ENFIN. La libération. Aujourd’hui ce n’était pas n’importe quel jour. Non car cette journée signait la fin de mon arrêt-maladie. Tôt dans la mâtiné, j’avais eu rendez-vous chez le médecin qui approuvait finalement que mon épaule fût remise. Je la trouvais toujours un peu raide, mais rien qui ne serait se régler avec un peu de rééducation. Depuis mon retour du Mexique, j’avais été dans l’incapacité de travailler. Mes boulots étaient manuels, vous auriez confiance, vous, en un tatoueur avec un bras en moins ? Et que dire d’un mécanicien ? Même dealer devenait contraignant. Je n’étais absolument pas crédible. En bref, ces quelques semaines avaient été l’horreur pour moi. J’étais le genre de personne qui n’aimait pas glander. Perdre du temps inutilement, ce n’était pas pour moi. Il fallait que je fasse quelque chose. Il ne fallait pas forcément que je fasse quelque chose de productif, mais au moins être dehors avec des potes et passer un bon moment. Or, ces derniers temps, ma vie se résumait à rester chez moi, à ne rien foutre. Ça avait simplement été l’enfer. Les seuls moments qui me sortaient de ma routine étaient les instants passer avec Carter. Que je ne pouvais, en passant, même pas garder chez moi pour la nuit puisque j’étais dans l’incapacité de m’occuper correctement de lui. Mon propre fils, quel merdier.

Tout ceci pour dire que j’avais enfin pu reprendre le boulot aujourd’hui, et j’avais comme eut l’impression de revivre. Jamais je n’avais été aussi content de bosser. De ce fait, il fallait absolument marquer le coup en fêtant ça ! De toute façon, avec moi, toute occasion était bonne à prendre pour se saouler la gueule. Ce qui tombait bien justement, puisque j’avais entendu l’écho qu’une fête se déroulait ce soir, sur la plage. J’allais pouvoir reprendre mon petit business en plus de cela. C’était vraiment parfait.

Voilà maintenant une petite heure que je me trouvais sur place. Il y avait un monde fou, de la bonne musique et de l’alcool à flot. Étant un dealer réputé à Miami, autant dire que je connaissais pas mal de monde à cette soirée. Toutefois, je ne restais pas bien longtemps dans chaque groupe. Je restais un moment, vendaient des pilules par ci et par là, en profitait pour boire et déconner, avant de me séparer des groupes, et de faire ça en boucle. Je quittais justement un groupe de pote pour aller me réapprovisionner en bière lorsqu’une brune maladroite me percuta de pleins fois en reculant. J’aurais pu l’éviter… oui j’aurais pu, si je l’avais vu. Celle-ci se retournait et puis c’est alors que plusieurs sentiments me traversèrent. D’abord la surprise, puis l’incompréhension et enfin, la colère. « toi ?! » répétais-je après elle soudainement furieux. « Qu’est-ce que tu fais là ?! Tu me suis ? Tu bosses pour eux c’est ça ?! » la bombardais-je en commençant à regarder autour de moi de façon paranoïaque.

OK. Je paniquais complètement. Ça n’avait rien à voir avec cette meuf, je pouvais largement m’occuper d’elle si nécessaire, mais si elle était là, ce n’était pas un hasard. Je m’étais fait kidnapper au Mexique alors que j’étais en sa présence, me voilà maintenant depuis quelques semaines rentrer au pays, et je la croise à nouveau ? Il n’y avait pas trente-six mille solutions, au diable cette foutue citation qui disait que le monde était petit. NON, le monde était bien VASTE, la rencontrer au Mexique, pas de problème, mais à Miami ?! On n’allait pas me la faire à moi. Elle devait bosser pour la mafia. Ce qui signifiait que j’étais vraiment dans la merde. J’avais osé espérer qu’ils n’allaient pas donner suite à toute cette histoire. On leur avait volé de la cocaïne, du fric, ils nous avaient fait passer une semaine cauchemardesque, on était quitte ? Non ? Bon, d’accord, il y avait très peu de chance qu’ils aient décidé d’en arrêter là mais j’avais pensé que ça prendrait quand même un peu plus de temps avant de nous retrouver. Comme je le disais, le monde était vaste putain ! Au moins quelques mois, histoire d’être préparé à toute éventualité. Là, il était clair que je n’étais absolument pas prêt.

