« Un jour, une personne te serrera si fort dans ses bras que tous tes morceaux brisés se recolleront »
Je voulais rentrer chez moi, être loin de tout ça. Je regardais dans le vide, j'étais vide littéralement. Je ne pouvais penser à rien. Je n'arrivais toujours pas à croire que ce qui s'était passé s'était réellement passé. Je laissais faire William. Il aurait pu faire n'importe quoi sans que je ne m'en rende compte. Je lui faisais une confiance aveugle. Il avait toujours pris soin de moi, malgré ce que je pouvais lui faire subir à l'époque et il n'a pas changé. Je me mettais à penser que je ne méritais même pas qu'il soit venu à ma rescousse ce soir. Je tournais la tête difficilement vers ses gestes. Il était pourtant très appliqué. Il devait me poser la question qui le mettait visiblement vraiment vraiment mal à l'aise. Je lui répondais rapidement, comprenant où il voulait en venir. J'avoue que j'aurais pas été bien s'il avait dû aller voir par là. Mais il m'avait sauvé et c'était bien de ça. « Tu es arrivé à temps » ajoutais-je histoire qu'il se sente peut-être plus à l'aise de savoir qu'il m'avait sauvé de ça. On a une relation un peu difficile William et moi dans le sens où je l'ai vachement fait souffrir, alors forcément se dire qu'il devait me voir d'une certaine manière suite à notre histoire ça devait vraiment faire bizarre. Heureusement, rien de tout ça. A la place je lui demandais de regarder mes pieds qui me faisaient souffrir et il s'en occupa. J'étais très silencieuse, j'essayais de ne pas penser alors j'étais vide, vide de tout. Je ne sentais même pas ce qu'il faisait à vrai dire. Dès que des images commençaient à venir en flash dans ma tête, je fermais fort les yeux, chassant les larmes en vain. D'un seul coup j'en pouvais plus d'être là, dans cette robe de chambre d'hôpital horrible, avec ces odeurs d'hôpital affreuses. D'un coup, je faisais comme une mini crise d'angoisse d'être là. Je priais William de m'amener chez moi. Sur le coup, je sentais qu'il était contre. Il me dit qu'à l'habitude ils gardent les patients 24heures après une agression de ce type. Puis il me regardait dans les yeux, posant sa main sur la mienne. J'ai failli avoir un mouvement de recul face à ce geste, comme par réflexe. Je sursautais juste pour le signifier physiquement. Il me demandait s'il ne pouvait pas appeler quelqu'un. Je fis non de la tête. « Il n'y a personne qui puisse venir me chercher et de toute façon je refuse qu'on me voit comme ça William je t'ai appelé parce que je n'avais pas le choix maintenant je voudrais juste m'enfermer et ne plus jamais sortir avant que toutes ces traces disparaissent, prendre une douche et enfiler un truc propre de chez moi être dans mon lit serrer mon doudou pleurer sans que personne ne me voit et juste attendre que ça disparaisse je t'en prie William.. » lui dis-je alors les larmes aux yeux. « Je te promets de t'appeler quatre fois par jour si tu veux pour que tu saches que je respire et que tu passes pour ces points si tu veux tout ce que tu veux mais j'ai vraiment vraiment besoin d'être chez moi. » lui dis-je malgré mon mal de gorge intense. « Je ne pourrais jamais assez te remercier pour tout ce que tu as fais pour moi ce soir mais.. tu me connais je déteste qu'on soit à mes petits soins.. » lui soufflais-je alors. William me connaissait très bien, je le savais. Même si c'était il y a des années, je n'avais pas tellement changé côté caractère, je savais qu'il comprendrait.
« Un jour, une personne te serrera si fort dans ses bras que tous tes morceaux brisés se recolleront »
«Tu as bien fait de m’envoyer un SMS. » Elle avait eu un bon reflex de le faire et c’était bien une chance que je n’avais pas été endormi à ce moment. Elle était tombée au bon moment et je ne voulais même pas m’imaginer ce qui aurait pu se passer dans le cas où je n’aurais pas été en mesure de recevoir à temps son message texte. Louise pleurait toujours et moi je m’efforçais de prendre soin d’elle du mieux que je le pouvais en soignant ses blessures. Elle avait des points qu’elle allait devoir se faire enlever prochainement pour ce qui était du reste, c’était mineur, elle avait eu de la chance dans sa malchance. Je lui proposai par la suite d’appeler quelqu’un ou de rester ici encore un peu mais ça ne passa pas au conseil, madame savait ce qu’elle voulait et c’était bien l’inverse de ce que je venais de lui dire. J’avais froncé quelque peu les sourcils en l’écoutant m’expliquer que la seule chose qu’elle voulait c’était de se retrouver avec elle-même dans son appartement. « Tu sais que de me dire tout ça, ce n’est pas très rassurant pour moi. » Je m’en faisais pour elle, ça m’inquiétais que de savoir qu’elle n’allait pas bien et qu’elle allait se retrouver seule avec elle-même alors qu’elle venait de vivre quelque chose de pas du tout facile à encaisser. En même temps, j’étais qui moi pour l’empêcher de faire quelque chose? Je ne pouvais tout de même pas la forcer à rester ici ni même à l’obliger à ce que je reste en sa compagnie pour m’assurer que tout allait bien. Je devais respecter son choix même si c’était difficile de laisser une amie en mauvais état de la sorte.
