Quelques fois dans la vie, il faut pleurer toutes les larmes qu'on a dans le cœur pour mettre des sourires à la place.  ••• Près de deux semaines. Près de 14 jours. Près de 336heures. 336 heures où m’a vie a changé, ma vie s’est vue chamboulée. Avec cette espoir de la voir changer, de la voir prendre un tournant auquel je ne m’y attendais pas forcément. Avec cette attirance, cet espoir, cet amour qui prend maintenant possession de mon être et ce sentiment d’épanouissement de bonheur qui m’envahit. Parce que je pense à lui, tout le temps. Même quand je me brosse les dents. Parce que je suis prise au piège, parce qu’il envahit ma tête, chaque cellule de mon corps. Parce que je n’arrive pas à le retirer de ma tête, cet homme, homme qui me rend complétement folle, qui me rend complètement chèvre. Et avec cette peur qui fait son apparition dans mon cœur, cette peur d’avoir mal encore une fois. Cette peur de souffrir de nouveau. Cette peur de me reposer sur ses épaules et de chuter une seconde fois. Parce que je suis bien connue pour ça, pour chuter. Parce que j’ai ramassé pas mal de claque dans la figure en ce moment et que j’aime cette citation «  la roue tourne » et surtout parce que j’espère que cette fois-ci c’est le cas. Nous avions passé une séjour magnifique en Géorgie, première fois que je voyageais vers l’Europe et c’est le cœur léger que je m’y suis rendue. Me permettre de me changer les idées, de faire le point sur moi, ma vie, mes désirs, mes envies. Me permettre également de faire le point sur lui. Sur moi. Sur nous. Parce que je savais qu’il y avait un nous, parce que ça se voyait comme le nez au milieu de la figure et que nous ne pouvions pas longtemps renier cette évidence, cette attirance qui nous ramenait sans cesse l’un envers l’autre. Et surtout parce que je sentais mon cœur se serrer lorsque mon regard se posait sur lui. Mon estomac se tordre quand je regardais son sourire. Ma peau frissonnée lorsque j’entendais le son de sa voix. Parce qu’il m’a complétement fait chaviré. Il m’a rendu les jambes en coton, le cœur en frigolite.

Et puis il y a eu cette histoire avec James. Le comportement de Logan qui se dégrade. Logan qui ne comprend pas très bien ce qui lui arrive. Logan à qui on n’a pas vraiment expliqué la situation. Même si petit, même avec ses yeux d’enfants, Logan comprends que quelque chose ne va pas. Alors Logan haut comme trois pommes, le fait comprendre. A sa façon. Et ce qui entraine une discussion avec James. On est d’accord lui et moi qu’on ne peut pas continuer comme ça et qu’il faut un cadre pour notre fils, rassurant. Et surtout lui expliquer le monde qui l’entoure. Lui expliquer sa nouvelle vie. Alors cette idée de garde alternée prend vite le dessus. On reprend le dessus. Le dessus sur notre vie parce que maintenant tout s’emboîte, naturellement. Il a juste fallut le temps qu’on se retrouve, qu’on s’y fasse à tout ça, à ce changement. Logan s’apaise, un peu plus. Logan comprends. Logan sourit.

Hannah m’a demandé pour garder Carter pendant quelques jours, pour qu’elle puisse elle-même faire le point sur son couple. Je ne me voyais pas refuser, premièrement parce que je la comprends tout à fait et deuxièmement parce que c’est un petit garçon adorable et que ça me fait du bien de me projeter, comme il y a quelques années, alors que Logan n’était qu’un bébé. C’est donc avec grand plaisir que j’ai accepté et que j’ai accueilli ce petit bout chez moi. Je dois dire que ce n’est pas de tout repos, surtout que j’ai Logan pour la semaine et que deux bébés, c’est très épuisant. Surtout que … Et on toque à la porte. Je repose le biberon sur la table de travail, diminue le four dans lequel mijote le poulet et je fronce les sourcils, je signale que j’arrive. Je ne comprends pas trop qui peut sonner à cette heure-ci simplement parce que je n’attends personne en ce moment. Je me dis que c’est peut-être la voisine, après tout ce n’est pas la première fois qu’elle me ferait le coup parce qu’il lui manque du beurre ou encore du sucre et qu’elle n’a pas envie d’aller au magasin juste pour un achat. Je frotte mes mains contre l’essuie sur mon épaule et me dirige vers la porte d’entrée.