La brunette rigolait, plaisantait même. Ça me rendait encore plus furieux. C’était donc ça leur technique ? Faire ami ami, draguer l’ennemi même, tout en prévenant ces boss et ensuite il n’y avait plus qu’à attendre les renforts ? Parce que après tout, pourquoi se méfier d’une jeune femme aux atouts très avantageux ? C’était bien pensé, je leur devais bien ça. Bref, je l’avais de suite bombardé, elle était démasquée, game over, on avait perdu tous les deux! Toutefois, elle paraissait surprise. M’affirmant que je me trompais. Elle me prenait le bras, mais j’arrachais immédiatement celui-ci de son contact. Je prenais mes distances, elle avait beau me dire qu’elle m’avait cherché partout ce fameux jour, je restais sceptique et très méfiant. C'est alors que la brunette remontait ses cheveux afin de me montrer une marque, un hématome. Je réfléchissais à toute allure. Elle me disait qu’ils l’avaient également frappé, mais c’était facile à dire ! Qui me disait que cette marque n’avait absolument rien à voir avec mon histoire ? Elle s’approchait alors de moi, et passait doucement son doigt sur le reste de blessure qu’ils m’avaient infligé au Mexique. J'eu d'abord un mouvement de recul, puis je la laissais faire, tout en restant sur mes gardes. La majorité de mes hématomes avaient disparu, mais de belle cicatrice était apparu sur mon torse et mon dos, en plus de la brûlure de cigare. Mais je n’étais pas à plaindre, mon visage s’en remettait doucement. Dieu merci, je ne sais pas ce que je ferais si ce dernier était défiguré. Je tenais énormément à ma belle gueule. « Pas aussi fort que toi, ça c'est sûr. » Je plongeais mon regard dans le sien, un regard très intense, comme pour lire à travers son âme. Je prenais assez brusquement sa main, l’éloignant de mon visage, mais ne la lui rendis pas. Au contraire, je gardais désormais nos mains en l’air. « Qui me dit que tu n’est simplement pas une bonne actrice ? » demandais-je suspicieusement. Je n’étais pas si facile à convaincre et cette histoire me paraissait encore étrange.

Lui faire confiance. Comme si c’était si simple. Pourquoi je lui ferais confiance après tout ? Quand m’avait-elle prouvé qu’elle était digne de confiance ? Je la connaissais à peine. Nous avions passé une seule soirée tous les deux, il y a déjà des semaines de cela. Bon, d’accord, j’avais fortement apprécié ce moment passer en sa compagnie, j’avais trouvé que c’était une fille géniale, elle m’avait vraiment beaucoup plu mais avec le kidnapping et tout le tralala, cela c’était arrêter là. J’aurais surement donné suite à cette rencontre, mais les choses ne s’étaient pas passé comme prévu. Donc nous y voilà. Peut-être que cette histoire avec la mafia m’avait rendu beaucoup trop méfiant, me faisant faire des rapprochements complètement inexistants. J’étais peut-être trop parano mais à réfléchir, il valait mieux l’être que de tout prendre à la légère non ? C’était tout de même une question de vie ou de mort. Je n'savais plus quoi penser, c’était frustrant... Je réfléchissais beaucoup trop, ça m’en donnait mal à la tête.

Je la fixais, lui posait des questions. Mais au final, c’était plus à mon instinct que je faisais appel. En effet, puisque si elle était bien la personne que je suspectais, elle n’avait qu’à me dire ce qu’elle voulait en espérant que je la crois sur la parole. Cependant, si au contraire, celle-ci racontait la vérité, faute de preuves, il n’y avait que mon instinct qui pouvait me guider. La jeune femme baissa sa main, et donc la mienne par la même occasion, je n’en fis pas vraiment attention puisqu’elle s’approchait de moi, ce qui me déstabilisait quelque peu. « Peut-être que tu attends les gros bras pour en finir ? » répliquais-je toujours aussi sérieusement. Puis cette dernière me proposait un verre, ce à quoi je ne répondis pas, puisque ma méfiance ne m’avait toujours pas quitté. C’est alors que la brunette sortie son téléphone et me montrait une photo de… MON FILS, en sa compagnie. Je n’en croyais pas mes yeux. Je lâchais immédiatement sa main et prenais son cellulaire entre les miennes afin de fixer la photo tel un aveugle. Une amie d’Hannah ? C’était tellement gros, que j’en restais surpris une bonne dizaine de secondes. Ce temps écoulé, je rendis le téléphone à la jeune femme. « Ouais, j’aurais bien besoin d’un verre finalement. »