William. Il s’appelait William, m’avait-il répondu lorsque je lui fis remarquer que je ne connaissais même pas son prénom. Il était de Miami, avait fait ses études à l’hôpital de la ville avant qu’on ne lui accorde un poste. Il s’était gentiment proposé de me servir de guide dans la ville si jamais j’avais besoin lorsque je lui avais indiqué ne pas être de la région. C’était fort sympathique de sa part. Il avait l’air d’être un homme bien en apparence, mais peut-être seulement en apparence. J’étais bien placé pour savoir qu’il ne fallait pas s’arrêter au premier abord que ce soit négativement ou positivement. Au complexe, bien des gens qui paraissaient très pieux et qui laissait paraitre d’eux la perfection, ne l’était en réalité pas tant que ça. La musique qui passait à la radio m’entraina et sans m’en rendre compte je me mis à chanter doucement, mais assez distinctement apparemment pour que mon chauffeur l’entende. Il me demanda spontanément si j’avais d’autres talents. Je le regardai surprise, puis le rouge me monta aux joues. Je détournai mon visage pour cacher le feu qui s’emparait de mon visage. William s’excusa et flatta ma voix qu’il venait d’entendre, me disant que je devrais faire des concours de karaoké. « Non, pas vraiment. Je n’ai pas envie de me ridiculiser devant un public d’inconnus. » Il monta le son et commença à chanter en yaourt. Il ne connaissait sans doute pas les paroles et cela me fit sourire. Le docteur si sérieux que j’avais pu rencontrer à l’hôpital avait alors laissé place à un jeune homme un peu pitre. Comme quoi il ne fallait pas se fier aux apparences. Je le laissai faire son petit spectacle en le regardant amusée.
 
Lorsque la musique se termina, il baissa la radio. Je reconnu le quartier dans lequel j’habitais et indiqua à mon chauffeur de prendre à droite pour entrer dans la résidence. « Tu peux me laisser devant le portail. Merci beaucoup de m’avoir ramenée. » La pluie s’était un peu calmée. J’étais bien contente que l’on m’est ramenée chez moi, car même si j’avais pris le bus, je savais que je serais rentrée mouillée. Alors que je me détachai, William me fit signe d’attendre. Il sortit de la voiture, fit le tour du véhicule et vint m’ouvrir la porte pour que je descende. Je souris à nouveau amusée. « Quel gentleman ! » Je sortis de la voiture et alors que j’allais le saluer et le remercier à nouveau de m’avoir raccompagné, il prit la parole, me devançant. Ce qu’il me dit alors m’étonna. Je ne m’attendais pas du tout à ce qu’il me demande mon numéro de téléphone. Il prétexta qu’il pourrait me servir de guide dans la ville de Miami ou bien de chauffeur en cas de panne de bus. Je souris timidement. Qu’avais-je à perdre ? En tout cas, je trouvais cela très correcte de sa part de me le demander plutôt que d’aller fouiller mon dossier médical à la recherche de mes coordonnées. Ça aurait pu faire un peu psychopathe. Je tendis la main. « Je vais te le noter sur ton téléphone si tu veux. Tu n’auras qu’à m’envoyer un message pour que je puisse t’appeler à l’aide si besoin. » Je le vis sourire ravi d’avoir répondu positivement à sa question. Je ne savais où aller amener cet échange de numéro mais qu’importe. Au pire je ne le reverrais jamais, au mieux il me recontacterait et j’aviserais le moment venu. Je saisis son portable et le cœur battant un peu plus fort qu’à son habitude, je lui enregistrai mon numéro avec mon prénom. « Voilà. » Je lui rendis son portable avec un petit sourire. Je récupérai mon sac à main dans la voiture et ferma la porte. Je regardai mon portable pour voir si Lina m’avait contactée. Rien du tout. Je levais la tête vers mon appartement que je pouvais apercevoir depuis le bas de l’immeuble. « Euh … » Mon cœur se mit à battre un peu plus fort dans ma poitrine. Je sentis mes mains devinrent un peu moites. « Tu veux monter boire quelque chose ? Pour te remercier. C’est la moindre des choses pour m’avoir évité d’être trempée ? » Je ne savais pas trop quelle réponse j’attendais de sa part. Je lui proposais par politesse mais également parce que … parce que quoi en faite ? Parce que j’avais envie qu’il monte ? J’en savais rien. Peut-être un peu même si je redoutais d’être seule avec lui chez moi et de ne pas savoir être une bonne hôtesse, de ne pas savoir bien l’accueillir ni même faire la conversation.

