Ca faisait un mois. Un mois que cette terrible discussion avec Orel avait eu lieu, un mois qu'ils s'étaient dit adieu, un mois qu'Erwan avait signé la rupture de contrat avec la maison de disque, un mois qu'il avait mis fin à sa carrière, un mois qu'il avait quitté la maison qu'il avait avec Orel et débarrassé ses affaires dans son ancien appartement. Un mois aussi que Eggsy y vivait, puisque lorsque les choses avaient dégénéré avec Orel, l'une des premières décisions que prit Erwan fut de donner les clés de l'appartement à Eggsy et de l'inviter à s'y installer. Et du coup, ça faisait un mois que sa vie ne ressemblait plus à rien. C'était comme revivre son premier exil, comme avoir à nouveau 21 ans et être mis à la porte par ses parents. Sauf que là, il lui manquait la naïveté et l'insouciance de sa jeunesse, la motivation, l'envie. A l'époque, il avait fui pour L.A en s'imaginant qu'il y ferait sa musique. Là, il avait passé les premiers jours à errer en ville. Quitter Miami ne lui était pas venu à l'idée, ce n'était pas comme s'il avait envie d'aller quelque part. Il n'avait plus grand chose dans la vie, de l'argent mis de côté, mais pas la moindre envie de le dépenser. Il aurait pu se jeter d'une falaise, mais étrangement, ça ne le tentait pas vraiment. C'était trop radical comme décision, lui il était juste paumé. Avant, il avait survécu grace à Orel, avec l'espoir de le revoir, mais là... Ca s'était envolé. Il avait retrouvé Orel, et ça n'avait pas marché. Tous ses espoirs étaient partis en fumée. Alors, il était revenu à ce qu'il savait faire, revenu à ce qui ne l'avait jamais vraiment quitté, ce dans quoi il s'était retrouvé plus de quatre ans plus tôt, et qui depuis le hantait, comme si ça faisait désormais partie de sa vie et que jamais il ne pourrait s'en séparer. Il avait atterri là au bout d'une petite semaine, à moitié par hasard, parce qu'il était tombé sur les bonnes personnes, puis aussi en le cherchant un peu, parce que quand l'occasion s'était présentée, il était allé dans sa direction au lieu de la fuir. Ca faisait donc presque un mois qu'il dormait dans cette maison. Il y avait quelques autres garçons et filles, les types qui géraient tout ça, ça ressemblait un peu à ce qu'il faisait avec Leo, mais en même temps pas du tout. Disons que personne ne s'acharnait sur lui comme Leo avait pu le faire, parce qu'Erwan avait été son petit bijou à lui. Là, il n'était au moins pas tout seul, et les mecs étaient là pour le fric seulement, et pour se satisfaire quelques fois. Rien d'autre. La plupart des soirs, il restait là, dans sa chambre, et les clients entraient, faisaient ce qu'ils avaient à faire, puis sortaient. C'était comme ça, ça s'enchaînait. Parfois, il y avait des exigences particulières, mais ça restait simple. Certains soirs, on lui demandait de faire le trottoir, avec quelques autres, mais il savait faire ça aussi. Ca n'avait rien de classe, ou d'excitant, au contraire. C'était dégueulasse, dans un quartier dégueulasse, et la baraque était à peine propre mais tout ce qui s'y passait était dégueulasse. Ca lui convenait presque, comme s'il avait retrouvé quelque chose dont il avait eu l'habitude, un truc rassurant, des règles qu'il comprenait. Plus rien n'était en ordre dans sa tête, de toute façon, et Orel le lui avait fait comprendre avec des mots terribles, lors de leur ultime dispute, alors les justifications qu'il avait pour expliquer que sa place était ici n'avaient certainement aucun sens pour les autres. Mais pour lui, c'était comme une évidence. Leo lui avait dit qu'il n'était bon qu'à être une pute, et Erwan avait essayé d'être autre chose, mais au final, le revoilà à écarter les cuisses. Dans la journée, quand il n'avait pas d'obligations, il avait le droit de sortir, de se promener, sans trop s'éloigner du quartier, mais il pouvait faire plus ou moins ce qu'il voulait. Il y avait des endroits à éviter, mais il avait l'habitude, il connaissait. Chaque jour, suivant ses performances, les types lui donnaient une petite somme d'argent. Son argent de poche, en plus de ce qu'il possédait de base, ce qui était rangé bien à l'abri dans un coffre sous son lit. Alors il allait manger ce qui lui faisait envie, s'achetait quelques