Sixtine A.
Hadley
Once you have perceived that life is very cruel, the only response is to live with as much humanity, humour and freedom as you can.
Je ne me suis jamais sentie à ma place. Dans ce pays. Dans ce monde. Il ne faut jamais faire confiance aux autres. Jamais. Ni dépendre d'eux. À la fin ils se retournent contre vous sans comprendre pourquoi. J'avais des amis et je pensais qu'ils ne me lâcheraient jamais. Mais après la tragédie certains m'ont carrément fui.
Pourquoi. Cette question passe en boucle, on cherche une réponse en vain. Et puis on appuie sur le bouton replay et notre histoire repasse en boucle pendant que, dehors, la vie continue.
Mais je me suis perdue dans la machine du temps, perdue dans un paysage inanimé.
J'aimerai bien, continuer de vivre.
Les pages de l'histoire de ma vie sont désormais vides. Les mots s'effacent au fur et à mesure que le temps passe. J'aimerai croire que l'espoir est éternelle et que l'avenir me sourira. Mais je n'y arrive pas.
J'aimerai m'en sortir comme le soleil chasse la pluie. Mais je suis restée captive aux ombres sans apercevoir la lumière.
Je ne vois plus de couleurs, mon monde s'est teinté de gris et de noir.
Je me demande si un jour, j'arriverai à avoir un élan d'amour.
***
La jeunesse, comme on s'y sent bien. On a l'impression d'être intouchable, que nos rêves se réaliseront. Nos parents sont heureux et ils sourient chaque jour en nous voyant. Nous, leur enfant, leur fierté, leur diamant dans la vie. Nous habitons dans une maison que l'on verra grandir avec nous en se remplissant de souvenir. Dans cette maison, on ne se sent pas seule, on s'y sent chez soi. Le temps passe mais les photos accrochés aux murs nous figent dans le temps.
Mon père a construit cette maison, pour mère, sa femme et pour nous, ses enfants. Mais le temps est passé trop vite, les flammes ont brisé en quelques minutes tous ses souvenirs.
Il y a un arbre, près de la maison. Cette arbre, on y a gravé nos noms et nos promesses. On s'est promit de ne pas s'abandonner, on s'est promit de garder ce "fil rouge" qui nous lie. Mais je n'ai pas réussi à tenir ma promesse, ce fil rouge a été couper
Et je suis partie, la nostalgie devient oppressante. Je savais qu'il était temps que je parte. Qu'il était temps d'essayer d'oublier
L'amitié, l'amour, j'ai tout abandonné car le futur m'a tourné le dos. J'ai essayé de combattre l'obscurité au plus profond de la nuit en vain. À cette époque j'ai craint tant que les ombres me gardent captive. Mais au petit matin, je me suis rendue compte que ce que je faisais était inutile.
***
J'habite à Camden ( NDA : je fais Camden à ma sauce hein ), une petite ville où tout le monde connait tout le monde. J'ai 4 ans et mes parents m'accompagnent à mon école maternel. Ma maman est enceinte de ma petite soeur, je m'occuperai d'elle et on jouera à la poupée ! D'ailleurs, j'ai tellement hâte de revoir tous mes amies ! En plus mes parents m'ont offert la dernière Barbie qui vient de sortir ! Elles vont être toutes jalouses ! Nous sommes maintenant devant le portail de l'école et la maitresse vient sonner pour dire qu'il est temps de rentrer. Mes deux parents m'embrassent sur la joue et me disent d'être sage. Je cours à l'intérieur pour rejoindre mes deux amies : Vannah et Moannah deux soeurs jumelles !
À cette époque, tout est facile. Les yeux d'enfants voient les choses en grand. Nous étions tous une petite graine qui allait grandir pour se forger un avenir. Mais la machine du temps nous a fait avancer trop vite. Les chemins du passé, je les emprunte souvent pour connaitre la raison des vérités que je poursuis Les graines du passé ont si vite grandi. La solitude a changé mon attitude. Je leur ai montré ma Barbie et elles sont super jalouses ! On va à la cour pour jouer aux poupées quand la maitresse vient nous appelé pour faire la sieste. Je prends ma couette et mon oreiller préférés et je vais au fond pour dormir.
Dans mon rêve, je suis toute seule dans une pièce carrée et noire, elle fait peur et il n'y a pas de porte. Une petite fille comme moi apparait en face de moi. Je la regarde et elle me fait un sourire, peut-être qu'elle veut être mon amie ? Elle prend la parole
« Hadley, Hadley … Considère moi comme ta meilleure amie, je te suivrai partout et toi tu devras m'écouter »
Cool ! Je me suis faite une nouvelle amie ! On pourra jouer aux poupées à quatre comme ça ! J'hoche vivement la tête.
