L'état de ma grande soeur m'inquiétait réellement. Je savais qu'elle était en réanimation ces derniers temps, qu'ils la laissaient rentrer à la maison petit à petit. Seulement, j'essayais de passer le plus clair de mon temps avec elle pour ne pas qu'elle fasse de bêtises ou qu'elle se retrouve en détresse sans personne pour l'aider. Elle a Carter, quand même, et c'est une grande responsabilité pour elle, surtout dans son état. Quoiqu'elle puisse me dire, je restais à veiller sur elle et à être sur protecteur parce que j'avais eu peur. Tellement peur que j'avais voulu me venger. Cette petite partie-là, elle n'était en aucun cas au courant mais à peine avait-elle était mise à l'hôpital que j'étais parti la venger avec la complicité de Chad. Quand l'infirmière m'avait donné les détails de cet incident, j'avais aussi blâmer Bellamy, j'avais pensé à me venger aussi. Qui était-il pour la mettre ainsi en danger? Qui était-il pour la laisser se prendre une balle sans rien faire, là assis à pas bouger comme un idiot? Je ne le connaissais pas, à part du peu que me disait Hannah, mais je ne l'aimais pas. Déjà avant ça, parce que je n'avais jamais trouvé ma soeur bien plus heureuse que ça, mais alors maintenant c'était même pas la peine. Je ne lui avais jamais vraiment parlé, je n'avais jamais appris à le connaître c'est vrai mais c'était foutu pour maintenant. Un gars qui est avec ma soeur et qui de un ne la rend pas heureuse et de deux la mets dans un pétrin pareil, je ne peux que le détester. Pourtant, je n'avais rien fais. Simplement pour ma grande soeur, parce qu'elle disait l'aimer. Je trouvais ça stupide et je ne comprenais pas, mais je respectais ça. Quoiqu'il en soit, je savais que je ne raterais pas la première occasion pour lui faire savoir tout ça.

Il était tôt que j'étais déjà en chemin, à pieds, pour aller voir ma grande soeur. Je dormais très mal depuis ce fameux jour, je n'avais pas grand chose auquel m'accrocher. Je voulais juste qu'elle aille mieux. Je regardais le sol quand tout à coup je remarquais que quelqu'un de l'autre côté de la rue se dirigeait aussi vers chez ma soeur. Comme par hasard. Il fallait que ce soit lui. Je ne pouvais pas me retenir très longtemps. tu peux faire demi-tour je ne pense pas que tu sois le bienvenue ici. lâchais-je alors sans trop pouvoir me contrôler.

J’avais l’impression de passer mes journées à l’hôpital. Une importante partie de moi avait été touchée en même qu’Hannah. Hannah était une partie de moi. Ces derniers jours avaient été extrêmement compliqués. D’abord parce que j’étais terriblement inquiet pour elle et que je ne pouvais faire taire cette petite voix, qui ne cessait de me rappeler qu’Hannah m’avait trompé. J’avais presque oublié cette lettre, que j’avais découverte juste avant d’entendre le coup de feu, mais son souvenir me revenait parfois brutalement. J’étais également très travaillé par ma conscience. Si Hannah était là, c’était uniquement à cause de la relation qu’elle et moi entretenions. Si elle ne me connaissait pas, ou si elle m’avait écouté quand je lui avais dit que c’était dangereux d’être dans mon entourage… Nous n’en serions pas là aujourd’hui. Ce n’était pas faute de l’avoir prévenue, pourtant, mais Hannah -et ça, tout le monde pouvait s’y mettre d’accord- était extrêmement têtue. J’avais aussi dû faire face aux regards des autres, à tous les amis d’Hannah que je connaissais pas pour la plupart, et le fossé qui s’était creusé entre elle et moi semblait être encore plus profond à ce moment là. Je m’étais rendu compte qu’au final, je ne connaissais pas grand chose d’elle et qu’une majorité de mes amis me détestaient. Je le voyais bien dans leurs yeux. Ils me détestaient, me tenaient pour responsable de son malheur pour les uns et de cette tentative de mettre pour d’autres. Tout cela était très dur à supporter, mais bon, ce n’était pas demain la veille que j’allais commencer à me préoccuper de l’avis des autres.