William me déposa chez moi, devant le portail comme je lui avais demandé. Il m’ouvrit la portière de manière galante ce qui m’amusa. Il était charmant comme homme. Après m’avoir demandé mon numéro de téléphone, que je lui avais donné après quelques secondes d’hésitation, je lui proposais de monter chez moi pour lui offrir quelque chose à boire. C’était presque rien en échange de ce qu’il avait fait pour moi, mais quand même, je me devais de lui proposer. Et puis, peut-être qu’au fond de moi, je souhaitais qu’il monte pour une raison que je ne savais pas. Il accepta et cela me mit une petite boule au ventre. Je n’avais pas pour habitude de recevoir des inconnus ou des proches d’ailleurs, du moins pas seule. Il y avait toujours Lina, sur laquelle je pouvais m’appuyer. Aujourd’hui elle n’avait pas l’air d’être là et il me faudrait me débrouiller au mieux et seule.
 
Nous montâmes jusqu’à mon appartement. Je le fis entrer en premier après avoir ouvert la porte pour que je puisse refermer celle-ci après nous. Je regardai Will avec un sourire quand il me dit que c’était beau chez nous. « Merci, c’est du temporaire, enfin ca l’était au mois d’avril. ». Je posai mes clés sur le meuble de l’entrée. Je trouvais une feuille avec un mot de la main de Lina qui me disait de ne pas m’inquiéter si elle ne me voyait pas rentrer. Elle sortait avec une amie aujourd’hui. Je reposais la feuille sur le meuble alors que mon invitée me demanda si ca ne posait pas de problèmes à ma coloc. « Non, elle n’est pas là et apparemment elle va même découcher. Et puis ca ne la dérange pas d’avoir du monde ici, elle aime recevoir. » Je posais ma veste tandis qu’il me questionna sur la façon dont nous nous étions rencontrées avec Lina. Je détachai mes cheveux et m’approcha de William pour lui répondre. « Elle m’a récupérée à la sortie du complexe dans lequel j’étais. » répondis-je simplement. Je me dirigeai vers la cuisine ou je fis bouillir de l’eau pour moi. « Café, thé, jus de fruit, chocolat chaud ? » J’attendis sa réponse avant de préparer ce qu’il m’avait demandé. Je sortis du placard une boite de gâteau en même temps que de quoi boire. Je posais le tout sur la table de la cuisine et d’une main lui indiqua une chaise sur laquelle il pouvait s’assoir. Je pris place le temps que l’eau bout, en face de William et expliqua un peu plus précisément notre rencontre. « J’avais un ami à l’intérieur du complexe. C’est lui qui a pris contact avec Lina, qui lui a demandé de venir me cherché. Elle arrivée, je ne la connaissais pas, et mon ami pas plus non plus d’ailleurs. Je suis montée en voiture avec elle et on depuis on s’est plus quittées. Elle devait juste m’emmener à la gare routière de là j’aurais commencé une nouvelle vie, mais Lina ne voulait pas me laisser seule. Je lui dois beaucoup. » Je souris au docteur. Je ne racontais jamais vraiment sincèrement ma rencontre avec Lina. Des fois j’omettais des détails, des fois je disais vaguement que je l’avais rencontré à la gare routière, tout dépendait de l’interlocuteur que j’avais en face de moi et comment je sentais les choses. Je n’aimais pas parler de mon passé parce que j’avais peur que l’on me prenne pour une folle et que l’on me juge trop vite. Mais là c’était différent car William était au courant de mon histoire. Il l’avait su car j’étais obligée de lui dire. Je me levais et nous servis. Je déposais le tout ensuite sur la table et me rassis. « Je peux te poser une question ? » demandais-je en touillant le liquide brulant dans ma tasse, attendant que mon thé ne s’infuse. J’attendis qu’il me donne la permission. Je croisai son regard quelques secondes avant de détourner le mien et de le fixer sur un point derrière Will. « Sincèrement, tu crois pas que ce que j’ai vécu ai pu me faire devenir folle ? J’ai toujours peur que les gens me prennent pour une dingue à qui on aurait retourné le cerveau … »

