(#)Sujet: can you see through the tears ? (joana) | Mar 15 Sep - 22:09
Stop swaying when the moon is shaking thou
But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.
Un mort vivant, voilà ce que j'étais. Je me remettais doucement de ce que j'avais vécu ces derniers jours, mais il était clair que je n'allais pas bien. Pas bien du tout, même. Le problème, c'est que je ne parvenais pas à remettre mes idées au clair. J'étais rentré chez moi, après la soirée de Prunille. Ça, je m'en souviens parfaitement. Je me sentais affreusement mal, aussi bien physiquement que mentalement. J'avais trop bu, et l'alcool ravivait mes souvenirs douloureux. Ensuite… Je ne sais plus très bien. Les médecins m'ont demandé combien de médicaments j'avais ingéré, ce genre de choses. Mais je n'en n'avais strictement aucune idée. Je prenais beaucoup trop depuis le décès de ma mère. Ce soir-là, j'avais aussi énormément bu. J'avais appris à mes dépens que boisson et médicaments ne font pas bon ménage. Je me rappelle m'être allongé sur le canapé et ensuite, plus rien. Le trou noir. Le réveil avait été très long. J'avais dormi pendant deux jours entier, et je m'étais finalement réveillé le troisième jour. Cela faisait maintenant une semaine que j'étais à l'hôpital, et je ne faisais presque que de dormir. Je me rendais compte que j'étais littéralement à bout de forces. Mon corps n'avait plus aucune énergie. Je n'avais pas dormi comme cela depuis des mois. Au début, je n'avais pas compris ce qui m'arrivait. Pourquoi m'étais-je endormi chez moi et réveillé à l'hôpital ? Que s'était-il passé ? Alors que je commençais à m'agiter, les médecins m'avaient expliqué. Overdose. Quelque chose s'était tordu dans mon ventre quand j'avais entendu ce terme. D'après eux, le taux de médicaments et d'alcool dans mon sang était très, très élevé, et j'avais de la chance de ne pas y être passé. Je devais la vie à Blake, qui s'était réveillé pendant la nuit et m'avait trouvé inanimé sur le canapé du salon. Le pauvre, j'avais du lui faire une belle frayeur. Tout cela n'était pas très rassurant. D'un autre coté, le verdict ne m'étonna pas vraiment. J'étais sûr que quelque chose de ce genre allait finir par arriver un jour ou l'autre. Que j'allais tenter de m'ôter la vie. Rien n'allait plus dans ma vie et la mort me semblait parfois être la seule solution à mes soucis. Parce que même si les médecins n'osaient pas employer ce terme, je savais que cette "overdose" n'était pas accidentelle. J'avais tenté de me suicider, ce soir là, et je crois que c'était ce que j'avais essayé de faire pendant des semaines sans avoir le courage d'aller jusqu'au bout.
La vie à l'hôpital était loin d'être fastueuse, mais pour une raison que j'ignorais, je me sentais en sécurité ici. Entouré par tous ces médecins, infirmiers et autres psychologues, je savais que je ne ferais pas de conneries. Pendant les crises, j'étais capable de tout et n'importe quoi. Or, ici, qu'aurais-je pu faire ? Il y avait presque toujours quelqu'un avec moi, pour me surveiller. Je ne suivais plus aucun traitement. J'avais tant malmené mon corps que les médecins ne pouvaient plus rien me donner sans risquer que je fasse une deuxième overdose. J'avais contracté, durant ces derniers mois, une réelle et dangereuse dépendance aux antidépresseurs. J'avais également vu mon psychiatre, qui avait été assez étonné de me retrouver ici après tant de mois sans se voir. Il pensait que je venais plus car j'allais mieux. S'il avait su…! J'avais beaucoup de mal à me passer de mon traitement. Le manque se faisait ressentir, et les crises étaient plus fréquentes et plus choquantes. Crises hallucinatoires, de paranoïa ou de panique, elles allaient et venaient comme bon leur semblait. Cette fois, c'était certain : j'avais touché le fond. Comment aurais-je pu aller plus loin ? Je ne m'étais jamais senti aussi mal de toute ma vie. Qu'allait dire Prunille en me voyant ainsi ? J'espérais sincèrement que l'hôpital ne l'avait pas prévenue. Elle m'avait sommé —et pas de la manière la plus douce— de reprendre sérieusement ma vie en main juste avant que ma tentative ait lieu. Elle allait venir ici et me traiter de tous les noms, j'en étais