Cela faisait une bonne quinzaine de minutes maintenant que je déambulais dans les rues de Miami sans réussir à trouver où était situé mon loft. Après le long trajet que je venais de subir, avec de pénibles alternances entre trains et avions, je n'avais plus aucune envie d'errer indéfiniment dans le centre-ville. De plus, le taxi était censé m'avoir laissé près de mon nouveau chez-moi, et je ne faisais rien d'autre que m'éloigner de l'endroit qu'il m'avait indiqué. En soupirant, je m'adossai à un mur, ma valise à mes côtés. C'était le seul bagage que j'avais, toute ma vie y était enfermée dedans désormais. C'était étrange de se dire que tout ce que je possédais réussissait à rentrer dans ce petit contenant sans en déborder. Depuis ma naissance, j'avais été habituée au luxe et à l'opulence. Jusqu'à ce que, en un instant, je n'ai plus rien. Ça avait été mon choix, en un sens en tous cas, et je n'avais pas vraiment le droit de m'en plaindre. De toutes manières, j'avais su apprécier chaque instant de cette période de mon existence, chaque seconde. Les plus authentiques que j'ai connu. Je ne regrettais rien. Aujourd'hui, j'étais déjà moins démunie.
Je me saisit de mon paquet de cigarette et en sortit une que je m’empressai d'allumer. La flamme qu'émanait du briquet m'hypnotisait. Elle ne faisait qu'entourer, frôler, caresser l'amas de tabac. Jusqu'à l'embraser. C'était intéressait, cette lueur rouge qui paraissait n'être qu'illusion, mais qui pouvait vous causez une douleur éternelle. J'avais presque envie de m'y brûler, à cette beauté dangereuse. Presque. J'éteignais cet outil grâce auquel je pouvais maîtriser un élément aussi fougueux que le feux et le rangeait dans ma poche. Inspirant une bouffée de fumée, j'observais les passants. Ils marchaient tous, d'un pas pressés, comme s'ils n'avaient pas le temps. Pas le temps de quoi ? Peut importe. Pas le temps, tout simplement. Tous là à se presser, se dépêcher. J'eus un sourire en expirant. Je n'avais clairement pas ce problème. Les événements, je les prenais comme ils venaient, sans nécessairement les attendre ou les provoquer. Pendant trop longtemps j'avais tout dirigé, il était temps de laisser aller. Le temps était le plus souvent une mesure que j'oubliais.
Malgré tout, j'avais hâte de trouver ma demeure et de la visiter. Je ne l'avais encore jamais vu, étant par conséquent véritablement curieuse de la découvrir. Dans ma main gauche, je tenais un morceau de papier sur lequel était noté l'adresse à laquelle je devais me rendre. Théoriquement, j'étais dans la bonne rue, il ne me restait plus qu'à trouver le numéro 113. Observant les plaques, je pouvait voir que le 215 succédait au 53.
« - Putains. »
Je ne savais absolument pas comment j'allais bien pouvoir m'en sortir.
