Deux semaines, déjà trois traitements. Mon système commençait à se fatiguer, je perdais patience, je perdais même un peu mes cheveux. Je ne voulais toutefois pas y penser. Je continuais à vivre ma vie comme je l’avais laissé. Je travaillais, je jouais avec Eliott le soir et je faisais à manger. Je savais très bien que ça ne plaisais pas à Colton, il me passait des remarques comme quoi je devais me reposer. Mais je ne voulais pas. Est-ce que c’était la meilleure chose à faire? Peut-être pas… mais c’était ce que j’Avais besoin de faire pour me sentir normale, pour me sentir encore tellement vivante malgré mes 60% de chance que la mort m’arrache à ma vie beaucoup trop. Il m’arrivait d’être malade, mais c’était que de passage… mon rendez-vous pour un avortement était d’ailleurs prit pour le lendemain. Je ne pouvais quand même pas continuer d’avoir des traitements en étant enceinte, je le savais… ça m’avait pris un moment avant de prendre la décision. J’avais choisis ma vie, la vie que j’avais déjà à celle d’un petit fœtus. Ça me brisait le cœur mais la vie était comme ça : injuste et remplies de décisions déchirantes… malheureusement.

Ce matin-là… je me suis levé en retard. Je bondis du lit d’un coup en voyant l’heure d’affiché sur mon réveil matin. Je n’entends d’ailleurs pas de bruit au rez-de chaussé et pour la peine, j’en veux à Colton car je sais qu’il a fait exprès pour me faire dormir plus longtemps et m’empêcher de me rendre à mon travail. On ne s’entend pas bien présentement car il tente de prendre trop soin de moi et je ne le laisse pas faire. Résultat : on est constamment frustrés l’un contre l’autre. Je m’habille en vitesse et je descends l’escalier rapidement.

SKY : « COLTON? Pourquoi tu ne m’as pas réveillé… je sais que t’as fait exprès et ce n’est pas… »

Je m’arrête d’un coup une fois dans la salle à manger où je retrouve mon mari assit en compagnie de ma mère et mon fils. Mon cœur fait un bond pendant que je termine d’attacher ma montre à mon poignet.

SKY : « Maman? Qu’est-ce que tu fais ici? »

Sur le coup, j’ai peur… j’ai peur que Colton lui a tout balancé. Je jette un regard à ce dernier qui me regarde également. Il n’a quand même pas osé?

Ma femme vit une récidive de son cancer, nous vivons une récidive. Ce n'est pas facile, d'autant plus que le médecin a été honnête et qu'il nous a annoncé qu'elle a 40 % de survie. 40 %, c'est moins d'une chance sur deux. Suis-je prêt à faire face à une telle chose? Absolument pas. Je ne suis pas prêt et Sky non plus n'est pas prête. Elle n'est pas prête, je ne suis pas prêt et notre fils ne l'est pas non plus. Ma femme a commencé à suivre ses traitements et ça la fatigue énormément. J'ai plus d'une chance sur deux de me retrouver veuf pour une deuxième fois en moins de cinq ans. Si je dois perdre ma femme, il est évident que cette fois je ne m'en remettrai pas. Je ne peux pas être veuf pour la deuxième fois à 33 ans et avoir quatre enfants sur les épaules. Bref, tout ça pour dire que c'est une situation difficile qui nous pousse à se disputer sans arrêt. Je désire qu'elle cesse ses activités, qu'elle se repose, mais elle ne veut pas et je ne peux pas la forcer à arrêter puisqu'elle est majeure. Tout ce que je peux faire c'est de la regarder aller et rester fort.

Ma femme est enceinte de notre deuxième enfant, mais nous avons pris la décision d'avorter parce qu'elle doit subir des traitements et que la vie de mon épouse est plus importante que celle d'un fœtus. Ce n'est pas égoïste. Notre fils a besoin de sa mère. Je ne veux pas que notre fils grandisse sans sa mère comme mes trois autres enfants grandissent sans la leur. Sky doit avorter demain et je sais que ce n'est pas facile pour elle, mais c'est sa vie qui est la plus importante.