J’ouvre la porte et je me retrouve nez à nez avec lui. Mon cœur se serre, remplit d’une chaleur indescriptible. Je suis surprise, car il ne m’a pas prévenu qu’il venait nous rendre visite. Logan ne l’a jamais vu. Je ne lui ai pas précisé que j’ai Carter à la maison. Et je ressemble à … Une maman. Les cheveux complétement attaché n’importe comment. Une tache sur mon chemisier. Et la fatigue qui se lit dans mes yeux. Je ne dois pas préciser que j’aurais préféré qu’il me voit dans d’autres circonstances. Mais cela n’a pas l’air de le déranger. Non. Il attrape mon visage pour déposer ses lèvres contre miennes. Lèvres qui m’ont horriblement manqué. Mais c’est furtif, du moins je le rends furtif, j’ai pas envie que Logan… Le visage de Joshua change, la surprise s’y lit. Je me retourne alors et je tombe en face de mon fils, biberon en bouche, sur ses deux pieds, à nous regarder comme si nous étions des fantômes. Je pense qu’il ne s’attendait pas à voir Joshua, enfin un inconnu qui embrasse sa mère. «  Bonsoir » Dis-je dans un murmure alors que je dépose de nouveau mon regard sur Joshua, gênée et mal à l’aise. Disons que je n’avais pas vu cette première rencontre de cette manière. Logan reste planté dans le couloir, à nous regarder fixement, visiblement en train de chercher à comprendre. J’suis désolé.. J’avais complétement oublié. Je hausse les épaules. «  C’est pas grave, ne t’inquiètes pas. Ça devait bien arriver. » Il me montre alors la porte, visiblement tout aussi mal à l’aise que moi. Je peux y aller si tu veux… J’ouvre la bouche pour lui répondre. J’ai à peine le temps de formuler ma phrase que les pleurs de Carter rejoignent très vite mes oreilles. J’en ai presque oublié de l’inviter à rentrer. Je m’efface alors du chambrant en lui désignant le salon d’un geste de la main. « Non non rentre. Justement on allait justement souper. » Je ne fais pas le lien tout de suite. Joshua doit être complétement perdu. Entre Logan et les pleurs de ce bébé qui lui est, jusque maintenant, inconnu. Je le laisse rentrer dans l’habitation et je referme la porte derrière moi, à clé. « C’est Carter. » Dis-je en faisant référence aux pleurs. « Le bébé d’une amie. » Ceci explique cela. «  J’arrive. » Je regarde Joshua puis Logan. Sachant très bien qu’ils vont se retrouver seuls tous les deux, j’espère juste qu’ils seront encore vivant lorsque je reviendrais.

Bébé a bras, je débarque dans le salon et je suis soulagée de voir que tout se passe bien. Logan n’a toujours pas bougé d’un poil. Il est impressionné et son visage ne trahit aucunes émotions. Je tiens le petit corps dans mes bras alors que je garde la tétine enfoncée dans sa bouche tout en le berçant. Je m’approche de Logan et passe une main derrière sa tête, dans ses cheveux. «  Logan, je te présente Joshua. » Petit sourire. Je ne sais pas trop comment se comporte Joshua avec les enfants, surtout s’il est habitué. Mais ce jour devait quand même bien arrivé. J’ai juste dans l’espoir qu’ils ont des atomes crochus. Mais Logan est un enfant formidable et sociable. «  C’est gentil d’être passé. » Dis-je en posant mon regard sur le beau brun. «  Tu veux dîner avec nous ? Ça me ferait plaisir. » Tant qu’il est là, autant faire les présentations jusqu’au bout non ? «  Retire ta veste... Mets-toi à l’aise. Le porte manteau est juste là. » Dis-je en le pointant du doigt. «  J’allais justement … » J’attrape le biberon tiède entre mes mains. «  … Lui donner à manger. » Carter attrape la tétine goulument et commence à téter, des petits soupirs de satisfactions. «  Tu es venu pour me dire bonjour ou … Pour quelque chose en particulier ? »