« Tu aimes le feu ? Moi j'adore ! Regarde ces flammes qui se combattent, c'est beau pas vrai ? »
J'hoche une nouvelle fois la tête. C'est vrai que c'est rigolo de voir ça.
« Surtout quand tes victimes y sombrent »
Je n'ai pas pu répliquer que tout devient flou autour de moi et qu'on me ramène à la réalité.
J'ouvre les yeux et me réveille. Mince, j'ai crû m'être faite une nouvelle amie ! Je fais une moue triste et constate qu'il n'y a personne, mince la récréation a dû déjà commencer ! Je cours alors pour partir en récréation.
***
Demain c'est la rentrée et je rentre au cp ! En plus ma soeur est née il y a deux ans et elle s'appelle Anémone mais je l'appelle Momo ! Je suis trop contente en plus Vannah et Moannah sont dans la même école que moi, j'espère qu'on sera dans la même classe aussi ! En plus, je vais me faire pleins de nouveaux amis ! J'ai super hâte !
Je suis en pyjama et dans ma chambre, je joue à la poupée avec ma nouvelle Barbie. Je l'ai appelé Lola et c'est une danseuse professionnelle ! Je fais dans la danse et j'espère être connue partout !
Je lève les yeux et vois une petite fille debout devant moi en train de froncer les sourcils
« Tu as oublié notre amitié Hadley ? Tu m'as abandonné c'est ça ? »
J'essaie de le remémorer qui elle est. Ah oui ! Ma copine dans mon rêve !
« Non, tu n'es plus jamais revenue me voir.
—— Ne t'inquiète pas, c'est oublié. Regarde je vais te montrer un truc rigolo ! »
Un truc rigolo ? Cool ! J'hoche la tête et fait de la place pour qu'elle s'assoit devant moi. Elle fait apparaitre du feu comme ça, pouf ! J'ai quand même peur
« N'aie pas peur, rien ne t'arrivera ! Regarde »
Elle passe sa main juste en haut du feu
« Essaye ! »
Je la regarde hésitante, ça me fait quand même un peu peur.
« Tu es une poule mouillée ? Rit-elle
—— Moi ? Non !
—— Poule mouillée ! Poule mouillée ! »
Je m'énerve et passe ma main au-dessus du feu. Ça me chatouille c'est rigolo !
« Ah bah voilà ! T'as vu c'est cool ! Surtout le son quand le bois brûle, écoute ! »
J'entends des crépitement, c'est apaisant.
« Et, écoute ça »
J'entends un nouveau son, des cris et ensuite des gémissements, j'entends encore des crépitements. C'est rigolo comment ça a crié !
« Et puis quand tu vois les gens brûlés, c'est excitant ! »
Je fronce les sourcils.
« C'est pas bien ça non ? Et le feu ça brûle !
—— Ne t'inquiète pas pour ça ! Le feu brûle la personne et ensuite elle revient, comme un phénix !
—— Oh ! J'aimerai bien être un phénix !
—— Tu peux aider les autres à en devenir un ! »
Mon sourire va jusqu'au aux oreilles. Alors si on brûle, on peut revenir comme un phénix ! Cool !
« Co … »
Maman rentre dans la chambre, du coup je la regarde.
« Chérie, c'est l'heure de dormir. Et tu parlais à qui ?
—— Bah à … »
Je me retourne et ne voit plus personne. Je fronce alors les sourcils. Je me retourne vers elle et dis :
« À personne.
—— Bon, il est temps de faire dodo, demain c'est la rentrée »
Elle me prend dans ses bras et me couche délicatement sur le lit. Elle me donne mon doudou et m'embrasse sur la tempe. Maman me murmure « je t'aime » et sort de la chambre. Je m'endors alors, en me demandant comment devenir un phénix.
***
J'ai maintenant 13 ans et je suis en 5 ème au collège, je suis toujours amie avec Vannah et Moannah ! On a passé toute la primaire ensemble dans la même classe et le collèg, aussi ! C'est pas super ça ? Ma soeur a maintenant 8 ans ! On est inséparable et on rit tout le temps !
Il est 17h00 et ma mère m'a prévenu qu'elle serait en retard pour venir me chercher du coup je traine un peu dans les couloirs avant d'aller à la vie scolaire.