M'étant levé tôt, j'ai laissé ma femme dormir pendant que je suis allé reconduire les enfants à l'école et à la garderie en compagnie d'Eliott. J'ai d'ailleurs donné rendez-vous à la mère de Sky dans un petit café où je suis allé la retrouver pour lui expliquer la situation. Sa fille est malade, elle doit se battre pour sa vie, il est donc important qu'elle le sache.

Suite à cette conversation, nous sommes de retour à la maison, assis à la cuisine lorsque Sky se pointe finalement. Encore une fois, elle me parle sur un ton bête jusqu'à ce qu'elle remarque que sa mère est aussi présente. Je regarde ma femme sans dire un seul mot.

ASHLEY : « Je... je connais le meilleur des médecins, il travaille en Allemagne. Tu vas prendre l'avion demain avec moi et nous allons allé le voir. »

Je suis déjà hors de moi d’être en retard au boulot, ce n’est rien comparativement à la mauvaise surprise que j’ai que de retrouver ma mère assise à ma table de salle à manger. J’ai le cœur qui se met à battre tellement fort et tellement vite que j’ai le pouls qui résonne dans ma tête. J’ai beau me dire que ça ne se peut pas… je dois en venir à la conclusion que Colton lui a tout raconté. Il m’a pas respecté dans mes choix et voilà qu’elle veut m’amener en Allemagne dès le lendemain. C’est complètement insensé.

SKY : « De quoi est-ce que tu parles? Je vais très bien. »

Bon, c’est un peu stupide d’essayer de nier le tout alors que j’ai la confirmation qu’elle est au courant de mon état de santé à cause que mon mari a décidé de s’ouvrir la gueule. Je ne suis pas heureuse. Je me contente de ne rien ajouter de plus pour me rendre à la cuisine et me servir un café, comme si j’espère que la conversation en restera là… mais ce n’est pas le cas. Je dois faire face à la réalité et pourtant, je ne veux pas. Je m’interdis de m’afficher comme étant malade, je vais bien… je ne suis pas un top de ma forme, mais je suis capable de fonctionner et tant que ça sera le cas, je compte continuer.

SKY : « Ce n’est pas que je ne veux pas parler avec vous, mais je dois aller travailler moi. »

Je prends une gorgée de café et comme je viens pour contourner la table, ma mère se lève pour se placer devant moi et me prendre le bras. Je me tourne donc pour la regarder. Je n’aime pas ce gars, le petit regard à la fois inquiet et frustré.

ASHLEY : « Tu ne retourneras pas travailler tant et aussi longtemps que tu ne seras pas guéris Sky »

Je me défais d’un coup du bras de ma mère avant de déposer brusquement ma tasse sur la table, faisant éclabousser un peu le café. Mon regard se pose sur mon mari.

SKY : « Qu’est-ce que tu lui as dit han? Pourquoi t’être mêlé de tout ça alors que je m’entête à te dire que je ne veux pas ?!?!?! » Je retourne la tête vers ma mère. « Il t’a surement fait passer ça pour pire que ce l’est vraiment… »

Parler à la mère de Sky, à ma belle-mère, est la seule chose que j'ai trouvé à faire. Elle a le droit de savoir que sa fille est malade. Sky n'a pas uniquement un petit rhume, elle est maladie, gravement malade. Je ne pouvais pas cacher une telle chose à ma belle-mère et à mon beau-père. S'il devait arriver quelque chose à Sky, ils m'en voudront de ne leur avoir rien dit. Sky dit n'avoir besoin de rien, mais ce n'est pas vrai. Elle a besoin de l'amour de ses parents, de la force de ceux-ci. Même si elle joue à l'indépendante, elle a besoin de savoir qu'elle n'est pas toute seule, qu'il y a des gens qui l'aiment qui sont avec elle. Je me trouve pris entre Sky et sa famille.

