Thompson McMillan

Le verbe aimer pèse des tonnes

Caractère

  Thompson est un de ces échoués de la vie qui ne croient plus en rien : ni en Dieu, ni en une quelconque rédemption et encore moins en l'amour. Tout ça n'est que foutaises à ses yeux et le plus important désormais pour lui, c'est de survivre. Peu importe ce que cela lui coûte.
Il a toujours été plus ou moins manipulateur, mais cela s'est accentué avec le temps : il est capable de repérer les faiblesses de quelqu'un mieux que personne et de les exploiter à son avantage.
Désormais, c'est lui et uniquement lui-même son seul centre de préoccupation : il a décidé qu'être égoïste serait finalement bien plus intelligent que de continuer à se préoccuper des autres. Tout doit tourner autour de lui et il a développé une jalousie presque carnassière, féroce : autant vous dire que si vous approchez de la personne qu'il convoite, ce sera à vos risques et périls.
Un peu trop franc, un peu trop authentique parfois, il n'est pas toujours apprécié, peu importe l'endroit où il se montre. D'ailleurs son caractère à la limite de la méchanceté parfois le rend carrément odieux aux yeux des autres. Mais il n'en a que faire : il sait comment embobiner ceux qui comptent et préfère ignorer les autres, voire les mépriser. Dans la vie, seuls les plus forts s'en sortent, il l'a appris à ses dépens.
Certes, il clame haut et fort que l'amour n'existe pas, qu'il n'y croit plus et ne tombera plus jamais dans le piège : mais au fond de lui, Thompson se ment. Il reste un incroyable romantique qui rêve encore au grand amour, qui espère secrètement qu'un jour, il trouvera enfin quelqu'un qui le gardera à ses côtés pour lui-même, et non pas pour de l'argent qu'il n'a pas, ou un corps qui finira par vieillir.

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Derrière l'écran

Histoire

  Etre né le 25 décembre, c'est jouer au cadeau de Noël. Sauf que visiblement, le cadeau ne plaisait pas des masses à sa mère, qui a préféré s'en débarrasser rapidement sur le paillasson de l'orphelinat, échangeant une vie contre une autre, ou plutôt celle de son fils contre sa liberté. Chacun son truc : même Thompson n'a jamais réussi à lui en vouloir, à se dire qu'elle avait eu tort. S'il avait pu en faire de même avec ses quatre gosses, il l'aurait sans doute fait lui aussi... Ou peut-être pas, mais le doute subsiste.

Il semblerait cela dit que le 25 décembre soit un jour maudit pour naître. Personne ne l'adopta, et les familles d'accueil qui se chargèrent de lui ne furent pas des plus tendres. Entre les alcooliques qui gardaient des mômes pour l'argent, les couples en mal d'amour qui se débarrassaient des orphelins dès que Madame avait son propre bébé en route, ou encore les violents, les sombres, ceux qui se déchargeaient de leur mal-être sur des mômes incapables de se défendre et tout juste bons à encaisser, Thompson en vit des vertes et des pas mûres.
il apprit très vite à maudire Noël et à se demander ce qu'il avait donc fait dans une autre vie pour mériter cela...

Avec l'adolescence vinrent les premières erreurs concrètes : l'alcool d'abord, pour commencer en douceur. Puis la drogue, quand il avait suffisamment d'argent pour pouvoir décoller quelques heures et oublier toute cette merde qu'il vivait. Puis les femmes...
Lui qui n'avait jamais connu d'amour, qui n'avait jamais été aimé, sentit soudain son coeur battre dans sa poitrine et s'affoler pour d'autres que lui. Il le sentit s'attacher, s'agripper à ces personnes avec un tel désespoir qu'il en devenait fou.
Elles, si mignonnes, si gentilles, n'avaient d'yeux que pour ce beau gaillard à peine adulte qui leur vendait du rêve. Et lui se sentit exister à travers elle. Il se sentit enfin vivre, il se sentit presque utile.
Alors il les épousa. Toutes. A partir du moment où elles voulaient bien de lui et où, comme le grand fou d'amour qu'il était, il écoutait son coeur avant sa raison. Il courait après le bonheur comme un drogué après sa came, s'en enivrant jusqu'à plus soif, espérant que la fontaine serait éternelle.

