Tu as toujours vécu ici, dans cette ville belle ville qu’est Miami. Des parents aimant, un frère d’un an ton aîné, une petite sœur cadette de deux ans. Tu avais tous pour être heureux. D’ailleurs, tu l’étais. Ta vie n’a jamais rien eu de bien compliquée, de bien extraordinaire. Une enfance relativement normale dans une famille bourgeoise faite de médecins, un début d’adolescence qui n’a rien de tragique. Ici, pas de mélodrames, pas de cris, de pleures, d’infidélités. Rien, le rêve américain en quelque sorte. D’aussi loin que tu te souviennes tu as toujours souhaité devenir médecin, suivre les traces de ton père et de ta mère, sauf qu’au final, toi, ton truc c’était les animaux. Passionné, tu ne jurais que par tes amis à quatre pattes. Si ton père était chirurgien et ta mère, elle, Cardiologue, toi tu souhaitais te diriger vers la médecine vétérinaire. Si ton début de vie ne tâchait pas avec celle d’un être humain basique, l’adolescence change souvent la donne…simplement parce qu’elle est arrivée dans ta vie.


Cette boule au ventre ne cessait de te tirailler et ce, jour et nuit. Voilà un an que tu partageais sa vie, qu’elle partageait la tienne. Ta première relation sérieuse, ce premier amour que l’on n’oublie pas. Durant plusieurs mois tu avais refusé de voir la réalité en face, repoussant ce moment où il serait temps de dire au revoir. Tu approches doucement de la fin de tes études de lycéen, elle également, la seule différence est celle-ci : vous alliez intégrer deux universités différentes. Pour toi, l’évidence même fini par te rattraper, une relation à distance n’était pas envisageable. Le cœur en miette, la gorge serrée, tu lui avais donné rendez-vous à cet endroit où vos chemins c’étaient croisés. Elle est déjà là, attendant avec nervosité ton arrivée, sachant déjà que quelque chose de désagréable allait lui tomber dessus. Lorsque ton regard croise le sien, tu pus lire qu’elle savait, oui, qu’elle avait compris le sens de cette conversation. « Olivia je… » Elle secoue la tête, détournant les yeux alors que les larmes roulaient déjà le long de ses joues. « Arrête…ne…On peut trouver une solution. ». Tu baisses les yeux, la gorge douloureuse, n’arrivant pas à supporter cette vision qu’elle t’offrait. Une solution ? Il n’y en avait pas… « Non. Tu sais que c’est la seule solution raisonnable Livia. » Elle croise les bras par réflexe, comme pour se protéger de la douleur que tu lui infligeais. « Xavier je suis… » Tu regardes toujours le sol, attendant la suite de cette phrase qui ne vient pourtant pas directement. Elle semble hésiter, elle semble paniquée. « Je suis d’accord, c’est mieux ainsi. » Tu ouvres la bouche pour parler, sauf que déjà, elle te tournait le dos pour s’éloigner de toi. Ce jour-là, tu compris que l’amour était un sentiment plus que violent et douloureux, qu’il pouvait faire sourire et pleurer et que parfois, il était préférable de l’abandonner. Sauf que ce jour-là, tu ne compris pas qu’Olivia avait bien plus à perdre que toi, qu’elle cachait un secret en elle, ce secret c’était ton fils.

***

La rentrée suivante tu partais pour Harvard, n’ayant plus de nouvelles d’Olivia. Elle semblait avoir disparue, étant allée se réfugiée chez sa tante pendant les vacances, enfin, c’est ce que ton frère Maxence t’avait dit. Tu as eu beaucoup de mal à l’oublier, le cœur sans cesse endolori par cette décision brutale et peut-être pas assez réfléchie. Plusieurs fois tu as tentés de reprendre contact avec elle, cherchant son pardon, de ses nouvelles. Elle te manquait, malheureusement, une lettre finie d’achever tes espérances et ce, trois mois après ta rentrée.

« Xavier,
Je t’écris aujourd’hui parce que je n’ai simplement pas la force de te le dire en face ou même par téléphone. Néanmoins, il faut que tu le saches, que tu cesses de te faire du mal. Lors de notre séparation, j’étais malheureuse, brisée, en colère également. J’ai fait un acte irréfléchi poussé par l’alcool également. La semaine après notre rupture je suis sortie en boite avec ton frère et, cette nuit-là, nous avons finis dans le même lit. Suite à cette nuit je viens d’apprendre que j’attends un enfant, enfant dont il est le père. Je préférais t’annoncer la nouvelle avant que tu ne l’apprennes de lui, pour ainsi, espérer dissiper les malentendus entre vous, entre nous. Ce n’était pas prémédité, je peux te le jurer, mais cet enfant nous avons décidés de le garder. Je ne t’ai jamais trompé vu que nous n’étions pas ensemble, mais j’imagine que la situation ne va pas te faire plaisir. J’espère que tu trouveras la force de me pardonner, mais surtout le courage de ne pas en vouloir à Maxence.

Olivia. »

Ce jour-là, elle décida de te cacher la vérité, de faire en sorte que ton frère s'implique dans son mensonge. Cet enfant n'était pas celui de ton frère, non, c'était le tiens. Mais ça, tu ne le savais pas.


Les années ont passées et pourtant, cette lettre brisa ta relation si fusionnelle avec ton frère. Un mensonge, une trahison, tu n’avais conscience de rien, tu ne savais pas que ton fils était élevé par un autre. Pourquoi avait-elle fait ça ? Pour te laisser vivre ta vie, faire tes études et réussir à atteindre tes objectifs. Ton frère, bien trop gentil, avait accepté cette place pour te protéger, mais également parce qu’au fond, il avait toujours aimé Olivia. Un jour, tu reçu une invitation à un mariage, celui de ton frère et de ton ex. Bien sûr, il était évident que tu n’y serais jamais allé…Six ans se sont écoulés et ta rancœur est toujours bien présente. Tu ne parles plus à Maxence, tu ignores sa femme lorsque tu reviens pour les vacances, les anniversaires. Tu es rancunier, tu as le cœur toujours en miette face à cet acte que tu juges de violent et d’impardonnable. Si seulement tu savais…si seulement tu savais que tout ça n’est qu’une simple comédie. A présent, ton fils à sept ans, fils que tu penses être ton neveu. Aujourd’hui, tu reviens à Miami, ayant décidé de continuer tes études ici pour des raisons qui te sont propres…Aujourd’hui, tu reviens avec un secret lourd à porter.