persuadé. Et puis, je pensais à mon père… Décidément, quel fils j'étais. On lui enlevait sa fille, sa femme et maintenant, il manquait de perdre son fils aussi. J'étais en train de retourner ces pensées dans ma tête, assis en tailleur sur mon lit, quand on frappa. Je levais la tête et m'essuyais les yeux. Depuis que j'étais là, j'avais pris l'habitude de pleurer littéralement à longueur de journée. J'ignorais totalement pourquoi. Je détestais pleurer, car je détestais passer pour un faible, mais il suffisait que je repense à cette nuit-là pour que les larmes coulent instantanément. Joana rentra lentement dans la chambre, comme si elle craignait de faire face à ce qu'elle avait trouvé. J'étais à la fois très heureux de la voir mais aussi extrêmement honteux. Je n'avais pas envie qu'elle me voit comme quelqu'un de faible, mais je devais bien admettre que c'était ce que j'étais au fond. Un maigre sourire se dessina sur mon visage, le premier depuis des lustres. « J'ai connu mieux, niveau hôtel, mais il faut admettre que leurs chemises de nuit ont un certain style » plaisantai-je doucement. Malgré mes efforts, la bonne humeur n'y était pas. Quelque chose s'était déréglé dans mon cerveau.
acidbrain
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(#)Sujet: Re: can you see through the tears ? (joana) | Sam 19 Sep - 0:49
Stop swaying when the moon is shaking thou
But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.
La fête de Prunille avait été une sorte de coupure dans ce qu'était mon plutôt pathétique quotidien. Mes seules sorties, depuis que j'étais arrivée à Miami, consistait à me rendre au fast-food où j'avais réussi à être embauché. C'était plutôt répétitif, et ennuyeux aussi au début. Alors je me concentrais souvent sur d'autres détails et particulièrement sur les clients, j'aimais me faire des hypothèses sur leurs vies, leurs quotidiens, leurs caractères, la façon dont ils pouvaient me voir. Ça faisait passer le temps. Ce boulot ne payais pas grand chose, mais il payait et c'était le principal. J'avais besoin de prendre mon indépendance. A ça se rajoutaient les quelques heures que je passais par semaine à garder les enfants des autres. Je n'étais pas particulièrement gaga des enfants, mais c'était une autre approche, une autre expérience, et une manière supplémentaire de gagner de l'argent et de passer le temps. Je ne devais pas m'en plaindre.
Le reste du temps, je le passais à l'appartement, le plus souvent dans ma chambre. Je m'étais remise à lire. C'était plutôt bon signe pour moi, ça prouvait que j'avais reprit goût à certaines choses. J'allais mieux, j'en étais certaine. Je n'étais pas au sommet de ma forme non plus mais je sentais que je progressais. Et ça m'encourageait à poursuivre dans cette voie. Je me disais que mieux j'allais, plus je pourrais aider et encourager mon entourage à l'être aussi. Et je testais ça sur les personnes que je croisais dans la journée, j'étais aimable au possible, je souriais – un peu trop peut-être mais ça n'avait pas d'importance –, je revivais peu à peu. Parce qu'il le fallait. Une personne au fond du gouffre n'était une aide pour personne. Et je voulais aider, j'en avais fait mon but principal. Je voulais me sentir utile, avoir une place quelque part.
Sans oublier la raison principal qui m'avait amené à Miami. Mais je ne voulais pas m'imposer auprès de Charlie. Il savait que j'étais là, pas très loin, s'il avait besoin. Je préférais réduire les moments passés ensemble à des doses homéopathiques plutôt que d'être un poids pour lui. Il valait mieux, je pense, qu'il s'habitue à ma présence petit à petit. Alors je restais dans mon coin. Jusqu'à ce que je craque et que je me rende chez lui. Sauf que ce n'était pas lui qui m'avait ouvert la porte mais son colocataire, Blake. Il avait semblé mal à l'aise quand je lui avais posé des questions, comme s'il ne voulait pas parler de Charlie. Mais j'avais fini par en venir à bout et il m'avouait enfin que Charlie était à l’hôpital, sans me donner de détails supplémentaires. Selon lui, ce n'était pas son rôle de m'en parler. Je n'avais alors pas perdu une minute avant de me rendre à l’hôpital pour rendre visite à Charlie.
