ujourd'hui, je n'étais pas en charge de surveiller la plage lors de mon service. C'est un autre collègue à moi qui était sur la chaise en hauteur et qui veillait à ce qu'on n'ait pas de noyé et s'il avait besoin d'aide pour une intervention, il pouvait me prévenir. J'étais en retrait, dans une sorte de petite cabane en bois où se trouvait tout le matériel nécessaire à sauver des vies ou à porter des corps car c'est ici que nous avions un brancard. J'avais commencé à midi pour prendre le relais d'un autre collègue et à peine j'étais en place que mon talkie-walkie se mit à émettre un son : le maître nageur qui surveillait la plage m'indiquait la présence d'un enfant qui semblait se noyer. Sans attendre, j'allais le rejoindre sur le bord de l'eau. Comme il s'agissait d'un enfant d'environ cinq ans, nous n'avions pas trop de mal à le transporter sur une couverture de survie que j'avais auparavant étaler sur le sable, à l'écart des vagues. Alors que mon collègue pratiquait un massage cardiaque pour réanimer le petit, c'est sa mère qui fit un malaise et tombait dans les pommes juste à côté de moi. Elle s’étalait au sol sans que je puisse la retenir. Eh merde, m'exprimais-je alors en soupirant avant d'aller m'accroupir à côté d'elle et lui tenir la main. Madame, est-ce que vous m'entendez ?
Une heure plus tard, le jeune garçon ainsi que sa mère avait été transférés à l'hôpital le plus proche afin que des contrôles médicaux leur soit effectués. Ils étaient hors de danger quand les pompiers sont venus les chercher mais il valait mieux s'assurer que rien n'est été provoqué intérieurement et qu'ils présentent des séquelles plus tard. Après cette grosse interventions, je reprenais place devant ma cabane et m'installais tranquillement sur un chaise en plastique. Un pansement par ici, un verre d'eau par là ; rien d'important à soigner. Alors que je rangeais quelques papiers pour éviter de laisser le bazar s'installer, on me tapotait sur l'épaule. Quand je me retournais, une jeune femme me faisait face et me demandait un pansement pour une blessure qu'elle avait au bras. Je reconnaissais assez rapidement la jeune femme et je n'étais pas sûr que ce soit réciproque. Leyla, non ? J'avais une assez bonne mémoire des prénoms et s'il ne s'agissait pas d'elle, je faisais face à son sosie parfait. Viens par là, lui dis-je alors en attrapant sa main et la conduisant dans la petite cabane afin qu'elle s’assoit sur une chaise. Ainsi, je gardais sa main dans la mienne pour me permettre d'analyser sa blessure au bras. Comment est-ce que tu t'es fait ça ? lui demandais-je. La blessure n'était pas très importante, ce qui expliquait que je ne me pressais pas plus que ça. J'allais quand même chercher une lotion à lui vaporiser afin de désinfecter la plaie, ainsi qu'un pansement assez grand pour recouvrir le tout.

e n'était pas tous les jours que j'avais à faire face à des évènements aussi importants que celui que nous avions vécu un peu plus tôt. Je n'allais pas dire que les plages de Miami étaient calmes en terme d'accidents de noyades mais vu que les vagues n'étaient pas très importantes et que le drapeau vert était souvent hissé, les nageurs ne se faisaient pas surprendre par les courants dangereux.