trucs, et une fois par semaine, il téléphonait à Eggsy avec le portable prépayé qu'il s'était offert. C'était bref, juste pour prendre des nouvelles de son frère, et pour dire qu'il n'y avait pas à s'inquiéter pour lui. Manquerait plus qu'on vienne le chercher... Puis il rentrait, toujours avant le couvre-feu. Ce jour-là, il demanda l'autorisation de quitter le quartier pour aller voir son frère, ce qui lui fut accordé, et après avoir prévenu de sa venue par téléphone, il prit le bus jusqu'à son ancien appartement, là où vivait Eggsy. Il se regarda un peu dans le miroir, arrangea ses cheveux. Il était présentable. Il arborait des cernes assez prononcés, mais c'était justifiable. Au-delà de ça, il avait l'air... triste et tellement différent d'il y a quelques mois quand tout allait presque parfaitement bien dans sa vie. Mais ça aussi c'était explicable. Il venait de rompre avec l'amour de sa vie. Il tapa donc le code de la porte, entra dans l'immeuble, et prit l'ascenseur pour monter. C'était un bel immeuble, dans un très beau quartier, et l'appartement était vraiment superbe. Ca avait été son premier achat après le chèque qu'il avait reçu, et il ne regrettait pas du tout. Arrivé devant la porte, il sonna.

Il ne savait pas vraiment ce qu'il faisait, et peut-être qu'aux yeux de tous il manquait cruellement de logique et de bon sens. Parce que cette fois-ci, il s'y était mis tout seul dans cette situation. Personne n'était venu le chercher, personne ne l'avait piégé ou forcé. Il était sorti, avant choisi de laisser son appartement, et il avait marché seul jusqu'à entrer de son plein gré dans cette baraque dans laquelle il vendait son corps depuis plus d'un mois. Il ne voulait pas qu'Eggsy s'inquiète, ne voulait pas lui mentir non plus, alors il téléphonait régulièrement en restant mystérieux. Il avait perdu la tête, ce n'était pas un secret et peut-être qu'une part de lui s'en était rendu compte, mais il préférait l'ignorer. Peut-être aussi que ça ne le dérangeait pas d'être cinglé, et que l'idée de se retrouver dans un endroit avec d'autres dingues était trop terrifiante. Au final, il était peut-être plus libre en vivant cette vie-là, plutôt qu'en choisissant de se faire soigner, en faisant tout ce que Orel avait pu lui demander et qui à ses yeux ne menait qu'à l'asile ou la prison. Il avait perdu quatre ans de sa vie avec Leo, il n'en donnerait pas plus. Au moins là, il avait fait son propre choix. Et sa vie n'avait rien d'un rêve, mais il avait enfin compris et accepté la réalité. C'était le destin, sans doute. Il se retrouvait là, parce que c'était là où était sa place. Tout simplement. Et aujourd'hui, en arrivant devant son appartement qui abritait désormais son frère, il tentait de mettre un peu de côté tout ça pour ne pas faire peur  Eggsy, pour ne pas éveiller le doute. Pourtant, il arborait des cernes monstrueux, un air qui faisait peur... « T’aurais pu rentrer sans sonner. T’es chez toi je te rappelle. » lui dit son frère en ouvrant, sourire aux lèvres. Il n'avait pas complètement tort, mais jamais Erwan n'aurait fait ça. Il tenta un sourire en retour, mais visiblement celui-ci n'était pas convaincant. « Hum… ça va ? » demanda Eggsy, l'air incertain. Erwan se força à sourire vraiment. « Oui oui... et toi ? » C'était un mensonge, ou peut-être bien qu'il avait fini par ne plus être capable de faire la différence entre aller bien et aller mal. C'était grandement possible aussi, puisque tout son quotidien était un enchainement de choses désagréables qu'il se forçait à accepter. Il entra, s'avança dans l'appartement. C'était drôlement bien rangé, beaucoup mieux que lorsqu'il y vivait, avec son bordel sans bornes... un vrai atelier d'artiste. « Ta blessure au bras... ça s'arrange ? » demanda-t-il ensuite, plus sincère et inquiet pour la santé de son cadet. Puis il avança vers le salon. La dernière fois qu'il avait mis les pieds ici, ça avait été le jour de sa rupture, lorsqu'il déménagea tout ce qu'il avait dans la maison vers son appartement. Il ne savait pas s'il était vraiment bien ici, tout compte fait. Il n'avait pas de beaux souvenirs liés à cet endroit, rien que sa solitude lors de son arrivée en ville. « T'es bien dans l'appart' ? » il demanda à Eggsy.