Alors que ma belle-mère parle à sa fille, qu'elle lui dit qu'elle l'emmène en Allemagne avec elle dès demain, je reste silencieux. Que voulez-vous que je dise? Je suis d'accord avec madame Ashley. Il faut mettre toutes les chances de notre côté et s'il faut aller à l'autre bout du monde pour voir le meilleur médecin du monde, alors nous le ferons.

Sky ne semble pas vouloir écouter puisqu'elle dit qu'elle doit partir. C'est toujours plus facile de prendre la fuite pour ne pas écouter les gens. Ma femme doit écouter sa mère, écouter ce qu'elle a à dire pour une fois. J'ai fait aussi appelle à ma belle-mère parce que je ne sais plus quoi dire à Sky. Elle ne m'écoute plus, elle m'ignore, c'est très compliqué à la maison. Bref, je regarde Sky qui dépose assez brusquement sa tasse. Du café tombe même à côté de la tasse. Une chance que personne n'avait les mains là parce que ça aurait été des brûlures assurées.

IAN : « Pourquoi? Parce que je t'aime et je me m'inquiète pour toi! »

Je la regarde alors qu'elle regarde sa mère et je vais déposer notre fils dans son parc au salon. Je vais perdre patience si ça continue comme ça et ça ne sera pas très beau à voir. Je ne serai plus le gentil Colton tout doux.

Je ne suis pas horrible, je sais très bien que ma mère est en droit de savoir ce qui se passe avec ma santé. Je sais très bien qu’à un moment j’allais devoir y en parler mais je ne pensais pas que ce moment allait arriver lorsque Colton allait en décider et ce, sans me consulter. C’est ma vie jusqu’aux dernières nouvelles et même si j’ai décidé de l’aimer jusqu’à ce que la mort nous sépare, ça ne lui donne pas le droit de prendre des décisions me concernant sans m’en faire part avant. J’aurais aimé que les choses se passent autrement. Je lui aurais très certainement dit avant même que perdre mes cheveux car elle s’en serait rendu compte. Pour le moment, j’avais encore la force d’être efficace au boulot mais visiblement, je n’avais même plus le droit d’envisager de m’y rendre. Ma mère voulait me trainer en Allemagne et venait même de me dire que je n’allais pas retourne travailler tant et aussi longtemps que ma santé n’allait pas me le permettre. Je suis hors de moi, je jette un regard à mon mari qui, à ce que je lui demande tente de me prendre par les sentiments en parlant du fait qu’il m’aime. Je le sais ça… mais il n’a pas le droit de me dire ça comme ça, comme si c’est une réponse universelle qui permet tout. Je fronce les sourcils alors qu’il se permet de prendre Eliott et de partir un peu plus loin dans le salon.

ASHLEY : « Il a fait ce qu’il fallait Sky. »

Depuis quand est-ce qu’elle prend sa part? Elle ne l’a jamais aimé, elle ne fait que le supporter depuis qu’Eliott est né car elle n’a jamais été pour notre relation et voilà que Colton McCarthy devient un Dieu vivant à ses yeux? C’est du grand n’importe quoi. Je fronce les sourcils en secouant la tête, complètement dépassée par la situation.

SKY : « Maman, si j’en ai pas parlé maintenant c’était parce que je n’étais pas prête à le faire pour l’instant mais visiblement, quelqu’un a décidé de le faire à ma place. »

Je pointe Colton un peu plus loin en regardant toujours ma mère droit dans les yeux. Je vois bien qu’elle a de la peine, qu’elle est inquiète et ça me fend le cœur en deux de faire autant de mal à mon entourage. Foutue maladie de merde.

