Cela faisait quelques temps que je n'avais pas pris du temps pour m'amuser. Période oblige, j'avais fais passer mon travail avant, allant du portrait de famille "carte de Noël" aux photos du spectacle de fin d'année en passant par les professionnels danseurs et mannequin prêt à remplir leurs books.

J'avais donc clairement mérité ma soirée en boîte. Danser était une chose essentielle et bien que je ne puisse comparer le parquet d'un studio de danse à la piste d'un dancefloor, cela me faisait quand même du bien. Habillée de la fameuse petite robe noire, célèbre dans toutes les gardes robes, j'avais remontée mes cheveux en chignon négligé, mis des escapins noir et une veste rouge.
Sur place, après un passage rapide aux vestiaires, j'étais allée retrouver une bande de copine devant le bar. Comme toujours je commandais un premier verre de cocktail sucré mon choix se portant cette fois sur un cosmo. Mon verre (très - trop ? - rapidement) avalé, j'en commandais un second puis un troisième avant de filer sur la piste, prête à me déhancher. Il fallait bien l'avouer, j'avais l'alcool facile et joyeux. Au vu de mon poids plume, je me suffisais du peu. Encore plus lorsque la boisson était sucrée mais bien dosé. Bref dansant parfois entre copines parfois avec un partenaire, je m'éclatais jusqu'à sentir quelqu'un me faire pivoter.

- Eh bien miss! On sort ce soir? Ça fait un bail!
- Owen ! 

Owen. Vous connaissez la série Dawson ? Vous connaissez ce regard de merlan frit qu’à Joey en voyant son « meilleur ami » ? Vous vous êtes aperçu à quel point Dawson est totalement aveugle face aux sentiments pourtant plus qu’évidant de la jeune femme ? Et bien voilà, Owen est Dawson, je suis Joey et c’est le grand drame de ma vie.

- Comment tu vas, dis-je en posant un baiser sur sa joue.

J’avais beau être d’humeur joyeuse, je n’échappais pas à certains regards. C’était un fait. Owen était du genre solaire. Solaire et beau. Il attirait les coups d’oeil de par sa présence, de son charisme. Ou peut-être imaginais-je tout ça ? C’était fort possible.

- Je t’offre un verre ?

C’était un peu la meilleure façon pour m’empêcher de penser ce soir. A lui, à moi, à ce nous qui n’existerai sans doute jamais.

Owen Brixton a écrit:

Owen & Dylan

Party On

Ça faisait un bien long moment depuis la dernière fois où j'avais mis les pieds dans ce nightclub. Pourtant, en revenant ici, c'était comme si j'y étais allé tout aussi régulièrement qu'avant. Il y avait toujours autant de beau monde. Toujours autant de jolies filles avec leurs robes moulantes et leurs talons hauts. Toujours autant de "prédateurs", ceux à qui je m'étais identifié pendant un certain temps. Bien que je faisais des efforts, mes yeux ne pouvaient s'empêcher de se balader d'une fille à l'autre, appréciant les corps si bien mis en valeur qui se déhanchaient au rythme de la musique.

Parmi tous ces gens, je repère Dylan et l'aborde. Elle semble déjà sous les effets de l'alcool. Moi aussi d'ailleurs. Je souris. Elle m'embrasse sur la joue, me demandant comment je vais. Je m'apprête à la serrer dans mes bras, puis hésite, croisant le regard plus qu’éloquent d'une grande blonde. Une idée me traverse l'esprit. Allons bon Owen, ce n'est pas le moment, tu n'es plus ce mec là. Contiens toi. me répète mon esprit. Je détourne le regard, puis serre finalement Dylan dans mes bras. Il ne s'est rien passé, je n'ai surtout pas songé à aller rejoindre cette grande blonde pour... Merde! N'y pensons plus.

« Ça va super! Ça faisait un moment que je n'étais pas sorti. J'ai bien choisi ma soirée! »

Je souris et plongeais mon regard dans celui de mon amie. Je l'avais un peu délaissée pendant ma mauvaise "phase" et j'espérais qu'au fond, elle ne m'en veuille pas trop.

« Et toi? Ça va? Qu'est-ce que tu deviens? »

Je mis fin à mon étreinte, puis l'idée de boire un nouveau verre me traversa l'esprit. L'effet de mes shooters se dissipait déjà un peu. Il allait m'en falloir pas mal plus pour me saouler complètement. Et je comptais me saouler complètement. Dylan semble lire dans mes pensées et me propose un verre. Je ne refuserai pas une telle offre!

« Ce n'est pas de refus! Et je me propose pour t'offrir le suivant. »

Je souris en coin, puis entraîne mon amie vers le bar et riant légèrement. Je suis sûr que l'on va bien s'amuser ce soir.

Fiche par Sánsa ; sur Never-Utopia

- Ça va, j’enchaine un peu trop niveau boulot en ce moment. Donc je suis venue me détendre.