Il n'avait pas vu son frère depuis un moment, et peut-être que ça ne devrait pas lui paraître si bizarre étant donné qu'ils ont passé quatre années séparés... mais Eggsy lui manquait, c'était sûr et certain. Erwan avait la chance de pouvoir lui rendre visite aujourd'hui, et il avait appelé au préalable pour s'assurer que son frère serait bien disponible et qu'Erwan ne ferait pas le déplacement pour rien... ça et la conversation assez désagréable par laquelle il dut passer pour pouvoir venir jusqu'ici. Mais voilà, il était enfin face à la porte que Eggsy ouvrit sans tarder. Erwan ne réfléchit même pas lorsqu'il eut à répondre à la fameuse question, à ce "ça va". Le oui lui vint naturellement, mi mensonge, mi bourrage de crâne. A force de se convaincre, il commençait même à y croire. « Oui ça va mais… » Erwan ne laissa pas le temps au jeune homme pour poursuivre, puisqu'il s'inquiéta de suite de l'état de son bras auquel il avait été blessé. « Oui, esthétiquement c’est pas très beau mais la douleur a disparu et c’est ce qui compte ! Je reprends le boulot la semaine prochaine normalement » Erwan ne put s'empêcher de sourire en entendant ça. Il avait l'impression d'être complètement déconnecté de tout ça, de ne pas avoir vu Eggsy depuis des siècles, d'être en décalage total avec le monde. Peut-être qu'il l'était. Mais il n'avait ni le temps, ni l'énergie ni même l'envie pour penser plus sérieusement à ça. Il était là, au milieu de son appartement, et pourtant il ne s'y sentait même pas chez lui. De toute façon, il n'avait pas spécialement envie de revenir vivre ici, ce n'était pas du tout dans ses plans, et si Eggsy voulait y rester ça ne dérangeait pas Erwan. « Ouais il est très bien ! Rassure-toi, tu pourras le récupérer d’ici peu. J’ai visité quelques appartements près de l’école d’Enzo et y’a en un qui me plait plutôt bien, mais j’attends d’abord mon entretien avec l’assistante sociale. » Erwan avait légèrement honte, de ne pas s'être intéressé plus aux histoires de son frère et de son neveu ces derniers temps, de s'être enterré dans sa merde. Mais à chaque fois que les doutes lui revenaient, il se souvenait brutalement qu'il avait un milliard de choses en désordre dans sa vie et que tout remettre dans le bon sens lui demanderait bien trop d'énergie. « Tu peux rester autant de temps que tu veux, hein. J'en ai pas besoin moi. » fit-il avec un sourire, en parlant toujours de cet appartement. Mais bon, visiblement, le but de son frère était de se rapprocher de l'école d'Enzo, et effectivement ce n'était pas tout près. Eggsy s'éclipsa, et Erwan resta planté dans le salon, perdu dans ses pensées, jusqu'à ce que son frère revienne avec deux verres et une bouteille de soda. Dans le silence, il remplit les deux verres. « Qu’est ce qui se passe Erwan ? Et ne me dis pas rien, je te croirais pas. On a beau avoir été séparé pendant des années, je sais toujours repérer quand tu ne vas pas bien… » lui lança alors Eggsy, ce qui ne surprit pas spécialement Erwan, puisqu'il s'y attendait un peu. Mais voilà, la réponse n'était pas pour autant immédiate. Il haussa les épaules. Il n'y avait rien à dire. « Je sais pas. J'ai plus Orel, et voilà... c'est tout » Ce n'était pas la vérité complète dans ses plus sombres détails, mais c'était honnête malgré tout. Il n'avait plus Orel et c'était la source de tout son malêtre, et le reste... ce n'était que la rechute, les effets secondaires. Puis, il n'allait pas parler du reste à Eggsy, c'était trop personnel, et il ne comprendrait sans doute rien. Il ne savait pas lui-même ce qu'il faisait, peut-être qu'il voulait changer de vie, laisser tomber et voir où ça le mènerait. C'était un peu pourri comme idée mais bon, il s'en fichait. Il avait fini par s'en foutre de tout. Il haussa les épaules encore une fois, comme si c'était devenu un geste naturel, un tic. « J'ai un travail qui a rien à voir avec la musique et tout ça... puis j'me débrouille tout seul » il ajouta. « J'ai 26 ans il est temps que je commence à me débrouiller tout seul au lieu de toujours être accroché aux autres » dit-il encore, faisant référence au semblant de relation qu'il avait eu avec Leo, puis à son amour inébranlable pour Orel qui avait duré toute sa vie.

