Une journée ensoleillée s'annonçait, de quoi enterrer ce vilain souvenirs du cyclone qui s'était abattu sur la ville quelques semaines auparavant. Cette soirée désastreuse avait marqué les esprits de tous les habitants de cette ville, y comprit le mien. Un traumatisme qui finirait par disparaître avec le temps, et il est vrai que je faisais tout pour passer outre cette catastrophe. Lunette de soleil sur le nez, je poussais la porte du starbuck. Il devait être 10h, et j'avais clairement besoin d'un café pour bien commencer ma journée. Je me dirigea donc vers le comptoir, commandant comme d'habitude ma boisson chaude préférée. Il n'y avait pas énormément de monde, ce qui était plutôt appréciable. J'allais pouvoir prendre place à une table un peu plus loin. J'attendis que la serveuse me donne ma commande avant de lui tendre un billet et de la remercier, puis, je fis quelques pas afin de m'installer à cette table que j'avais remarqué quelques secondes auparavant. Mon regard croisa cependant celui de Joy et me poussa à ralentir la marche en fronçant les sourcils. "Joy?!" Un sourire prit finalement possession de mes lèvres en voyant mon amie. Je m'approchais finalement de sa table, agréablement surprise. "Wow, ca fait quoi, presque 10ans?!" C'était à peu près ça! Joy était dans le même lycée que moi à l'époque, nous étions très bonnes amies, c'est d'ailleurs la fille avec lequelle je me suis jamais autant entendu, moi qui ait toujours passé mon temps entouré de garçon. Joy était différente, elle était simple et attachante. Pas ce genre de fille qui se croyait supérieure et qui aimait dénigrer les autres afin de se donner du pouvoir. Combien d'heure avait t-on pu passer ensemble? A rire de tout et de rien, et à se confier sur les garçons qui faisaient déjà fondre nos cœurs à l'époque. Cette belle amitié a cependant été soumise à l'éprouve de la séparation. Après la remise des diplômes, nos chemins se sont séparés, nous sommes parties dans des universités différentes, et le temps a fait son travail, il nous a finalement éloigné l'une de l'autre. A mon plus grand regret. Certes, il nous arrivait parfois d'échanger par mails ou par sms, mais cette habitude s'est fait de moins en moins régulière, jusqu'à disparaître totalement. J'avais finalement eu vent de son départ pour le Canada, ce qui m'avait laissé entendre que je ne la reverrai sûrement jamais. Et pourtant, elle était là, face à moi. Le destin est parfois surprenant. Elle ne semblait pas avoir changé, physiquement, elle était cependant encore plus belle qu'avant! Il faut dire que les années lycées ne sont pas toujours celles qui nous mettent le plus à notre avantage." Je peux m'asseoir?" Demandais-je par politesse. Elle attendais peut être quelqu'un, ou peut être que l'occasion de se retrouver n'était pas forcément la bienvenue. On avait fait du chemin depuis, on avait changé, je comprendrais si elle ne voulait pas faire un bond dans le passé.

 