Aujourd'hui, il faisait particulièrement beau, il y avait du soleil et du vent à la fois. C'était un temps idéal pour patiner un peu et profiter de cette belle journée de vacances qui s'offrait a moi. Bien que ma tante n'appréciait guère que j'aille patiner, ce qu'elle pensait m'importait peu, même si j'étais sous sa tutelle pendant quelques temps. Je n'allais pas abandonner ma passion pour ces beaux yeux quand même, surtout que je ne l'as portait pas dans mon cœur, raison de plus pour la contredire. Elle m'interdit alors de sortir de la maison, j'eus un petit ricanement avant de sortir de la maison avec mes patins à la main. Personne n'avait le droit de me dire ce que je devais faire et surtout pas elle. Ce serait ma mère qui me l'aurait oui, je lui dois le respect, mais à elle, je m'en fiche. Elle ne me privera pas de la seule chose que j'aime encore ici, ça s'était hors de question ! Depuis quelque temps, je me laissais couler vers le bas, je ne fréquenter pas tellement des bonnes personnes, je me droguais occasionnellement, mais ça commençait à devenir une habitude alors que ça ne faisait pas partie de ma personnalité. Je ne me sentais pas bien dans cette ville, ni dans cette maison et surtout pas à l'aise avec elle. J'avais beaucoup de mal à trouver mes marques dans cette nouvelle ville. J'avais fait quelques pas afin de m'éloigner un peu plus de la maison pour être sûr qu'elle ne me suive pas. J'avais trouvé un banc afin d'enfiler mes patins à roulettes. Lorsque je patinais, j'oubliais tout, il n'y avait que moi, mes patins et le soufflement du vent sur mon visage. Je ne faisais plus attention à l'environnement où j'étais, ni avec qui j'étais. Bien sûr, mes problèmes étaient toujours dans ma tête. Mais, le patin m'aidait à les mettre de côté pendant quelques heures. En plus avec la musique dans les oreilles, cela m'aidait à m'évader encore plus. Je n'étais bien que lorsque j'étais éloignée de cette maison, comme j'étais nouvelle dans cette ville, je n'avais pas énormément d'amis non plus. Je me sentais un peu seule ici. Bueno Aires me manquait énormément chaque jour, là-bas, j'y avais laissé mes plus fidèles amies et la piste de patinage auquel je tenais tant ! À Bueno Aires, je connais la ville et ses recoins par cœur, ici, je devais tout réapprendre et tout visiter reprendre mes marques et mes repères.. La solitude, je n'aimais pas du tout ça, mais je n'arrivais pas à me faire des amis dans cette ville. Ils étaient très différents de Bueno Aires, pas les mêmes habitudes, ni les mêmes coutumes.. J'avais beaucoup de mal à m'adapter ici, je le disais tous les jours à mes parents lorsqu'il daignait m'envoyer un petit texto pour voir si j'étais toujours vivante, mais il s'en fichait royalement leur carrière passée avant tout, avant leur unique fille enfin pas vraiment puisque j'avais découvert le secret de mon père. Il avait eu une liaison avec une autre femme et donc j'avais une demi-sœur dont ma mère ignorait l'existence et ça faisait mal de voir que l'homme que tu admirais n'était que tricherie.. Bon, c'est bien beau de ressasser tout ça, mais ça ne m'aidera pas a aller mieux. J'étais en train de patiner dans une rue lorsque je ne faisais pas attention autour de moi, je bousculai une jeune femme brune. Elle devait avoir mon âge enfin dans ces eaux-là, il me semble. Elle avait l'air aussi perdu que moi dans cette ville. En la bousculant, j'avais par inadvertance faisant tomber sa valise, heureusement que le sol était sec vue qu'il faisait un grand soleil. Je l'aidai à ramasser les vêtements qui étaient tombés puis lui adresse un sourire avant de prendre la parole pour m'excuser du mieux que je pouvais, car m'excuser n'était pas mon fort d'habitude. « Excuse-moi, je n'ai pas fait attention à ce que je faisais ! Je m'appelle Abril. » Dis-je simplement à l'encontre de la jeune femme. J'attendais patiemment sa réponse en me sentant un peu gênée envers-elle.
Cela faisait une bonne quinzaine de minutes maintenant que je déambulais dans les rues de Miami sans réussir à trouver où était situé mon loft. Après le long trajet que je venais de subir, avec de pénibles alternances entre trains et avions, je n'avais plus aucune envie d'errer indéfiniment dans le centre-ville. De plus, le taxi était censé m'avoir laissé près de mon nouveau chez-moi, et je ne faisais rien d'autre que m'éloigner de l'endroit qu'il m'avait indiqué. En soupirant, je m'adossai à un mur, ma valise à mes côtés. C'était le seul bagage que j'avais, toute ma vie y était enfermée dedans désormais. C'était étrange de se dire que tout ce que je possédais réussissait à rentrer dans ce petit contenant sans en déborder. Depuis ma naissance, j'avais été habituée au luxe et à l'opulence. Jusqu'à ce que, en un instant, je n'ai plus rien. Ça avait été mon choix, en un sens en tous cas, et je n'avais pas vraiment le droit de m'en plaindre. De toutes manières, j'avais su apprécier chaque instant de cette période de mon existence, chaque seconde. Les plus authentiques que j'ai connu. Je ne regrettais rien. Aujourd'hui, j'étais déjà moins démunie.