« C’est vraiment tout ? » lui demanda Eggsy. Comme si ça ne suffisait pas. Orel et lui, c'était terminé, ça s'était fini aussi rapidement et brutalement que leurs retrouvailles avaient eu lieu il y a un an. Une dispute, et Erwan avait été si persuadé que jamais rien ne pourrait se mettre entre eux, mais là... ça avait été de trop, et il avait pris ses affaires, quitté la villa, laissé Orel seul, Orel qui n'avait rien fait pour le retenir. C'était suffisant pour Erwan, c'était tout, il n'avait pas besoin de plus que ça. Il hocha la tête pour répondre à son frère, et n'avait pas l'impression de lui mentir ou de lui cacher quelque chose. C'était vraiment Orel et seulement Orel, tout le reste c'était arrivé par choix, ou en simple conséquence de l'histoire avec Orel. La vie d'Erwan avait toujours tourné autour de lui, de ce mec-là, même lorsqu'ils avaient été séparés. Et là, sans lui, c'était normal qu'Erwan parte en vrille, non ? Il n'avait pas l'intention d'enchaîner, de base, mais il le fit tout de même et annonça à son frère qu'il avait trouvé un travail dans un autre domaine. Il ne savait plus s'il avait parlé à Eggsy ou non de sa décision d'arrêter sa carrière, car c'était arrivé avant son départ. Et il y pensait bien avant tout ça, quand c'était encore une option de vivre une belle petite vie heureuse avec son futur mari. « Tu fais quoi au juste ? » lui demanda Eggsy, et peut-être qu'Erwan aurait du s'attendre à ça. « Je travaille dans un club » Une fois de plus, ce n'était pas un mensonge, et Eggsy pouvait très bien se dire qu'il était barman ou quelque chose dans le genre. Erwan poursuivit alors, avec une touche d'auto-dérision assez triste, qu'à son age il était grand temps pour lui de s'émanciper et d'arrêter d'être dépendant des autres. « Je t’arrête tout de suite là ! je pense pas que tu sois un genre de sangsue ! Tu t’es très bien débrouillé seul mais maintenant tu l’es plus. On est à nouveau réuni frangin et personne ne pourra plus nous séparer. Je suis là pour toi alors ne fais pas quelque chose que tu n’aimes pas si c’est juste pour avoir le bénéfice de te débrouiller seul. Parfois un peu d’aide, quel que soit son type, n’est pas de refus. Crois moi, j’en sais quelque chose ! » lui expliqua son petit frère, et c'était vraiment adorable et bienveillant de sa part, mais Erwan n'avait pas le coeur à ça... il n'avait pas le coeur à être entouré, en fait. Il ne savait même pas comment le dire à Eggsy, parce que pour lui, c'était évident, mais il ne voulait pas que son frère se sente rejeté. Il garda les yeux baissés un moment, avant de marmonner. « Je sais pas. Je crois que j'ai envie d'être seul pour l'instant » Pour l'instant, il disait, histoire de ne pas faire peur à son frère. Mais il ne pensait pas plus loin que les quelques jours qui venaient, comme si l'avenir n'existait pas. Il avait du mal à se dire qu'un jour il aurait à nouveau envie d'avoir des gens autour de lui. « Je suis heureux que tu sois là mais... j'ai besoin de prendre du temps et de réfléchir à quoi faire, tu comprends... ? » Il était nul pour ce genre de choses, avait l'impression de sortir des phrases toute faites qui ne lui appartenaient même pas. Il releva la tête vers son frère, se mordit la lèvre.