Lorsque je me suis levée ce matin, j’étais agréablement surprise de voir les rayons du soleil qui filtraient les rideaux. J’étais contente aussi, je dois dire que j’en avais besoin. Les quelques jours précédents étaient pluvieux et gris ce qui jouait grandement sur mon moral. Généralement ça ne me donnait même pas envie de sortir dehors et je restais cloitrée à la maison regardant de temps en temps par la fenêtre avec l’espoir que le beau temps arrive. C’est donc le sourire aux lèvres que ma journée à débuter. James était déjà partit pour le travail et je me retrouve donc avec Logan, je devais aller le déposer chez la nourrice. Car malgré le fait que je n’ai pas de travail et que je suis venue habiter avec le père de mon fils, James tenait absolument à ne pas déranger le quotidien de Logan et ses habitudes, même si je ne comprenais pas je n’ai pas voulu le contre dire et je me suis faite à l’idée. Même si je dois avouer que depuis le cyclone, j’avais de plus en plus de mal à le laisser. J’ai eu tellement peur de ce qui aurait pu lui arriver que j’en ai créé une angoisse constante. L’éloignement me donnait la nausée mais devant son petit minou, je ne laissais rien paraitre. C’est donc dans la joie et la bonne humeur que nous avons passé quelques heures ensemble avant une étreinte. Il n’avait pas l’air traumatisé lui, il m’a donné mon bisous avant de partir en courant rejoindre ses copains. Je l’enviais. Oui je dois avouer que je l’enviais car j’étais assez traumatisée de ce cyclone même si les blessures psychologiques se refermaient petit à petit c’était toujours un point sensible. J’avais décidé de faire quelques courses pour remplir les placards quand mon regard se déposa sur le Starbuck. Les courses allaient attendre un petit moment. La chaleur de l’établissement se déposa directement sur ma peau froide, je retire mes gants et me dirige vers le comptoir pour commander un chocolat chaud avec une saveur noisette. Depuis que James m’a dit que le café n’était pas bon pour le bébé, je m’abstiens. Heureusement pour moi, il n’y avait pas beaucoup de monde ce qui m’a permis d’être servie assez rapidement. Je me dirige vers une table de libre et j’y prends place, retirant mon manteau que je dépose sur le dossier de la chaise. J’aimais bien m’installer dans un endroit public et observer les gens, ma curiosité prend toujours le dessus. Joy ? Je lève les yeux vers la jeune femme proche de moi. J’avais déjà déposé mon regard sur elle sans réellement la regarder et là, je me rends compte de qui se trouve juste à quelques centimètres. Mon visage s’illumine, d’abord de surprise et ensuite de joie. «  Elisha ?! » Je ne m’y attendais pas. Wow, ça fait quoi, presque 10 ans ?! Effectivement, je ne m’y attendais pas car ça fait tellement longtemps ! «  Oui je pense… Oui 10 ans, ça ne me rajeunit pas ! » Dis-je en rigolant. Nous étions ensemble à l’école et nous étions proche, du moins ce n’était pas une connaissance. C’est sûrement la seule fille avec qui je passais du temps, moi qui ai toujours dit que les amis n’existaient pas, c’est la seule personne en qui je faisais confiance. L’amitié n’a jamais été une valeur sure pour moi, sauf avec Elisha. A la fin de nos années d’études, nous avons pris toutes les deux des chemins différents et finalement nous nous sommes éloignées. Ce que je regrettais je dois dire, mais nous avions une part de responsabilité toutes les deux. Et puis, c’est la vie. Et lorsque je suis partie au Canada, je me suis dit que je n’allais sûrement plus la voir, mais de l’eau à couler sous les ponts depuis.  Je peux m’asseoir ?  Je pose mon regard sur la chaise vide. « Oh oui bien sûr, ça me ferait super plaisir de parler avec toi, ça fait tellement longtemps. » Elisha a toujours été différente de moi au lycée, on était un peu complémentaire. «  Tu es resplendissante. » Dis-je alors que je al regarde s’installer à mes côtés. Elle a toujours été magnifique mais elle l’est encore plus maintenant. J’ai toujours été admirée par son physique. «  Si on m’avait dit que j’allais te revoir aujourd’hui … Alors dis-moi, qu’est-ce que tu deviens ? Au bout de 10 ans, beaucoup de chose ont dû prendre place dans ta vie ? » Dis-je alors que j’amène mon gobelet à mes lèvres.

 

Je n'aurai jamais pensé revoir Joy, cette femme avec laquelle j'avais partagé mes grands plus grands fou rires, mes premières confidences... Bon d'accord, nous étions que des adolescentes à l'époque, et nous avions autant de responsabilité qu'un gamin de 10ans, mais je garde pourtant de bons souvenirs de celle qui a participé à la construction de mon caractère et de mon histoire. Je n'étais pas forcément la plus appréciée au lycée, enfin, sur un point de vue féminin en tout cas. J'avais été longtemps un garçon manqué et je me sentais mieux auprès de la gente masculine. Joy avait été cependant l'exception. Elle était la seule qui avait vraiment prit le temps de me découvrir, sans avoir de jugement à mon égard. Les années difficiles avaient été tellement plus facile en sa compagnie. Certes, à l'heure actuelle nous n'avions plus vraiment de contact, cela n'empêchait que je gardais un réel attachement pour la jeune femme. Joy était déjà à l’époque une femme douce et pleine d'avenir, et si je ne parvenais pas à me projeter dix ans plus tard, je pouvais faire plein de projet pour elle.

