Dans la vie, on ne devient pas toujours qui on voudrait être. On suit les opportunités qui nous sont offertes, quelqu'en soit les conséquences. Dans la vie, on accepte beaucoup de choses qui nous détruisent. Mais on en refuse tout autant, par peur.

La peur détruit l'humanité. Elle enferme l'homme dans sa prison d’égoïsme. L'homme est égoïste. C'est génétique.

Soupire.
Tes yeux s'ouvrent.
La journée commence.

Chaque jour est une véritable épreuve. Il ne se passe pas une journée sans laquelle tu te dois de prouver ta valeur. Tu oeuvre depuis maintenant plus d'un an pour le bon fonctionnement de l'entreprise familial, et tu constates que rien n'a changé. Les regards, autrefois, étonné, sont maintenant amplis d'animosité. Comme si, quelques soient tes efforts, tu ne pourrais jamais les satisfaire. C'était un fait. Et tu l'avais désormais bien compris. C'était sans doute pour cette raison que tu te renfermais de plus en plus. Sans doute pour cela, que ton sourire se faire rare. Que les petites étoiles illuminant ton regard n'apparaissent plus. Rien ne te passionne dans ce que tu fais. Ce n'est plus la mission que tu t'étais imposé il y a quelques temps, elle n'a plus rien a voir. Tu sais que tu es capable de gerer ce qu'on t'avait décrit comme impossible pour la gente féminine. Certes, il fallait faire des concessions. Trop, à ton gout. Toi qui fut habitué dès ton plus jeune âge à ta condition ainsi qu'à ta liberté. Tu l'avais adoré. Elle t'a réconforté un nombre incalculable de fois quand il te manquait l'amour d'une véritable famille, proche des siens. C'était dur, pour une si petite fille, de faire face à la solitude. Le pire, étant l'abandon. Tu ne pensais pas mérité un tel destin. Trop jeune pour comprendre les règles de cette étrange ascendance. Tu ne remercierais jamais assez Akil, ton oncle bien aimé, pour ses bons soins. Ses veillés au coin du feu, ses lectures tardives, ses embrassades, ses jeux idiots, ses inventions tiré par les cheveux. Il avait su être le père idéale dans un monde dénué de toute autorité parental. Après tout, il avait fait la femme que tu étais aujourd'hui. Forte, tu l'espérais. Tu y croyais. Il le fallait. Personne ne le ferais à ta place.

Aujourd'hui, est un jour un peu spécial. Ton programme matinale se limite à un seul et unique rendez vous. Peut - etre même qu'il en serait ainsi pour le reste de la journée. Au début de ta nouvelle carrière, tu avais tenu à t'entourer des meilleurs. Des personnes de confiance, inconnu aux collègues de ton père. Il te fallait ta propre équipe, qui saurait croire en toi, et inversement. Alors, évidemment, tu t'étais renseigner sur le sujet. On t'avait toujours dis que tu avais des oreilles partout. A Miami, il n'y avait rien de difficile à ça. Enfin, toujours est - il que tu étais tombé sur un tout jeune agent en bourse, Chris Jonhson. Charismatique, séduisant, attirant.. mais marié. Ironie du sort et quelque part, tant mieux. Aucun bruit ne pourrait courir dans les couloirs de ton entreprise. A moins qu'ils puissent te concevoir dans le lit d'un homme marié. Manquerait plus que ça ! A cette simple reflexion, tu lèves les yeux au ciel, terminant rapidement ta tasse de café. Tu grimpes quatre à quatre les escaliers de ta maison, laissant s'éparpiller sur les marches, t - shirt, short, et petite culotte. Vilaine habitude qui en résultera certainement une fêlure au coccys pour un peu que tu tombes. Tu pousses légèrement la porte de ta salle de bain du bout des doigts et laches un nouveau soupire en voyant l'immense toile de cheveux noir informe. Tu les rassemble d'abord en chignon afin de pouvoir te laver le visage tranquillement. Aujourd'hui, tu as le droit de te permettre d'être toi même. Après tout, c'était ton jour de congé, plus ou moins. Tu pouvais t'habiller, te maquiller comme il te plaisait de le faire. Alors, tu ajoutes à ton regard un trait de liner bleu, et à tes levres, un rose pétillant. Tu défais tes cheveux et tente de dompter ta crinière, chose que tu finis par abandonner. Tu glisses à ton septum, ton fameux anneaux doré que tu adores tant. Puis, tu t'autorise à porter un petit ras de cou. Finalement, tu enfile un jeans, moulant à la perfection tes formes, un body, ainsi qu'une veste en jeans. Ta fidèle paire de basket au pied, tu rajuste ton sac à ton épaule, ferme à clef la porte d'entrée, et te lance à travers les dédales de rues de Miami.