Mais elle finissait par se tarir, invariablement. Et les petites demoiselles d'autrefois devenaient des harpies, exigeant l'abandon, réclamant le divorce. Lui volant ses maigres économies.

Trois mariages, quatre enfants, trois échecs, trois ex furieuses et déterminées à avoir sa peau. Alors que son seul tort avait été de les aimer sans doute un peu trop fort.
Personne n'était parfait, mais Thompson semblait encore moins parfait que les autres. La malédiction du 25 décembre sans doute.

Toutes ces pensions alimentaires à verser eurent raison du reste de vie que Thompson avait réussi à construire. Ruiné, il fut obligé de quitter son appartement, incapable de payer le loyer. Sans endroit où vivre, avec toutes les emmerdes que cela entraîne, il finit par perdre aussi son boulot.
Et de fil en anguille, il devint SDF.

Il y a des moments dans la vie où vous comprenez que vous avez pris le mauvais chemin : se retrouver dans la rue avec un sac de couchage de fortune, face à deux types qui semblent en vouloir audit sac de couchage en question et sont prêts à vous tabasser pour l'avoir, fait incontestablement parti de ce genre de moment.
Thompson fut tabassé, et il décida de ne plus faire confiance aux femmes. Il avait suffisamment donné, jusqu'à sa chemise, et désormais, il allait arrêter les frais. L'amour n'était pas pour lui, la preuve il l'avait conduit au bout de l'enfer. Et du peu qu'il en voyait, l'enfer n'était pas franchement agréable à vivre.
Il avait joué, il avait perdu. Alors désormais, il allait arrêter toutes ces conneries et commencer à vivre en tant qu'homme, en oubliant les histoires à l'eau de rose et le "forever" une bonne fois pour toute !

Ce qu'il fit. Et pour couronner le tout, pour sceller cet accord tacite avec lui-même, il décida qu'il aurait moins de soucis avec les hommes ! Thompson faisait rarement les choses à moitié...
A tel point que lorsqu'il croisa le chemin de Derek, par le plus grand des hasard car il est rare que millionnaires et SDF se croisent, et que Derek craqua sur lui, il lui fit une proposition plus que douteuse : de l'argent contre du sexe.
A bout de force, épuisé aussi bien moralement que physiquement après toutes ces semaines dans la rue, Thompson n'y croyait pas et avait simplement voulu provoquer l'homme d'affaire. Quelle ne fut pas sa surprise qu'il accepte !!

Tout se passa très vite ensuite : il découvrit le plaisir entre hommes dans les bras de Derek, y prit goût... et prit encore plus goût à l'argent de Derek, qu'il semblait faire naître entre ses doigts comme par magie. Il s'accrocha à lui, lui revenant sans cesse, réclamant toujours plus d'argent, ne se rendant pas compte que l'homme d'affaire ne le voyait pas comme un prostitué mais comme un amant de passage... Il se perdit dans cette nouvelle vie étrange, s'amouracha bêtement du goût de l'autre, et ne se rendit pas compte qu'avec le temps, le poison insidieux revenait couler dans ses veines, le rendant accroc sans même qu'il le comprenne.

Alors quand Derek partit pour Miami, coupant court à une relation qu'il n'imaginait pas se poursuivre, Thompson survécut quelques semaines... avant de se rendre compte qu'il avait besoin de lui. Qu'il le cherchait partout, qu'il n'arrivait pas à s'empêcher de comparer les autres hommes à Derek...
Il refusa de croire qu'il était retombé amoureux : plus jamais cela pour lui ! Au contraire, il se persuada que seul l'argent de Derek l'intéressait et il fila tout droit vers Miami, gaspillant ses dernières économies dans un billet de train.

Et se retrouvant dans les rues de Miami, certes plus chaudes, certes porteuses de l'espoir de revoir Derek, mais qui restent des rues où il ne fait pas bon être SDF.
Alors Thompson se battra pour s'en sortir une nouvelle fois, pour ne pas retomber aussi bas. Quitte à blesser quelques personnes au passage, quitte à s'accrocher à Derek et le blesser...

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