Je la regardai un petit moment en silence avant de pousser un soupir. Elle voyait très bien que je n’étais pas en grand accord avec sa décision mais bon, je n’avais pas le choix d’accepter et je ne savais pas quoi lui répondre d’autre de toute façon. Je la connaissais, elle avait besoin de cette solitude. « Cinq fois par jour… » commençais-je en croisant mes bras contre mon ventre. « Je veux que tu m’appelles cinq fois par jour. » continuais-je en lui faisant un très petit sourire, j'exagérais un peu mais je voulais au moins marquer un point vis à vis elle et lui faire comprendre qu'elle n'allait pas pouvoir se débarrasser de moi aussi facilement. Puis, je lui tendis ma main pour l’aider à se lever et la placer dans un fauteuil roulant afin de sortir de cette minuscule chambre. Je fis signe à une infirmière que je quittais, je ne voulais pas qu’on me cherchait car je comptais bien rapporter Louise jusqu’à chez elle. C’était la moindre des choses. Je l’aidai à embarquer de nouveau dans ma voiture et nous fûmes en route vers chez elle. Elle me dicta faiblement les directives et en un rien de temps, nous arrivâmes devant son appartement. Je coupai le moteur. « Laisse-moi au moins t’aider à entrer et m’assurer que tu ne manques de rien, d’accord? Après je te fous la paix promis. » dis-je en tournant la tête vers elle en attendant son approbation.
« Un jour, une personne te serrera si fort dans ses bras que tous tes morceaux brisés se recolleront »
Je n'en pouvais plus. Je voulais être chez moi, seule. Je ne voulais plus que quiconque me voit ainsi, faible, affreuse, pleine de bleus, de traces de vulnérabilité. Je me détestais et me détestais pour le monde entier. Sur ce lit d'hôpital, je laissais William faire ce qu'il avait à faire, et je l'écoutais pour les consignes de guérisons. En réalité, je pense que j'aurais tout oublié dans une heure et que c'est en lui envoyant des sms que je saurais si je dois enlever les points ou pas et où et comment. Je savais que je pouvais compter sur lui et je me reposais là dessus, même si je détestais cette idée. J'étais complètement abandonnée entre ses mains. Heureusement qu'il avait été là pour moi, je savais que je lui en serait éternellement reconnaissante. Je m'en voulais encore plus de lui avoir fait du mal, après qu'il aie fait ça. Il venait de me prouver qu'il tenait vraiment à moi et au fond, ça me touchait énormément. Je lui demandais de me ramener chez moi, de quitter cet endroit et cette robe d'hôpital surtout. Jeter ma robe, me laver, rester sous la douche pour me laver de tout ça pendant des heures, dormir sous la douche s'il le fallait, rester seule. Je voyais bien qu'il n'était pas vraiment pour, mais il savait aussi qu'il n'avait pas le choix. Je n'avais pas besoin de répondre à sa phrase qu'il comprenait qu'il ne pourrait pas me faire changer d'avis. Il finit par soupirer et me dire qu'il voulait que je l'appelle cinq fois par jour, avec un petit sourire. Je me relevais doucement, prenant sa main. « Merci. » soufflais-je très difficilement avant de lâcher sa main pour me mettre avec son aide dans la chaise roulante - la honte jusqu'au bout mais je me laissais faire, je ne saurais pas faire autrement de toute manière là tout de suite. Puis je lui indiquais la route de chez moi. Nous arrivions en bas et je m'apprêtais à sortir de la voiture et à rentrer quand il me demandait de venir voir si je ne manquais de rien. Je le regardais un moment, sans vie. « D'accord. » lui dis-je ensuite sortant doucement de la voiture. Je manquais de tomber à cause du mal que mes pieds me faisaient, je reprenais le contrôle avant que William ne vint me passer le bras sous les épaules. Je soupirais doucement, n'aimant pas être dépendante mais je le laissais faire. Nous prenions l'ascenseur et j'ouvrais la porte de chez moi avant de fermer derrière lui. « Je te laisse même une clef si tu veux. » lui dis-je en sortant une d'une armoire lui donnant. « Comme ça si je ne sais plus me relever, je sais que quelqu'un peut venir me sauver. » dis-je voulant faire au fond de l'humour mais sans aucun ton ni expression qui ne le montrent. « J'ai mon lit, un doudou, une douche, des fringues, à manger dans la cuisine.. J'ai toujours vécu seule tu sais depuis longtemps.. enfin tu le sais en fait.. ça va aller, je t'appelerais je te promets. » dis-je allant vers mon dressing pour me sortir un pantalon de pyjama et un pull pour me le préparer pour ma douche, me rattrapant à mon armoire pour ne pas trébucher. Je fermais fort les yeux pour ne pas exploser avant de continuer mon geste. Je vis William prêt à bondir. « ça va aller » insistais-je alors. Je voulais juste arrêter de me sentir vulnérable, j'attrapais à nouveau les larmes aux yeux.
