(#)Sujet: if you love me let me go (joana) | Jeu 7 Juil - 19:19
let me go
charlie & joana
Treize heures. Mes yeux, encore alourdis de sommeil, fixaient l'écran de mon téléphone sans vraiment le voir. Treize heures, merde. Quand est-ce que j'allais grandir, et enfin me réveiller à ce que j'avais toujours appelé « des heures d'adulte » ? Je passai une main sur mon visage, l'autre dans mes cheveux. C'était la catastrophe de ce côté là. Ma touffe blonde avait bien repoussé, depuis qu'après mon hospitalisation j'avais eu l'étrange idée de tout couper. Les boucles avaient repris le dessus. Sans bouger de mon lit -un havre de paix, songeai-je, comparé au monde extérieur-, je tendis l'oreille pour savoir si Blake, mon colocataire, était présent ou non. Quelques minutes plus tard, j'en déduisis que non. Il n'était pas là la veille, et je ne voyais aucune raison qui l'aurait poussé à rentrer pendant la nuit. Il fallait tant bien que mal que je m'habitue à son absence. Blake était père, désormais, mais l'appartement me semblait bien vide et excessivement grand sans lui. Combien je devais être ridicule, le soir, seul dans le grand canapé... Une certaine nostalgie me prenait, d'ailleurs, ces temps-ci. Je nous revoyais, Blake et moi, plaisanter devant la télé... Je repensais également au nombre de fois où je l'avais retrouvé endormi sur le même canapé, ou quand tellement de déchets s'entassaient sur la table basse du salon que nous ne pouvions même plus y poser nos pieds. C'était à ce moment que nous avions déclaré la situation critique, et que nous nous étions mis, bon gré mal gré, à faire la vaisselle. Un sourire un peu niais se dessina sur mon visage tandis que, les yeux clos, je repensai à tout cela. Maintenant, l'appartement était désespérément propre. Fini, la vaisselle qui s'accumulait dans l'évier et sur les tables. Blake n'était plus très présent dans l'appartement, et je soupçonnais Aloysia de tout nettoyer quand elle venait ici. Normal, après tout. Elle ne voulait pas que leur fille vive dans un taudis. Tout à son honneur. Ma chambre était probablement le seul endroit qui, malgré tous les changements qui s'opéraient ces derniers temps, ne changeait pas. Toujours autant le bordel, pensai-je. J'étais bordélique, ça n'était pas nouveau. D'un œil, j'examinai les lieux. Mes feuilles de cours jonchaient le sol. Je n'avais pas daigné les ranger depuis l'arrêt de ma formation, à la mi-mai. Sur les étagères s'agglutinait une montagne de ces petites boîtes oranges qui m'étaient devenues très familières. Des boîtes à médicaments que je ne pouvais étrangement me résoudre à jeter. Je soupirai. Oui, j'avais décidé trop de souvenir dans cet appartement, et le jour où Blake m'annoncerait qu'il partait -car ce jour arriverait, et bientôt, j'en étais persuadé- je ne pourrais me résoudre à déménager.
