Je trouvais ça drôle d'à peine connaître ce James et pourtant, on se cherchait tout le temps. C'était pas comme avec Clyde, c'était pas parce qu'on ne se supportait pas. Je pense qu'en fait, on s'appréciait. Du moins, moi je l'appréciais, il était cool. Les filles avec qui j'étais avaient cru que c'était le bon moment pour vouloir m'acheter de la dope. Je m'empressa de leur vendre ce dont elle avait tant besoin et repris ma place. Dans la vie, je ne m'étais jamais préoccupé de ce qu'on penserait de moi à cause de ce que je fais. Mon père m'avait toujours dit que j'étais une brave petite fille parce que je le faisais pour ma famille. Je faisais quelque chose de bien, sans que ce le soit vraiment. Je pense que c'était aussi pour ça que j'essayais de sensibiliser mes proches avec la drogue. C'était mal d'en prendre beaucoup, mais la consommation de certains me permettaient d'avoir un toit sur ma tête. Quel cercle vicieux ce monde pouvait être. En allant voir les filles, je ne m'attendais pas à ce que James voit ce que je faisais. Je ne m'était pas vraiment caché, mais en même temps je ne pensais pas qu'il observerait. Pourtant, une fois revenue, j'eus droit à une petite question bien placé. Si ça vendait bien ici. Bien sûr que ça vendait bien, mais je n'allais pas lui dire d'emblée. Je vis à sa réponse qu'il n'était pas trop heureux de la situation. Qu'est-ce que ça pouvait lui faire que je vende? Je lui demanda s'il était de la police et il se rapprocha très près de moi en répondant. Je ravala ma salive, j'avoue qu'on ne me faisait pas souvent ce genre de speech. « Compris. » dis-je simplement. « Et puis honnêtement, je pense qu'on surrestime souvent ce qu'on mérite ou non dans la vie. » dis-je en réponse à son commentaire sur ce que je méritais selon lui. Je ne pensais pas mériter plus. « T'sais James, tu vends de l'alcool aux gens pour vivre, moi c'est de la drogue. On est pas si différents. » ajoutai-je après un petit silence. Je ressentais tellement son jugement. Je ne pense pas que ça faisait de moi une mauvaise personne de vouloir faire vivre mon père et mon petit frère. « C'est pour ça que je ne voulais pas te dire mon ''métier '', pour éviter ton espèce de gros jugement que tu portes sur moi en ce moment. » dis-je avec un faible sourire. Ceux qui me connaissaient depuis longtemps s'y était fait, mais c'était toujours quelque chose de faire des nouvelles rencontres. Sauf s'il s'agissait de quelqu'un qui m'achetait de la drogue bien sûr. Même encore là. On avait pas tous eu la même vie rose, hein!

