C'est drôlement dangereux de s'attacher à quelqu'un, c'est incroyable ce que ça peut faire mal. Rien que la peur de perdre l'autre est douloureuse. C'est moche de guetter un signe de quelqu'un pour se sentir heureux...

Je ne te détesterais jamais.

J’étais tranquillement entrain de prendre mon petit-déjeuner dans la cuisine, tout en regardant attentivement l’invitation que m’avait fait parvenir l’hôpital, lorsqu’Ethan apparut dans mon dos. Je pensais qu’il dormait encore, et qu’avec un peu de chance je n’aurais pas eu à me retrouver dans la même pièce que lui avant de l’emmener jusqu’à l’endroit où il logeait. Je redoutais déjà le moment où nous serions tous les deux dans la voiture … Il s’approcha de moi, déposa un baiser sur mon front et attrapai la cafetière. Ethan et son aisance naturelle. Même si la veille nous avions eu quelques mots durs et qu’une certaine tension s’était installée entre nous, il passait outre tous cela et agissait comme si de rien n’était. J’esquissai un léger sourire en replongeant mes lèvres dans ma tasse de café noir alors qu’il me demandait si j’avais bien dormis.

« J’ai fait médecine, oublie pas que pendant un temps je travaillais vingt-quatre heure voire soixante-douze heure d’affilée sans une bonne nuit de sommeil. »

Ce temps-là me paraissait tout de même un peu loin. Je ne tenais plus autant la route qu’auparavant et c’était pour moi plus difficile d’aller travailler ce matin en ayant dormis que quelques heures. Ma nuit n’avait pas été du tout efficace en plus de cela. Ce qui s’était passé hier, avait rendu mon sommeil légèrement agité. Il vint s’assoir à mes côtés et passa sa main sur mon dos. Je ne pouvais pas nier que son contact dès le matin était agréable. Assise avec lui dans cette cuisine, à quelques détails près, j’avais l’impression de me retrouver quelques années auparavant, avant que je ne prenne lâchement la fuite.

« J’ai mes premières consultations à neuf heure, mais j’aime être au cabinet dès huit heure trente, pourquoi ? »

Il me proposa de sécher ma journée de travail pour la passer avec lui. Je le regardai un peu surprise. Il se rattrapa sur le mot enfer qu’il employa. La nuit dernière avait été une nuit d’enfer ou plutôt une nuit en enfer oui …

« Ethan, on a plus seize ans … j’ai des responsabilités. »

Le visage souriant d’Ethan laissa place à de la déception. Autrefois, devant sa petite bouille triste, j’aurais accepté, mais aujourd’hui je ne pouvais pas. Je ne pouvais pas me permettre de manquer un jour de congé pour des futilités, surtout que j’avais l’intention de prendre une journée de congé pour me rendre au bateau de croisière où se tiendrait l’évènement de l’hôpital. Je finis mon café et me leva de ma chaise. Je passai ma main sur l’épaule d’Ethan furtivement avant de me rendre à l’évier.

« Tiens. » Dis-je en lui lançant une pomme qu’il attrapa adroitement. « Pour le trajet, faut que tu te remplisses l’estomac. On part dans vingt-minute, alors si t’as besoin de passer à la salle de bain vas-y maintenant. »

Je pris mon thermos qui trainait sur le bord de mon évier, le remplis de café encore bien chaud puis quitta la cuisine pour rassembler mes affaires. Une fois m’être assurée d’avoir effacée toute trace de cette nuit mouvementée sur mon visage à l’aide de quelques coups de maquillage, je me rendis dans le salon où je posais saisis mon portable. Un message de Wane, j’y répondrais plus tard. Je le rangeais dans mon sac à main et attendis mon ami. Ethan arriva et je lui demandai son adresse que je rentrai sur mon téléphone. Je m’en voulais de le laisser dormir à l’hôtel quand même, mais je n’étais pas prête à le voir habiter sous le même toit que moi pour le moment et puis je n’avais plus de chambre avec la venue de Celestina prochainement. On descendit à ma voiture et nous primes la direction de chez Ethan. L’autoradio en route, nous écoutâmes silencieusement le programme matinal qui y passait. Une fois arrivé devant son hôtel, je lui fis une bise.

« Fais attention à toi … Je ne veux pas être appelé en urgence à l’hôpital et y trouver ton cadavre. Appelle-moi si besoin avant que ca n’arrive. »

Sur ces mots je le quittai, le cœur légèrement pincé. Je m’inquiétais de le laisser seul, mais je n’étais ni sa mère ni sa petite-amie et je ne pouvais le garder constamment sous surveillance. Il était adulte et il devait se responsabiliser. Je partis pour le cabinet.

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