Je me rendais, comme tous les matins, à l’hôpital. J’y passais une heure chaque jour, pour voir comment elle allait, et j’y revenais généralement le soir. Je ne pouvais rester loin d’elle longtemps, j’avais toujours peur qu’il se soit passé quelque chose, qu’elle ait eu une rechute, ou pire. J’essayais peut-être trop de la protéger, surtout qu’il était désormais trop tard… Mais je le voulais. J’étais en train de marcher, écouteurs sur les oreilles, quand j’entendis une sorte d’interpellation. « tu peux faire demi-tour je ne pense pas que tu sois le bienvenue ici. » disait la voix. Ignorant si cela m’était adressé, j’enlevai un écouteur et levai la tête. Je tombai nez à nez avec Léo, qui se dirigeait également vers l’hôpital. La vue de ce type me mit instantanément de mauvais poil. Je vivais déjà une période assez difficile, aussi n’avais-je pas besoin que Léo y pointe le bout de son nez. « Je crois surtout que je fais ce que je veux et que t’as rien à me dire » dis-je d’un ton froid, ferme mais calme. Je ne m’attendais pas à ce que Léo me lâche de sitôt, ce gars était une vraie tique. Et une tique qui avait une dent contre moi. « Tu veux quoi, Léo ? T’as un problème ? Ou si tu veux, on demande à Hannah ce qu’elle en pense, si elle veut bien que je vienne ? » crachai-je d’un ton mauvais.

Je pense que n'importe quel frère du monde sera du même avis : on ne touche pas aux soeurs sans avoir à faire au frère. C'est une règle universelle et qui fonctionne depuis la nuit des temps. Je ne pouvais pas laisser faire quoique ce soit à cette dernière. Depuis qu'elle avait reçu cette balle, cet instinct fraternel s'était éveillé. Je la protégeais comme je le pouvais, à défaut de ne pas avoir pu le faire ce fameux jour. Je m'en voulais, d'une certaine manière, de ne pas l'avoir fais. Qu'elle soit dans ce lit d'hôpital m'avait profondément touché et je m'étais mis à me dire que j'aurais pu l'éviter. Mais pire dans toute cette histoire, il aurait pu éviter ça. Si j'avais bien saisi, c'était lui que ce mec était venu chercher, mais il avait trouvé ma soeur sur sa route. Je m'étais débarrassé de ce gars, malgré mon envie je n'avais pas pu en faire de même de Bellamy. Il était autant responsable que ce type de l'état de ma soeur. Il a mêlé ma grande soeur à ça, et déjà que je ne l'aimais pas vraiment c'était pire maintenant. Je ne l'aimais pas parce que je ne le connaissais pas, en fait. Je trouvais ça louche qu'un mec qui soit un minimum important pour ma soeur ne me soit pas connu. J'avais l'intention d'organiser une rencontre entre Hannah et Mackenzie, moi, parce que Mackenzie ne représente pas rien pour moi. Alors pourquoi elle ne l'avait jamais fais avec Bellamy? Cela aurait pu être différent aujourd'hui, quand j'y pense. Si je le connaissais, peut-être qu'au contraire on aurait été ensemble tuer ce gars, ensemble à l'hôpital, que sais-je? Je n'aurais pas été contre - si seulement je l'avais connu - mais ce n'était pas le cas. Je restais persuadé qu'il n'était donc en définitive pas grand chose pour Hannah. Au fond d'elle, elle devait le savoir, même si elle déclamait qu'elle l'aimait un minimum pour rester avec lui. J'étais persuadé qu'il ne la rendait pas heureuse - et j'avais mes raisons de le croire. Ce n'est pas avec lui que je suis allé tuer ce gars, par exemple. Alors quand je le vois sur le même chemin que moi - c'est à dire voir ma soeur - je m'enflamme. Quand ça concerne ma famille je pense que j'ai mon mot à dire. lui répondis-je sur le même ton. Je pense qu'au contraire Bellamy me connait assez pour savoir qu'il en faut plus pour que je me cache dans une coquille - si seulement j'en avais une. Je n'ai pas peur de lui, et encore moins de son ton froid et hautain. j'veux que tu t'en ailles. Hannah ne sait pas ce qui est bon pour elle ou pas. Enfin elle va p'tete ouvrir les yeux un jour, j'espère. Déjà, que toi et moi on se connaisse pas, j'pense que ça veut dire beaucoup. lâchais-je alors. Je le détestais tellement et je lui en voulais surtout tellement qu'il m'était impossible de me retenir de toutes pensées.