Oui je n’étais certainement mais pas la meilleure personne pour donner des leçons et encore plus a une jeune fille qui ne fait que passer dans mon bar quelques fois par semaines seulement. Je voulais simplement la mettre en garde sur son trafique ici. Qu’elle gâche sa vie c’était une chose, je n’allais rien dire de précis sur ce sujet mais qu’elle le fasse au Fifty, ça c’était hors de question. Maintenant que j’avais découvert son secret, tout était différent. Je ne l’a voyait désormais plus comme une fille généreusement souriante et gentille. Mais plutôt comme quelqu’un qui cache bien son jeu. Jamais je n’aurai imaginé qu’elle trafique ce genre de stupéfiants. J’aurai aimé me tromper et faire fausse route à son sujet, mais elle n’avait pas cherché à démentir une seconde ce que j’avais pu constater de mes propres yeux. << Compris >> J’hausse rapidement les sourcils gardant mon visage plutôt proche du sien. « Bien. J’espère ne pas avoir à te mettre dehors… » lui dis-je en me redressant. Je n’avais rien contre elle personnellement mais ça me faisait de la peine de voir qu’une si jeune fille, aussi agréable soit elle fait ça. << Et puis honnêtement, je pense qu’on surestime souvent ce qu’on mérite ou non dans la vie. >> Là sur le coup, elle marque un point. « Je suis d’accord avec toi sur ce point mais… franchement… » continuais-je avant d’être coupé par sa si douce voix. << T’sais James, tu vends de l’alcool aux gens pour vivre, moi c’est de la drogue. On n’est pas si différents. >> Je secoue la tête négativement posant une nouvelle fois les coudes contre le comptoir pour me rapprocher d’elle. « Sauf que moi, quand ils ont trop bu, j’ai une conscience et je leur appelle un taxi… Et toi qu’est-ce que tu fais une fois que tu les a drogué ? » demandais-je alors. « Tu as une conscience professionnelle ou comment ça se passe ? » ajoutais-je à mon discours avant de lui tourner le dos une fois de plus afin de replacer quelques verres. << C’est pour ça que je ne voulais pas te dire mon métier, pour éviter ton espèce de gros jugement que tu portes sur moi en ce moment. >> Je me retourne vers elle croisant les bras contre mon torse. Finalement peut-être que j’avais été un peu trop sec avec elle. « Je ne te juge pas… Je ne te connais pas à vrai dire…. Je trouve juste ça dommage. Je suis sûr que tu es une fille pleine de ressources et de quoi t’en sortir autrement. Après si tout ça te conviens, tant mieux. Je trouve ça triste. » avouais-je alors en lui remettant du soda dans son verre à moitié vide. « Tu fais ce que tu veux de ta vie… Mais juste si tu pouvais faire ça ailleurs… ça m’arrangerai. Je n’ai pas envie d’avoir à vendre de la drogue pour nourrir mon fils… » dis-je sur le ton de l’ironie. C’est sûr que ce n’était pas le top. Je ne voulais pas la juger... Si je réagissais ainsi c'était finalement parce que je m'étais attaché à cette petite tête blonde qui arrivait à me faire sourire si souvent en me taquinant.

Quand James déclara qu'il espérait ne pas avoir à me mettre dehors, j'étais un peu sous le choc. J'avais mis le feu? J'avais tuer quelqu'un? Je ne pense pas. Je ne voyais donc pas en quoi c'était SI dramatique. Oui bon, c'était illégale, mais si tout le monde se taisait, y'aurait pas de problèmes. Franchement, je pensais qu'il m'appréciait comme moi je l'apprécie. Faut croire que c'était pas trop le cas. Je masqua tout de même mon expression choquée derrière un petit sourire. « Tu t'ennuierais sans moi ici. » dis-je avec un brin d'humour. Je m'en sortais souvent avec ça, l'humour. En vrai, ça me blessait un peu qu'il veule me mettre dehors. J'enchaîna un peu sur le sujet qu'il avait amener, comme si je pouvais faire tout ce que je voulais dans la vie, la bonne blague. James m'insulta un peu lorsqu'il insinua que je n'avais aucune conscience professionnelle. Et ça, c'était difficile de le cacher quand j'étais insulté. « Premièrement, je ne les drogue pas. Je pense que tout le monde est responsable de leurs choix et donc, ils font le choix d'en consommer ou non. » dis-je en haussant un peu le ton. « Ensuite, tu ne me connais pas James, alors n'essaie pas d'me faire passer pour ce que je ne suis pas. Je prend soin de mes clients, j'ai pas d'overdose ou de morts sur ma petite liste. Eh ouais, mon ardoise est propre et je dors très bien la nuit. » dis-je en me fâchant un peu. J'ajouta ensuite que c'était pour ça que j'évitais de mentionner mon métier, pour éviter les jugements. C'était pas trop bien réussi jusqu'à maintenant. Je me calma un peu, tout comme James. « C'est justement ça le problème tu vois, j'en ai pas des ressources et j'en ai pas de façons de m'en sortir. C'est ce que je fais pour payer les factures et c'est tout. » dis-je simplement. Je mis l'accent sur ces deux derniers mots parce que je voulais qu'il sache malgré tout ça, que je ne consommais aucune drogue. J'sais pas pourquoi, mais ça m'importait. Bien oui, en quelque sorte, l'avis de James sur moi m'importait un peu. Je pris une respiration pour me calmer et reposa mon regard dans celui de James. « Okay.. Je ferai plus ça dans ton bar. » dis-je simplement. Je laissa un petit silence s'installer en sirotant mon verre, puis releva ma tête après un instant. « T'as un fils? » demandai-je simplement. Pourtant, il ne semblait pas beaucoup plus vieux que moi.