J’avais été surpris que Kathelyn m'invite chez elle après lui avoir demandé son numéro de téléphone. Ça lui avait tout prit pour entrer dans ma voiture et voilà qu’elle me proposait de monter avec elle à son appartement. Je ne savais pas trop ce qu’elle attendait de moi, ni même ce qu’elle avait en tête mais j’en avais eu envie donc j’avais accepté. Aussitôt entré, je la complimentai sur l’endroit, c’était bien décoré et je trouvais ça très chaleureux. J’imagine qu'elle était très bien installée ici. « Oh, et les plans ont changé ou bien vous prenez votre temps pour trouver autre chose? » Je jetai un coup d’oeil autour de moi pendant que la jeune femme semblait concentrée à lire quelque chose. Puis, je demandai à cette dernière si ça posait un problème à sa coloc’ d’avoir un inconnu à la maison. Je voulais pas créer de sentiment d’inconfort si elle rentrait et qu’elle me voyait dans son salon. Kathelyn me rassura en me disant qu’au contraire, elle aimait bien recevoir chez elle. Je me contentai donc de sourire en la regardant retirer sa veste. Elle portait un débardeur qui laissait voir ses épaules et je fus un peu éblouis pendant quelques secondes à ce petit spectacle. Elle était vraiment sexy et étrangement, elle ne semblait même pas au courant du pouvoir de son charme. C’est d’ailleurs lorsqu’elle me demanda ce que je désirai à boire que je fus un peu sortis de mes pensées.  « Je te prendrais bien un café, s’il te plaît!» lui dis-je alors, en retirant mon petit manteau à mon tour. J’avais besoin d’un peu de caféine après la grosse journée que je venais de passer.

J’attendais sagement, appuyé un peu sur le comptoir pendant que la jeune femme faisait le café. Je décidai de la questionnai sur sa coloc’ qui semblait avoir une très place dans sa vie. Elle m’expliqua que c’était elle qui l’avait sortit de la secte, qu’elle devait simplement l’apporter à la gare mais qu’elles n’avaient pas su se quitter depuis ce temps.« Wow, ça semble être une très bonne personne! Vous avez de la chance de vous avoir toutes les deux. » Je me doutais bien qu'elle manquait certaines informations à sa réponse comme : pourquoi elle avait voulu quitter sa famille et tout… mais j’avais l’impression que c’était trop personnelle pour lui poser la question dès maintenant.  

