"Toutes les grandeurs de ce monde ne valent pas un bon ami."

Aujourd’hui ce n’était pas un jour comme un autre, aujourd’hui ma meilleure amie débarquait à Miami. Elle ne venait pas à Miami pour des vacances, non elle venait s’installer ici, comme je l’avais moi-même fait en 2014. Je lui avais trouvé un poste d’aide-soignante aux urgences pédiatriques où j’effectuais de temps à autre des heures. Même si elle était mon amie et que j’étais estimée parmi mes collègues, elle avait dû subir le petit entretien comme tout autre candidat. Ce test réussis, elle enferma ses affaires dans des cartons et la voilà, aujourd’hui, qui traversait le pays pour me rejoindre. J’étais si excitée de la savoir à nouveau auprès de moi. Entre elle et moi c’était une longue histoire, une histoire qui avait tenu la route depuis de longues années, une vingtaine d’année pour dire les choses. Nous étions au lycée ensemble et puis nous avions fait nos études ensemble par la suite. Elle m’avait soutenue lorsque j’avais perdue Max et avait été la seule dans la confidence lorsque mon histoire avec Ethan avait pris forme. Elle était un peu mon âme-sœur en amitié. Elle me supportait, je la supportais et cela quoi qu’il se passe !

Après avoir tourné en rond pendant une dizaine de minutes à la recherche d’une place de parking, je m’étais précipité dans le hall des arrivées. Son avion allait se poser d’ici cinq minutes. Je détestais être en retard alors je pressai le pas, jusqu’à me mettre à courir sans m’en rendre compte. Une pancarte à la main, je me postai près de la porte par laquelle mon amie devait arrivée. Je levai ma pancarte lorsque je vis que les voyageurs commençaient à affluer en notre direction. Sur ma pancarte j’avais mis un petit mot humoristique qui, je savais, ferait sourire mon amie. Je l’aperçue, une femme d’une trentaine d’année avec une longue crinière blonde, le sourire aux lèvres qui s’élargit davantage lorsque ses yeux se posèrent sur moi. Mon cœur se serra dans ma poitrine. Cela faisait du bien de la voir en chair et en os. Je la serra dans mes bras. Je sentais que les larmes commençaient à monter mais je les retins aussi fort que possible. J’étais tellement heureuse de la voir, surtout avec tout ce que je vivais en ce moment. Je me sortis de ses bras et avec un sourire je lui dis :

« Je suis si contente de te voir ici ! Tu as faim ? J’ai sauté le petit-déjeuner pour toi alors j’ai une faim de loup ! » Je pris sa valise et avant même qu’elle ne proteste je lui lançai un regard qui de tueuse qui voulait tout dire. « Le voyage est éreintant, je peux bien prendre ta valise. » Je savais de quoi je parlais pour avoir fait plusieurs fois des allers-retours en avion.

Nous prîmes la direction d’une cafétéria qui se trouvait dans le hall de l’aéroport. Par chance nous nous plaçâmes dans la queue juste avant que la grosse affluence n’arrive donc nous n’eûmes pas trop longtemps à attendre. Je commandai une salade Caesar avec une bouteille d’eau bien fraiche ainsi qu’un café bien noir pour après. Un repas sans café c’était pas un repas. La caféine c’était ma drogue à moi. Une fois servies nous nous installâmes à une table réservée aux clients.

« J’arrive tellement pas à réaliser que tu viens habiter à Miami ! Que tu viens habiter chez moi en plus ! J’ai l’impression de me retrouver lorsqu’on avait vingt ans, merci de me rajeunir avec ta présence ! »

Je me mis à rire. Je n’avais plus était autant heureuse depuis un bon moment. Mes histoires avec Derek n’avaient pas aidé à avoir un moral au beau fixe. Le retour d’Ethan m’avait également chamboulée. Je ne savais plus où j’en étais, ce que je devais faire. Avec Heather, je savais que les choses allaient être simples et amusantes.

« T’as pas eu trop de peine à quitter New-York ? »

Lorsque j’avais quitté New-York, j’avais eu le cœur brisé de laisser deux êtres chers : Ethan et Heather. Mais en même temps j’avais éprouvé un énorme soulagement car je quittais tous mes fantômes qui me hantaient et surtout j’allais loin des souvenirs de Max et de sa mort tragique.

"Toutes les grandeurs de ce monde ne valent pas un bon ami."

A peine eut-elle posé ses bagages devant moi que je m’empressai de serrer mon amie dans les bras. Pouvoir la serrer dans mes bras, cela me faisait un bien fou. Elle m’avait tant manqué même si nous étions restées en contact. La technologie aujourd’hui permettait de prendre des nouvelles plus aisément, mais rien ne remplacerait le vrai face à face d’une conversation. Je saisis ses bagages et l’invita à déjeuner dans la cafétéria de l’aéroport. A table, je lui demandais si le départ de New-York n’avait pas été trop difficile. Pour moi cela avait été un peu dur de laissé la grosse pomme derrière moi, mais la vie agréable de Miami avait fait en sorte que les choses avaient été plus facile. Je la vis un peu attristé par ma question mais elle me répondit qu’elle était heureuse de me revoir ici. Elle s’enquit de moi.