J’étais loin d’apprécier le fait qu’il y ait du trafic de drogue dans le bar où je travaille, mais j’étais d’autant plus touché que celle qui était en quelque sorte une hors la loi soit Arielle. Cette jeune fille que j’avais su apprécier au fur à mesure de ses visites. Celle qui avait réussi à me convaincre de sa générosité et qui m’avait finalement fait l’apprécier. Je l’avais donc mis en garde pour qu’elle ne refasse plus ça dans ces locaux sinon j’allais être forcé de la mettre dehors ce qui était loin de me faire plaisir. << Tu t’ennuierais sans moi ici. >> Elle arrive à m’extirper un sourire affectueux. « Certainement… Que tu fasses ça, ne me regarde clairement pas, mais soit gentille, et fais ça loin d’ici. » lui dis-je. C’est sûr que la vie ne se déroule quelque fois pas comme on le voudrait. Elle nous pousse parfois à faire des choses absurdes ou décalées. Mais selon moi, on a toujours le choix. Il faut juste le vouloir pour s’en sortir et avoir un bon entourage. << Premièrement, je ne les drogue pas. Je pense que tout le monde est responsable de leurs choix et donc, ils font le choix d’en consommer ou non >> Assume-t-elle. « Oui je suis d’accord… Mais tu as déjà essayé de te passer de quelque chose quand on t’en met sous le nez à longueur de journée… ? » lui demandais-je. Je ne voulais en aucun cas la tenir responsable mais peut être lui faire prendre conscience que si elle arrêtait, ça ferai toujours ça de moins dans la ville. << Ensuite, tu ne me connais pas James, alors n’essaie pas de me faire passer pour ce que je ne suis pas. Je prends soin de mes clients, je n’ai pas d’overdoses ou de morts sur ma petite liste. Eh Ouais, mon ardoise est propre et je dors très bien la nuit. >> répliquait la jeune blondinette. Je lève les bras, je ne compte pas me battre avec elle. Après tout, elle n’est pas de ma famille… Pourquoi je me prendrai la tête pour une gamine qui ne sait pas où elle en est dans la vie… Qui la gâche certainement… Qui suis-je pour lui donner des leçons... ? « Parfait, fais ce que tu veux. Après tout, je m’en fou… » lâchais-je en soupirant. Cette discussion m’avait agacé au plus haut. << C’est justement ça le problème tu vois, je n’en ai pas des ressources et j’en ai pas de façons de m’en sortir. C’est ce que je fais pour payer les factures et c’est tout. >> J’hausse les épaules. « C’est un boulot comme un autre après tout... Et si t’as la conscience tranquille, tant mieux pour toi. » rétorquais-je. Elle avait, je pense, compris que ce que je voulais dans le fond c’était qu’elle ne traine pas ici avec ces cochonneries. <<< Okay… Je ne ferai plus ça dans ton bar. >> Je soupire une nouvelle fois. Je n’avais plus rien a lui dire. Cette activité m’avait coupé l’envie de rire avec elle bien que je l’appréciais tout de même dans le fond. Je n’avais pas à la juger par son métier mais bien parce qu’elle était, et j’avais réussi à l’apprécier. J’avais évoqué le fait d’avoir un petit garçon a ma charge. << T’as un fils. >> je souris légèrement en pensant à ma petite tête blonde. « Oui, il a deux ans. » répondis-je simplement. « C’est pour lui que je me tue à la tâche, sinon je ne serai pas là à te servir des sodas crois moi. » terminais-je par dire.