SKY : « Je ne te suivrai nulle part demain parce que je dois aller  me faire avorter. » dis-je d’un ton beaucoup trop calme pour l’état dans lequel je suis. « C’est peut-être un petit détail que Colton a oublié de te mentionner mais je ne suis pas seulement malade : j’attends également mon deuxième enfant que je ne pourrai pas avoir à cause de tout ça, à cause de cette foutue maladie qui me gâche la vie et c’est le cas de le dire parce que l’année prochaine à cette date-ci, je serai peut-être déjà plus là.  »

Je devais le dire à la mère de Sky parce qu'elle le droit de le savoir et aussi parce que je ne veux pas vivre tout cela seul. Je sais qu'elle ne m'a jamais vraiment aimé, pour aucune raison d'ailleurs, mais pour le moment la santé de sa fille est plus importante que n'importe quoi d'autre. Sky a le cancer, elle ne doit prendre cela à la légère, c'est grave, c'est une maladie sérieuse dont beaucoup de gens meurent malheureusement. Je ne suis pas prêt à perdre Sky parce qu'elle est ma femme, qu'elle est jeune et que notre fils a besoin d'elle. Je sais que Sky m'en veut et je ne lui en veux pas parce qu'elle le droit. Je pense avoir fait ce qui est le meilleur à faire.

Étant au salon avec Eliott que je dépose dans son petit parc, je le regarde longuement et je ferme yeux en prenant une grande respiration. Je ne peux pas craquer, je dois reprendre le-dessus. Je prends une nouvelle respiration et j'ouvre les yeux doucement. Bon, ça va aller, mais je reste tout de même un peu au salon avant de retourner très tranquillement à la cuisine. Je reste dans l'encadrement de la porte lorsque Sky me pointe. Je n'ai effectivement pas parler du bébé à ma belle-mère parce que je ne le jugeais pas important étant donné que la santé de Sky est beaucoup plus importante que ce bébé.

IAN : « NE PARLE PAS COMME ÇA, JE T'INTERDIS DE PARLER COMME ÇA. »

Dis-je fortement en restant à ma place. Je suis tanné de l'entendre être toujours négative depuis que nous avons appris que nous devrions se battre de nouveau contre la maladie. Quand elle parle comme ça c'est comme si elle voulait mourir, c'est comme si elle voulait que la maladie gagne. Je la regarde avant de retourner au salon.

Ashley reste surprise du ton utilisé par Colton pour parler à sa fille. Elle le regarde quitter et une fois qu'elle ne le voit plus, elle se tourne vers sa fille.

ASHLEY : « Pourquoi ne m'as-tu pas dit que tu es enceinte? Tu l'aurais gardé si la situation n'avait pas été la même? »

Je ne fais pas exprès pour être négative de la sorte et mener la vie dure à mon mari. Je ne fais pas exprès pour le faire perdre patience. C’est juste impossible pour moi de garder le moral et de faire semblant que tout va bien alors que ce n’est pas le cas. J’ai peur, j’ai tellement peur de partir et de laisser les gens que j’aime ici. J’ai peur que mon mari perdre une fois de plus sa femme et mon fils se retrouve sa maman pour le restant de sa vie. Plus j’y pense, plus j’ai juste envie de pleurer. J’ai constamment cette boule dans la gorge, cette sensation de brulure que je traine partout. Il n’y pas pire sensation que de sentir soumise et faible face à une maladie qui se propage à l’intérieur de nous sans que nous puisons faire quoi que ce soit sauf espérer que les traitements fonctionnent. Quand c’est rendu que ta vie dépend de produits chimiques… c’est que ça va mal. Je suis rendu là et je vais mal! J’en veux à Colton d’en avoir parlé à ma mère car cette dernière maintenant s’invente des scénarios comme si elle était en contrôle de la situation. Elle n’est en contrôle de rien, personne ne l’est. Je ne peux la suivre à l’autre bout du monde car je suis enceinte en plus d’être malade. Comme quoi ma vie est de la merde et pas rien qu’un peu. Suite à mon petit commentaire, le père de mon fils se met à me crier d’arrêter de dire ça. Pour la peine, je suis surprise, mais je ne le laisse pas paraître. Je me contente de détourner le regard en secouant la tête avant qu’il nous laisse seules ma mère et moi.