La charmante jeune femme me tendit finalement ma tasse de café, je la remerciai alors en soufflant un peu sur le liquide chaud. Elle me demanda si elle pouvait me poser une question. « Bien sûr! » Et encore plus si c’est : William, pourrais-tu me prendre dès maintenant sur la table de la salle à manger. Ok… je devais stopper les fantasmes immédiatement. Elle me questionna plutôt sur son état psychologique et je trouvais ça triste qu’elle pensait réellement avoir un problème. Je secouai aussitôt la tête négativement. « Kathelyn, je crois définitivement pas que t’es dingue et que t’as un problème au cerveau. Tu as simplement grandit dans une réalité différente, avec un mode de pensé qui rejoint peut-être pas la majorité des gens. T’as été isolé et c’est normal que tu te sentes un peu déboussolée ici car tu as perdu les repères que tu avais toute ta vie. Mais je suis certain que tu sauras prendre cette nouvelle vie en main et tu vas voir, c’est génial ici! Il faut juste te laisser la chance et un peu de temps, tu verras! » dis-je en posant ma main sur son bras tout doucement. C’était encore nouveau pour elle, fallait pas qu’elle pense non plus que tout allait changer du jour au lendemain. et puis, d’aller voir un psy, ça allait l’aider aussi, fallait pas avoir honte de ce genre de chose. J’en avais vu beaucoup pour mon problème d’alcool. Bon, j’allais pas lui dire ça non plus, je voulais pas qu’elle se fasse une mauvaise opinion de moi.  Je retirai doucement mon bras avant de prendre une gorgée de mon café. « Sinon...à part ta coloc’ t’as fais de nouvelles rencontres ici? » Bon, peut-être qu’elle allait me dire qu’elle avait un petit-ami… j’espérais pas!

Je ne sais pas trop pourquoi j’avais invité William chez moi mais je l’avais fait. J’étais un peu stressée de recevoir cet homme chez moi car je n’avais pas l’habitude de ça. J’appréhendais de me retrouver avec des gens en tête à tête la plupart du temps car je n’étais pas très douée en conversation. C’était en quelque sorte un challenge ce que je faisais là, mais c’était aussi avant tout pour le remercier de m’avoir ramenée gentiment chez moi. En entrant chez nous, William complimenta notre appartement. Je lui dis que ce n’était temporaire. Il me questionna sur ce que je venais de lui dire et lui répondit. « Nous sommes venues en vacances pour quelques mois et puis la ville nous plait tellement qu’on a décidées d’y rester. Lina est auteure, elle peut exercer où elle veut et moi j’ai pas de job et pas d’attaches donc rien nous retenais ailleurs. » Je souris doucement. Et honnêtement j’étais heureuse que Lina est acceptée que l’on reste ici. Je ne me serais pas sentie à l’aise aussi près de l’endroit où j’avais vécue. Cela me faisait réellement du bien de m’être éloignée. Même si je ne me sentais pas toujours en sécurité, je me sentais plus en sécurité que là où nous habitions avant. Je proposai à mon invité ensuite de boire quelque chose. Il opta pour le café.
 
Nous discutâmes le temps qu’il se fasse. J’acquiesçai lorsqu’il dit que Lina semblait être quelqu’un de bien et que j’avais la chance de l’avoir. Je ne cesserais de me le dire. J’étais bien tombée. Sans elle, je ne sais pas ce que je serais devenue. Peut-être me serais-je perdue au fin fond des Etats-Unis, peut-être serais-je à la rue ? Je tendis une tasse remplie de café au jeune homme avant de reprendre place, ma tasse de thé en main. Je lui demandai alors si je pouvais lui poser une question, une question dont j’avais réellement besoin d’une réponse sincère de sa part. Il connaissait mon histoire et je voulais savoir ce qu’il pensait de moi. Sa réponse m’enleva comme un poids dans ma poitrine. Il apposa sa main sur mon bras dans un geste tendre. Son contact me fit me sentir un peu bizarre, je ne m’attendais pas du tout à ce qu’il me touche de la sorte. « Merci. » répondis-je simplement avec un sourire timide. Que dire d’autre ? Il venait de dire ce que je voulais entendre de sa bouche. Il ne me voyait pas comme une folle, mais juste comme une personne normale au passé compliqué.
 