Moi qui croyait avoir commencé une belle relation avec James, au final, il s'en fichait. La personne ne comptait plus tant que ça lorsqu'on aimait pas son métier. C'était con de juger autant. Il me mettait même carrément sous le nez le fait que des gens devenaient accro à ces trucs et mourraient et tout. Comme si je n'avais pas de conscience. Comme si j'avais le monopole du traffic de drogue à Miami. Comme si j'allais chercher les gens dans leur maison pour les forcer à m'acheter. Il ne me connaissait pas du tout. J'étais, au contraire, l'une de ceux qui respectait le plus ses clients. Je voulais leur bien, leur sécurité et ne forçait personne à acheter. La seule chose que je recherchais, c'était de faire de l'argent. Je ne pouvais pas être médecin ou avocate, j'avais tout juste fini le lycée. Je ne savais rien faire d'autre, n'avait même pas eu de premier emploi comme tout les étudiants normaux. Je voulais juste permettre une belle vie à mon frère Sam, qu'il puisse faire ce que je n'ai pas pu moi-même. J'aurais bien voulu voir James dans ma vie, voir ce qu'il aurait fait avec un père qui l'encourage à 13 ans à peine d'aller vendre de la came dans les rues de Philadelphie. '' Fais ça pour moi Arielle, on a plus d'argent. Tu sauverais la famille. Pense à ta mère. '' Voilà ce qu'il me disait. Alors oui, je pensais à ma mère décédée et je me dis qu'elle n'aurait pas aimé que j'abandonne ma famille. Je lâcha un soupir après la phrase de James. Il s'en foutait. Ben tant mieux. Je finis par lui dire que je ne ferais plus ça dans son bar, mais je ne pouvais rien lui promettre, en fait. Une chose est sûre, à l'avenir il ne le saurait pas. James avait mentionné avoir un fils, je lui posa donc la question bien directement et il me confirma que oui. « T'as pas une tête à être papa. » dis-je. Je me repris ensuite, ça pouvait avoir l'air méchant. « Enfin... T'as l'air plutôt jeune plutôt. C'est ce que je voulais dire. » dis-je avec un petit sourire.  « Et t'as une pause dans ton super service de soda? » demandai-je à James. Je pense que lui derrière le bar et moi assise là, c'était pas le meilleur endroit pour parler et.. Je ne sais pas pourquoi, mais j'avais pas envie de me barrer en sachant qu'il avait cette opinion sur moi. J'avais envie d'éclaircir le tout un peu.

Finalement, il se trouve que oui, James avait une pause. « Tu veux prendre l'air un peu? » lui demandai-je. Je savais que son regard sur moi avait changé et je n'étais pas certaine qu'il accepterait, donc je ne lui laissa pas trop trop le choix. Je me leva du tabouret et pris mon sac. Les filles avec qui j'étais venue me faisaient des signes, voulant clairement d'autres trucs, mais je leur fis un léger signe de la tête comme pour dire non, puis marcha vers la porte. J'allais pas aller en revendre alors que je venais tout juste de me faire demander de ne pas le faire. Je poussa la porte et me retrouva face au vent frais. Je fis quelques pas et alla m'appuyer sur le côté de la bâtisse en regardant James. « T'as déjà accepté de faire quelque chose pour quelqu'un que tu aimes vraiment beaucoup et au final tu n'avais aucun moyen de t'en sortir? » demandai-je simplement. Je n'étais pas malheureuse dans mon mode de vie, mais en vieillissant je me rendais compte que j'avais raté beaucoup de chose et que j'aurais peut être aimé pouvoir aller à la fac comme tout le monde.

