I'm sorry...

Desigual

I’m sorry…

Joy Δ Aloysia

Le soleil tapait et j’avais donné rendez-vous à Joy au parc. Je voulais lui parler de tout ce qui lui arrivait. Ca pouvait sembler faux-cul car j’avais énormément espéré qu’elle avorte mais c’était vraiment sincère. Même si les circonstances étaient différentes, je comprenais ce qu’elle ressentait. Parler pouvait l’aider, j’en étais certaine. J’espérais simplement qu’elle n’irait pas tout raconter à mon frère.

J’avais laissé mes béquilles chez moi et portais juste mon attelle. C’était la première fois que je ne les prenais pas d’ailleurs. J’avais fait d’énormes progrès et arrivais à marcher en boitant. Ma marche n’était clairement pas sexy mais au moins je marchais. Compte tenu de mon état après la tempête, je m’en sortais très bien et puis les séances de kiné portaient leurs fruits !

J’étais arrivée en avance et m’étais installée sur un banc. Je regardais les familles passer et les enfants jouer. Je ne pus m’empêcher de sourire en voyant un petit garçon suivre des fourmis. Joy me sortit de mes pensées en s’installant à côté de moi. « Hey… » dis-je simplement. Je ne savais pas vraiment par où commencer de peur d’être maladroite ! C’est après un léger blanc que je décidai de me lancer. « Hum… James m’a raconté pour le bébé et… je suis désolée… Certes je pensais que le mieux était d’avorter mais… perdre un bébé de cette manière doit être horrible. Je comprends que tu dois être mal… »

Invité

Sautons d'un pont. Faisons les oiseaux puis tombons dans l'eau. Laissons le courant nous faire dériver. Laissons nous couler. Laissons nos poumons se vider de leur oxygène, qu'ils puissent se remplir d'eau. Ne remontons pas à la surface. Ne reprenons pas d'air. Fermons les yeux. Laissons nos larmes se mélanger à l'eau. Disons adieu au monde. Laissons-nous juste mourir.
Il était dans ma vie comme la nécessité de l'eau, de l'air, de la douceur du bonheur. J'ai perdu mon ombre, mon abri moral lorsque j'avais un désespoir épouvantable, une bouée lorsque j'étais submergé par un amour qui m'abandonnait.

I'm sorry ...

J’avais été complètement surprise de recevoir ce sms d’Aloysia en cette journée. Elle voulait me voir, même si je me demandais sincèrement de quoi elle voulait me parler. Après tout, elle ne me porte vraiment pas dans son cœur et vu ce qui se passe en ce moment avec James, je pensais que nos liens étaient définitivement coupés. Après tout, nous n’aurons plus à faire ensemble, nous ne sommes même plus obligées de se croiser. J’espérais juste qu’elle n’allait pas me parler de ma relation avec James, me disant que c’est mieux ainsi et tout ce qui s’en suit car je n’ai pas le moral aujourd’hui, je n’ai pas les épaules pour supporter tout ça. Et je n’en avais pas envie d’ailleurs, j’avais décidé d’affronter tout cela toute seule, laissant la compassion des autres ou encore le jugement de côté. J’avais sombré pendant quelques jours mais je me suis réveillée avec de la détermination, celle de sortir plus forte de toute cette histoire. Je ne l’avais plus croisé depuis le cyclone. Même si je savais que ça avait été un grand tournant dans sa vie, il faut dire qu’elle ne s’en est pas sortie indemne. Mais sachant qu’elle ne m’apprécie pas plus que ça je n’avais pas envie que ma présence soit pesante. Je prenais donc généralement de ses nouvelles via James. Et malgré les tensions, j’étais bien contente que tout doucement sa jambe reprend des forces.
L’air est frais, j’enfonce mon menton un peu plus dans ma manteau. Je l’aperçois au loin et je me surprends à prendre une grande respiration, prête à affronter tout ce qu’elle va me dire. Puisque je suppose que ce n’est pas pour parler du beau temps. Je m’installe sur le banc à ses côtés, le froid du bois traversant mon jeans. Elle me salue, je lui fais un petit signe de tête. Un ange passe, un blanc de quelques secondes. Je pense qu’on doit être mal à l’aise autant elle que moi, il faut dire que la situation n’est pas banale. Je n’aurais jamais pensé me retrouver en tête à tête avec elle. Je l’écoute attentivement alors qu’elle prend la parole. Elle me parle du bébé. Je reste un peu silencieuse, essayant de digérer ce mot. Moi qui commençais petit à petit à me faire une raison, je viens vite à l’évidence que parler de ce sujet reste encore un point sensible. De plus, je devais faire le deuil de ce bébé et le deuil de cette relation que je croyais idyllique avec James. Mon cœur se serre. Je pose alors mon regard sur elle alors que mes mains viennent s’engouffrer dans les poches de mon manteau. « Je ne sais pas si il t’en avais parlé ou non. Mais je m’en doutais, après tout il te dit tout n’est-ce pas ? » Dis-je dans un murmure. Je n’avais pas pris la peine d’informer l’entourage et puis je savais qu’Aloysia n’était quand même pas pour cette grossesse, il est clair que le moment et la situation était mal choisie pour qu’un bébé entre de nouveau dans nos vies. Mais malgré ça, c’était mon enfant, ma chair, mon sang et même si mes yeux n’avaient pu se poser dans les siens, j’y tenais énormément. J’avais l’impression qu’on avait perforé un trou béant dans ma poitrine et que cette absence allait me hanter à chaque secondes de ma vie. « Je suis désolée aussi, après tout, c’est de ma faute tout ça. » Dis-je en laissant mon regard se poser sur l’horizon. J’avais fait une chute et je n’avais pas pris la peine de penser aux conséquences que cela aurait pu avoir sur mon enfant. Cela ne m’avait même pas traversé l’esprit. « C’est sûrement mieux comme ça après tout, vu la situation actuelle. » Dis-je en haussant légèrement les épaules. Même si ça me brulait la bouche d’avoir de tel propos.