Il retira sa main avant de boire une nouvelle gorgée de café et me demanda ensuite si j’avais fait de nouvelles rencontres sur Miami. J’haussai les épaules avant de répondre. « Je me suis fait un bon ami en côtoyant la salle de sport. C’est mon coach en faite, il vraiment bien. » Chad avait été l’un des premières personnes à qui j’avais accordé ma confiance en arrivant ici. Je m’étais tellement sentie à l’aise avec lui que nous étions partis en voyage pendant quelques jours histoire de me faire découvrir un peu le pays. Ca avait été une belle expérience. Entre lui et moi je pouvais parler d’amitié. Il ne me jugeait pas et arrivait même à prendre à la rigolade mon passé. « Je ne suis pas très extravertie comme fille, alors je sors pas beaucoup et comme je sors pas beaucoup, je connais pas grand monde. Mais après ça ne me gêne pas car au moins les gens que je connais je sais que je peux compter sur eux. » Je préférais avoir deux trois amis sur qui compter quand j’en aurais besoin que une panoplie qui au final ne serait même là le jour où je serais en difficulté. Et puis c’était bien trop de boulot que de conserver une amitié en réalité. « Au contraire de moi, tu dois connaitre pas mal de monde par contre ? » Il m’avait dit être d’ici, avoir fait ses études ici et aujourd’hui travaillait ici. Je supposais donc qu’il avait du se construire un bon réseau d’amis avec le temps. Des fois, même si je disais préférer n’avoir que quelques amis, je me prenais à rêver à avoir une bande de copains avec qui partageait des secrets, des souvenirs, des fous-rire … Au complexe je n’avais que peu d’amis, et encore si je pouvais les considérer comme tel. En réalité ils étaient peut-être juste des gens sur lesquels je m’étais appuyés le temps de sortir de l’endroit où j’étais sinon je leur aurais dit que je voulais m’enfuir. J’avais eu un seul réel ami en fin de compte, celui qui m’avait couverte et qui m’avait offerte la chance de pouvoir commencer une vie à l’extérieur. Je m’étais perdue quelques instants dans mes pensées, mon regard fixé sur ma tasse. Je relevais les yeux et vis que William me regardait. « Pardon. » Je bu un peu de mon thé. Afin de ne pas laisser un blanc s’implanter trop longtemps entre nous, je réamorçai une conversation. « Sinon, tu ramènes souvent tes patientes chez elle ? » Je lui souris amusée. Je ne comprenais toujours pas pourquoi il avait fait cela pour moi. Par gentillesse sans aucun doute.

J’étais bien heureux finalement qu’elles aient décidés de rester à Miami. En même temps je pouvais comprendre d’être complètement tombé sous le charme de cette ville. Miami mariait à merveille l’aspect des grandes villes à la beauté de la nature, de la plage et tout. C’était un bel endroit où il faisait bon d’y vivre. Bon ok, ça dépendait des quartiers mais ici, les deux jeunes femmes étaient bien situées et elles ne semblaient manquer de rien. « T’es en recherche d’emploi donc? » dis-je, en retenant principalement cette information de ce qu’elle m’avait dit. C’était plus fort que moi, j’étais intéressé par ce qu’elle me disait et je voulais apprendre à la connaître. Je me demandais d’ailleurs elle s’était rendu jusqu’où dans ses études? Est-ce que ses parents lui avait toujours fait l’école à la maison? Peut-être qu’elle allait m’en faire part sinon, peut-être que j’allais poser la question aussi. Je voulais pas non plus que notre conversation ressemble à un interrogatoire. C’était Nate la police , pas moi. La jolie jeune femme me proposa gentiment un truc à boire et disons que le café me tendait bien, j’optai donc pour ce breuvage.