Après être passée par l'accueil, j'avais pris le chemin de sa chambre, frappant avant d'entrer lentement. Je ne l'avais jamais vu comme ça. Il avait passé des stades de dépression après la mort de June mais là ça dépassait tout. Il en était presque méconnaissable. Et dire que ça me faisait mal de le voir dans cet état là était un doux euphémisme. Il avait tenté de s'essuyer les yeux pour cacher les larmes mais c'était inutile. « J'ai connu mieux, niveau hôtel, mais il faut admettre que leurs chemises de nuit ont un certain style. » m'avait-il dit en tentant de plaisanter alors que ce n'était ni le lieu ni le moment. Néanmoins, je soupirais et tentais moi aussi un sourire.
- Tu pourrais lancer une nouvelle mode. Et défiler pour de grandes marques. Avec d'aussi belles jambes ils ne pourront pas refuser.
J'avançais une chaise près du lit de Charlie et m'asseyais en baissant le regard. Je ne savais pas si je devais continuer à faire comme si ce n'était pas grave, comme si la raison de sa présence ici n'avait pas d'importance. Mais il fallait que j'en sache plus, même si j'étais trop directe.
- Je veux que tu sois honnête avec moi, est-ce que... est-ce que tu as voulu en finir ? lui demandais-je sans passer par quarante mille chemin et en le regardant droit dans les yeux.
acidbrain
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(#)Sujet: Re: can you see through the tears ? (joana) | Ven 25 Sep - 14:39
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But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.
Même si ces derniers temps, mon esprit avait été un peu embrouillé par les médicaments et la fatigue, j'avais beaucoup pensé. Je n'avais que ça à faire, ici. Je m'étais rapidement lassé de la télévision et, à part les visites de divers membres du corps hospitalier, je n'avais pas grand chose à faire. Je n'avais même pas de visite. Enfin, du moins pour l'instant. Je ne savais pas trop quoi en penser. Blake lui-même n'était pas venue me rendre visite, et pourtant, c'était grâce à lui que j'étais encore en vie. J'aurais cru qu'il viendrait prendre de mes novellas, mais bon, ce n'était pas le cas… ce qui me laissait beaucoup d'interrogations. Était-ce lui qui n'était tout simplement pas venu ou était-ce les médecins qui ne voulaient pas que je reçoive des visites ? Hannah non plus n'était pas là. Enfermé entre ces quatre murs blancs, je me sentais terriblement seul. Il y a quelques mois, j'avais été là pour Nessa lors de son hospitalisation. Je venais la voir presque tous les jours après le travail. Et maintenant que c'était moi… personne. Je savais que les autres avaient sûrement mieux à faire que de surveiller leur pote dépressif mais quand même… Ou peut-être ignoraient-ils tout simplement ce qui se passait. Je nageais dans les incertitudes et les hypothèses. Prunille non plus n'était pas venue, mais dans un sens, c'était tant mieux. Je craignais sa réaction si elle me voyait dans cet état. Elle allait encore me juger, me donner son avis, me dire "je te l'avais bien dit", ce genre de trucs. Les choses n'avaient jamais été bien entre nous, mais ces derniers temps, cela avait empiré. Au fond, j'avais vraiment envie que cela change. Je n'aurais jamais avec elle la relation que j'avais avec June, mais elle avait raison quand elle disait que l'on avait besoin l'un de l'autre.