C’est certainement parce que j’appréciais Arielle que je me comportais ainsi avec elle. Cette jeune femme avait l’air d’avoir de belles capacités pour faire de grandes choses et elle n’avait trouvé rien de mieux que de dealer. Je trouvais ça terriblement triste. Même si je ne la connaissais pas plus que ça, que nous n’avions que discuter de sujets sans importances autour d’un soda, j’avais l’impression qu’elle ne faisait pas ça pour son propre plaisir en tout cas. La découverte de son activité professionnelle avait laissé un froid entre nous, jusqu’à ce qu’elle me demande la confirmation de ma paternité. << T’as pas une tête à être papa. >> J’arque un sourcil avant qu’elle ne se rattrape << Enfin… T’as l’air plutôt jeune. C’est ce que je voulais dire. >> Je souris légèrement. « Tu n’avais pas l’air d’une dealeuse non plus et pourtant tu l’es… » lui lançais-je. « Désolé… » tentais-je de me faire pardonner. « J’pense que parfois on ne décide pas de ce que la vie veut faire de nous… Ce n’était pas prévu, mais aujourd’hui je ne regrette rien, je l’élève seul, et j’en suis très fier. » avouais-je.

<< Et t’as une pause dans ton super service de soda ? >> J’hoche la tête positivement pour li confirmer que j’avais une pause. << Tu veux prendre l’air un peu ? >> Je sors de derrière le bar, posant le torchon sur le comptoir. « Pourquoi pas… » répondis-je à la jeune femme blonde. J’observe silencieusement ses camarades qui lui font signe mais qu’elle refuse de retrouver. Un léger sourire s’affiche sur mon visage alors que je la suis au dehors du bar. Une fois la porte franchie, je glisse mes mains dans mes poches de jean. Le vent souffle plutôt fort ce soir, et la fraîcheur de la nuit se fait sentir. Je me place face à la jeune demoiselle qui s’adosse au mur de l’établissement. << T’as déjà accepté de faire quelque chose pour quelqu’un que tu aimes vraiment beaucoup et au final tu n’avais aucun moyen de t’en sortir ? >> J’hausse une fois de plus les épaules et me racle le fond de la gorge. « Tu sais, servir des sodas et de l’alcool n’est pas le métier de mes rêves. Mais je le fais pour mon fils. Pour qu’il ne manque de rien, pour le gâter et qu’il ne ressente pas l’absence de sa mère. » lui avouais-je. « Mais je le fais parce que je n’ai pas d’autre solutions pour le moment. J’ai arrêté mes études quand j’ai su que j’allais être père… Ce n’était pas malin, mais on était jeune et il fallait de l’argent pour le bébé. » terminais-je. « C’est vrai que la vie n’est pas drôle tous les jours, et je ne sais pas ce qui t’a poussé a dealer, mais je pense que si tu veux vraiment t’en sortir, tu dois t’en donner les moyens. » concluais-je en souriant légèrement. Je n’étais pas le mieux placer pour faire la morale ou juger, mais si je me permettais de le faire c’était avant tout qu’elle fasse quelque chose qui lui plaise vraiment.

Décidément, James n'allait pas me lâcher avec ça. Commentaires par dessus commentaires et tous moins agréable les uns que les autres. P'tête qu'il l'avait eu facile dans la vie, peut être qu'il ne comprenait pas trop qu'à un moment, de l'argent c'était de l'argent, peu importe comment on le gagnait. Fallait vraiment en manquer pour comprendre à quel point c'était important d'en avoir. Pourtant, il avait un fils. Il devait savoir comment ça pouvait être difficile parfois. Mais bon, je ne m'attendais pas à ce qu'il comprenne. À son commentaire, je me contenta de lever les yeux vers lui. Mon regard voulait certainement tout dire. Il s'excusa tout de même, conscient qu'il avait un peu dépassé la limite. J'appréciais qu'il s'excuse. « C'est bon. » lui dis-je avec un faible sourire. Dealer ne me définissait pas, pas du tout même. Je l'écouta parler de son fils, comment ce n'était pas nécessairement prévu, mais qu'il en était vraiment fier. Je souris en l'écoutant. J'aimerais, un jour, avoir quelque chose qui me rendra autant heureuse, qui me rendra fière. « Y'à de quoi. » lui répondis-je simplement. C'était même plutôt impressionnant.

