(#)Sujet: Re: EXPERIMENTING. | Dim 30 Juil - 17:49
EXPERIMENTING
Erwan ξ Brady
« Y'a pas que des salops. Y'en a un peu parfois... mais y'a aussi des mecs très bien » Je laissait mon regard vagabonder sur la noirceur face à nous. Les quelques lumières en face se trouvaient être les immeubles de la ville en bas de la colline, je réfléchis un instant tout en restant silencieux. Un rictus sur le visage, parce que j'en revenait pas moi-même d'envisager m'envoyer en l'air avec un mec. Erwan m'assurait en avoir envie, et je laissait mon visage valser sur le côté pour le regarder avec attention, voulant m'assurer de la sincérité de ses paroles. Je me demandais s'il faisait ça simplement parce qu'il avait peur de se prendre une raclé par son boss une fois rentrer bredouille. Ou si il voulait se prouver quelque chose, se punir peut être j'en sais trop rien. Erwan se lançait ensuite dans un discours parfaitement tourner pour me faire succomber à ses avances. Une partie de moi en avait envie, parce que le sexe fait partie intégrante de mon organisme. Lorsque je m'en prive ne serais-ce que quelques jours je me sent pas vraiment moi. C'est dingue à dire, c'est une addiction. Je me pinçais les lèvres en l'écoutant m'expliquer le petit programme qu'il pourrait nous concocter, ajoutant que je lui avait promis une baise en le louant ce soir. Je ne cessait de le fixer et l'écouter avec toute mon attention, puis je jetais ma tête en arrière sur le siège de ma caisse et lâchais un soupire, puis sourit en coin. « Tu es doué. » Admis-je. « Vraiment doué. Tu me donnerait presque envie de franchir le pas. » Avouais-je sans aucune gêne. Je plaçait ma main droite sur mon entre-jambe et tentais au mieux de détendre cette partie de mon anatomie qui ne demandait que de l'attention elle aussi. « Ecoute, comme je l'ai dit je voulait simplement... Je sais pas. Te donner une soirée off. » Je reposait ma main sur la clé de la caisse et haussait les épaules. « Mais si tu préfère baiser, je peux te ramener. » Tout en disant ça, je refermait ma bringuette avec une légère grimace. Putain ouais, j'aurais bien eu besoin d'une paire de lèvres en vas et viens sur mon engin là ! Ca aurait été le pied, seulement j'étais malheureusement encore un peu trop sobre pour me laisser aller avec un homme. J'en avait envie, mais mon esprit et mon corps étaient en contradiction totale.
Il jouait avec Brady, ne savait même pas trop pourquoi, ce qu'il comptait obtenir de tout ça. Ce n'était pas comme s'il avait véritablement envie de lui, c'était plus tordu que ça. Brady n'était pas horrible à regarder, et Erwan quant à lui... il avait des besoins soudains. Ce n'était pas dans ses habitudes, mais peut-être aussi parce que d'habitude, justement, les clients étaient là pour le baiser sans qu'il ne le demande. Ca n'était encore jamais arrivé qu'on se paye une soirée avec lui pour ne rien en faire. Et puisqu'il était du genre anxieux, angoissé, et que la régularité et l'habitude étaient deux choses qui le rassuraient particulièrement, le fait que son client refuse de coucher avec lui le perturbait énormément. Il faisait de son mieux pour essayer de le convaincre, retourner la situation comme il se devait, histoire que le jeune homme soit persuadé que baiser ce soir était la meilleure option pour tout le monde. Il n'allait pas le toucher sans son aval, mais Erwan se disait aussi qu'une pipe de sa part aurait suffit à convaincre Brady. Cependant, il semblait que d'après le verdict, il ne sucerait rien ni personne ce soir. « Tu es doué. Vraiment doué. Tu me donnerait presque envie de franchir le pas. » Il savait qu'il était doué, c'était un compliment qui le rassurait un peu mais ne lui faisait pas plus plaisir que ça, il faisait bien son travail. Le "presque" dans la réponse de Brady fut lourd de sens, et Erwan devait peut-être s'avouer vaincu, dans ce cas-là. Après tout, le jeune homme se disait hétéro, et peut-être bien que c'était plus compliqué qu'il le pensait de faire faire à quelqu'un ce genre de petit écart. Tout de même, Erwan arborait un petit sourire en coin, parce que la main de Brady sur sa propre entre-jambes ne passa pas inaperçue, ce qui voulait dire un certain nombre de choses. « Ecoute, comme je l'ai dit je voulait simplement... Je sais pas. Te donner une soirée off. » Il leva les yeux au ciel, et voilà qu'il redébarquait avec sa générosité et cette idée de "soirée off" passée là, dans cette voiture, en-haut de cette falaise, à faire quelque chose de probablement ennuyeux. « Mais si tu préfère baiser, je peux te ramener. » Quoi ? Il laissa tomber toute trace de jeu de séduction, tout ce qu'il avait essayé de mettre en place pour convaincre Brady,le jeu de la pute par excellence. Il était pris d'une panique soudaine, un moment de terreur où il resta figé avant