Ce n'était pas très rassurant d'être réveillé en sursaut par les hurlements de ton allié qui est par la même occasion un tueur en série. Après ce moment bien traumatisant, ce fut plutôt difficile de retrouver le sommeil, mais la fatigue finit par l'emporter à nouveau. Quelques heures plus tard, ils prirent la route. Erwan prit soin avant de partir de remplir sa bouteille d'eau du lac. Et il avait bien fait, car les deux hommes se retrouvaient à présent dans un désert, ce qui était assez effrayant. Erwan avait peur de se perdre là-dedans, de se retrouver seul pour toujours et de crever là. Non, vraiment, le désert était son pire cauchemar. Au moins il avait Wane, qui lui tenait compagnie et qui veillait un peu sur lui. Celui-ci saisit soudain Erwawn par le bras et se mit à courir en direction d'un palmier. Erwan aimait bien les palmiers lui aussi, mais peut-être pas au point de leur courir après. Mais bon, si ça pouvait faire plaisir à Wane, il lui devait bien ça. « Ecoute, ici il n'y a plus de pâquerette pour nous sauvés mon gars. On va surement tomber sur quelqu'un ou pire même. Un alliance comme nous, alors on doit faire attention. Bien sur je vais te défendre, mais je te dis tout de suite j'ai fais une promesse à ma femme de l'au-delà, si il reste que moi et toi, je vais te dire direct je te tue. Je lui ai promis de finir le jeu. » Erwan décida de ne rien relever, de bloquer ces paroles hors de son esprit de ne pas les laisser l'atteindre. Pour l'instant, Wane n'avait aucune raison de le tuer, alors il s'inquièterait plus tard. Erwan savait bien qu'il n'avait pas vraiment de chance face à son allié, et que ce serait peut-être une meilleure idée de s'en aller tout de suite, de fuir maintenant. Mais malgré tout ça, il monta à l'arbre lorsque Wane le lui ordonna. Celui-ci ne perdit pas un instant et le rejoignit en haut du palmier. De là, ils voyaient assez bien ce qui se passait autour d'eux. Ca avait été une bonne idée de monter. « T'as pris de l'eau j'espère? » Il hocha simplement la tête en voyant Wane retirer son t-shirt. Son allié lui avait plus ou moins annoncé quelques minutes plus tôt qu'il finirait de toute façon par le tuer, et maintenant il s'inquiétait de savoir si Erwan avait de quoi boire ? Peut-être qu'il tenait à faire les choses lui-même. « Chut tais toi. » lui dit soudain Wane alors qu'Erwan ouvrait la bouche pour lui demander s'il voulait qu'il lui fasse du vent avec une feuille de palmier. La paume de Wane s'écrasa contre ses lèvres et Erwan ne put s'empêcher de sursauter à la sensation étrange. Erwan tourne alors son regard vers la silhouette qui se dessine au loin. C'était difficile de voir qui ça pouvait être, mais les yeux bien entraînés d'Erwan distinguèrent malgré tout des courbes féminines. « Si je dois descendre toi tu restes ici, tu bouges pas. Dans l'histoire c'est moi le tueur, j'ai fais ça une grande partie de ma vie après tout. » C'était terrible, ce que disait Wane, et pourtant Erwan n'osait pas réagir. Il avait raison, c'était bien plus prudent de rester là-haut et de le laisser face le sale boulot. Et pourtant, même s'il savait que ça finirait par arriver vu la situation dans laquelle ils étaient, Erwan ne voulait surtout pas avoir à assister à un assassinat. Vraiment. Il voulait juste rentrer chez lui et serrer Orel dans ses bras et être avec lui et l'embrasser. « Tu vas vraiment la tuer ? » demanda finalement Erwan en chuchotant, avec de grands yeux tristes et effrayés et un air incroyablement hésitant.