Une chaise.
Un serveur.
Un café.

Tu t'étais installé bien à l'écart des regards indiscrets. Le starbuck était relativement vide à cette heure ci. Et pour  une fois, tu étais non seulement à l'heure, mais en plus en avance. Que demande le peuple ? Tu sers entre tes mains la petite boisson, humant l'odeur sucré de ton breuvage. Un jour, il faudrait que tu arrête d'en boire autant. Nouveau soupire. C'est en levant hasardeusement les yeux que tu remarques la présence de Chris. Grand, toujours aussi élégant, tu avais presque honte qu'il te voit ainsi, trop habitué à ton habituel costard. Tu sentais tes joues rougirent doucement, tandis que tu déglutissais péniblement. Allez, rien qu'un café pour mettre les chiffres de l'agence au clair. Pas d'évaluation. Pas de caméra. Rien que lui et toi. Rien qu'un ami et toi. Ca devrait le faire cette fois Haileen ! Pas la peine d'être si froide. Pas la peine d'être si nerveuse. Tu ne seras pas juger ici. Pas par lui.

Licorne ? Toi ? Cet animal étrange venue d'un tout autre monde ? Tes doigts effleurent ton front dans l'unique but de te rassurer sur la présence, quoi que subjective, d'une quelconque corne. Non non, il n'y avait rien. Toujours aussi plat, aucune bosse. Tu souris à peine, du coin des lèvres, comme tu en as toujours l'habitude. Cette fâcheuse tendance qui t'incite à te montrer bien trop froide aux yeux d'autrui. Il fallait cela dit faire des efforts. Alors, tu avais dégoté ce tic. Ce sourire presque aussi froid que ton expression. Seulement pour la forme des choses. L'humain est peut - etre égoïste, mais ce n'est pas tout à fait ton cas et tu accordes grande importance aux ressentis d'autrui. Tu ne voulais pas paraître trop renfermer. Le pire étant certainement d’inciter chez ces gens cet horrible sentiment qu'est la peur. Tu n'avais que vingt ans, une jeune femme dans la fleur de l'âge, et tu pouvais déjà effrayer le plus dépravé des toxicos. Heureusement, tu arrivais à camoufler tant bien que mal cet horrible sensation de gêne lorsqu'un homme quelqu'il soit posait les yeux sur toi. Enfant, tu avais toujours été très timide. Tu avais pour habitude de te cacher derrière les jupes de ta mère, et ce n'est pas une expression à prendre à la légère chez toi. Akil, ton oncle, caressait le sommet de ton crane lorsque tu prenais place juste derrière lui. Il te souriait et te forçait presque à venir devant lui, posant ses deux si grandes mains sur tes épaules. Aujourd'hui, il n'est plus là pour te réconforter, ni pour te proteger. Tu dois te débrouiller seule et faire face. Heureusement, Chris n'est pas du genre à s'attarder sur les petits détails de ton subconscient, encore moins lorsqu'il s'agit des effets de ses divers surnoms à ton égard. Tu regarde le serveur s'en aller pour revenir, la commande de ton collaborateur, joliment déposé sur un plateau. Lui, il devait bien s'ennuyer. Ta joue posé dans le creux de ta main, tu mets un certain temps avant de décoller ton regard du vide abyssale dans lequel il s'était plonger.
Ce sont les compliments du jeune homme qui te ramène peu à peu à la réalité. En fait, ils te font l'effet d'un saut d'eau froide. En matière d'affaire, tu étais insensible à toute sorte de bluff, et il t'arrivait même de te preter au jeu. Mais lorsqu'il s'agissait de ta petite personne, c'était une toute autre histoire! Tu sentis tes joues rougirent un peu plus. Heureusement que ton teint mat cachait la plupart du temps ces petits accès de timidité. " - Ne me la joue pas Roméo, je ne veux pas faire partie de tes collaboratrices que tu ramènes dans ton lit avec deux trois compliments bien placé! " Dur ? Toi ? Si peu.. C'était une évidence, et tu en étais même désolé. Tu pousses un soupire. Tu étais trop tendu, trop ailleurs, trop stressé de faire une gaffe. Tu avais beaucoup de mal à croire qu'on puisse t’apprécier à ta juste valeur et il t'était quasiment impossible de te montrer naturelle. Ton regard en disait long sur ta detresse et bien plus sur les excuses muettes que tu lui présentais.

