Je ne sortais plus vraiment depuis mon agression. Plus de robes, d'escarpins, de tenue de fou, de regard qui se retournent vers moi dans la rue. Je me fais discrète, le plus discrète possible quand je sors parce que je suis juste couverte de bleus. Mais aujourd'hui, on m'avait obligé à sortir. C'était sûrement pour mon bien, au final, mais j'avais du mal quand même à me le dire. J'avais rendez-vous au café du coin avec une bloggeuse. J'avais beaucoup regarder son blog, c'était cool ce qu'elle faisait et j'aimais beaucoup son style. Je me disais que ça allait me faire sortir, rencontrer quelqu'un et travailler donc je ne penserais pas à mon traumatisme, normalement. Et puis j'avais envie de la rencontrer, elle faisait un bon boulot et avait l'air sympa. On m'avait mis sur le dossier et j'acceptais donc. Je prenais mon sac, mes affaires. Je m'étais quand même habillée au goût de la mode mais je n'avais pas de peau qui dépassait, disons. Je ne voulais pas qu'on voit mes bleus. Je sortais de chez moi et m'y rendait à pieds. On avait rendez-vous en milieu de matinée, donc le café serait de la partie. Je commandais et allait m'asseoir, attendant mon rendez-vous. Je la reconnaissais alors qu'elle entrait. Elle aussi, j'avais fais beaucoup de tête de magazine alors il y avait de quoi me reconnaitre. « Erica? Enchanté, je suis Louise. Commande un café et discutons. » dis-je alors. J'avais encore mal à la gorge à cause de l'agression mais je forçais au travail pour ne pas paraître peu professionnelle. « ton blog est vraiment cool. Quelle est la tranche d'âge de tes followers? Surtout comment tu as commencé à faire ça comme ça sur Internet ouvertement, donner tes conseils beauté..? Tu imaginais que ça allait te conduire jusque là, ou alors tu penses que ça pourrait te mener où? des espérances? » Je lui demandais tout ça avec un grand sourire. J'aimais bien les ambiances bonnes copines dans ces cas là.

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Je me forçais à sourire pendant cette interview. Ce n'était pas des sourires sincères mais de toute façon avec ou sans agression je savais très bien sourire pour de faux, je le faisais souvent.Pourtant, j'avais vraiment eu envie de rencontrer cette jeune femme. J'aimais son travail et elle était touchante rien qu'en virtuel. Cela se sentait qu'elle faisait ça par amour pour la mode et l'esthétique et pas juste pour faire la belle devant des personnes qui l'envieront à mourir. J'aimais ce genre de nanas. Quand on me demandait de faire des articles sur les meufs qui se prennent pour des stars parce qu'elles sont regardées sur YouTube ça me faisait pitié, clairement. Souvent d'ailleurs, mes articles étaient courts et ne donnaient pas vraiment envie. En ce moment, je refusais de faire des shootings alors il fallait que je me rabatte sur les articles et heureusement que j'avais trouvé Erica sur le web parce que je ne sais pas comment j'aurais fais sinon avec une de ces meufs à l'égo surdimmensionné qui ne sait en plus même pas s'habiller.