Je laissa passer quelques minutes, puis demanda à James s'il avait une pause. J'avais envie de prendre l'air, mais aussi de discuter un peu. Ce n'était pas l'endroit parfait au bar parce que ça devenait un peu plus sérieux, plus personnel disons. James me suivi jusqu'à l'extérieur et après un petit silence, je lui posa une question. C'était plutôt flou, mais en même temps je pense qu'il comprendrait davantage ma situation. James y alla même d'une petite confidence. « Rien ne t'empêche d'y aller.. À l'école. Il va vieillir ton fils, ta vie pourra être plus stable. » suggérai-je à James. « Enfin.. J'dis ça comme ça, j'y connais rien. » ajoutai-je avec un sourire. James ajouta ensuite une bien jolie phrase comme quoi je devais me donne les moyens de m'en sortir si je le voulais. On aurait dit que c'était moi qui prenait de la drogue et pas que je la vendais. Ça me fit rire un peu. Je laissa un silence planer quelques instants. « C'est mon père. » ajoutai-je suite à ce silence. Je vis que James ne semblait pas trop saisir. « C'est mon père qui m'a poussé à dealer parce qu'on avait besoin d'argent après le décès de ma mère. J'avais genre.. 11 ans. » dis-je simplement, sans émotions. J'haussa les épaules avec un léger sourire. Mauvais souvenirs tout ça, mais je ne voulais pas de la pitié des gens. C'était une vie comme une autre. C'est pour ça que je changea de sujet. « Il est arrivé quoi avec la mère de ton fils? » demandai-je à James.

J’avais l’air certainement trop insistant sur le sujet, mais je trouvais ça tellement dommage d’en arriver là. Alors oui, je sais que parfois la vie n’est pas facile, que l’argent peut parfois manque. Je sais de quoi je parle, j’suis passé par là après le départ de Joy, mais je n’aurai pas pu faire ce genre de manigances. Je trouve ça triste, encore pire pour ceux qui le font par plaisir. Heureusement Arielle n’est pas dans ce cas d’après ce que j’ai compris. Mais ça n’enlève rien au problème. C’est vrai que parfois j’ai tendance à être trop cru dans mes mots, dans ma façon de parler, mais souvent je m’en veux la seconde d’après. Je parle souvent trop vite, sans réfléchir aux conséquences et c’est ce qui se passe une fois de plus dans ce bar face à Arielle. << C’est bon. >> J’hausse légèrement les épaules avant de retourner à mes occupations. Parce que oui, à la base je suis censé travailler et non me détendre en bonne compagnie. J’avais accidentellement parlé de Logan, mon fils, et Arielle s’était empressé de me poser des questions à son sujet. Même si tout n’est pas facile tous les jours, je suis plutôt fier du petit garçon qu’il devient. « Ma sœur m’a aidé aussi… c’est d’ailleurs pour être près d’elle que j’ai débarqué à Miami il y a un an maintenant. » Lâchais-je à la jeune femme. Une petite révélation à mon sujet. Je pensais que ça allait détendre un peu l’atmosphère qui était devenue pesante depuis la découverte de son métier.