Pour mon plus grand plaisir, Owen accepta le verre que je lui proposais. Est-ce que j’étais étonnée ? Un peu oui mais ce soir, le mot d’ordre était de ne pas se poser de question. Je le laissais donc m’entrainer jusqu’au bar et puisque j’étais celle qui l’invitait pour ce verre, je passais commande, connaissant ses goûts. Presque navrant… Pour ma part, je restais encore et toujours sur ces cocktails fourbes et sucrés optant cette fois pour une piña colada.

- A nos retrouvailles, dis-je en levant mon verre afin de trinquer avant de le porter à mes lèvres et d’en boire une gorgée. Et toi ? Comment ça va… Depuis tout ce temps ?

Je n’avais pas pu empêcher ce petit ton teinté de reproche. Bien sûr je savais que les choses n’avaient pas été rose dans sa vie. Mais je l’avais vu s’éloigner de moi sans réussir à le maintenir à flot. Il s’était mis à fréquenter des personnes qu’il aurait du éviter. Et puit sans fond, il s’y était enfoncé refusant que je fasse partie de sa vie.

- Je suis contente de te voir, dis-je sincère, sans doute un peu trop. Surement l’effet de l’alcool.

Heureusement (ou pas) une jolie blonde vint interrompre notre petite discussion. En la voyant approcher, je sus immédiatement quelle était sa proie. Ce n’était pas comme si je n’étais pas habituée. Je levais les yeux au ciel en l’entendant draguer Owen comme si je n’étais pas là.

Charmant.

Histoire de noyer ma solitude, je finissais mon verre d’une traite. A force je finirais avec une merveilleuse gueule de bois le lendemain matin mais pour le moment, je me sentais plutôt bien.   Tellement qu’en entendant les premières notes de I put a spell on you, je ne me posais pas trente-six milles questions. A un autre moment, je me serai surement éclipser pour laisser le champ libre à celle qui finirait sa nuit dans les bras d’Owen. Mais pour une fois, je n’en avais pas envie. Je posais donc mon verre vide sur le comptoir avec, peut-être, un peu trop de force et m’emparait de la main de mon ami sans même vérifier qu’il puisse en avoir envie.

- Viens on va danser !

Je m'étonnais moi-même. En temps normal je ne me serai jamais permise de stopper la stupide parade amoureuse de mon meilleur ami, même si, à bien y réfléchir,  le terme "amour" n'était pas le bon lorsqu'il s'agissait d'Owen. Mais là, l'alcool aidant, je n'eus aucun scrupule à l'entrainer avec moi sur la piste. Pour mon plus grand plaisir, Owen me suivit sans omettre de résistante. J'avais beau avoir l'alcool joyeux, je n'étais pas certaine de bien supporter qu'il me rejette ce soir. Surtout pour une belle blonde. Ma confiance en moi n'était pas innée et j'étais souvent convaincu de ne pas être assez bien pour lui. Sinon comment expliquer qu'il ne remarquait pas, après tout ce temps, ce que je pouvais ressentir pour lui, ce que j’avais envie de faire avec lui ?

Donc oui, j'étais agréablement satisfaite et je me laissais faire lorsqu'il me tira légèrement afin de me faire tournoyer face à lui. Je souris en voyant ses lèvres mimer les paroles. Le rythme lent m'encouragea à me rapprocher de mon ami. Je passais mes bras autour de son cou et le regardais droit dans les yeux. J’avais du mal à ne pas suivre le cours de mes pensées, mes yeux ne cessant de faire des allers-retours entre son regard et ses lèvres. Les paroles de la chanson ne cessaient de tournoyer autour de nous.

- La blonde avait l’air de te plaire…

Pourquoi est-ce que je parlais de ça, là, maintenant, alors que je pouvais juste profiter de ce moment ? Après tout il m’avait suivit sans se faire prier. J’aurai du me suffire de ça et passer à autre chose. Mais non. Ce soir je voulais jouer. La raison était, sans aucun doute, l’alcool. Il multipliait par dix le moindre de mes sentiments. Jalousie, envie, orgueil, jalousie, envie, orgueil… La litanie ne cessait de tourner en moi. Continuer sur ma lancée ou bien tout stopper ? D’un geste, j’encourageais Owen à baisser quelque peu la tête et je me mettais moi-même sur la pointe des pieds afin d’être à sa hauteur.

- Je peux te laisser si tu veux… Me trouver un autre partenaire de jeu… Avec qui passer ma soirée… Et peut-être même la nuit… dis-je d’une petit voix au creux de son oreille.

J’avais le sentiment de lui faire une proposition. Indécente. A mon tour et avec plus de sérieux, je me mis à lui mimer les paroles de la chanson, qui prenait tous son sens lorsque je les prononçais. « And I don't care… If you don't want me…I’m yours right now… »

L’alcool donne des ailes. Plus dure serait la chute. Regard, lèvre, jalousie, envie, orgueil…