Perdue dans tes pensées, tu cherchais à travers la foule la moindre trace de détective. Ton père en avait engager des dizaines, pour ne pas trop exagerer, rien que pour veiller sur toi et ton nouveau commerce. Tu détestais ça. Tu n'avais pas manquer de lui renvoyer les trois premiers hommes en assez mauvais état. Un ou deux yeux au bord noir, trois cotes fêlés, l'un portant le second, le troisième envoyé par colis. Tu n'étais pas tendre avec ton géniteur. Il ne l'avait jamais été pour toi, tu ne voyais pas pourquoi tu lui ferais ce privilège. Enfin, toujours est - il que tout semblait normal. Peut - être en avait - il finis avec sa lubie. Tu l'espérais !  

Mais là. Là, tu allais avoir affaire à un tout autre genre de spectacle. Quelque chose qui allait te rendre rouge de honte. Quelque chose de si improbable, que tu pourrais même chercher les caméras cachés. Chris Jonhson, debout, chantant Petit Poney. Tu avais décidément, tout vu. Il ne s'en cachait même pas, chantant à gorge déployé comme la plus belle déclaration d'amour qu'il ait pus claironner. Ton coeur vibre et tes yeux brillent de larme qui ne sorte pas. Si ton père voyait ça, il trouverait le plus pourris des banquiers pour le virer et le remplacer. Tes mains cachent ton visage tandis que tu t'enfonces dans le fond de la banquette.  " - Mon dieu, assieds toi Jonhson, tu as déjà toute mon attention.. " murmures tu en détournant le regard vers tes voisins de table. Deux jeunes femmes s'amusaient de la blague de ton ami tout en lui faisant les yeux doux. Ce tableau ne t'étonne même pas. Tu tente de retrouver une certaine contenance avant de tourner ton regard noisette vers lui. " - Excuse moi, papa est un peu sur toi en ce moment, et je n'ai pas tellement envie que tu te fasse remplacer par un macaque en cravate. Enfin.. Comment ça va ? Tu dois crouler sous les dossiers maintenant! C'est toi le patron! " ajoutes tu d'un air un peu plus enjoué, lui faisant même un clin d'oeil. " - Tu le mérite, je suis contente pour toi. " claironnes tu tendrement, te détendant petit à petit, repoussant ta serviette en papier.

Il n'aura fallu que d'une chanson, pour que tu ais la plus grosse honte de ta vie, mais aussi le meilleur moment de détente depuis bien trop longtemps.

Un sourire, pour un merci silencieux.

Son sourire. Il avait toujours été très souriant, cet homme. Tu ne le connaissais que depuis six mois, et pourtant, tu le savais égal à lui même. Au début, c'était étrange, de voir un collègue agir ainsi. Beaucoup de tes employés, craignait de se faire renvoyer au moindre faux pas. Ils t’accueillaient, parfois stressé, gêné, apeuré. Ils ne se considéraient probablement pas comme tes collègues, mais bien comme ton propre père devait les voir. Des vermines seulement bonne à faire le sale boulot. Pourtant, ce n'était pas du tout ta vision des choses et tu déplorais de plus en plus cette situation. Tu ne savais pas comment t'y prendre pour les rassurer quand bien même ton manque d'empathie pouvait etre flagrant au travail. Ce n'était pas tout à fait le cas puisque tu ne te contentais que de garder le silence. Après tout, tu te devais de maintenir la situation financière du groupe Thompson, coute que coute, quelque soit les moyens utilisés. Tout les regards étaient braqué sur toi, et il t'était inconcevable de perdre cette bataille. Tu t'y refusais. De perdre contre ton propre père, qui lui même, se ferait un malin plaisir de raconter au monde entier l'idiotie de ton frère lorsqu'il t'eut promus. Pur vengeance. Ce n'était que ça. Il n'attendait qu'un seul et unique faux pas de ta part, ou de celle d'un de tes nouveaux employés, pour faire intervenir la presse. Oh, il n'était plus, et cela depuis quelques années maintenant, le propriétaire de l'entreprise, mais son influence auprès des médias ou de ses propres contacts, restaient incroyablement importante. Tant et si bien, que toi, petite fille, ne pouvait pas encore lutter contre lui. Du moins, de cette manière là. Jusque là, tu t'étais montrer hargneuse, combative et audacieuse. La figure idéale pour n'importe quel magasine emprunt à rassembler un public féminin derrière lui. En somme, tu avais tes propres armes, et tu n'hésitais pas à les utiliser. Un jour, ton père devrait se résigner, s'agenouiller devant la toute puissance que tu aurais. Un jour. Et tu espérais que cela arrive vite.