de tourner la tête vers le jeune homme installé au volant. « Hein ? Non non non non j'suis bien là, on peut rester ici, ça me va » il lâcha dans un unique souffle, essayant de masquer son angoisse avec un petit sourire, puis sa main se posa instinctivement sur celle de Brady qui se tenait déjà prête à tourner les clés. « S'il te plait » il dit en le regardant, soulevant la main de Brady pour la retirer du trousseau de clés, et la lâcher doucement seulement une fois qu'elle fut assez loin de celui-ci. Et voilà, merde, il s'en voulait, son client allait le prendre pour un cinglé parce qu'il était incapable d'être normal, parce que ses humeurs étaient plus que changeantes, et que sa réaction était suspecte et surement un peu inattendue. Ou alors, comme il l'avait pensé au début, ce n'était qu'un jeu dont Brady était l'acteur ou le metteur en scène, un piège pour Erwan. Il espérait ne pas s'être grillé, ne pas s'être foutu lui-même dans la merde avec cette réaction. Mais Brady ne pouvait pas le ramener, c'était hors de question, tout sauf ça. S'il se faisait re-déposer maintenant, après si peu de temps, il serait puni, on penserait qu'il n'avait pas été satisfaisant. Même si le client payait et ne réclamait pas, ses employeurs partiraient du principe que c'était un client plein de thunes qui ne reviendrait pas parce que la nuit n'avait pas été à la hauteur de ses attentes, ou juste ça et rien de plus. Erwan ne voulait pas ça, il était tétanisé, et s'il fallait choisir entre partir maintenant et rester ici même si la suite était plus qu'incertaine, il préférait se donner ce petit sursis. « J'sais pas trop c'qu'on peut faire, j'ai pas d'idée, mais... on peut rester ici, hein ? » il dit, et au fur et à mesure des mots, il retrouvait le vrai Erwan. Paumé, demandant juste à être un peu rassuré, là tout de suite. Sa question était pleine d'espoir et un peu suppliante, comme s'il était un gosse qui tentait de convaincre ses parents de l'emmener à la fête foraine. « On peut parler, si tu veux. Ou faire n'importe quoi d'autre » Il ne savait pas dans quoi il s'embarquait. Parler, ça pouvait mener à un bon nombre de situations gênantes et il le savait, mais il aviserait au moment venu. En attendant, il devait faire en sorte que Brady ne se lasse pas trop vite de lui et que la nuit se passe sans trop de dégâts.
Finalement, je réalisait à quel point la situation était conne. Erwan ne semblait pas avoir trop de problème à travailler là où il le faisait, après tout il disait aimer ça. Même si je soupçonnait qu'il mentait, je n'allait pas le forcer à m'en parler ou à profiter de ce soir de repos. Je voulait rendre service, mais s'il ne voulait pas de mon aide je n'allait pas le forcer. Alors, je lui proposait de le ramener et posait ma main sur mes clés. Ce dernier semblait plus paniquer, me demandant presque suppliant de ne pas le faire. Je reposait les yeux sur lui avec attention, la carapace semblait se défaire doucement. Peu avant, il semblait sûr de lui et sans la moindre peur, du moins il semblait douer pour faire semblant. Mais la panique dans ses yeux et dans sa voix lorsque j'avais omis l'idée de le ramener l'avait trahit. « Ok, ok. Relaxe. On reste là. » Me contentais-je alors de dire, levant les mains en l'air. Je laissait ses dernières retomber sur mon jean peu après, il restais silencieux un long moment avant de m'avouer ne pas savoir quoi faire. J'étais pareil que lui, j'avais prévu cette soirée sans vraiment prévoir de programme précis. En fait, je l'avait fait à l'arrache et puis je ne savait pas comment il serait. Il aurait pu être plus dingue que ça et j'aurais été forcer de le balancer en dehors de ma caisse en moins de deux. Mais il était sympa, et je n'avais pas envie de le laisser filer de si tôt. Je reposait ma tête contre mon siège et tournait mon visage vers lui. Il dit pouvoir discuter, si je le voulait mais tenait un point d'honneur à rester là. Je pris quelques secondes avant de demander simplement : « De quoi tu a peur ? » Parce qu'il était évident qu'il avait peur. « Ou de qui ? Qu'est-ce qu'ils font aux gars qui rentrent avant l'heure ? » Le questionnais-je. Puis, réalisant que mes questions pourraient le faire paniquer de nouveau, je soupirait et jouait nerveusement avec mes doigts, posés sur le volant. « T'es au courant que t'es jeune, t'a l'avenir et la vie devant toi. T'es pas obliger de continuer à faire ça. » Bon, ok. Dire ça sachant que moi j'avais tout pour réussir et que je foutais volontairement ma vie en l'air c'était un peu ironique. Je ne manquais pas d'argent, mes parents m'adoraient, j'avais une nana qui aurait crever pour moi. Et pourtant je me droguais et faisait les 400 coups. Je n'étais pas un modèle à suivre, mais faire ce que lui faisait ça restait beaucoup trop hard à mon goût.
