Il est innocent, avec ses grands yeux verts, son air enfantin. Naïf, et pourtant très conscient de la réalité des choses. Il est fort, Erwan, autant qu'il est fragile. Il rêve beaucoup, et se laisse perdre dans ses illusions, tout en gardant un contact léger mais certain avec le sol. C'est un peu comme ça qu'on survit. Il a appris à se débrouiller, à faire les choses à fond, parce que personne n'allait les faire pour lui. C'est un grand garçon maintenant. Il a du apprendre à se sauver lui-même. Il ne se sera pas laissé détruire, et même quand il a mal, il reste debout. C'est un battant, Erwan. Quand il n'en peut plus, il continue.

Il aime avec tout son coeur, Erwan. Il ne fait pas les choses à moitié. Il aime les autres, parfois même trop, au point de ne pas s'aimer assez lui-même. Il donne tout ce qu'il a, sa confiance et son âme, et on s'amuse à les piétiner. Il essaye d'être une bonne personne, de suivre les règles, de ne pas faire de mal aux autres, de rester dans le droit chemin. Parfois, ça ne fonctionne pas. Erwan, rempli de bonne volonté et d'énergie. Puis parfois, Erwan trop silencieux, qui sait se cacher, Erwan qui se montre d'un calme glacial. Erwan et sa carapace. Il n'est plus certain de ce qu'il vaut et de ce qu'il mérite. Il est usé et rongé et souvent, il se dit qu'il n'est pas assez bien pour les autres. Lui qui a tant de douceur, tant d'amour. Il ferme les yeux et il fait les mêmes rêves d'horreur et il n'est pas sûr d'être suffisant. Qui pourrait bien se satisfaire d'une moitié d'une personne ?