Heureusement, Joana était là et c'était peut-être le plus important. Même si les choses étaient plus ou moins compliquées entre elle et moi, ça me faisait extrêmement plaisir de voir qu'elle était venue. Mes sentiments pour elle étaient vraiment flous et embrouillés, mais la seule chose dont j'étais certain, c'était que la voir me faisait un bien fou. D'un côté, j'avais un peu honte qu'elle me voit dans cet état. Aussi faible, aussi mal… Enfin bon, je pense que nous n'étions plus à ça près, désormais. Après ce qui s'était passé, l'accident de June et l'emprisonnement de son père… Nous en avions vu d'autres, et je savais qu'elle n'allait pas me juger. Du moins, je l'espérais, mais de sa part, ça m'aurait franchement étonné. Je l'accueillis avec une petite plaisanterie qui néanmoins ne trompait personne. Je n'allais pas bien et Joana dut très vite s'en rendre compte. Elle me rendit un petit sourire. « Tu pourrais lancer une nouvelle mode. Et défiler pour de grandes marques. Avec d'aussi belles jambes ils ne pourront pas refuser » Elle était belle quand elle souriait. Mais elle avait aussi l'air très triste. Je crois que cette expression ne l'avait pas quitté depuis l'accident. Sauf que contrairement à moi, Joana était forte. Très forte. J'avais beaucoup à apprendre d'elle. « J'ai toujours su que j'avais un très beau corps » répondis-je. Elle amena une chaise près de mon lit et s'assit. Cela faisait assez longtemps que nous nous étions vus. J'avais eu besoin de temps pour me faire à son retour, et ensuite, il y avait eu les vacances avec Nessa… et la mort de ma mère. Je m'en voulais un peu que nos retrouvailles se fassent autour d'un lit d'hôpital. « Je veux que tu sois honnête avec moi, est-ce que... est-ce que tu as voulu en finir ? » me demanda-t-elle en plantant son regard dans le mien. Effectivement, pour de l'honnêteté, c'en était… Je ne savais pas trop comment réagir. Quand les psys m'avaient posé cette question, quelques jours plus tôt, je m'étais immédiatement braqué. J'avais commencé à partir en vrille et finalement, cette affaire n'était toujours pas élucidée. « Honnêtement, je… je n'en sais rien. Peut-être que oui. Je ne pourrais pas te dire. Je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête ce soir là… Je ne me souviens de rien ». C'était la réponse la plus précise que je pouvais fournir. Les souvenirs ne me revenaient pas. « Tout ce que je peux affirmer c'est que… à un moment, ça ne m'aurait pas dérangé de mourir. Simplement, je n'en n'avais pas le courage » avouai-je. J'avais l'impression que je pouvais lui confier beaucoup de choses sans qu'elle me jugeât, et cela faisait du bien. « Il faut que je te dise un truc… Ma mère, elle est… » commencai-je. Les mots ne venaient pas. Ma gorge se serra.
acidbrain
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(#)Sujet: Re: can you see through the tears ? (joana) | Jeu 1 Oct - 23:27
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Je crois bien que je n'aimais pas les hôpitaux. Avant, ça ne me touchait pas plus que ça. Je ressentais de la peine pour tous les patients qui s'y trouvaient oui. Mais les lieux ne me rebutaient pas plus que ça. Maintenant je me rendais compte à quel point ce n'était pas un lieu agréable. C'était morne. Déprimant. Avec ces longs couloirs qui n'en finissaient jamais à première vue. Ces chambres quasiment identiques. L'aura pesante qui y régnait. Clairement pas un lieu pour quelqu'un qui avait déjà le moral assez bas...
J'étais entrée dans la chambre de Charlie, le trouvant assit dans son lit. Il pleurait même s'il avait voulu cacher son état. Ce n'était pas difficile à voir. Et pourtant je préférais faire justement comme si je n'avais pas vu. Il débuta la conversation par un peu d'humour, comme si tout était normal, comme si tout allait bien. Comme si nous n'étions pas dans un hôpital et qu'il s'agissait d'une simple visite de routine de ma part. Comme si je ne m'inquiétais pas pour lui et qu'il allait parfaitement bien. Mais ce n'était pas normal ! J'essayais de faire semblant et de plaisanter avec lui mais toute cette situation était loin d'être banal ! Je ne supportais pas le fait de le voir comme ça. Et je me sentais coupable de m'être plus concentrée sur moi-même ces derniers temps, alors que je m'étais promis de toute faire pour l'aider. Je n'avais servi à rien dans toute cette histoire et je m'en voulais. Peut-être que j'avais été trop brusque dans la question que je lui avais posé ensuite. C'était sûr même. Mais il fallait que je sache, même si ça faisait mal. « Honnêtement, je… je n'en sais rien. Peut-être que oui. Je ne pourrais pas te dire. Je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête ce soir là… Je ne me souviens de rien.Tout ce que je peux affirmer c'est que… à un moment, ça ne m'aurait pas dérangé de mourir. Simplement, je n'en n'avais pas le courage »
Je me rendais compte que j'avais les larmes aux yeux. D'apprendre ça... Je baissais la tête un instant, triturant mes doigts avant de regarder Charlie à nouveau. Je posais ma main sur la sienne. Aucun mot ne pouvait sortir. Et, de toute façon, qu'est-ce que je pouvais bien répondre à ça... Une phrase bateau du style « tout ira bien » « tout va s'arranger » ? Je n'en avais pas la moindre idée ! J'espérais que tout irait mieux mais comment savoir ?!