Le silence planait au-dessus de nous jusqu’à ce qu’elle décide de m’inviter à prendre l’air. C’était l’heure de ma pause, tu parles d’un hasard. Je l’avais alors suivi sans trop rien dire, observant la scène sous mes yeux. Arrivé à l’extérieur, Arielle enclenche la première la discussion. Bizarrement je lui révèle quelques trucs sur mon passer, ma vie. << Rien ne t’empêche d’y aller… A l’école. Il va vieillir ton fils, ta vie pourra être plus stable, enfin je dis ça comme ça, j’y connais rien >> Je souris après avoir déposé mon regard sur elle. « Je ne me vois pas reprendre mes études aujourd’hui. J’ai besoin de travailler pour subvenir à ses besoins, c’est la vie. » ajoutais-je alors avant de lui faire une leçon de morale sue le fait de vouloir s’en sortir… De belles paroles, certainement. J’suis peut-être peu crédible en disant ça, mais je pense avoir démontrer en élevant Logan seul que quand on veut, on peut. Parfois c’est compliqué, je peux l’admettre… Mais pourquoi ne pas simplement essayer ? Elle ne répond pas vraiment à mon beau et grand monologue de beau parleur et donc le son de la ville le soir raisonne dans mes oreilles avant qu’elle ne poursuive. << C’est mon père. >> Me dit-elle. Je tourne et baisse ma tête vers elle – oui parce qu’elle est petite – et le regarde avec incompréhension totale. << C’est mon père qui m’a poussé à dealer parce qu’on avait besoin d’argent après le décès de ma mère. J’avais genre… 11 ans. >> J’suis quelque peu abasourdis par cette révélation. Comment un père peut demander ça a une enfant de 11 ans. « Oh, j’suis désolé pour ta mère. » dis-je dans un premier temps. « T’as jamais penser à lui dire non… à ton père ? » lui demandais-je simplement, avant qu’elle ne poursuivre en posant une question… déplacée ? << Il est arrivé quoi avec la mère de ton fils ? >> C’était un peu personnel comme question mais après tout j’avais fait la même chose a propos de son « métier » Je soupire en pensant à Joy et son retour. « Elle est partie alors que Logan n’avait que quelques mois. Sans un mot, du jour au lendemain. » Je place mes mains dans mes poches en collant mon dos au mur, regardant droit devant moi. « Et là… il y a quelques jours, elle débarque, comme une fleur, me menaçant de récupérer la garde de mon fils… » terminais-je par dire. C'était étrange de me confier à une jeune femme que je ne connaissais pas plus que ça. Mais on dit souvent qu'il est plus simple de parler à des inconnus non ?

Je ne savais pas trop pourquoi au juste j'avais décidé de me confier un peu à James, surtout qu'il semblait TELLEMENT me juger. Peut être parce que j'en avais marre de ne rien dire, de simplement subir. Peut être parce que c'était plus facile ainsi. Après tout, si j'en avais envie, je pouvais juste décider de ne plus jamais le revoir de toute ma vie donc... Ce qu'il savait de moi, je m'en fichais un peu maintenant. Tant qu'à ce qu'il me juge par une première impression, autant qu'il me juge pour la personne au complet. J'avais donc amener James dehors parce que c'était son temps de pause et que ce serait plus évident de parler comme ça. James parlait, comme si la vie était si facile, si simple. Comme si faire un choix était simplement une question de oui ou non. Ce n'était pas le cas, pas pour moi. Je décidai donc de lui faire une grande révélation. Souvent, on savait que je dealais. On savait que je ne l'avait pas facile, mais on ne savait pas pourquoi ni comment tout ça était arrivé. « Merci. Enfin, ça fait quelques années, c'est bon. » dis-je simplement en secouant la tête. Pas que la mort de ma mère ne me faisait plus rien, elle avait tout de même été abattu à son job, mais disons que je n'aimais pas trop attirer la pitié des gens. Souvent, on