Quelques fois dans la vie, il faut pleurer toutes les larmes qu'on a dans le cœur pour mettre des sourires à la place.  •••C’est vrai que je ne m’attendais pas à ce que cette rencontre avec Logan se passe comme maintenant. Je ne sais pas trop ce que je m’imaginais finalement. Et après recule je me dis que c’est bien qu’il soit venu toquer à mon appartement ce soir. Après tout, j’avais l’impression que je reculais cette rencontre sans vraiment savoir comment m’y prendre, alors autant mettre les pieds dans le plat et que ça se fasse naturellement. Car me connaissant, si j’avais tout préparé à l’avance, ça aurait été digne d’un film et sur joué, j’en étais certaine. Limite, j’en aurais même fait une fête, avec des ballons, un gâteau et tout ça. Non juste que je ne savais pas comment m’y prendre, ce n’est pas évident de présenter le nouvel homme dans ma vie à mon petit bout. Lui qui a toujours vu que son père et personne d’autre. De plus, ça me mettait un peu les bâtons dans les roues suite à l’interpellation de son éducatrice sur les comportements violents qu’il commençait à avoir envers ses camarades. J’avais juste pas envie de le perturber plus qu’il n’était. Mais en même temps je ne peux pas cacher ma relation avec Joshua éternellement, surtout si on veut évoluer entre nous, penser à plus que ce que l’on vit en ce moment. Logan doit se faire à l’idée que je fais ma vie, tout comme James fait la sienne et que rien ne sera plus comme avant. Un peu comme un électrochoc finalement, mais tout en douceur. J’ai un peu d’appréhension sur la relation qui va s’instaurer avec Joshua, après tout je n’ai jamais vu Logan dans une interaction masculine autre que son père. Il pourrait très bien le prendre un rival ou je ne sais quoi encore. Complexe d’œdipe anticipé, pourquoi pas. Alors je fais moi-même les présentations, petit geste tendre dans sa nuque, petite caresse, pour lui montrer qu’il est en sécurité et sur un terrain neutre, en gros, qu’il n’a rien à craindre. Parce que Joshua n’est pas là pour prendre la place de James, que du contraire. Certes, il est la pour faire partie de sa vie, puisqu’il fait partie de la mienne il est irrémédiablement lié à Logan. Je suppose que Joshua en a bien conscience et que ce n’est pas un frein pour lui. Quand on prend l’arbre, on prend les branches qu’il y a avec. Logan en est une.

C'est normal… Disons qu’il faut que je m’y fasse, à ces petites attentions. Je n’ai pas dans le souvenir qu’il soit venu chez moi, ou alors quelques minutes. Je ne l’ai pas vraiment invité non plus. On est toujours sortit, prendre l’air, des promenades, discuter. Le seul moment que nous avons vraiment passé sous un toit était bien en Géorgie, ce fameux moment où nous nous sommes allé aux confidences. Moments à jamais marqué dans ma mémoire et que je ne pourrais jamais oublier. Ce moment om j’ai cru voler. Ce moment où je me suis sentie libre et enfin en paix avec moi-même. Ce moment où j’ai ressenti tout cet amour m’envahir d’un coup. Ce moment où j’ai pu enfin goûter à ses lèvres. Plus de limites. Plus de barrière. Et quand j’ai pris cet avion, je ne savais pas à quoi m’attendre, je ne savais pas où on allait atterrir tous les deux dans la vie. Et je crois que lui non plus, il n’avait pas une idée bien précise en tête. On s’est laissé emporter par le vent, par l’ambiance, par les sentiments, par la vie. Je ne peux que lui répondre par ce sourire sincère sur mon visage. Heureuse de le voir à mes côtés parce que j’aimerai bien qu’il y reste, pour un moment, je n’ai pas envie qu’il repasse la porte de cet appartement sans moi. Maintenant qu’il est face à Logan, maintenant qu’il connait tout de moi, je n’ai plus envie de le lâcher. Mon corps attiré inévitablement par le sien, comme un aimant. Je me mords la lève, légèrement, rien qu’à l’idée que je vais passer la soirée avec lui, je ne peux pas demander mieux. Puisqu’il accepte de dîner. Puisqu'l’accepte ce moment. Puisqu’il accepte cette situation. Beaucoup d’hommes auraient trouvé une excuse pour la contourner, l’éviter. Souper avec les gosses autour ? Certains auraient vite prit leurs jambes à leur cou pour fuir, loin. Mais non, lui, c’est différent et ça… Je le sais depuis le début.