« Un jour, une personne te serrera si fort dans ses bras que tous tes morceaux brisés se recolleront »
« Lorsque nous arrivâmes devant chez Louise, je m’empressai de l’aider à la raccompagner jusqu’à l’intérieur de son appartement. Je la regardai faire avec lenteur, comme si chaque mouvement était une souffrance pour elle. J’étais de la peine pour elle que de la voir dans cette situation. J’avais l’impression qu’elle allait s’effondrer à n’importe quel moment et je me tenais prêt à la rattraper. Je pris la clef qu’elle me tendit parce que je me disais que ça pourrait être utile. Sa petite blague me fit secouer la tête, elle avait un humour noir un peu. « Je serai ton héros personnel, compte sur moi. » lui répondis-je en la suivant jusqu’à sa chambre. Mon amie se mit à regarder ses vêtements avant de souffrir d’un vertige qui la fit perdre un peu l’équilibre. Je m’étais approché d’elle avant qu’elle ne me dise que ça allait. Ça ne semblait pas être le cas…« Laisse-moi au moins attendre que tu sortes de la douche avant de partir, ça me rassurerait. » Elle était déjà faible et s’il fallait qu’il lui arrive quelque chose pendant mon absence, je me sentirais beaucoup trop mal. J’étais que son ami mais en m’appelant à l’aide, j’avais l’impression qu’elle devenait un peu comme responsabilité. Je la regardai bien sérieusement, je voulais au moins qu’elle me laisse rester le temps qu’elle se lave. Je la regardai se diriger lentement vers la salle de bain jusqu’à ce qu’elle ne ferme la porte derrière elle. Je lâchai un petit soupire en me passant une main au visage. La situation n’était tellement pas facile que je ne savais pas quoi faire, la seule chose que je savais, c’était que je voulais être là pour elle et je voulais m’assurer qu’elle ne manque de rien, même si elle m’avait bien montré que c’était le cas.
Je décidai de profiter de ces longues minutes qu’elle passa sous l’eau chaude pour cuire des pâtes et faire une petite sauce maison avec ce qui me tombait sous la main. C’était bien l’avantage d’avoir fait des cours de cuisine. J’Eus le temps de tout mettre dans des petits plats séparés au frigo avant que mon amie ne revienne devant moi dans e confort de son pyjama et les cheveux encore tout humide.« Je t’ai préparé un petit truc à manger, je l’ai mis au frigo donc si tu retrouves l’appétit un peu plus tard, ça sera là. » Ce n’était pas grand-chose c’était des pâtes mais ça allait lui éviter de rester debout trop longtemps derrière les fourneaux. Je voulais juste lui faciliter la tâche. Je repris mes clés que j’avais posées sur le comptoir en m’approchant d’elle. « Bon, je te laisse, j'arrête de faire mon envahissant. S’il y a quoi que ce soit, tu sais quoi faire, je garde mon téléphone près de moi. » Je me penchai pour déposer un baiser sur le dessus de sa tête. Je ne voulais pas partir mais je devais lui laisser son espace, elle avait besoin de se retrouver ici et seule, je le savais très bien. Je soupirai puis, avant de quitter définitivement son appartement, je lui chuchotai : « Prends soin de toi Lou’ » Un dernier petit sourire, puis je retournai à ma voiture et quittai définitivement pour reprendre ma nuit où je l’avais laissé même si le soleil était sur le point de se lever.