« Ça pourrait être pire, j’ai connu pire. » J’eu un petit rire nerveux avant de souffler. « Ethan, est revenu tu sais et les choses se sont un peu compliquées entre nous … »

Je lui avais dit lorsque mon ex-amant été venu s’installer en ville il y a de cela quelques mois mais je ne lui en avais pas dit plus sur les évènements qui s’étaient enchainés par la suite.

« J’ai découvert qu’Ethan s’était mis à se droguer après mon départ de New-York, je crois que je suis en partie responsable voir totalement responsable de sa dépendance … Il y a de cela quelques jours, il a fait une over-dose avec une crise-cardiaque, j’ai tellement eu peur de le perdre tu sais … » Ma voix dérailla un peu sous le coup de l’émotion. « Je l’héberge chez moi depuis sa sortie de l’hôpital, il a besoin d’être suivis par un médecin et comme j’en suis un, je l’ai pris en charge pour qu’il puisse sortir plus vite. Ca s’avère plus compliqué que je ne le pensais de cohabiter avec lui. C’est un peu comme si j’avais une énorme tarte aux framboises juste sous mon nez tu vois, c’est horrible ! »

Je me mis à rire doucement avant de reprendre une bouchée de mon plat. L’image était tout à fait appropriée car ce que je ressentais pour lui était difficile à réprimer autant que la gourmandise. Et je savais très bien quel sentiment de culpabilité cela procurait une fois que la tentation me faisait céder. Avec était c’était pareil. Si je cédais je savais que j’allais m’en mordre les doigts après ou du moins j’avais peur de m’en mordre les doigts.

« En plus Derek, mon ex tu sais celui pour qui je suis venue m’installer à Miami, il ne cesse de me tourner autour et il ne me laisse pas indifférente non plus … Pfff … Au lycée je rêvais que les hommes me courent après et maintenant que deux hommes sont à mes pieds j’aimerais qu’aucun ne le fasse, je ne suis jamais satisfaite me diras-tu ! »

Je souris à ma meilleure amie. Il m’était si facile de lui ouvrir mon cœur. Je savais que quoi que je lui dise, elle ne me jugerait jamais. Elle me remettait souvent à ma place, elle me conseillait toujours, mais avec elle je me sentais en confiance.

"Toutes les grandeurs de ce monde ne valent pas un bon ami."

A ma meilleure amie je me confia au sujet d’Ethan. Cela me faisait du bien de lui parler un peu de ce que je ressentais. Je me sentais coupable de l’avoir abandonné et que sa vie est pris une route sinueuse. Soane me déculpabilisa et me dit de foncer, mais c’était bien plus facile à dire qu’à faire. Je lui expliquai que la situation se compliquait également avec la présence de Derek dans ma vie qui ne cessait de courir après moi à la moindre occasion. Ma meilleure amie changea de discours t me dit de choisir celui qui était le meilleur au lit. Je me mit à rire.

« Tous deux sont d’excellents partenaires. Mais je crois que mes sentiments pour Ethan, me pousse à préférer les exercices physiques avec lui. Je n’ai pas un avis objectif du coup. »

Nous commandâmes à manger. So’ pris une salade et je la suivis sur cette voix. C’était plus raisonnable que de craquer sur un bon hamburger bien gras. Le serveur pris notre commande puis repartis. Je relançai la discussion.

« Sinon je t’ai toi et je peux aussi me contenter de ta présence qu’est-ce que tu en dis ? » dis-je en souriant.

Des fois l’amitié était beaucoup plus importante dans la vie qu’une petite histoire d’amour avec un homme et l’amitié que j’entretenais avec Soane était unique et forte. Nous nous connaissions depuis l’adolescence et nous avions construites notre identité ensemble. Même si nos différents caractère nous avait fait nous disputés à quelques moments, nous étions restée soudée quoi qu’il se soit passé. Je crois que notre amitié est devenue vraiment plus grand lorsque les attentats du onze septembre eurent lieu. Je perdis mon tout jeune mari et Soane m’avait épaulé, tout comme Ethan, alors que je repoussais tout le monde, m’enfermant dans une solitude triste.

« Tu sais, je suis vraiment contente que tu sois venue t’installer à Miami car j’avais l’impression de commencer à retomber dans le même cercle vicieux qu’à New-York. Le fameux métro boulot dodo, mais sans le métro. »

J’esquissai une petite grimace ironique. Le serveur revint avec nos plats et après l’avoir remercié, je saisis mes couverts afin de prendre quelques morceaux de poulet.

« Et toi tu racontes quoi par rapport aux hommes ? »