Elle semblait confiante et brillante, des qualités que je n'avais pas eu la chance d'avoir. Je l'admirais pour ça. Et bien que cette amitié avait été forte à l'époque - il faut dire que l'adolescence est toujours un passage obligé et important dans nos vies, on a l'impression d'y jouer clairement notre avenir et on prend souvent les choses à cœur - le temps et la distance nous avait finalement éloigné, à mon plus grand regret. La revoir ici était une agréable surprise. Je n'avais qu'une envie, c'était de me poser face à elle afin de rattraper ses dix années qui venaient de s’écrouler, et dieu sait qu'on devait en avoir des choses à se raconter depuis le temps! La joie et l’étonnement se lisent sur nos visages.«  Oui je pense… Oui 10 ans, ça ne me rajeunit pas ! ». Je fronce les sourcils avant de lui adresser un sourire enjoué " A qui le dis-tu". On avait eu l'occasion de se connaître avec des styles vestimentaires qui laissaient parfois à désirer et des boutons sur le visage... Une période désormais révolue, à mon plus grand bonheur! Bien que je me plaisais dans les amitiés masculines que je pouvais avoir dans ma vie, je m'apercevais que celles-ci pouvaient être bien plus compliquées que ce que j'imaginais. Il y avait toujours cette petite limite que chacun des protagonistes était capable de franchir et qui pouvait fausser la donne. Un problème que je n'avais pas avec Joy. Je savais que je pouvais compter sur elle, me livrer à elle, avoir des gestes irréfléchis qui ne seraient pas déplacé. Et puis les femmes se comprennent souvent mieux entre elles, surtout lorsqu'il s'agit de parler de garçon. Je lui avais demandé l'autorisation de m'asseoir face à elle, par politesse, je ne voulais pas prendre place alors qu'elle pouvait être entrain d'attendre quelqu'un.« Oh oui bien sûr, ça me ferait super plaisir de parler avec toi, ça fait tellement longtemps. »  Je prends place sur la chaise, observant avec joie la jolie femme qu'elle devenue aujourd'hui, bien qu'à l'époque, elle avait déjà cette beauté qui la caractérisait.«  Tu es resplendissante. » Je lui adresse un sourire flattée. "Je te retourne le compliment Joy!". J'avais tellement de chose à lui dire que je ne savais même pas par où commencer.«  Si on m’avait dit que j’allais te revoir aujourd’hui … Alors dis-moi, qu’est-ce que tu deviens ? Au bout de 10 ans, beaucoup de chose ont dû prendre place dans ta vie ? » Je fais une légère moue. Effectivement, les changements avaient été assez radicaux, bien que je n'avais toujours pas cette sensation d'être une femme accomplie, autant sur le plan professionnel que personnel.

"Doucement Oui... J'ai finis mes études à la fac de New-York il y a quelques années. J'ai eu un peu de mal à trouver ce que je voulais faire de ma vie, mais j'me suis découverte une passion pour la photo et les arts. Mes parents m'ont aidé à ouvrir une galerie, mais tu connais ma relation compliquée avec mes parents... Leur volonté de tout vouloir contrôler m'a poussé à partir, et c'est ici que j'ai trouvé refuge il y a plusieurs mois.  D'autant que je me suis enfin décidé à rencontrer cette sœur dont je t'avais parlé..". J'avais appris l'existence de ma demi-sœur peu de temps avant d'avoir quitté le lycée. J'en avais bien évidemment parlé à Joy, bien qu'à l'époque j'avais tellement été blessée et jalouse que je n'avais jamais eu la volonté d'en savoir plus sur elle. Les années avaient finalement joué un rôle important sur mon jugement, et la curiosité avait été plus forte. Je baisse les yeux un instant sur ma boisson que j'apporte à mes lèvres. " Et me voilà serveuse dans un bar de la ville". Repris-je en souriant. Où était passé mon projet de devenir une styliste renommée? "Et toi? Qu'est ce que tu as fais après la fac? Il me semble que tu avais quitté la ville également,non?" Demandais-je avec un air confus. Joy me l'avait mentionné dans l'un des e-mails qu'on s'était échangé, mais je ne parvenais pas à me souvenir de la destination.


