T'étais comme ça toi. La spontanéité à l'état pure. Rien n'était jamais vraiment calculé avec toi. Ca te venait comme ça. Subitement. Soudainement. Quand tu t'es rendu là ce soir, t'étais loin d'imaginer que vous vous retrouveriez au bord de la falaise, prêt à sauter dans le vide pour vous retrouver dans ce petit lac où s'échouait cette grande cascade. Bien que tu l'ai déjà fais plusieurs fois, il n'en demeure pas moins qu'au plus profond de toi, tu ressentais toujours une petite part d'excitation. Comme si c'était la première fois que tu le faisais. Et c'est ce que tu adorais. Cette montée d'adrénaline en toi. A tel point que tu étais tellement impatient, que tu en devenais à la fois lourd et taquin. Evidemment, te retrouvais tout près de cette falaise te donner envie de t'amuser à faire peur à Joe. Face à ta bêtise, elle se retrouve là, de marbre, blanc comme un linge, comme si vraiment tu aurais été capable de la jeter du haut de cette falaise. Clairement pas. Et puis, tu l'avais tenu suffisamment fermement, que si elle tombait, elle t'entraînait avec elle dans sa chute. Cependant, quand elle eut enfin reprit ses esprits, elle ne manqua pas de t'insulter, tout en accompagnant ses paroles d'un bon petit coup de poing qui vint rencontrer ton épaule. Autant dire que ce coup te fit plus rire qu'autre chose. Tu essayais de dissimuler ce sourire moqueur de tes lèvres, en essayant de rester le plus sérieux possible. Mais cela ne dura qu'un temps, puisque tu finis par te foutre d'elle, mais surtout de son coup. Elle semblait si sûre d'elle, comme si elle pensait clairement t'avoir fait mal. Alors qu'au final, pas du tout. Et c'est ce qui t'amusais d'avantage. J'attends de voir ça, lançais-tu d'un ton provocateur, plongeant ton regard dans le sien, pour le soutenir. Comme si tu la défiais du regard. Mais oilà que tout semblait être beaucoup trop bien pour que cela ne dure. Vous étiez venus ici dans le but d'être tranquille. Parce que tu savais qu'ici, vous n'aviez pratiquement aucun risque de croiser qui que ce soit. En même temps, quelle personne normalement constituée aurait l'idée de venir se percher sur la falaise à une heure aussi tardive ? Personne. Personne sauf vous. Mais voilà qu'il fallait que quelqu'un vienne tout gâcher. Un client, rien d'étonnant finalement. Tu levais les yeux au ciel, avant de soupirer. Ton impulsivité te perdras, puisque dans un élan de stupidité, tu lançais ton téléphone dans le paysage, le laissant aller s'écraser contre le sol, des mètres et des mètres bien plus loin de vous. Joe te regardait d'un air interrogateur. Elle se demandait surement ce qu'il t'arrivait. Et elle ne tardait pas à te demander le pourquoi du comment d'un tel acte. C'est vrai, de nos jours, le téléphone, c'est votre principal outil dans la vie. Il vous sert à faire bien des choses. Mais le problème, c'est que tu étais sous l'emprise de ton joint, que tu avais plutôt bien dosé. Ainsi, tu n'avais pas vraiment la notion des choses. Et clairement, à l'heure actuelle, tu te fichais pas mal de tout. T'étais bien. Tu te sentais totalement détendue. Comme si toutes ces charges mentales s'étaient dissipées, envolées. T'avais pas envie qu'on te fasse chier. Parce que tu savais pertinemment que si tu ne répondais pas maintenant, ce type là ne cesserait de t'harceler d'appels et de messages. Parce que c'était un accroc. Et que lorsqu'il n'avait plus de quoi se faire, il pouvait vite devenir agressif en phase de manque. Mais là, tu avais autre chose à faire. Et tu n'étais surement pas le seul dealer qu'il connaissait, alors il finirait bien par trouver. Bah quoi ? C'est qu'un portable. Tu lâches d'un air désinvolte. T'as clairement pas envie de t'expliquer. Clairement pas envie de parler de tout ça. Toi, t'as