(c) crackle bones

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Joy Δ Aloysia

Aussi surprenant que cela puisse être, j’avais donné rendez-vous à Joy au parc. J’avais besoin de m’excuser pour ce comportement qui me semblait si puéril à présent ! Bien sûr, je continuais à penser que cela était mieux pour elle et James que le bébé ne soit plus présent. Ils avaient Logan qui était encore tout petit et c’était déjà une énorme charge de travail. D’ailleurs, heureusement qu’il l’avait ce petit bout de chou ! Cela les aidait j’en étais certaine même si cela devait être bien plus dur pour Joy que pour James. Après tout, elle l’avait porté et elle devait se sentir responsable.

Lorsqu’elle arriva, j’eus du mal à prendre la parole. Je ne savais pas par où commencer et je me sentais idiote à présent. « Il avait besoin d’en parler. Ca le touche tu sais… probablement moins que toi mais ça le touche quand même. Je crois qu’il s’était fait à l’idée » expliquais-je. Avec James, on se disait quasiment tout ce jour-là cela avait été la journée des confidences alors tout naturellement il m’avait annoncé cette « mauvaise » nouvelle. Elle s’excusa, expliquant que tout cela était sa faute. « Tu peux pas dire ça Joy, c’est un accident et ça arrive à tout le monde. » expliquais-je. Elle ne devait pas se sentir responsable.

Elle aussi semblait d’accord avec moi sur le fait que c’était probablement mieux ainsi. « C’est horrible ce que je vais dire, mais oui… » dis-je avant de soupirer. Je savais ce que c’était de dire « au revoir » à son bébé et pourtant j’avais prôné l’avortement dans le cas de Joy. C’était horrible, j’étais horrible. « Je suis vraiment désolé pour tout ce que je t’ai dit… j’ai été en quelque sorte à ta place et je comprends ta douleur. Je vais pas te dire que tu oublieras mais…avec le temps ça ira mieux puis… tu en auras d’autres des enfants, pas forcément avec mon frère mais dans quelques années, quand tous les facteurs seront réunis pour accueillir un enfant dans de bonnes conditions. » dis-je dans un léger sourire.

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Sautons d'un pont. Faisons les oiseaux puis tombons dans l'eau. Laissons le courant nous faire dériver. Laissons nous couler. Laissons nos poumons se vider de leur oxygène, qu'ils puissent se remplir d'eau. Ne remontons pas à la surface. Ne reprenons pas d'air. Fermons les yeux. Laissons nos larmes se mélanger à l'eau. Disons adieu au monde. Laissons-nous juste mourir.
Il était dans ma vie comme la nécessité de l'eau, de l'air, de la douceur du bonheur. J'ai perdu mon ombre, mon abri moral lorsque j'avais un désespoir épouvantable, une bouée lorsque j'étais submergé par un amour qui m'abandonnait.