Il ne pensait pas en venant ici se mettre à parler à son frère de sa vie en ce moment. Il aurait voulu... il ne savait pas pourquoi exactement il était là, ce qu'il comptait faire. Juste voir si tout allait bien, s'assurer qu'Eggsy n'avait pas de problèmes. Mais parler de son changement de travail n'était pas dans ses plans, parce que c'était trop complexe. Pourtant, il le lui avait annoncé sans préambule, lui avait dit qu'il avait changé de travail, qu'il avait arrêté la musique. Il ne pensait pas que ce serait tant une surprise pour Eggsy, et peut-être qu'il n'avait pas assez parlé de ça avec son frère, peut-être qu'il n'était jamais entré dans les détails. Il ne lui avait certainement pas parlé de son producteur abusif, ou du fait que sa carrière ne lui convenait en rien, que c'était trop, que c'était oppressant... qu'il n'était pas fait pour devenir une superstar ou pour jouer devant tant de monde... Il avait assez de raisons pour pour arrêter et c'était d'ailleurs probablement une des décisions sur lesquelles il ne penserait jamais à revenir. « T’es serveur ou strip-teaser ? » demanda Eggsy, plaisantant un peu, et ce n'était pas vraiment très drôle en fait. Si seulement il savait. Là, c'était une raison de plus pour convaincre Erwan de ne pas en dire plus sur ce qu'il faisait. « Aucun des deux, j'accueille » il dit, avec un petit sourire. C'était un peu un mensonge, ou complètement, mais il y avait une part de vérité et ça le rassurait au moins un peu. Puis après ça, il tenta, très maladroitement, d'expliquer sa situation actuelle à Eggsy. Lui dire qu'il était réellement heureux de l'avoir, mais qu'avec tout ce qui était arrivé, il avait besoin d'une petite période de solitude, pour réfléchir, se remettre en selle... C'était la vérité, et il savait pourtant que ça pourrait être mal interprété. Cependant, lui et Eggsy s'étaient toujours assez bien compris, et il se lança donc, se disant que son frère comprendrait. « Ok » Il ne lui en fallut pas plus pour comprendre que ce n'était pas évident du tout pour son frère. « Non je comprends pas… » C'était suffisant pour qu'Erwan ressente comme un coup de poing dans son ventre, et il resta planté là un instant sans savoir quoi dire. « Je... » il commença. « P-Pourquoi ? » il était paumé tout à coup, n'arrivait pas à saisir ce que lui disait Eggsy, et comment il pouvait ne pas comprendre. Erwan devait avoir fait quelque chose de mal, ou raté quelque chose, c'était obligé, parce que ça lui paraissait si évident qu'après tout ça, il ait besoin de réfléchir seul et de décider de lui-même de ce qu'allait devenir sa vie. Mais Eggsy n'avait pas l'air de voir les choses ainsi, et là, Erwan était largué.