- Charlie...
Je n'y arrivais pas. Je passais la manche de mon gilet sur mes yeux pour effacer les larmes. Je préférais alors le laisser continuer de parler. « Il faut que je te dise un truc… Ma mère, elle est… » Je n'avais pas trop de difficulté à comprendre la suite de la phrase.
- Chuuut, si t'es pas encore prêt à le dire, te force pas...
Je me levais alors et montais sur le lit pour le prendre dans mes bras. Les gestes me permettraient de m'expliquer plus facilement que les mots.
- Je suis vraiment désolée Charlie.. Je..
Je m'écartais de lui et lui prenais les mains en les pressant doucement. Les mots ne fonctionnaient pas, peut-être même n'étaient pas utiles à ce moment. Alors je préférais le silence et les gestes aux paroles vides.
acidbrain
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(#)Sujet: Re: can you see through the tears ? (joana) | Lun 19 Oct - 11:57
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Qu'est-ce que j'avais fait pour mériter d'avoir quelqu'un comme Joana dans ma vie, sérieusement ? C'était la question que je me posais tout le temps. Pourquoi une fille comme elle s'intéressait de près ou de loin à un type comme moi ? Au début, quand elle était arrivée à Miami, je m'étais demandé si elle ne faisait pas tout cela par pitié ou par obligation. Peut-être se sentait-elle coupable que son père ait tué ma soeur et qu'elle pensait qu'en m'aidant, elle pourrait avoir la conscience plus tranquille. Oui, j'avais pensé cela un certain moment, avant de me rendre compte que c'était la plus stupide des idées que j'aie jamais eu. On parlait bien de Joana. Jamais elle ne ferait quoi que ce soit par intérêt. Elle n'aurait pas fait tout ce chemin pour rien. Si elle était venue, c'était pour une raison valable. Pour que l'on puisse se reconstruire ensemble. Et même si j'avais été sceptique à l'époque, elle avait eu raison. C'était stupide que nous nous laissions dépérir à deux milles kilomètre l'un de l'autre alors qu'on pouvait s'aider mutuellement. Forcément, ça n'avait pas été facile. Surtout pour moi, en vérité. Je ne savais pas comment réagir face à elle. Je trouvais presque cela indécent par rapport à June de côtoyer la fille de son meurtrier. Mais malgré cela, malgré tout ce qui s'était passé entre Joana et moi, il m'était impossible de l'oublier, impossible d'oublier toutes ces choses que j'avais ressenties pour elle. C'était… étrange. Pourquoi Joana ? Je n'en savais rien, mais elle avait quelque chose de plus que les autres. Elle était là, près de mon lit. Elle avait toujours été là, en fait. Vraiment, qu'est-ce que j'avais fait pour la mériter ? Je l'avais abandonné, je n'avais pas été là pour elle quand elle allait mal par pur égoïsme, et pourtant, elle était là. Fidèle au poste. Sa présence me redonnait du baume au coeur. Cela faisait du bien de voir que quelqu'un pensait encore à moi dans cette foutue ville. Parfois, je me demandais quelle était la véritable nature des sentiments que je nourrissais pour elle. Est-ce que c'était normal que je me sente si heureux de la voir ici ? J'aurais voulu que le temps s'arrête et que ce soit elle et moi pour toujours. J'aurais voulu que ce moment dure éternellement. J'étais persuadé qu'à une époque, j'étais presque amoureux d'elle. Mais je ne lui avais jamais dit. Pourquoi ? Les choses auraient pu être tellement différentes. Mais il y avait eu cette histoire avec son père, ma soeur, et j'étais parti. Il avait fallu que l'on recommence tout à zéro, mais je crois bien que mes sentiments à son égard n'avaient pas changé.