Un goût amer me vint en bouche alors que je repensai à cet endroit et à tout ce qui avait bien pu se passer depuis que j'y habitais, soit depuis un peu plus d'un an. Je me souvenais parfaitement des cris que j'avais échangé avec Lemon, ma sœur, quand celle-ci avait débarqué à Miami. Je ne l'avais même pas laissé passer le seuil de ma porte. Mais si je me souvenais des disputes, je me souvenais aussi de ce moment où nous nous étions étreints, après mon hospitalisation, ce moment où nos forces nous avaient abandonnés et que nous avions décidé d'enterrer la hache de guerre. Tout cela entre ces quatre murs. Incroyable, dans un sens. Il y avait aussi Joana... Je me souvenais bien ce jour de Juin où la jeune femme était venue toquer à ma porte, elle et son visage innocent, et de la conversation pour le moins bizarre que nous avions ensuite eu dans la cuisine... Je chassai bien vite ces pensées de mon esprit. Je repensais à ma sœur et à Blake avec bienveillance, tandis qu'une singulière douleur me tordait le ventre quand je repensais à Joana. Je préférais tout simplement l'oublir, purement et simplement. Aussi simplement qu'elle m'avait oublié, me dis-je avec amertume. Comme pour me changer les idées, je bondis de mon lit et pris une grande bouffée d'oxygène. J'ouvris en grand la fenêtre -encore un jour de grand beau temps, à Miami- et me traînai jusqu'à la salle de bain, où je pris une douche et me lavai les dents. Après avoir enfilé des habits propres, je m'installai dans le canapé et attrapai mes deux boîtes de médicament. Une verte, deux rouges. Ces quatre mots résonnaient presque comme une comptine. Machinalement, je les avalai et m'emparai de mon ordinateur. Je ne me souciai pas de me nourrir, vu l'heure tardive. De toute façon, l'appétit semblait m'avoir quitté, depuis quelques mois. Auparavant, on jurait n'avoir jamais vu plus gros mangeur que moi. Une petite heure passa. Je finis par attraper mon paquet de cigarettes et m'en alluma une, la tête dodelinant contre un coussin. Au moins, sans Blake, je pouvais maintenant fumer en paix à l'intérieur. Lui détestait cela.
Alors que j'éteignais mon mégot dans un verre qui faisait office de cendrier depuis trop longtemps pour que je n'ose le nettoyer et lui rendre sa fonction première de verre, on sonna. Je levai le nez, pas vraiment étonné. Ce devait être Blake qui avait -encore- oublié ses clés et voulait récupérer quelque chose, ou bien Aloysia qui se demandait si Blake était par ici, ou même Alysse qui voulait me taper sur les doigts, ou bien un voisin venant se plaindre de je ne sais quoi. J'ouvris la porte, levai les yeux et me figeai sur place. Non, ça ne se pouvait pas. Cette scène ne m'était que trop familière, et il était hors de question que je revive tout ça. Non. Je me sentais un peu comme un cheval à qui l'on avait trop tiré sur la bride et qui décidait de s'arrêter net. J'avais trop souffert ; trop de gens était sorti de ma vie, puis y était de nouveau entrer pour en ressortir de plus belle. Maintenant, je m'interdisais cela. Je ne voulais plus souffrir. J'avais presque gagné ma bataille contre la maladie, tout ça pour finalement revoir son joli minois devant ma porte ? Sûrement pas. Je scrutai le visage de Joana du'un regard noir, regard qu'elle ne me rendit d'ailleurs pas du tout. Elle se contentait, comme à son habitude, de m'examiner d'un air tranquille, quoi qu'un brin d'inquiétude se laissait deviner. J'eus envie, pendant quelques instants, de lui claquer la porte au nez. Milles émotions, toutes plus violentes les unes que les autres, me submergeaient. La colère, principalement, et toutes ses nuances. Joana s'imaginait peut-être qu'elle pouvait me planter là et revenir, tout sourire ? Sûrement pas. Elle ne s'imaginait probablement pas tout le mal qu'elle avait pu me faire, et la difficulté avec laquelle j'étais (presque) parvenu à l'oublier. « Va-t-en » dis-je d'un ton violent. « J'veux pas te voir, dégage » continuai-je. Et pourtant, la porte restait ouverte. Au fond de moi, enfoui sous ma colère, je savais que j'avais attendu ce matin pendant des mois. Que Joana revienne enfin auprès de moi.