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C’est vrai qu’au début, j’en avais douté, que ça le touche. Je me suis dit qu’il devait être soulagé, après tout il ne voulait pas de ce bébé. Il en avait peur même. Moi aussi j’en avais peur, peur de ce que pouvait être ma relation avec James et voir si nous allions pouvoir de nouveau nous en sortir. Mais pour moi, ce bébé était là et on ne pouvait pas faire autrement, il fallait vivre avec. Je m’étais promise de faire tout ce qui est dans mon pouvoir pour lui donner une vie correcte, digne de ce nom et de l’inonder de mon amour maternel. L’argent faisait une bonne partie, mais il ne fait pas tout non plus. Et puis, James savait que j’étais contre l’avortement et qu’on avait qu’une chose à faire, assumer nos bêtises.
C’est vrai que c’était un accident mais j’aurais pu m’inquiète, me poser des questions et … Il fallait bien que je trouve un coupable à tout ça, et ce coupable c’était moi. C’était seulement en fin de journée que j’avais ressenti ces douleurs, que j’avais vu ce sang. Et de suite, j’avais compris. De suite j’avais compris que je n’allais pas donner la vie. J’ai senti mon cœur se déchirer dans ma poitrine, et j’avais envie d’hurler mais aucuns sons ne sortaient de ma bouche. Muette.
Aloysia était d’accord que c’était mieux ainsi et vu la situation actuelle ça me confortait dans cette idée. James ne devait pas être lié à moi par ce bébé. Finalement la vie fait bien les choses, peut-être. Elle s’excuse, je suis étonnée vraiment. Notre relation a été de vraies montagnes russes et je n’aurais jamais cru que ce moment allait se dérouler un jour. Elle me dit qu’elle était un peu en quelque sorte à ma place. Je la regarde, fronce légèrement les sourcils, je tique. La pièce tombe. Mon visage change, je n’étais pas au courant. Et je m’en veux, de lui faire rappeler tout ça. Bien sûr que non je n’oublierai, jamais. Même si j’étais enceinte que de trois mois, j’avais tellement misé dans ce bébé et puis je l’avais tellement imaginé. Je lui avais tellement parlé …
« je suis désolée Aloysia. » Dis-je en faisant référence à sa confidence. « C’est clair que je ne pense pas que ça sera avec ton frère … » Dis-je entre mes dents, à peine audible. « C’est vrai que ce n’est pas des bonnes conditions, et encore moins maintenant. » Dis-je en regardant au loin. « Il faut croire que c’est mieux comme ça et que ce bébé nous reliait, maintenant qu’il n’est plus là et que James s’est rendu compte qu’il ne ressentait plus rien pour moi … C’est évident que c’est mieux comme ça. » Le cœur au bord des lèvres, la gorge serrée.

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Joy Δ Aloysia

J’essaie tant bien que mal de m’excuser pour mon comportement plus que déplorable lors de nos dernières rencontres. J’espérais qu’elle ne me crie pas dessus même si elle aurait tous les droits de le faire ! Elle ne le fit pas, elle devait être trop mal pour cela et au fond je la comprenais. J’étais loin d’imaginer qu’un jour je lui parlerais à elle, de mon expérience. C’est vrai, très peu de personnes connaissaient mon secret. Mon frère n’était même pas au courant, alors pourquoi ma belle-sœur ? Peut-être parce que j’espérais qu’au fond ça l’aiderait. Ce n’était en rien pour m’apitoyer sur mon sort. Je ne pouvais m’en vouloir qu’à moi-même et puis, même si c’était encore douloureux, j’avais tourné la page. « Y’a pas à être désolé, c’était un choix, le mien en quelque sorte. » dis-je simplement.

Je fis une référence sur le fait que ce n’était peut-être simplement pas le bon moment et que cela viendrait en temps et en heure. « Tu sais, si t’as peur que je demande à mon frère de te quitter, ne t’inquiètes pas, ce n’est pas mon genre . » dis-je face à sa remarque. Mon frère avait choisi et même si cela ne me plaisait pas vraiment, je n’avais pas d’autres choix que d’accepter ! Il était assez grand pour savoir ce qui lui convenait le mieux. Elle continua dans sa lancée et je compris alors qu’elle et mon frère n’étaient plus ensemble. « Je savais pas… » dis-je simplement. Je ne savais pas quoi dire d’autre. Un : je suis désolée, aurait sonné très faux dans ma bouche car au fond, je ne l’étais pas vraiment à ce sujet. J’en voulais toujours à la jeune femme d’être partie et au fond de moi, je me disais que mon frère méritait mieux que ça. J’avais peut-être tord mais c’était ainsi. « Mais toi, tu l’aimes toujours… » dis-je pour conclure.