 

Etant adolescente, j’avais toujours ressentit un sentiment passager lorsque j’étais à côté d’Elisha. Celle de ne pas être à ma place. Après tout, nous nous ressemblions absolument pas – même si je dois dire que c’est ça qui faisait notre force. Pour moi, elle était – et est toujours d’ailleurs – d’une beauté incomparable tandis que moi, je ne me suis jamais sentie réellement en relation avec mon corps. Que du contraire, je me cachais derrière des pantalons et des t-shirts bien trop grand pour moi. Je n’avais aucunement confiance en moi et à force de traîner avec Elisha, au fil des années, je changeais de jour en jour, m’affirmant un peu plus que la veille et moins que le lendemain. J’ai toujours été axée sur mes études, mes parents me poussaient énormément pour pouvoir m’offrir un avenir digne de ce nom – et quel avenir. Je ne manquais jamais une occasion pour aider Elisha dans ce domaine, elle, elle était du genre à m’aider pour mes relations sociales et tout e qui s’en suit. Finalement, on s’entraidait et une amitié digne de ce nom s’est créée entre nous. Finalement je pouvais la remercier car au fond de moi je sais qu’une partie de mon caractère est né grâce à elle. Nous étions inséparable, un peu comme les doigts de la main.
Seulement notre vie à prit des chemins différents et j’ai pris l’avion pour le Canada et faire les études que mes parents avaient choisi pour moi – contre mon gré. J’avais tellement peur de les décevoir et je voulais tellement d’espoir dans leurs yeux que je n’avais pas pu refuser. C’est donc le cœur gros que je suis partie dans ce pays et finalement, je ne regrette en rien vu la tournure qu’a pris les choses. Ils ont toujours mis de côté mes rêves, ma passion pour la chanson. Pour moi c’était une évidence que ma vie soit créée autour du chant. Au lieu de cela, je me suis retrouvée dans un auditoire parlant des leucocytes et du système immunitaire. C’est vrai que j’avais beaucoup pensé à  elle au début, après tout nous étions toujours ensemble et puis au fil des années … Je me suis dis que je devais aller de l’avant, après tout nous étions dans deux pays différents et la distance faisait beaucoup. «  Merci. » Dis-je avec un sourire en coin. C’est vrai que je ne ressemblais plus à la petite adolescente de 16 ans, et heureusement pour moi d’ailleurs. Je lui demande donc ce qu’elle devient, à moi avis j’avais beaucoup de chose à apprendre sur elle. Dix ans, ce n’est pas rien, tout peut se passer. C’est clair qu’elle avait des choses à me raconter. Je l’écoute donc, posant mon regard dans le sien. La photo et les arts donc. J’ai toujours été passionnée par la photographie je trouve ça tellement … Parlant. C’est vrai, fascinant. Elle parle donc de ses parents et je hoche la tête quand elle me parle de sa relation avec ceux-ci. Finalement elle me parle de sa sœur, celle dont elle avait appris son existence pendant son adolescente. Une information qui avait chamboulé sa vie et j’avais essayé d’être un soutien, un pilier pour elle. Il faut croire que maintenant elle a acquis assez de maturité pour passer au-dessus de cette histoire. Je ne peux m’empêcher d’esquisser un sourire. Elle est donc serveuse dans un bar de la ville. «   C’est super tout ça. Tu ne penses pas à ouvrir une galerie d’art ici ? Après tout, je pense que c’est ce qui manque dans cette ville … Un peu de créativité et de culture ne ferait pas de mal ! (…) Tu l’as déjà rencontrée ou tu comptes faire les démarches ? (…) Ah bon, où ? Je pourrais passer boire un verre une fois, enfin si tu veux bien bien sûr. » Et toi? Qu'est-ce que tu as fait après la fac? Il me semble que tu avais quitté la ville également, non? Une longue histoire, si je devais énumérer tous les détails on serait encore là demain je pense. Je décide donc de résumé et de ne pas trop m’étaler. «  En vérité j’ai pas terminé mes études … J’ai rencontré quelqu’un là-bas et je suis tombée enceinte. J’ai un beau petit garçon, il s’appelle Logan. J’ai un peu perdu pieds au début et … Enfin c’est long à expliquer. Quoi qu’il en soit je me retrouve ici, avec le père de mon enfant et celui qui va bientôt arriver… » Dis-je avec un petit sourire posant ma main sur mon ventre. Bon c’était le tout début mais j’étais heureuse même si cet enfant n’était pas voulu, James et moi avons quand même décidé de prendre nos responsabilités et d’offrir à cet enfant la vie qu’il mérite. «  Du coup je n’ai pas de diplôme c’est assez frustrant pour trouver du travail, vu que je suis enceinte les employeurs ne sont pas très tolérants tu vois … Si tu entends ou vois quelque chose, n’hésite pas à me le faire savoir. Avec la famille qui va s’agrandir … »