Je m'arrête net en voyant une silhouette au bout du couloir. Je m'avance donc vers elle, elle est de dos et ses cheveux sont longs et bruns comme l'ébène. La fille se retourne en m'entendant et ses yeux rencontrent les miens. Elle, elle a les yeux noirs et profonds tandis que moi j'ai les yeux bleus. On a l'air parfaitement opposé physiquement parlant. J'ai la peau bronzé et elle, elle est pâle. J'ai les cheveux blonds et les siens sont ébènes.
« Hadley, Hadley … »
Je reconnus aussitôt cette voix. J'étais petite quand je l'ai rencontré. C'est bizarre, elle a grandi, comme moi. Je croyais que c'était un ami imaginaire que je m'étais faite petite mais pas du tout on dirait.
« Tu sais, ça m'a vexé le dernier soir quand je t'ai vu et que tu as dit que tu ne parlais à personne »
Elle me fait quand même un peu peur. Si ils le pouvaient, ses yeux m'auraient transpercé de tout part ! C'est flippant.
« Je n'ai pas voulu te vexé, mais en même temps tu as disparu comme par magie ce jour-là, dis-je avec un ton un peu insolente
—— Ne sois pas insolente avec moi »
Elle s'approche rapidement de moi et me pousse violemment. Le sol se dérobe sous mes pieds et je me retrouve dans la pièce noir que j'ai vu la première fois que je l'avais rencontré. J'entends sa voix mais ne la vois pas.
« Hadley, Hadley. Maintenant il faut que tu connaissez la punition lorsqu'on me manque de respect, dit-elle sur un ton amusé »
Je sens sa présence venir rapidement vers moi puis plus rien. On dirait qu'elle voulait rentrer en moi, bizarre. Soudain, un bruit strident se fait entendre, ça ne vient pas de l'extérieur, mais de ma tête. Elle est rentrée dans ma tête ! Le bruit continu, c'est infernal. Je me tortille partout en plaquant mes mains sur mes oreilles et je hurle.
« Non, non, non ! Je t'en supplie arrête ! Je t'en supplie stop !
—— Ce n'est pas moi la méchante dans l'histoire, Hadley. Tu m'avais provoqué en première ! Tu vas le payer cher plus tard Sixtine.
—— Oui c'est ma faute, je t'en supplie arrête ! »
Je suis soudainement ramené à la réalité par quelqu'un qui me secoue. J'ouvre les yeux, je suis au sol recroquevillée sur moi-même et en sueur.
« Hey, Sixtine tout va bien ?
—— Oui oui, j'ai juste eu un violent coup de chaud, mentis-je »
C'est la pionne et elle me regarde dubitative. J'ai crû à un moment que mon excuse n'a pas marché mais elle se contente d'hocher la tête.
« Viens, ta mère t'attend »
Elle m'aide à me relever et on va ensemble à la vie scolaire.
***
14 ans, je rentre chez moi et ma soeur Anémone m'attend. Je pose mon sac dans le salon où elle me suit. Je me tourne vers elle en fronçant les sourcils.
« Six' ! J'ai appris un conte à l'école ! C'est deux soeurs qui un jour décident de se promettre quelque chose. De ne jamais se laisser tomber ! Et cette promesse se tient par un fil rouge qu'il ne faut jamais couper ! J'aimerai qu'on fasse ça Six' ! »
Je fronce à nouveau les sourcils. Momo' c'est ma soeur et jamais je ne la laisserai tomber, c'est évident déjà ! Mais je trouve l'idée quand même sympa. Je m'accroupie devant elle et souris.
« Je suis partante ! Alors on doit dire quoi ? »
Elle réfléchit et dit :
« Par ces fils rouges nous seront unies à jamais ! »
Je sais qu'elle improvise, mais je trouve ça drôle.
« Par ces fils rouges nous seront unies à jamais, repetais-je »
Nous voilà unie par une promesse.
Pour toujours et à jamais ***
J'ai maintenant 16 ans et je suis au lycée. Trois ans, trois putains d'années que je n'ai pas vu cette fille. C'est vraiment une salope de m'avoir fait ça, et d'ailleurs on peut dire que c'était super bizarre. Ça avait l'air réel et irréel en même temps.
C'est les vacances et ce soir je suis dehors avec des potes, Vannah et Moannah, toujours. Ce sont devenues mes meilleures amies, on est inséparable !
Et pourtant, j'allai vite savoir que c'est faux … Je suis sur le chemin pour rentrer. Je vois une vive lumière provenant de ma maison, je fronce les sourcils ne comprenant pas ce qu'il se passe, je cours vers celle-ci.