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(#)Sujet: Re: if you love me let me go (joana) | Ven 8 Juil - 0:13
• If you love me let me go • But don't you understand that I just can't leave you ?••• La première chose qu'elle avait voulu faire le lendemain de son retour a Miami était d'aller voir Charlie. Elle avait besoin de lui, plus que de n'importe quoi d'autre. Elle était arrivée a son appartement tard dans la nuit, et avait du faire peur a ses voisins avec sa silhouette presque famélique et ses yeux cernés par un voyage long et intense. Elle s'était effondrée sur son lit, et s'était endormie dans ses vêtements pleins de poussière, sans prêter attention a sa colocataire, de toutes façons absente. La nuit fut difficile, et rythmée par des cauchemars qui l'éveillaient et la forçait a vérifier si personne n'attendait en bas de son immeuble pour l'emmener. Dès 6h du matin, le sommeil l'avait quitté totalement, et elle se résigna a se préparer. Une longue douche brûlante et un thé plus tard, elle fit face a son miroir. Elle ne se reconnut pas dans la jeune femme qui la toisait dans son reflet. Yeux cernés d'une teinte claire de violet, teint cireux, elle n'avait pas l'air en forme. Joana soupira, et lorgna le maquillage de sa colocataire qui traînait nonchalamment à côté du lavabo, puis y renonça, ses capacités en camouflage de teint fatigué n'étaient pas un point fort chez elle. Elle se contenta de passer de l'eau sur son visage et regarda l'heure. Bientôt 7h. Elle ne pouvait pas rejoindre Charlie aussi tôt, il ne devait pas être réveille si tôt. Elle passa une main dans ses cheveux, et prit des vêtements dans son armoire. Elle fut étonnée de constater qu'elle flottait réellement dans ses t-shirts, et qu'aucun de ses pantalons tenaient sur ses hanches. Elle se mordit la lèvre. Elle avait perdu beaucoup plus de poids qu'elle ne l'imaginait. Elle évita son reflet en passant devant le miroir de sa chambre, et se résolut a faire quelques trous de plus dans sa ceinture, faute de mieux. Elle regarda une nouvelle fois l'heure, il était encore trop tôt. Elle s'allongea sur son lit et tenta de se rendormir. Ce fut assez efficace, puisque quand elle se réveilla, il était plus de midi. Elle se leva a la hâte, prit son sac et quitta l'appartement
(#)Sujet: Re: if you love me let me go (joana) | Ven 8 Juil - 19:23
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charlie & joana
J'étais complètement et parfaitement abasourdi de trouver Joana devant ma porte. La scène ne m'était que trop familière. Cela faisait un peu plus d'un an que cette dernière était venue toquer chez moi, me retrouvant après ma fuite de Washington. Sauf qu'aujourd'hui, les circonstances étaient on ne peut plus différente. L'année dernière, j'étais le fautif. Je m'étais échappé de Washington, j'avais pris mes jambes à mon cou sans trop comprendre ce que je faisais, aveuglé par la douleur. J'étais venu à Miami pour oublier et tenter de laisser derrière moi tous ces fantômes. June, Joana, ma famille, mes souvenirs, tout. Joana avait trouvé la force de pardonner mon départ, et elle était venue. Aujourd'hui, étais-je encore le fautif ? Sûrement pas. Joana était partie, du jour au lendemain. Elle m'avait laissé sans nouvelles, ne daignant pas répondre à mes appels et à mes messages. J'avais tenté de la joindre par tous les moyens. La perdre m'avait déboussolé, pendant un temps. J'avais été tellement perdu que j'avais failli téléphoner à son père, en prison, pour lui demander si il avait des nouvelles de sa fille. Je me félicitais aujourd'hui de ne pas avoir fait ça. Ce que j'éprouvais pour Joana... Mes sentiments, oui, m'avaient fait perdre la tête au point de vouloir téléphoner à l'assassin de ma sœur. Car oui, Joana, je l'avais aimé. De tout mon être, de cette façon entière, parfois violente que j'avais de me jeter dans les choses, je l'avais aimé. J'avais douté, au début, de ma capacité à aimer, véritablement. Elle-même s'était demandé si après tout, je n'éprouvais pas juste une quelconque reconnaissance à son égard pour m'avoir épaulé au cours de mon hospitalisation. Mais non, ce que j'avais ressenti pour elle était bien réel. La première fois que ça m'arrivait. Ça m'avait effrayé, bien évidemment. Terrifié même. Mais Joana, je n'avais pas honte de l'admettre, avait été ma bouée quand plus rien n'allait autour de moi et que je me sentais submergé, ma bouffée d'oxygène quand le souffle me manquait. Je l'avais aimé pendant des années, l'ébauche d'un amour qui serait devenu plus puissant que tout au fil du temps, j'en étais persuadé... Mais Joana avait tout balayé d'un revers de main. Elle était partie.