Non non non non ils ne pouvaient pas retourner là-bas. Pas encore, pas maintenant, il fallait laisser les heures passer pour qu'au moins on pense qu'il s'était passé quelque chose, que Erwan avait été satisfaisant. Il demanda à Brady de rester, lui assura qu'ils étaient très bien ici, le supplia presque de ne pas démarrer. « Ok, ok. Relaxe. On reste là. » accepta Brady, alors que la main d'Erwan lâchait doucement la sienne après l'avoir retirée du trousseau de clés. Erwan était à peine soulagé, parce qu'au moins, ils allaient rester là. Mais ça n'effaçait pas sa petite panique soudaine, et le fait que visiblement, Brady avait été surpris. Comment ne pas être surpris, avec de telles réactions, comme s'il allait d'un extrême à l'autre, d'un rôle à l'autre en quelques secondes seulement. « Ok. » il souffla, tout doucement. Le silence redevint maître à l'intérieur de la voiture, et le regard d'Erwan se perdit un peu sur le ciel, droit devant. Il ne savait pas quoi faire, et une part de lui commençait à sentir l'urgence, le besoin de trouver une occupation parce que sinon, quelque chose arriverait. Mais la majorité de son corps cherchait juste à se détendre un moment, profiter du calme, du silence, de la pression qui retombait. Au final, il annonça honnêtement qu'il ne savait pas ce qu'ils pouvaient faire, mais proposa de parler, faire la conversation, même s'il n'avait rien à dire. C'était une idée pitoyable, tout compte fait. Il était le type le moins bavard de la planète, particulièrement là, dans le cadre de son job où tout ce qu'on lui demandait de faire était de se taire. « De quoi tu a peur ? » Erwan ne comprit pas trop, est-ce que c'était une question générale ? Dans le genre, quelles étaient ses phobies ? « Ou de qui ? Qu'est-ce qu'ils font aux gars qui rentrent avant l'heure ? » Oh non, pas les phobies. Et ça n'avait rien de général, au contraire, c'était bien spécifique à la question et au problème de ce soir. Une alarme se mit à sonner dans sa tête, parce que Brady avait totalement compris, et il n'avait surement pas besoin de savoir ce qu'ils faisaient, puisqu'il avait saisi qu'ils leur faisaient quelque chose. En même temps, Erwan ne s'était pas très bien débrouillé pour le cacher, vu sa réaction. « Euh » il lâcha, comme un con, ne sachant quoi dire. Il ne pouvait pas répondre à la question, ne pouvait pas dire qu'il serait puni. Battu, enfermé, forcé d'enchaîner les clients sans la moindre pause, donné en pâture à des clients douteux, ou enfermé dans une pièce noire et privé de tout contact humain pendant plusieurs jours. Une de ces choses, ou plusieurs. Mais il n'avait pas envie de connaître la réponse, de savoir ce qu'ils lui feraient à lui ce soir, s'il rentrait trop tôt. « T'es au courant que t'es jeune, t'a l'avenir et la vie devant toi. T'es pas obliger de continuer à faire ça. » lui dit alors Brady, ayant visiblement renoncé à recevoir une réponse. Erwan haussa les épaules, il ne comprenait pas trop pourquoi Brady lui disait ça. Au final, il trouvait ça plutôt cohérent d'être là. Qu'est-ce qu'il pourrait bien faire d'autre ? Retourner dans la musique, jamais. Travailler dans un coffee shop ou un magasin du genre... ça ne le rendrait pas plus heureux. « C'est tout ce que je sais faire. Je le fais bien, vraiment. J'suis né pour ça. Une bouche et un cul pour mettre des queues » il répondit, simplement, et ce n'était pas du tout ses mots à lui, c'était ceux de Leo qui lui avaient été répétés et enfoncés dans le corps, jusqu'à ce qu'il finisse par les répéter, par y croire, jusqu'à ce qu'ils finissent par lui coller à la peau et devenir des évidences pour lui. Des phrases toute faites qui étaient devenues comme des règles d'or, des justifications à tout, son petit mode d'emploi à lui auquel il se référait. C'était simple comme ça, ça lui était rentré dans le crâne, c'était devenu ses seules vérités. « Tu fais quoi dans la vie, toi ? » il demanda à Brady, sur le même ton, comme si leur conversation était tout à fait normale, et comme s'il n'y avait pas quelque chose de profondément malsain à ce que Erwan avait dit quelques secondes plus tôt.