 

Joy était bien plus posée que moi à l'époque, et c'était sûrement ce qui faisait que le courant passait si bien entre nous. Elle ne me jugeait pas, et me donnait l'impression de m'aimer pour ce que j'étais, pas pour ce que je représentais. J'avais été projeté pour je ne sais quelle raison sur le devant de la scène, et j'étais souvent confronté aux jugements de mes autres camarades, soit on m'aimait, soit on ne m'aimait pas, il n'y avait pas de demi-mesure avec moi. J’évoquais toujours un avis, qu'il soit négatif, ou positif. Les gens avaient beaucoup d'apriori sur moi, et qu'est ce que ça pouvait être frustrant! J'étais en permanence jugé, même par des inconnus. Heureusement, cela ne s'est passé que durant la période du lycée. Celle-ci a cependant été bien plus facile à vivre aux côtés de Joy. Je pouvais être moi-même à ses côtés. Elle était vraie et sincère, deux qualités que j'avais eu du mal à retrouver chez mes autres camarades de classe qui préféraient de loin correspondre au stéréotype de la fille parfaite. Joy m'avait permis d'en savoir plus pour moi, et j'avais été ravie de croiser le chemin de cette femme qui avait tout pour réussir et qui me donnait envie de réussir. Je l'enviais sur tellement de chose. Nos vies étaient plutôt différentes à l'époque. Elle avait cette famille que j'avais l'impression de ne pas avoir. Des parents attentifs aux besoins de leur fille. Les miens se contentaient de me filer de l'argent de poche et de me trouver une "nounou" qui serait assez convenable pour perfectionner mon éducation. Joy était la douceur dans mon monde de brut, c'était la seule personne sur laquelle je pouvais me reposer. Une amie, une vraie. Une famille même parfois... La vie avait cependant fini par nous éloigner, à mon plus grand regret. Elle était mon repère et j'avais eu du mal à m'ouvrir autant après que nous ayons quitté le lycée. Nous avions quand même gardé contact pendant plusieurs années. Au début, ça semblait tellement naturel, j'avais besoin de savoir qu'elle était toujours là pour moi, malgré les kilomètres qui nous séparaient. Et puis, les nouvelles devinrent moins régulières. C'était ainsi. Je ne l'avais pour autant jamais oublié, et elle tiendrait à tout jamais un rôle important dans mon coeur.