« Je te l'empreinte car tu risques de te blesser avec.. » lui dit Wane en s'emparant de son javelot. Erwan n'eut même pas le temps de réagir, de lui dire non, de serrer sa main autour de son arme. « Et si je vais aller l'a tuer. C'est le jeu. Elle est brune, c'est parfait. » Il avait perdu la tête, c'était officiel, Wane était devenu fou. Ou peut-être qu'il l'était déjà avant et Erwan aurait du fuir au début. Le voilà qui se mettait à fantasmer de façon macabre sur cette femme et... Erwan pouvait juste rester là, dans l'arbre, et le regarder descendre. Il le suivit des yeux, le regarda s'approcher d'elle. Elle était au sol à présent, et Wane était armé, prêt à la tuer. Erwan prit une éternité à descendre de ce foutu palmier, se disant sur le coup que c'était une bonne idée, qu'il devait faire quelque chose. Une fois à terre, il s'avança lentement, ne voulant pas provoquer chez Wane une réaction incontrôlée. Et cette femme qu'il ne connaissait pas le suppliait du regard, mais il était coincé, et il ne pouvait rien faire, et s'il essayait de l'aider, Wane pèterait un câble et il serait impossible de l'arrêter après ça. Erwan resta planté là, fit un pas en avant, mais soudain Wane enfonça le javelot dans la main de cette femme, et Erwan retint un cri. Il plaqua ses deux mains contre sa bouche. Il regarda, impuissant, alors que Wane lui attachait les jambes. Et il se disait que c'était le jeu, que s'il voulait vivre les autres devaient mourir mais... il ne pouvait pas. Il en était totalement incapable. Et même s'il avait voulu faire quelque chose, il n'avait aucune arme, rien. Face à Wane qui était un vrai monstre. Erwan resta figé, pétrifié, il regarda avec des larmes coulant sur ses joues, pendant que Wane se faisait un plaisir d'étrangler cette femme qui ne lui avait rien fait. Il lui balança des horreurs au visage, alors qu'elle vivait sans doute les instants les plus horribles de sa vie, et en plus il se devait d'en rajouter une couche. Erwan avait passé plusieurs heures avec Wane, et il avait appris quelques détails sur lui, mais cet homme était encore différent, différent du type qu'il avait rencontré au bord du lac. Comme s'il était soudain possédé. Puis, le corps de la jeune femme arrêta de bouger. Elle était morte, c'était fini, Wane l'avait tuée. Erwan venait d'assister à un meurtre. Il avait vu des choses horribles à Los Angeles, mais jamais rien de tel.

Erwan aurait du courir, il aurait du s'en aller, prendre la fuite sans se retourner. Mais au lieu de ça, il fit un pas vers Wane, qui lui tournait toujours le dos. Peut-être qu'il pourrait le calmer, le ramener à la réalité, faire quelque chose. C'était stupide, mais Erwan ne pouvait pas croire que c'était réellement lui, celui à qui il avait confié sa vie ces dernières heures, qui venait de comettre ce crime affreux. Et peut-être que juste là, comme ça, il serait capable de faire revenir l'autre Wane. Il posa lentement une main sur son épaule, en faisant bien attention de ne pas poser ses yeux sur le cadavre. Soudain, Wane saisit le javelot et l'arracha de la main de sa victime. Erwan sursauta, et grace à ses réflexes plutôt bons, il réussit à faire plusieurs pas en arrière et à éviter l'arme au moment où Wane se tourna pour lui faire face. Il avait l'air normal, son visage n'était pas déformé, ses yeux n'étaient pas rouge. Il n'avait rien d'un monstre. Juste Wane, un type normal qui venait de tuer quelqu'un parce que ça l'amusait. Alors Erwan réalisa que c'était bien Wane, qu'il n'y avait pas de monstre ou de sortilège, que c'était lui, juste lui. Qu'il était un tueur, un meurtrier. Que celui qui avait été son allié jusque là ne valait rien. Qu'il était répugnant. Il se permit de lancer un regard vers le corps sans vie de la jeune femme, cherchant encore une réponse de dernière minute, quelque chose qui excuserait tout ça. Mais non. « Qu'est ce que t'as toi à la regarder? Tu veux l'a rejoindre c'est ça? » La voix de Wane le fit regarder en sa direction à nouveau. Erwan tourna la tête vers lui brusquement, et il le vit s'avancer vers lui, l'arme levée. Et non, non ilne pouvait pas crever comme ça, pour avoir fait confiance à un malade mental, pour avoir donné sa chance à un type qu'il ne connaissait pas après même que celui-ci ai annoncé être un serial killer. C'était bien Erwan ça, donner des secondes chances à n'importe qui, voir le bien partout. Quel con. Il recula, au même rythme qu'avançait Wane. Il avait peur au point de ne plus arriver à avoir peur. Il s'arrêta. Il n'y avait nulle part où aller de toute façon, et avec sa maladresse légendaire, il finirait par se casser la gueule à force de marcher ainsi à reculons. « Elle t'avait rien fait. Et moi non plus j't'ai rien fait... Tu crois que tes enfants ils seront fiers de leur père après ça ? » il lui dit soudain, la voix plus claire qu'il ne s'y attendait. Plus posée. Il se força à ne pas avoir peur de Wane. Comme il s'était forcé à ne pas avoir peur de tous ces mecs qui lui avaient fait des choses horribles, à L.A. Parce que Wane était comme eux, il n'était pas pire, il était exactement de la même espèce. Un malade narcissique qui aime détruire et faire souffrir pour son petit plaisir. Il essuya les larmes de ses joues, il en avait assez de pleurer. Il en avait assez d'avoir peur. Il voulait juste rentrer chez lui et se blottir entre les bras d'Orel, mais visiblement il n'y aurait pas le droit. « T'es dégueulasse » il ajouta avec animosité, réalisant au même moment que ça ne l'aiderait pas. De toute façon, rien n'aurait pu l'aider, il s'en rendait bien compte. Il n'était pas idiot au point de croire que Wane le laisserait partir. Alors autant lui balancer un peu de merde dans la figure. Erwan n'était pas du genre méchant ou cruel, bien au contraire. Mais tout ça avait été gardé au fond de lui trop longtemps, et s'il devait crever là maintenant, au moins ça serait sorti une fois pour toutes.