qu'une envie, c'est sauter. Rejoindre cette eau qui doit être glaciale au vue du temps actuel. Mais peut-être que cela te remettra les idées en place. Cependant, vous parvenez à passer outre ce petit incident. Il était presque évident qu'elle te demanderait une explication, mais encore une fois, vous étiez parvenus à changer de sujet. Façon, ce n'était pas bien intéressant ce que tu aurais à lui dire. Joe se montrait alors tellement pessimiste quant à votre futur plongeon. Toi, une fois de plus, ça te faisais rire. Parce qu'à aucun moment tu n'as pensé au pire, aux risques que vous encouriez en plongeant là-dedans. Pour l'une des rares fois de ta vie, tu trouvais cela presque normal, ne voyant rien de négatif. T'aimais les sensations fortes. Te mettre en danger, c'était devenue une habitude chez toi. Donc effectivement, ça te faisais rien tout ça. En revanche, Joe avait l'air, malgré son acceptation, de se poser pas mal de questions. Façon, faut bien mourir de quelque chose un jour. Tu hausses les épaules, un petit sourire narquois sur les lèvres. Toi, et ton cynisme. C'était bel et bien signé Van Acker ce genre de remarque. T'étais loin d'être rassurant comme type. Après, la mort n'était pas quelque chose qui te faisais peur. Disons que tu la connaissais plutôt pas mal, puisque tu avais failli à de nombreuses reprises y passer. Volontairement ou non. C'est pour cette raison que tu le prenais ainsi. De toutes les façons, il ne fallait pas se leurrer, l'espèce humaine était éphémère, t'en avais conscience, c'est pour cette raison que tu ne te posais aucune question. Ainsi, tu ne manquais pas par la suite de lui faire une remarque en la comparant à toutes ces filles là, mais elle, ne semblait pas être de cet envie, et se trouvait bien plus intéressante. Bien qu'une part de vérité se trouvait là-dedans, il était absolument hors de question que tu lui fasses part de ce que tu pouvais penser à son égard. La connaissant, elle prendrait bien vite la grosse tête. Du Joe tout craché. C'est pourquoi, tu ne répondis rien de plus, ôtant tes vêtements un à un, les lançant tout près des siens. Et maintenant, vous vous retrouviez vêtus simplement de vos sous-vêtements. A ce propos, Joe te lançait encore une remarque qui te fis particulièrement rire. Il est vrai que lorsqu'elle s'était déshabillée, ton regard s'était posé sur elle, furtivement. Et tu devais avouer qu'elle avait de très jolies courbes, mais bon, il fallait qu'elle prenne ça plus pour un compliment qu'autre chose, car si elle n'était pas aussi bien foutue, ton regard ne se serait jamais posé sur elle. Qu'on ne se mente pas. Mais intérieurement, tu assumais l'avoir regardé. Bon, ce n'est pas comme si tu étais resté planté là à la regarder pendant des heures, ça avait été furtif, mais visiblement, pas assez subtile puisqu'elle s'en était rendue compte. Fichtre. Tu t'en fichais pas mal. C'était subtile cette façon de savoir si j'étais encore casé ou pas. Mais, c'est fini. Tu lâches d'un air complètement désintéressé. Effectivement, Savannah et toi, c'était fini. Elle était partie. Elle avait eu toutes les raisons de le faire. Tu n'étais pas un mec pour elle, et elle n'était pas une fille pour toi. Elle était bien trop douce, et elle avait besoin de quelqu'un de plus doux, attentionné et aimant qu'un type complètement déséquilibré comme toi. Et tu ne lui en voulais même pas. Tu la trouvais courageuse au contraire, d'avoir été capable de te quitter. Parce qu'elle prétendait ne pas en être capable, mais elle avait finalement réussi à s'en aller, à vouloir être enfin heureuse, chose que tu n'étais pas capable de faire. Dans tes rêves Healy, riais-tu quand elle prétendait que tu serais celui qui irait récupéré ses affaires une fois que vous auriez