SKY : « Je ne sais pas maman et personnellement… j’aime mieux ne pas y penser car je ne peux pas changer les choses de toute façon. »

Je ne veux pas penser au fait que « si les choses avaient été différentes » car les choses ne sont pas différentes et elles ne le seront jamais. Je dois assumer cette vérité et ne pas commencer à m’imaginer en santé et heureuse. Je suis malade et triste, en colère et complètement apeurée. Ma mère comprend où je veux en venir c’est pourquoi elle n’ajoute rien à ce sujet. Je me laisse lourdement tomé sur une chaise de la cuisine en fixant ma tasse que je n’ai pas touchée et qui s’est un peu vidé sur la table.

SKY : « Je veux pas la pitié de personne, je voulais juste continuer à me sentir normale pour le temps qu’il restait avant que je ne perdre mes cheveux et que je commence à être trop faible pour faire quoi que ce soit mais ça visiblement, personne ne le comprend… »

En commençant par mon mari qui vient de littéralement péter sa coche.

La vie est très difficile présentement. Notre mariage n'est pas fort fort et la vie à la maison est terrible. Ma femme m'évite, je m'occupe des quatre enfants tout seul, je fais le ménage, le lavage, les repas, je m'occupe du chien... je n'ai plus de vie de couple. Malgré tout je ne me plains pas parce que je ne suis pas malade. Il manquerait juste ça que je sois malade. Je voudrais juste que tout redevienne comme avant. Peut-être que notre histoire d'amour est maintenant terminée, que ce n'était qu'une histoire temporaire et que nous ne nous sommes embarqués trop vite. La seule chose que je sais présentement c'est que j'aime ma femme malgré cette difficile épreuve que nous vivons.

Je reste au salon parce que j'ai besoin "d'air" un peu. Je voulais uniquement bien faire en avertissant Ashley de la situation. Je me suis dit que peut-être que Sky aurait bien besoin de sa mère. Peut-être qu'elle aurait besoin de se confier à elle parce qu'elle ne confie pas à moi. Ce n'est pas des blagues, je suis rendu comme un étranger pour elle. Nous ne parlons plus, nous ne nous regardons plus. Je suis toujours là à trouver des excuses pour expliquer aux enfants pourquoi Sky ne vient plus avec nous faire des activités, pourquoi elle sort sans cesse avec ses amis...

Dans la cuisine, Ashley apprend que sa fille est enceinte et qu'elle doit se faire avorter demain. Elle ne s'attendait pas à une telle nouvelle. Sa fille doit se faire soigner, elle n'a pas le choix d'avorter puisque des traitements de chimiothérapie et de radiothérapie pourraient causer bien des dégâts chez ce futur enfant.

ASHLEY : « Beaucoup de traitements aujourd'hui ne font pas en sorte que tu perdes tes cheveux. La médecin a évolué Sky. Tu ne perdras peut-être pas tes cheveux. Ne pense pas au pire. Puis si tu dois perdre tes cheveux, alors tu les perdra. Le plus important c'est ta santé. Nous allons te guérir et tout ira bien. »

Elle lance un regard vers le salon où Colton est assis sur le canapé, la tête entre les mains. Elle a de la peine pour sa fille, pour son gendre et pour son petit-fils.

ASHLEY : « Il ne faut pas que lui en veuille Sky. Il t'aime, il veut ton bien. »

Oui, elle a bien dit ça. Elle vient de dire quelque chose qu'elle n'aurait jamais pensé dire un jour au sujet de Colton.

Voilà, ma mère sait tout maintenant. Ce n’est pas parce que je le voulais, non… on m’a même pas informé avant de lui en glisser un mot. À ce que je sache, c’est de ma santé qu’il s’agit mais décidément, ça n’a pas d’importance. Je pète un peu les nerfs et Colton aussi. Je suis un peu gênée que ma mère assise à ça mais bon. Cette dernière tente de me rassurer sur le fait que je ne vais peut-être pas perdre mes cheveux, nous allons bien voir mais d’après les médecins, mes traitements seront très ardus. Je suis plus que surprise lorsqu’elle se met à prendre un peu la défense de Colton. Je la regarde un petit moment avant de secouer la tête et soupirer.