Chris t'informa qu'il avait su éviter une nouvelle crise boursière, et que ton groupe avait fait une avancer du genre exceptionnel. Tu rougis à nouveau lorsqu'il te félicitait. Tu n'en avais pas l'habitude, toi qui était toujours juger pour quoi que ce soit, dans le mauvais sens du terme. Qu'un homme avec tant d'avenir professionnel reconnaisse ton travail, c'était un peu comme une sorte d'accomplissement personnel et tu n'en étais pas que peu fière. Au final, peut - etre que Drake ne s'était pas trompé en te plaçant au pouvoir. Tu lui souris timidement. " - Merci Chris.. " ajoutes tu, ne sachant pas vraiment ou te placer. Heureusement pour toi, il enchaîna avec ses quelques péripéties. C'était amusant, de le voir aussi enjoué. Il prenait le temps de prendre un café avec toi alors qu'il était surchargé de travail. Ce bonhomme était complètement fou. Et tu l'aimais pour ça. " - Mais oui, comme toujours. Si tu as besoin d'aide, tu sais ou me trouver. " complétais - je. Il était le seul à qui tu oserais proposer ton aide sans attendre quoi que ce soit en retour. Tu avais appris que dans les affaires, il était important que plusieurs patrons reconnaissent quelquees detes envers toi. Etant l'une des plus puissante organisation de type mondial, tu était enclin à en endetter plus d'un. Au moins, tu pouvais être sur d'avoir quelques cartes dans ta manche. Mais Chris, lui, ne faisait pas partie de ce genre de personne. Avec lui, tu te permettais d'être, la plupart du temps, toi même. Et c'était un réel plaisir de lui proposer ton aide.
A nouveau, il change de sujet, te demandant si tout va bien de ton coté. Oui, plus ou moins. Enfin, non. C'est dur. Honnêtement, plus ça va, plus tu as l'impression de mourir intérieurement. De ne plus savoir d'où tu viens, et te perdre toi même. Cette petite fille qui montait à cheval chaque jour, cette gamine qui aimait dessiner le coucher du soleil, ou qui adorait les histoires au coin du feu. Tu ne sais plus vraiment qui tu es, ce que tu dois faire pour être ce que tu aimes. Tu n'avais plus qu'une idée en tête ; prouver au monde entier que tu valais la peine d'être  à la tête des Thompson. Il n'y avait plus que ça qui comptait pour toi. Et s'en devenait obsessionnel. Dangereux.

" - Tout va bien, comme d'habitude. ". Mensonge. " - Je ne suis pas tendue! Seulement, exigeante. ". Mensonge. " - Je pourrais te demander de jeter un coup d'oeil à certain dossier ? Drake m'en a laissé des dizaines mais je ne les comprend pas tous. Les hommes écrivent vraiment comme des brèles c'est incroyable! " t'amuses tu à te rappeler au souvenir de ton frère ainé. Il te manquait. Tu prend une gorgée de ton breuvage, laissant une trace de rouge à lèvre sur le rebord du verre cartonné. Tes yeux roulent vers les deux jeunes femmes à la table d'a coté. Celle là même qui s'était amusé de sa chanson précédente. Tu lèves les yeux au ciel, soupirant. " - Heureusement que ta femme n'est pas aussi jalouse que moi mon pauvre chou. " oops, ça m'était sortit comme ça! Sans réfléchir. Tu n'avais que vingt ans, et tu n'avais jamais pensé un jour au mariage. Alors voir un homme aussi jeune que Chris, déjà lié par l'anneau à une autre femme, c'était un peu étrange. Tu respectais son choix et l'admirais pour sa fidélité. Dans un sens, c'était même amusant. Un jour peut - etre, tu trouverais chaussure à ton pied. Mais encore une fois, c'était une decision que tu ne te voyais pas prendre. Peut - etre même que tu finirais vieille fille avec dix chats ! Tu ne te voyais pas inclure un homme à ta famille, encore moins faire un enfant condamné à ton propre destin, veiller à perpétuer la lignée Thompson et s'occuper de l'entreprise. C'était un choix compliqué. Tu en avais peur. Affreusement peur. C'était sans doute pour cette autre raison que tu préférais rester éloigné de la gente masculine. Sans doute.