Quoi de plus agréable que de se laisser réveiller par un rayon de soleil qui s'était initié à travers le volet électrique pas entièrement fermé ? Selon Andy, il n'existait pas plus doux réveil que celui-ci.. Pour un célibataire comme lui en tout cas. Car sinon, rien de mieux qu'un réveil romantique aux côtés de l'élu de son coeur, surtout quand ce dernier eut la bonté de vous préparer un radieux petit-déjeuner. Mais malheureusement, Andy n'avait pas encore eu le droit à ce type de réveil ou d'intention, qui ne se réduisait qu'à un pur fantasme de rêveur endurci. Alors pour le moment, il se satisfaisait des caresses du soleil, qui étrangement lui suffisaient. Il ne comprenait pas ces pauvres masochistes qui s'arrachaient les tympans chaque matin avec une foutue sonnerie qui mériterait d'être brisée contre un mur. De quoi rendre complètement cinglé. La lumière était une technique plus tendre et tout aussi efficace selon le brun, mais tant pis pour eux, ce n'était pas son problème après tout, ça les regardait.
Ses paupières papillonnèrent, se déployant lentement, tandis qu'il vint enfouir son visage sous sa couverture l'espace de quelques secondes, s'étirant par la même occasion, avant de la retirer complètement pour s'asseoir au bord du lit. Ses grandes mains fines et douces frottèrent son visage difficilement. Aujourd'hui, Andy ne se rendrait pas à ses cours d'art dramatique, pour la simple et bonne raison qu'on était dimanche, et qu'à preuve du contraire, excepté les timbrés, personne n'allait en cours le dimanche. Il s'agissait du jour de Dieu, du retour sur soi pour certains, et pour d'autres, ce jour ne représentait qu'une occasion de glander en pyjama devant la télévision, bol de chips en main. Andy se situait dans l'équipe des glandeurs. Quoique être avachi comme une larve au fond de son fauteuil à s'engraisser comme un porc devant Ghost Whisperer n'était pas le type d'activité favori d'Andy. Le jeune homme avait une autre définition du glandage. Une définition plus noble, plus honorable, digne de son portrait.
Le dimanche était l'opportunité de se faire plaisir ; le jour de la plage. Effectivement, Andy appréciait lézarder sur cette grande étendue de sable blanc, doux et fin. Le monde entier enviait les plages de Miami, alors autant en profiter quand on est chanceux d’y être. Pour ce faire, il attrapa un fruit qu’il croqua d’un coup de mâchoire ferme, avant de sauter dans sa somptueuse douche italienne. La salle de bain du garçon était tout droit sortie d’un de ces magasines de décorations qui en faisaient baver plus d’un. Et il le fallait, car Andy possédait un nombre incalculable de produits de beauté, et il se devait d’y avoir la place pour tout ranger, même une fille ne rivalisait pas avec lui. De plus, il s’agissait bien évidemment de produits de qualité, les meilleurs qui soient, provenant de Paris généralement puisque cette ville détenait l’une des plus prestigieuse réputation en ce qui concernait la beauté, la mode.. Andy rêvait d’aller faire un tour là-bas, et ce jour viendrait !
L’eau du pommeau lui jaillissait délicatement au visage, une eau à la température idéale, et Dieu seul savait à quel point Andy prenait son pied sous la douche. Une heure. Tel était le temps qu’Andy s’accordait pour se décrasser, s’occuper de sa précieuse coiffure et s’appliquer toute cette farandole de crèmes futile.
Fin prêt pour la plage, parce que même pour se baigner, il se devait d’être au top, il démarra sa marche en direction de l’océan. Les habitants de Miami connaissaient si rarement la pluie, le soleil était quotidien, et Andy serait incapable d’y renoncer. Durant un temps, il souhaitait par ailleurs faire ses études à New-York, la ville de tous les possibles, mais il se défila pour cause de la pluie qui s’abattait constamment sur ces gigantesques buildings. Seul le soleil était plus important que sa carrière, pour rien au monde il ne sacrifierait son avenir, excepté pour cette boule de gaz lumineuse. Paradoxalement, son teint était blanc comme neige, le pauvre jeune homme ne bronzait pas, mais rougissait. Pour cette raison, il se vidait tout un tube de crème solaire sur son corps, et ainsi il résistait à ce redoutable soleil qui semblait le haïr autant qu’il l’aimait.
Une fois sur place, il balaya la plage bondée des yeux afin de repérer un emplacement libre, et légèrement éloigné des désagréments, comme les enfants ; ennemis numéro un ! A éviter à tout prix. Andy étendit sa serviette à la dite place, et se tartina de crème aussitôt, retirant ses vêtements par la même occasion, ne gardant que son short de bain. Alors que le jeune homme commençait doucement à s’endormir, il reçut soudainement un jet de sable, accompagné d’éclaboussures. Ces actes abominables furent suivis par des rires que Andy connaissait bien ! Le rire diabolique des enfants ! Des sales morveux trônaient à côté du jeune homme, et n’avaient pas trouvé meilleur endroit pour construire leur fichu château de sable, qui était soi-disant passant sans aucun goût selon le brun. Maintenant, il collait ! Car oui, le sable et la crème solaire ne faisaient pas bon ménage.
Impatient face aux gosses, il se leva brusquement pour en chopper un violemment par le bras. L’enfant, plongé dans une incompréhension totale, cessa tout rire irritant, et fut pris de panique. D’une voix stricte, le brun au regard assassin ordonna à l’enfant de l’emmener jusqu’à son responsable. L’enfant s’exécuta immédiatement, dirigé par la trouille, c’était qu’Andy pouvait paraître terrifiant. Le marmot en question le mena à une espèce de dégueulasse aux cheveux blonds délavés et à la peau pratiquement aussi maquillée que celle d’un clown. Attention, Bridgestone entrait en scène :
- Madame, veuillez récupérer votre sale gosse ! Vous devriez le surveiller davantage au lieu de lire votre magasine sur comment perdre 15 kilos en deux semaines ! Parce que, chère madame, sachez que votre petit diablotin est irrespectueux, et insouciant des gens qui l’entourent. Inculquez-lui quelques valeurs morales à appliquer en présence d’autrui s’il vous plaît..
Furieux, Andy abandonna l’enfant à sa mère avant de tournoyer sur lui-même, direction la serviette. Toutefois, il lui restait une dernière chose à dire à cette femme irresponsable, alors il se retourna une dernière fois pour lui faire face
-Ah et au passage… Epilez-vous madame ! Ca déborde de partout !
Sur ces mots criés du fond du cœur, il tourna les talons et se rassit sur sa serviette, entourant ses bras autour de ses genoux. Il était inadmissible de ne pas s’épiler, un peu plus et elle ressemblerait à un yéti. Cette femme avait tout pour plaire, c’était fou !