Je me fige en voyant l'horreur qui se produit à ma maison. Les flammes, il y en a partout, elles engloutissent tout.
Je n'arrive pas à bouger. Ma maison, notre maison, nos souvenirs. Tout s'effondre. Je reprends mes esprits, j'allai me battre. Me battre contre ces flammes qui allaient détruire ma vie. Je cours vers la maison et j'hurle :
« Maman ! Papa ! Momo ! »
Ma voix se brise, et si ils mourraient ? Les larmes dévalent mes joues. Je prends mon téléphone et appelle les pompiers. Tout le voisinage s'est réuni devant ma maison. Ils ont que ça à foutre à admirer ma maison brûler alors que toute ma famille se trouve peut-être à l'intérieur ? J'aimerai gueuler sur eux, leur dire de bouger leurs culs et de m'aider à les sauver mais je n'y arrive pas. J'éclate dans un violent sanglot.
Les pompiers arrivent peu de temps après et me tiennent à l'écart Je n'ai même plus la force de riposter. Ils me mettent ce spectacle macabre hors de mon champ de vision en m'asseyant sur le trottoir d'en face. On me fout une putain de couverture de merde sur les épaules. Bien sûr ça allait me rassurer. On me laisse ensuite seule, sûrement par le travail qu'il y avait. Je me fige en entendant une voix derrière moi :
« Hadley, Hadley, tu as vraiment crû que je te laisserai tranquille ? Je t'ai dit que tu allais payer. Quel dommage que vous ayez le gaz ouvert, ricanne-t-elle »
Cette salope, c'est à cause d'elle que ma maison brûle et que ma famille est en danger. Je vais lui faire la peau.
« T'es qu'une putain de salope. Je vais te faire la peau ! hurlais-je »
Le voisinage ne se retourne pas, trop occupé par le spectacle.
« Hadley, Hadley, surveille ton langage, un autre accident pourrait t'arriver »
Et puis plus rien. Elle est partit. Elle a pas de courage pour se présenter devant moi.
Je vois deux lits rouler sur le goudron, les deux ont une couverture qui recouvre tout. Je vois ensuite ma soeur sur un lit à l'écart avec pleins de gadgets à côté d'elle. Attendez … Pourquoi elle a ça et mes parents sont recouverts. Non, non, non, non ! Ce n'est pas possible non ! J'éclate en sanglot une nouvelle fois et un pompier me retient.
« Mes parents ne sont pas morts hein ? Dites quelque chose putain ! »
Voyant qu'ils ne disent rien je continue de pleurer en comprenant qu'ils ne reviendront jamais. Ils nous ont laissé. Je n'ai pas pu les sauver, moi je suis sortie et il ne m'ai rien arrivé. Ça aurait dû être moi, pas eux mais moi.
J'embarque dans le fourgon où il y a ma soeur en direction de l'hôpital, je sais maintenant que plus rien ne sera jamais comme avant.
***
Je suis partie vivre alors à Miami, pour essayer d'oublier.
Ma soeur est totalement paralysée, elle ne peut plus parler ni rien faire. Les médecins disent que c'est temporaire mais ça fait maintenant trois ans. Trois ans que le cauchemar a eu lieu, trois ans.
Un seul jour, une seule soirée a changé radicalement ma vie. Ces flammes m'ont fait descendre aux enfers. Je ne veux plus m'attacher aux gens si c'est pour souffrir après.
Mes yeux ne reflètent plus que la mort et je ne suis plus que l'ombre de moi-même. J'ai abandonné Vannah, Moannah et par la même occasion mes parents qui ont leur tombe dans le cimetière de Camden.
Je n'aurai jamais dû faire cette promesse. J'ai abandonné ma soeur en venant à Miami, même si elle est venue avec moi. Elle habite désormais chez moi, mais j'ai quand même l'impression de l'avoir abandonné.
Nos parents nous ont légué une grosse somme d'argent
J'ai essayé de partir, pour toujours, de retrouver mes parents. Mais je me retrouvais à chaque fois dans ce putain de lit d'hôpital. J'ai fini par resté sans tenter de me suicider une nouvelle fois pour ne pas causer à ma soeur plus de mal que je n'ai fait.
J'ai trouvé quelque chose pour briser ma routine : le cambriolage. J'ai commencé à mes 17 ans, mais maintenant j'ai un peu arrêté, ça m'a lassé.
Je vais devoir vivre encore longtemps dans ce monde de merde.