Elle était sublime! On s'arrange avec les années, c'est vrai, mais elle avait subi une grande révélation physique. Elle était déjà si jolie à l'époque, bien qu'elle doutait de son potentiel. Elle ne parvenait juste pas à se trouver physiquement, et j'étais la première à l'avoir guidé dans la bonne direction. Elle me demandais finalement ce que je devenais et j'avais soudain l'impression d'être une moins que rien! Tout les buts que je m'étais fixé n'avait jamais été atteins. J'aspirais à tant de chose au lycée, et là je n'étais qu'une simple barmaid qui galérait à payer ses factures, c'était décevant. J'avais cependant encore plein de projet en tête, et je ne perdais pas espoir. « C’est super tout ça. Tu ne penses pas à ouvrir une galerie d’art ici ? Après tout, je pense que c’est ce qui manque dans cette ville … Un peu de créativité et de culture ne ferait pas de mal !" J'hôche de la tête en souriant. "Si. C'est le but que j'me suis fixée. Reste à trouver les fonds pour me lancer." Et c'était surtout l'argent qui compliquait les choses, comme toujours me direz vous! Elle aborda le sujet de ma demi-soeur, Leyla. A l'époque où j'avais appris concernant ma cadette, Joy s'était montrée extrêmement attentive. Elle m'avait aidé à relativiser les choses et à être plus objective sur la situation. Elle était parvenue à apaiser cette colère que j'avais éprouvé envers mes parents, mais surtout envers cette sœur qui m'avait donné la sensation de m'avoir voler mon père. Il aura tout de même fallu presque 10 ans pour que je me décide à aller à sa rencontre, après avoir tenté de la joindre par courrier à plusieurs reprises. Je ne le regrettais pas. "J'ai fais sa connaissance il y a quelques mois. Ça a été plutôt difficile au départ, elle n'a pas apprécié que je débarque dans sa vie, mais elle a fini par m'écouter, on a exposé nos points de vues et nos ressentiments, et finalement je pense que c'est en bonne voie. Enfin je l'espère!" Ajoutais-je en apportant la tasse à mes lèvres afin de prendre une gorgée. La hache de guerre semblait enterrér, mais je savais qu'avec les événements récents, je risquais de faire un sacré bond en arrière sur l'avancé de notre relation... Ce qui s'était passé entre moi et William, son ex, allait sûrement remettre en question notre bonne entente.

"Ah bon, où ? Je pourrais passer boire un verre une fois, enfin si tu veux bien bien sûr." Je souris largement, ravie de voir que nos retrouvailles n'allaient pas se résumer à ce misérable café. "Oh Oui! Avec plaisir! Tu seras la bienvenue! Je travaille au seven devil bar, n’hésites pas à venir y faire un tour." Je m’intéressais ensuite à sa situation. j'étais curieuse de savoir ce qu'elle était devenue! Joy avait tout pour réussir, j'imaginais déjà une vie bien rangée pour elle, tout le contraire de ma situation à moi. Je l'écoute avec attention, un sourire sincère se glisse sur mes lèvres alors qu'elle évoque sa maternité. Elle est maman d'un petit garçon! J'apprends ensuite qu'elle a subit un passage à vide après sa grossesse, avant de retrouver sa petite famille. Puis vint l'annonce à laquelle je ne m'attendais pas! Elle attendais le deuxième enfant! Je l'observe avec des grands yeux, surprise alors que je souris finalement largement en glissant ma main sur la sienne. "Oh! Félicitations!". Elle parvenait à me donner envie de changer de style de vie, surtout à en observer ce sourire qu'elle arborait. La voir heureuse était tout ce que je pouvais lui souhaiter. " Tu es enceinte de combien de mois?". La silhouette ne laissait pas trop entrevoir son ventre rond, j'imaginais donc que c'était récent, et j'étais flatée qu'elle partage un tel secret avec moi.

« Du coup je n’ai pas de diplôme c’est assez frustrant pour trouver du travail, vu que je suis enceinte les employeurs ne sont pas très tolérants tu vois … Si tu entends ou vois quelque chose, n’hésite pas à me le faire savoir. Avec la famille qui va s’agrandir … » Je grimace. "Je comprends!" J'étais bien placée pour le savoir. J'étais diplômée, cela n'empêchait que ma vie professionnelle restait compliquée. "Si je parviens à ouvrir cette galerie un jour et que j'ai besoin de quelqu'un, cette place sera à toi!" Dis-je sincèrement alors que ma main se trouve toujours posée sur la sienne. Si le destin nous réunissait maintenant, c'était un signe, et je comptais bien en profiter!