Carter à bras, je continue de donner ce biberon, biberon qui se vide peu à peu. Je suis toujours fascinée par les bébés. Il tette goulûment alors que je suis obnubilée par ses lèvres, son petit nez et le rouge de ses joues. Et dire que j’aurais dû l’avoir, ce bébé. Dire que je l’ai perdu, cette partie de moi. Mon cœur se tord rien qu’à cette idée, souvenir que je veux oublier, effacer de ma mémoire. Trop de mal, trop de souffrance, trop de tristesse. Je sors de mes pensées quand je vois Joshua faire une tentative d’approche envers Logan. Accroupit à ses côtés, il lui parle de sa voiture. Voiture qu’il ne quitte jamais, je dois même négocier quand il doit prendre son bain pour éviter qu’elle prenne l’eau, elle aussi. Logan est surpris, je pense qu’il est surtout intimidé. Mais Joshua fait tout pour le mettre à l’aise et le petit blondinet finit dans un éclat de rire. Ce qui m’arrache un énorme sourire sur le visage et mon cœur qui fond, comme neige au soleil. Parce que le rire de mon fils, c’est le plus beau son que je puisse entendre. Et je trouve cette scène tellement attendrissante et … C’est dans la poche. «  Tu marques des points » Dis-je dans un souffle alors que je repose le biberon vite sur le plan de travail. Je m’approche alors du transat pour déposer Carter, l’installant confortablement. Il est vraiment adorable. Me confie-t-il. «  Merci, il est merveilleux. » regard attendrissant sur Logan. En même temps, quel mère ne dirait pas ça de son fils ? La prunelle de mes yeux. Je lui demande alors la raison de sa venue, même si je me doute un peu de la réponse. Parce que j’en avais surtout très envie… Dit-il alors qu’il s’approche de moi. Je me mords la lèvre alors que je me retiens de me blottir dans ses bras. «  Tu m’as manqué tu sais. » Dis-je dans un souffle alors que mon regard se pose dans le sien. L’attirance que je ressens pour cet homme est inexplicable. Et cet amour qui me bouffe de l’intérieur l’est d’autant plus. «  Après manger, on aura un moment, rien qu’à deux. Toi, et moi. » Je parle comme un enfant qui dit un secret, comme si Logan pouvait nous entendre et que je ne veux pas que ça soit le cas. «  J’ai hâte d’arriver au dessert.’ » Sourire amusé. Carter babille dans son transat, faisant des bulles avec sa bouche. « D’ailleurs, c’est prêt. » Dis-je un peu plus fort pour que Logan entende cette fois-ci. La cocotte sonne, l’odeur diffusée dans l’appartement me met déjà l’eau à la bouche. Bien que je ne pense pas vraiment à manger en ce moment, mes yeux s’attardant un peu trop sur les lèvres du beau brun. La table est déjà mise et je m’écarte de Joshua pour attraper Logan et le mettre dans sa chaise haute. Sortir le poulet, les pommes de terre au four, la salade, le tout sur la table. Préparer l’assiette de Logan, coupé en morceau et lui donner la fourchette miniature. « Pour les grands garçons. » Rajoutais-je alors qu’il commence déjà à attaquer son plat. «  Tu aimes le poulet, j’espère ? » Pas le temps de s’asseoir, pas le temps de se poser des questions, il arrive juste au bon moment.