du fromage dedans. Un vrai délice tant qu’à moi…

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Je n’étais pas un mauvais bougre au fond. J’avais peut-être fait l’armée longtemps, j’avais toujours été un gars relativement assez de bonne humeur malgré tout et mes équipiers me le rendait bien en général. J’avais toujours été ce qu’on appelle un bon vivant et j’essayais tant bien que mal de le rester malgré ma situation. N’importe qui serait amer face à la vie et j’avoue l’avoir été un peu au début. Qu’est-ce que j’allais bien pouvoir faire de ma vie maintenant que je n’étais plus dans l’armée? Qu’allais-je faire de ma vie maintenant que je n’avais qu’une seule jambe? Allais-je trouver la femme de ma vie malgré tout? Aurais-je une vie normale? Bien des questions auxquelles je n’avais pas su trouver réponse au départ, mais ça ne saurait tarder sans doute. Il fallait rester positif et j’avais bien de la chance d’être toujours en vie comparativement à mon ami Avery qui avait perdu la vie là-bas. J’avais fait tatouer son matricule sur mon bras en sa mémoire. J’avais fait rire la jeune femme alors que je lui avais proposé de tordre mon chandail pour récupérer le café qui y était. C’était une façon comme une autre de détendre l’atmosphère. Elle ne voulait pas me mettre dans l’embarras, mais bon, ne l’étais-je pas déjà un peu? Je relevai un peu mon t-shirt, la peau était un peu rougeâtre mais elle pourrait sans doute voir mes abdominaux. " Je ne crois pas que je serais dans l’embarras. Ce serait plutôt vous car tous les clients verraient que j’ai le ventre tout rouge !" Elle s’Était finalement installée en face de moi après que je lui eus proposé de le faire, après tout, un peu de compagnie ne me ferait pas de mal, mais j’aurais compris dans le cas où elle n’aurait pas eu le temps de rester. Pour ma part, j’avais du temps devant moi avant de devoir aller à ma rééducation. Mon chandail avait définitivement besoin d’un traitement spécial, j’aurais plutôt même dit un traitement choc et elle proposa même de s’en charger ce qui me fit sourire car je ne pensais pas qu’elle irait jusque là, mais j’appréciai la proposition. " Si vous y tenez, je pourrais vous le laisser… mais je doute que les gens apprécient que je retire mon chandail ici et que je partes dans la rue sans chandail… Je n’ai rien contre le fait de vous revoir. On n’a jamais assez de connaissances ou d’amis… " Je pris une nouvelle bouchée de mon croissant et attendis de finir ma bouchée avant de le déposer et de dire : "JE m’appelle Nolan et vous?"

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Mon objectif premier n’était pas de mettre la jeune femme mal à l’aise, mais c’était plutôt de détendre l’atmosphère et de dédramatiser un peu la situation. Elle avait failli me faire tomber et m’avait un peu ébouillanté, mais j’étais en un morceau alors je ne voyais pas pourquoi j’en ferais un drame après tout. Puis, ça semblait porter fruit car je l’avais fait sourire et j’avais cru voir qu’elle en profitait pour mâter mes abdominaux rougis par le café. Je n’avais pas pu m’empêcher de rire lorsqu’elle avait dit qu’elle passerait pour une femme sans cœur qui s’en prenait à un homme en difficulté. J’hochai la tête et répondis simplement : « Et cet homme qui est connu comme étant un ex-militaire, ça vous aurait fait une sacré réputation d’attaquer un homme qui a servi son pays…» Maintenant qu’elle était assise en face de moi, je pouvais mieux me placer sur ma chaise pour profiter de mon petit déjeuner tout en discutant avec elle. Elle me dit ensuite que les gens s’en remettront, et sur ce point, je ne pouvais pas dire non après tout, j’étais quand même un bel homme, du moins je l’étais encore malgré tout, j’avais de beaux atouts et ça ferait probablement tourner les têtes des femmes si je me baladais torse nu dans les rues de la ville. Puis elle tendit la main vers moi, me félicitant car je devenais son premier ami dans cette ville. Elle était donc une petite nouvelle ici bas^^ alors je me fis une joie de lui serrez doucement la main. Je n’allais pas lui faire mal quand même ^^. « Enchanté Elisha! Maintenant qu’on a enterré la hache de guerre, je crois que l’on peut se tutoyer non? On va laisser les vous aux plus vieux si tu le veux bien.. » Je lui avais fait un petit clin d’œil et repris ma main bien sûr pour poursuivre mon repas. Je pris une gorgée de mon petit café avant de répondre à la question de la jeune femme. « J’ai habité ici une bonne partie de ma vie, mais j’ai été longtemps en mission. En perdant ma jambe en Irak, j’ai officiellement été à la retraite de l’armée américaine après dix ans de services. J’apprends à marcher avec ma prothèse donc en attendant je me balade en béquilles. Et toi tu viens d’où car visiblement, tu n’es pas d’ici?»

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J’étais content de pouvoir arrêter les vouvoiements, disons que j’avais eu une partie de ma vie où les vouvoiements et les salut et tout le tralala qu’on devait faire lorsqu’on s’adressait à un plus haut gradé que soit. Heureusement, lorsque j’étais avec mes coéquipiers, on laissait de côté ces formalités et on pouvait avoir des discussions autant sérieuses que complètement idiotes. Il n’y avait pas de limite aux conneries qu’on pouvait faire sur notre temps personnel. « On a parlé de ce que je faisais dans la vie, mais dis-moi, toi, qu’est-ce que tu fais dans la vie qu’on puisse voir comment tu pourrais acheter mon silence ?» Avais-je lancé sur un ton rieur. J’avais toujours été un boutentrain, toujours de bonne humeur et j’adorais taquiner mes proches, je crois que d’aussi loin que je me souvienne j’avais été ainsi. Parfois un peu bouffon, mais lorsque c’était important d’être sérieux, j’étais irréprochable. Je portai de nouveau ma tasse à mes lèvres pour prendre une nouvelle gorgée de café. « Je rigole, je ne prends pas de pot de vin, mais je suis curieux de savoir ce qu’une petite femme maladroite fait dans la vie. »

J’avais fait un petit clin d’œil à Elisha. C’était une gentille jeune femme à première vue et tout au long de ma vie, je m’étais toujours dit qu’on n’avait jamais assez d’amis et ce même si nos bons amis, on pouvait les compter sur les doigts d’une main. Elle me confia qu’elle était à la recherche de sa demi-sœur et que c’était compliqué. J’hochai un peu la tête, il y avait un tas de trucs qui pouvait être compliqué dans la vie. « Pas besoin d’être désolée t’inquiète pas… Beaucoup de gens se disent désolé pour moi depuis que c’est arrivé. Je commence à en avoir l’habitude. Je ne veux pas la pitié des gens. » Je baissa un peu les yeux avant de la regarder de nouveau. « Qu’est-ce qui est compliqué dans le fait de chercher ta demi-sœur? Tu ignores à quoi elle ressemble? Ou bien tu ne l’as jamais rencontré?» Tout se faisait de nos jours. Avec les réseaux sociaux, c’était beaucoup plus facile qu’avant de retrouver queqlu’un.

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