Je découvrais une jeune femme simple et souriante. Elle me faisait largement penser à moi. Il semblait qu'elle ait des cicatrices au fond d'elle mais elle brillait, elle était toute étincelante malgré tout, comme moi à mon habitude. L'agression avait été de trop, simplement. Je lui posais alors des questions banales pour qu'on entre dans le sujet directement. Elle me répondit avec sincérité me parlant de l'âge de ses followers, de son sentiment à propos d'eux, de son envie simple d'avoir commencé par envie juste d'être entouré d'une certaine manière. Je me pinçais les lèvres, je la comprenais très bien. Je sentais que sur ce coup là encore, nous avions pas mal de choses en commun. Elle m'avoua ensuite qu'elle n'aurait jamais imaginé en arriver là mais que ça l'amusait et la touchait. Elle était juste sincère quoi, adorable. Je baissais les yeux prenant rapidement note puis levant mon verre à mes lèvres. Cela me mettait presque mal à l'aise de me retrouver face à quelqu'un de si similaire à ma personne. Puis, elle attira mon attention en me retournant la pareille. Je fronçais un peu les sourcils, n'ayant pas attendu la chose. Je ne m'étais pas préparé à ce qu'on me pose des questions. Elle me connaissait sûrement, c'est sûr, je n'étais pas un visage méconnu des magazines, mais c'était la première fois qu'une interviewée s'intéressait à moi. Je mettais alors une seconde de silence avant de prendre la parole. « en effet. je ne sais pas vraiment ce que ça fait d'être mannequin enfin, c'est juste bizarre quand tu passes devant un panneau publicitaire qui a ton visage, c'est sûr. Mais l'idée est d'être un peu un modèle, faire vivre l'espoir et même l'art de la mode en chacun des citoyens de ce monde. Puis voyager aussi, se dire qu'on est partout sans l'être. C'est ma maman qui m'a fait commencé le mannequinat quand.. enfin nous n'étions que toutes les deux et elle trouvait que j'avais une force à faire partager.. j'ai commencé à onze ans. et me voilà ici, je ne la remercierais jamais assez d'avoir trouver la voie parfaite pour moi. » lui avouais-je alors. J'avais répondu en partie à sa questions, évidemment je n'allais pas m'étaler. Déjà je déteste parler de mes déceptions, de ma vie, appeler à la tristesse de quelqu'un c'est quelque chose que je détestais, alors je restais vague. Je lui souris doucement. « je suis sûre que tu ferais une magnifique mannequin aussi, d'ailleurs. » dis-je alors pour basculer à nouveau le sujet vers elle. « mais je pense que c'est un peu dans mon sang. J'ai du sang français en moi, il était normal que la mode soit mon monde de prédilection. Je suis allée vivre là bas de longues années. Je te le conseille d'ailleurs si tu ne l'as pas déjà fait, ça m'a poussé dans ma carrière. » lui donnais-je maintenant comme conseil. N'importe qui s'intéressant à la mode doit aller un jour au moins à Paris, c'était indispensable pour moi.

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Je lui disais des choses et d'autres, que je pensais vraiment. J'avais vraiment l'impression de me voir dans un miroir, j'aimais bien ça étrangement. Je me sentais proche d'elle alors que ces derniers temps je faisais tout pour être loin de quiconque. Ce petit moment me faisait du bien, ça me rappelait la force que ma mère m'avait donné pour faire ce que j'aimais le plus au monde faire au dépit de mes études avec tous les autres enfants normaux, tous nos voyages magnifiques qui m'avaient appris à grandir, à apprendre des langues, à être celle que j'étais aujourd'hui. La vraie Louise. Cela me redonnait un peu de force, sans qu'elle ne puisse l'imaginer vu qu'elle ne me connaissait pas du tout, ou du moins pas personnellement.
Je lui parlais donc de plusieurs choses à la fois et elle m'écoutait avec attention avant de me répondre à son tour. Je l'écoutais à mon tour. Elle me dit d'abord que malgré tout elle n'était pas celle que toutes ses fans pensaient, que de nombreuses choses dans sa vie étaient pus noires qu'il n'y paraît. Je comprenais totalement car, j'étais la même finalement. « je comprends, mais c'est ça qui font que tu es celle qu'ils suivent, sans le savoir. » lui dis-je alors qu'elle baissait les yeux, sûrement au souvenir de cette chose qui lui faisait mal. Je voulais lui remonter le moral car elle était très attachante à mes yeux. Elle me parlait de moi à nouveau, me parlant d'abord de la chance que j'avais de vivre à Paris. « Oh je suis née ici, mais avec ma maman on est parti on a fait tout un tas de voyages. La plupart du temps oui nous étions à Paris parce que c'était sa ville natale, elle voulait me faire connaître la France. Tu devrais y aller en effet, c'est magique » dis-je finalement en Français. J'avais du mal à lui sourire, même si je le voulais car je voulais lui montrer que je l'appréciais vraiment mais depuis l'aggression j'en étais incapable. Heureusement, elle changea de sujet parlant de l'amour cliché de Paris. Je me pinçais les lèvres, un sujet encore tabou avec moi. J'étais d'un compliqué, finalement. Je baissais les yeux avant de les remonter. « J'ai bien rencontré quelqu'un mais.. enfin y'a toute une histoire derrière moi.. ça aurait pu être le bon, oui. Mais j'en aie décidé autrement. Je ne suis pas très connue pour être une fille qui se pose facilement avec quelqu'un, ou bien même qui intéresse de.. cette façon là. » dis-je avant de vite baisser le regard repensant à cette soirée, je passais ma main devant mon visage le temps de chasser la peur et les larmes de mes yeux. Je devais reprendre et vite. « Je.. je suppose que du coup tout ce que tu fais ça t'aide à.. sortir de tout ce qui fait que ta vie n'est pas celle que tu mérites? » c'était évident, c'est débile ce que je disais là. « Du coup tu.. tu dois faire des trucs comme moi genre porter des produits sponsorisés? » enchainais-je pour ne pas avoir l'air bête.

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