Je pensais alors être un peu au calme dans mon travail jusqu'à ce qu'une jeune femme me rejoint. Celle-ci ne m'était d'ailleurs pas inconnu vu qu'il s'agissait de Leyla. A l'époque où je ne savais pas quoi faire de ma vie, entre mon départ de Phoenix et mon arrivée à Miami, j'avais eu la chance -ou pas- de la croiser sur mon chemin. Elle était une fille très agréable et j'avais aimé passé du temps avec elle à l'époque mais elle avait aussi eu une très mauvaise influence sur moi en m'entrainant dans les méandres de la drogue et j'en étais devenu accro pendant un moment. Depuis, j'avais réussi à abandonner tout ça et à reprendre ma vie en main comme on dit ; j'espérais qu'elle aussi. Les gens changent, c'est normal. Ça doit bien faire deux ans, non ? lui demandais-je en faisant référence à notre dernière entrevue. Depuis, je n'avais pas eu de nouvelles de sa part. Il faut dire que je n'avais pas cherché à en avoir non plus. Ce sont tes fossettes qui m'ont directement fait pensé à toi, lui dis-je en riant légèrement avant de m'intéresser à la raison de sa venue vers moi, à savoir sa blessure. Alors que j'examinais sa plaie, elle m'expliquait comment elle s'était blessé et comme souvent, c'était à cause du surf. Sans prof, je suppose ? J'étais presque convaincu qu'elle n'avait pas pris le temps de prendre un professeur pour sa première séance de surf et c'était la pire erreur qui soit. Le surf est un sport très dangereux et il ne vaut mieux pas se lancer dans l'aventure sans connaitre les bases ou les apprendre à l'aide d'un initié. Bon, le mal était fait alors je n'allais pas lui faire des leçons comme je pouvais le faire à des inconnus. J'appliquais alors un spray désinfectant afin que sa plaie ne s'aggrave pas et puis je préparais une compresse avec un bandage pour protéger le tout et éviter que ça saigne encore.
Évidemment, pendant que je soignais son bras, elle me demandait de mes nouvelles. Comme tu peux le voir, je suis devenu maître nageur. J'ai repris ma vie un peu en main par rapport à ce que c’était. Elle me fit en plus une remarque sur mon silence du jour au lendemain sans plus avoir de contact avec elle. Sur ce coup, je n'ai pas été correct mais je voulais empêcher de retomber dans la drogue et le seul moyen était de couper les ponts avec tous ceux qui m'en rapprochaient. Et tu en faisais partie. Les explications étaient données même si elle n'en attendait peut-être pas autant. Et toi alors, qu'est ce que tu fais dans la vie maintenant ?

a jeune femme qui était arrivée pour se faire secourir n'était autre que Leyla et je dois dire que j'étais ravi de la revoir. Elle n'avait pas été une véritable amie puisqu'à l'époque où on se voyait, elle me trainait clairement dans des affaires peu légales. C'était une partie de mon passé que j'acceptais mais que je regrettais aussi car j'avais eu l'impression de ne pas être vraiment moi à ce moment-là. Ça avait été comme une sorte de dépression et la drogue ainsi que l'alcool m'avaient juste aidé à oublier mes malheurs.
Pour la raison des blessures de la jeune femme, elles étaient arrivées suite à un essai au surf, sans professeur évidemment. Je grimaçais légèrement comme elle pouvait le faire car elle ne devait pas être fière de ça mais bon, on fait tous des erreurs. Ça arrive à tout le monde, mais si je peux de conseiller quelque chose pour ta prochaine séance de surf, demande à quelqu'un de confirmé de t'apprendre les bases. Je lui souriais gentillement, c'était juste un conseil. Puis on parla de ce qui s'était passé en deux ans. Je lui racontais ma vie et mon métier et puis elle se réjouissait que je puisse exercer celui-ci toute l'année. Je lui avais ensuite expliqué pourquoi j'avais coupé les ponts avec elle assez brutalement et elle se montrait très compréhensive à ce sujet. Et toi par rapport à tout ça, tu en es où ? lui demandais-je afin de savoir si les addictions qu'elle pouvait avoir dans le passé étaient parties ou non. Et elle me parlait d'elle en m'expliquant que ces deux années avaient été mouvementées pour elle et qu'à présent, elle était en formation pour devenir policière. Lorsqu'elle me le dit, j'étais en train de lui faire son bandage et alors je me redressais bien droit en disant, pour plaisanter : Il faut que je fasse attention à ce que je fais et ce que je dis en ta présence alors, mademoiselle la policière. Je riais légèrement en terminant son bandage par un sparadrap qui retenait le tout. Voilà, j'en ai fini avec ton bras. Tu gardes le bandage jusqu'à demain soir au moins, puis tu pourras désinfecter à nouveau et en faire un autre avec ce que je vais te donner. Je lui préparais alors des compresses, du bandage et des sparadraps pour qu'elle puisse protéger sa plaie qui mettra un certain temps à cicatriser.