Je lui avouai ensuite que j'avais de nombreuses fois songé à en finir avec la vie sans en avoir eu le courage jusque il y a peu. Et encore, je ne me souvenais de rien. Ce qui était sûr, c'était que je n'étais pas conscient, en avalant toutes ces pilules, que je prenais une dose létale. Je n'étais conscient de rien, en fait. Je voulais juste arrêter de penser, arrêter la souffrance, arrêter les souvenirs. Au fond, peut-être que je voulais mourir aussi. Je n'avais plus les idées claires, à la fin. Cette nuit-là, celle où Blake m'avait retrouvé à moitié décédé, cette nuit n'avait été qu'errance et cauchemar. Un long cauchemar sans fin. Joana ne paraissait pas comprendre, ou du moins, elle paraissait effrayée par ce que je lui racontais. J'avais moi-même des frissons en m'entendant dire que mourir ne m'aurait pas dérangé. C'était à des kilomètres de celui que j'étais avant. Le Charlie d'il y a deux ans n'aurait jamais, jamais dit ou fait quelque chose de ce genre. Et pourtant, il fallait que je me rende à l'évidence : je n'étais plus le même qu'avant. Les larmes montèrent aux yeux de Joana, et c'est à ce moment précis, en voyant ses yeux embués, que je me rendis compte de ce que j'avais fait. J'avais été à deux doigts de rejoindre ma soeur et ma mère dans la tombe. J'avais failli mourir. Je m'en voulais, soudainement. Je m'en voulais de faire du mal à Joana. Je m'en voulais d'avoir été assez égoïste et lâche pour avoir voulu en finir avec la vie et abandonner tout ceux qui à qui je tenais derrière moi. Tandis qu'elle s'essuyait les yeux, j'essayais de lui annoncer le décès de ma mère. J'ignorais si elle était au courant. Malheureusement, les mots ne vinrent pas. Je n'arrivais pas à accepter sa mort. Peut-être que j'aurais du réagir autrement, peut-être qu'un homme de vingt-cinq ans devrait se montrer plus fort au lieu de chialer comme un gamin. Oui, peut-être. Mais je n'y arrivais pas, c'était au-dessus de mes forces. J'étais trop fragile, et en un sens, ça m'énervait. « Chuuut, si t'es pas encore prêt à le dire, te force pas… » me dit Joana, mettant fin à mes souffrances.
Alors, Joana se rapprocha de moi et me prit dans ses bras. C'était un geste anodin, un geste simple, mais ce geste me retourna les tripes. Nous n'étions jamais été très tactiles avec Joana, même lorsque nous étions très proches. J'étais d'un naturel assez tactile mais pas elle. Cela faisait des lustres que nous n'avions pas eu de réels contacts physique. Je fus au début assez surpris de son geste, étant donné que cela faisait un certain temps également que personne ne m'avait enlacé comme ça. Les médecins que je voyais régulièrement ne faisait pas dans les câlins. Je fus donc surpris, mais très heureux. Je passai mes bras autour d'elle et serrai son corps frêle contre le mien. Je nichai ma tête dans le creux de son épaule. Mon dieu, c'était tout ce dont j'avais besoin. De sentir Joana près de moi, de savoir qu'elle était là pour moi. J'avais besoin d'elle dans ma vie, et peu m'importait désormais que son père ait fait ceci ou cela. Finalement, l'étreinte prit fin, et je me sentais vraiment rasséréné. « Je suis vraiment désolée Charlie.. Je.. » balbutia-t-elle. De nouveau, elle fit quelque chose qu'elle n'avait jamais fait auparavant. Elle me prit les mains. Je la regardais, d'un air incrédule. Il n'y avait plus rien à dire tant les gestes disaient tout. Je plantai mon regard dans le sien. Soudainement, j'avais envie de l'enlacer, de l'embrasser et de ne jamais la laisser partir de cette chambre miteuse. J'avais envie de lui dire combien je l'aimais et combien je la trouvais belle, combien elle comptait pour moi. J'avais envie de la remercier de tout ce qu'elle faisait. Je ressentais pour elle, à ce moment précis, une sorte de vague d'amour assez démesurée. Peut-être était-ce car Joana était la première personne que je voyais depuis longtemps. Ou peut-être était-ce parce que je l'aimais véritablement. Je n'en savais rien. « Jo', je… Je suis désolé d'avoir fait ça. Vraiment, je le regrette, je sais pas ce qui m'est passé par la tête… » Je me sentais vraiment con d'avoir voulu me tuer, maintenant. « Je… Je m'en veux tellement de t'avoir laisser à Washington. Je sais que ça date, et je sais ce que tu vas me dire, que c'est du passé et tout, mais je m'en veux vraiment. Je ne comprends pas pourquoi tu continues à me voir, à m'aider après tout ce que je t'ai fait ». Je passais doucement ma main sur sa joue, et essuyai les quelques larmes qui avaient malgré tout réussi à couler le long de son visage.
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