SKY : « Je sais maman… je sais. »

Je sais que mon mari m’aime et je l’aime comme une folle également. Je ne l’aime  pas moins, je l’aime probablement encore plus chaque jour et c’est bien ça qui me blesse encore plus là-dedans. Peut-être que les gens ne comprennent pas ma réaction mais dans ma tête, ça fait tout son sens. Je tourne la tête en direction de Colton puis je regarde ma mère de nouveau.

SKY : « Je crois que tu devrais partir maintenant, je vais t’appeler demain, promis. »

J’ai juste terriblement besoin de me retrouver toute seule pour l’instant. J’ai besoin de penser à tout ce qui vient de se passer. Je dois me calmer aussi car j’ai les nerfs à vifs sachant que je ne pourrai plus travailler et que ma mère est maintenant au courant de ce qui se passe. Le fait que mon couple battre de l’aile me fait tellement de mal en même temps même si je me montre froide et distante, j’en souffre énormément même si je suis consciente que je suis la principale responsable de tout ça. C’est plus facile pour moi de repousser mon mari que de l’inclure dans cette maladie et dans cette bataille contre la vie. Il ne mérite tellement pas une femme malade, il mérite une femme heureuse et en santé et ce n’est pas moi, ce n’est plus moi. J’accompagne ma mère jusqu’à la porte et après qu’elle m’ait serré dans ses bras, je monte l’escalier et je m’enferme dans ma chambre pendant plusieurs heures.

C’est vers l’heure du souper que je ressors, ça sent bon dans la maison et je décide donc de descendre l’escalier, les yeux tout enflés par les pleurs, pour me rendre à la cuisine. Je décide de me servir une petite assiette de spaghetti et de m’installer à ma place que je n’ai pas prise depuis longtemps déjà.

XAVIER : « OH! Sky mange avec nous wouhou!!!! »

Je me tourne vers le petit à qui je fais un sourire parce que quelque part, sa joie réchauffe mon cœur.

Je ne dis plus rien parce que je sais que je vais me fâcher et je ne le veux pas. Je ne sais plus comment agir, je ne sais plus quoi dire et c'est pour cela que j'en ai parlé à ma belle-mère même si celle-co ne m'a jamais porté dans son cœur. Je n'ai jamais compris pourquoi elle ne m'aime pas et probablement que je ne le saurai jamais. Cette femme est tout simplement jalouse de sa fille, du moins c'est ce que j'ai cru comprendre dès le moment où j'ai été présenté à ses parents. Je ne comprends pas qu'une mère puisse être jalouse de sa fille. Un parent veut toujours que son enfant fasse mieux que lui, non?

Après un moment, ma belle-mère quitte la maison et Sky disparaît aussi tôt dans la chambre. Je la laisse faire parce que je sais qu'elle m'en veut et qu'elle ne me pardonnera pas pour le moment. La journée passe et, encore une fois, je la passe totalement seul avec Eliott. Je fais le ménage, je fais l'épicerie et je vais chercher les médicaments de Xavier à la pharmacie.  

C'est vers 15h45 que je vais chercher les enfants à l'école et à la garderie. Nous revenons à la maison et c'est l'heure des devoirs et des leçons, suivis du bain et, vers 18h, nous sommes assis à la table pour manger. Nous sommes tous les cinq à la table e Cassandra me demande beaucoup de fromage sur ses pâtes. C'est avec surprise que je vois ma femme arriver et servir. Je ne sais pas à quand remonte notre vraie dernier repas en famille, mais ça me fait plaisir de la voir venir se joindre à nous.

CASSANDRA : « Tu as pleuré? »
XAVIER : « Pourquoi? »

Lui demande mes deux enfants, alors que Loïc, comme à son habitude, ne parle pas. Niveau caractère, il est exactement comme moi, il ne parle jamais alors qu'il devrait parce que c'est important pour un enfant de s'exprimer. Quand je veux qu'il parle, je dois lui poser des questions.