disait désolé par politesse. J'en avais pas besoin. Je laissai le silence s'installer un peu, je pense que James digéra ce que je venais de dire. Ce n'était pas évident à comprendre lorsqu'on ne le vivait pas. Sa petite question qui brisai le silence me fit rire. « Heum... Non? Pas possible. » dis-je en le regardant d'un drôle d'air. « Si t'étais la seule personne de ta famille apte à la faire vivre, à faire en sorte que tout le monde mange et ait un toit sur la tête... Tu dirais non? » demandai-je en fronçant les sourcils. Mon père et mon frère comptaient sur moi. Je ne pouvais pas tout simplement dire non. Je changea de sujet parce que je voulais un peu lui rendre la pareille, en savoir plus sur lui. Je posa donc une question que je savais être indiscrète, mais je ne savais pas vraiment à quel point. Cela touchait sa vie plus personnelle, son fils. James me confia que la mère de son fils s'était barré. Classique, quoi. Je n'ajoutai rien, puisque lui oui. Sa réponse me fit grimacer. « Wow. Comme si elle avait une chance, elle l'a tout de même abandonné. » dis-je simplement. « Tu vas te battre, n'est-ce pas? » demandai-je comme une évidence. « J'suis certaine que t'es un bon père » ajoutai-je ensuite. Après tout, le côté paternel était très évident chez lui.

Finalement prendre l’air était une bonne idée. Ca aère l’esprit et ça détend l’atmosphère. Même si dans un premier temps le silence planait au-dessus de nous. C’est la jeune femme qui commence à me raconter quelques épreuves de sa jeune vie. Elle avait perdu sa mère, et je trouve ça triste, non ce n’est pas de la pitié, loin de là, c’est touchant, son histoire en vient à être touchant alors qu’au premier abord je trouvais ça révoltant. << Merci. Enfin, ça fait quelques années, c’est bon. >> je soupire en regardant droit devant moi. « Oui peut-être, il n’empêche que ça a pas dû être facile. » lui lâchais-je avant de reposer mon regard sur elle. Ses confidences ne s’arrête pas là. Son père est la cause de son métier. Ca avait l’air drôle ce que je dis. Je l’observe alors sans rien dire. J’ai une tête de clown ? << Heum.. non ? Pas possible. >> J’hausse les épaules, un peu dans le flou. Ne demandant pas plus d’explications, sauf qu’elle avait décidé de m’en donner un peu plus. << Si t’étais la seule personne de ta famille apte à la faire vivre, à faire en sorte que tout le monde mange et ait un toit sur le tête… Tu dirais non ? >> Je grimace légèrement. « J’en sais rien, je n’ai pas été dans cette situation avant mon fils. Mais c’est plutôt le rôle d’un père de faire ça, pas aux enfants… Pourquoi lui n’a rien fait ? » demandais-je par la suite. Oui j’étais sans doute un peu indiscret mais autant y aller vraiment non ?
Logan était placé à présent au cœur de la conversation, ou plutôt Joy, sa mère. Oui elle avait décidé d’abandonner son fils et de revenir le cœur sur la main comme si de rien n’était et surtout me menaçant de me prendre mon fils. << Wow comme si elle avait une chance, elle l’a tout de même abandonné. >> Je souffle passant rapidement ma main dans mes cheveux. « Oui mais, regardes, j’suis barman, je rentre tard… Ce n’est pas vraiment une vie pour élever un enfant, c’est pas très stable. Elle, elle a tout pour lui offrir quelque chose de plus fixe... Bien sûr que je vais me battre, mais j’ai peur de ne pas pouvoir l’empêcher d’obtenir une garde. » m’exprimais-je. << J’suis certaine que t’es un bon père. >> Je souris tendrement. « J’essaie du moins. » J’observe mon écran de téléphone, affichant l’heure. « Bon… Faut que j’y retourne… Tu fais quoi toi ? » lui demandais-je ensuite. Je me devais de travailler un peu tout de même. J’étais pas payer à discuter et le monde commençait clairement à arriver.