Alors qu'est-ce que j'étais sensé faire, maintenant qu'elle se tenait de nouveau là, devant moi ? Àu fur et à mesure que je prononçais ces mots durs et crachais ma rancoeur, son expression changea et ses yeux se mirent à briller. Je décidai de ne pas y faire attention. Je ne devais pas m'apitoyer. Fini, le temps où les gens entraient et sortaient de ma vie comme bon leur semblait, en me marchant sur les pieds et sans se rendre vraiment compte que j'étais là. Fini. J'en avais ma claque de souffrir, ma claque d'être la victime dans toutes mes histoires. Fini d'être l'amoureux éperdu mené à la baguette. J'ignorais d'où me venait cette agressivité qui ne me ressemblait pas vraiment, ces derniers temps. Des nouveaux médocs, peut-être, mais d'un ras-le-bol, probablement. Cependant, même si la colère m'étranglait et me laissait un goût amer dans la gorge, je détestais avoir à faire cela. Je détestais voir les yeux emplis de larmes de Joana me fixer d'un air désespéré, je détestais devoir me montrer si ferme envers elle, je détestais lui dire les mots que je disais. Dégage, disait ma colère, Entre, disait mon côté mélancolique. Aurais-je voulu tout recommencer, tout reprendre avec elle ? Oui, mille fois oui. Et pourtant, je n'en ferais rien. J'en avais fini, fini, fini. Ce mot ne cessait de tournoyer dans mon esprit, et je m'y raccrochais désespérément, cherchant à y puiser, ainsi que dans ma colère, la force nécessaire pour faire face à Joana.
Joana affectait de ne pas comprendre. « Charlie... » Me dit-elle d'une voix tremblante. Ses yeux cherchaient désespérément à se raccrocher à mon regard, fuyant. Je ne pouvais ni ne voulais la regarder. Un regard, et c'en était fini de moi. Un rictus mauvais se dessina sur mon visage. « Tiens, tu me connais, maintenant ? » crachai-je d'un ton plein d'amertume. Des mois sans nouvelles, sans un message, des mois pendant lesquels j'avais du me reconstruire après cette ultime épreuve. Oh, des vertes et des pas mûres, j'en avais vu, avant elle. Mais je n'aurais jamais cru qu'un jour, Joana, ma Joana, me ferait aussi mal. Des nuits d'insomnie, à repenser au pourquoi du comment, à ressasser douloureusement chaque moment passé avec elle, à imaginer où elle était, ce qu'elle faisait. Si elle s'était enfuie avec un autre. Cette hypothèse me semblait peu probable, mais pourquoi pas ? La Joana que je pensais connaître ne serait pas partie ainsi. Ainsi, du moins, m'avait-elle prouvé qu'on ne connaissait jamais réellement personne. « Pourquoi ? » Eut-elle finalement le culot de sangloter. Je sentis le rouge me monter aux joues. Pourquoi ? Venait-elle vraiment de demander pourquoi ? Je n'en revenais pas. Je pris une grande respiration, cherchant vainement à me calmer. Je n'avais pas envie de lui hurler dessus, mais j'allais avoir besoin d'énergie pour résister. Joana ne réalisait pas, ça non, à quel point elle m'avait blessé, et j'avais toujours eu des façons excessives de réagir, quand j'étais blessé. « Pourquoi ? Pourquoi ? Sérieusement ? » demandai-je ironiquement en plantant finalement mon regard dans le sien. « Des mois, Joana, des mois » continuai-je d'une voix basse. Il valait mieux que je m'efforce de chuchoter, sans quoi les voisins auraient été au courant de notre linge sale. « Des mois sans nouvelles, pas un message, rien. Tu vois, j'aurais jamais cru que toi, toi, tu puisses me faire ça ». Une pause. « Je te croyais différente, vraiment. J'y croyais dur comme fer. Ben en fait, non, t'es comme toutes les autres, comme tout le monde. Tu t'en vas ». Évidemment, je m'incluais dans le lot du tout le monde. Moi aussi, je m'allais. Moi aussi, je m'étais en allé.