plongé. Comme si t'avais la tête à être un gentleman et faire ce genre de chose. Elle s'était littéralement trompée sur ton compte. Ou alors, si vraiment elle espérait, elle pouvait se foutre le doigt dans l'oeil ahah. Quoi qu'il en soit, maintenant que vous étiez tout deux prêt, tu jetais un oeil en sa direction. L'interrogeant du regard. Etait-elle prête à franchir le cap et sauter ? Visiblement. Alors, c'était le moment. Vous preniez en peu d'élan afin de pouvoir courir suffisamment pour pouvoir sauter un peu plus loin de la falaise afin d'éviter de vous écraser contre cette dernière. Durant tout le saut, un long cri s'échappait d'entre les lèvres de Joe. Tu avais l'impression qu'elle n'allait jamais s'arrêter. Mais en réalité, c'est comme si elle extériorisait toute cette angoisse qu'elle avait pu emmagasiner avant de sauter. Quand à toi, tu te sentais bien, libre, et c'est dans un grand splash que vous vous retrouviez quelques mètres sous l'eau. Tu fermais les yeux pour apprécier la fraîcheur de l'eau. Elle était bien plus froide que tu n'aurais pu l'imaginer, mais c'était tellement bon. Sans doute que demain vous risqueriez d'attraper une pneumonie, en tout ca là, ça t'importais peu. Tu finis par remonter à la surface et cherchais Joe du regard. Elle se trouvait non loin de toi, et semblait complètement euphorique. Peut-être était-ce les effets du joint qui accentuaient le tout. Quoi qu'il en soit, elle semblait heureuse. C'était sans doute l'une des premières fois où tu la voyais ainsi. Avoir le sourire jusqu'aux oreilles. Tu devais admettre qu'elle était encore plus belle lorsqu'elle était ainsi. Mais il s'avère que Joe, elle était plutôt comme toi. Ca t'étonnais même qu'elle te fasse autant part de ses émotions. Elle n'était pas de ce genre là habituellement. Tu vois que t'es pas morte, lances-tu d'un ton sarcastique, avant de plonger pour ressentir la fraîcheur caresser ta peau abîmée. Tu nages tel un poisson dans l'eau, et finis par remonter de nouveau à la surface. Joe elle, fait la planche, mais elle finit par s'approcher de toi, posant chacune de tes mains sur tes épaules. Tu la retiens en posant tes mains sur ses hanches, et n'ayant pas pieds, tu joues de ces derniers pour rester à la surface. C'est la première fois que tu fais ça ? la questionnes-tu. Mais la jeune fille s'éloigne pour passer sous la cascade. Ainsi elle ne fait plus parti de ton champs de vision. Mais tu te décides alors à la suivre, et passes sous cette cascade. Tu retrouves alors Joe qui semble toujours aussi heureuse. Son large sourire peut en témoigner. L'intérieur de la cascade est juste superbe. Tu finis par sortir de l'eau pour t'asseoir sur la roche. Et tu écoutes le bruit de la cascade tomber. C'est si reposant. Ca va, t'as pas trop froid ? demandes-tu curieusement, alors que toi de ton côté, ton corps s'étant habitué à la fraîcheur de l'eau, tu ne ressens donc pas ce froid. Bon, ça fait quoi de sauter d'aussi haut ? lui demandes-tu en la regardant nager. Toi, c'était vraiment quelque chose que tu adorais. Ressentir cette adrénaline. Ce sentiment de liberté. Braver les interdits aussi. Parce que normalement, il est interdit de plonger dans cette rivière, au risque de justement s'écraser contre un rocher, ou se noyer. Mais toi, tu aimais ça braver les interdits. Et puis là, il n'y avait aucune raison que quelqu'un ne vous attrape. Il devait être aux alentours de 1h à 2h du matin, donc voilà. De plus, cela faisait quelques années maintenant que tu avais découvert cet endroit, et tu n'avais encore jamais rencontré personne. Tu te penchais légèrement vers l'avant pour ainsi attraper de l'eau dans le creux de ta main, et l'envoyer au visage de Joe, pour l'embêter. Tu la regardais, d'un air tout bonnement innocent.