Puis, la conversation prit une tournure un peu plus sérieuse. Kathelyn me demanda bien franchement si je pensais qu’elle avait un problème. Du coup, j’avais l’impression qu’elle ne parlait plus vraiment avec un médecin, mais avec un ami. C’était un peu plus personnel, bien que la question était la même, nous n’étions plus dans un contexte médical. Ici, j’étais pas docteur Armstrong, j’étais Will et je m’exprimai comme je l’aurais fais avec n’importe quel ami qui m’aurait posé la question. Je ne savais pas trop si c’était mal interprété de ma part mais je cru voir un soulagement dans son visage suite à ce que je lui dis, elle me remerciai et je me contentai de lui sourire tout doucement, retirant ma main de son bras pour ne pas la rendre mal à l’aise. Elle paraissait fragile mais elle me semblait aussi très forte à la fois et je ne m’inquiétais pas pour elle. D’ailleurs, je lui demandai si elle avait fait des rencontres ici, pour savoir si elle avait d’autres amis que Lina… et peut-être de savoir aussi si elle avait un petit copain? C’était un peu ambigu mais elle me parla de son entraîneur. Bon, je n’allais pas m’attarder sur lui non plus. « Ah ouiiii c’est vrai! Une sportive! Tu pratiques quel sport exactement? » demandais-je, bien intéressé. Je trouvais ça sexy une femme qui faisait du sport, qui se tenait en forme. Qui sait, on avait peut-être des points communs. « Il n’y a rien de mieux que bouger! Je suis capitaine d’une équipe de football d’ailleurs! » Et j’adorais ça, en plus de faire régulièrement du jogging. J’étais pas un accro à la salle de gym mais j’adorais me tenir en forme, et c’était important pour une bonne santé!

À parler d’amis, de connaissance, la jeune femme me retourna finalement la question. Je pris une petite gorgée de mon café avant de hausser les épaules. « Connaître, oui.. Mais tu sais, la vie a ses hauts et ses bas et c’est dans ce genre de moment que tu réalises que finalement, t’as beau connaître pleins de gens, y’en a qu’une fine pincée, que quelques uns sur qui tu peux réellement compter. Mais j’ai la chance d’avoir de bons amis, oui. » Je lui fis un petit sourire. J’avais Nathaniel, qui était comme mon frère ainsi que quelques autres potes. J’aimais pas trop en parler car je devais avouer que dernièrement, je me sentais bien seul. Je travaillais beaucoup pour oublier que ma vie n’allait pas vraiment quelque part. « Et puis, j’ai longtemps été un petit intello à l’école, on se foutait souvent de ma gueule et tout donc j’étais pas trop le plus populaire! » avouais-je, ensuite. Aaaaaah, ce temps là! L’adolescence, vraiment pas facile! Puis, alors que je profitai de nouveau de mon café bien chaud, ma compagne me posa une question qui me surprit au plus haut point. Je m’étouffai alors avec ma gorgée de café. Je toussai un bon coup, en déposant ma tasse, ok sa question m’avait vraiment surpris. « Excuse-moi! » J’avais l’air de quoi là? Gosh, je voulais pas qu’elle croit que j’étais un genre de profiteur ou quoi que ce soit. « Non, pas du tout! » m’empressais-je de répondre à sa question. «  Du moins, c’est pas comme si j’avais l’habitude de voir de mes patientes à l'extérieur en situation de détresse d’autobus! » ajoutais-je en riant pour la voir sourire aussi. « Mais je dois t’avouer qu’indirectement, j’étais heureux que tu ne sois pas partit finalement. » Car j’étais heureux d’avoir son numéro de téléphone et j’étais heureux qu’elle m’ait invité présentement. Je ne savais pas trop ses intentions à mon égard mais ça me dérangeait pas… je suppose que j’allais le découvrir en temps et lieux. Et puis, je la trouvais vraiment adorable, elle était différente des autres filles et ça me plaisait beaucoup.

J’avais appréhendé l’invitation faite à mon sauveur mais finalement cette appréhension n’avait pas lieu d’être. Moi qui redoutais de faire la conversation et de ne pas réussir à bien accueillir mon invité j’étais finalement plutôt à l’aise en la compagnie de William. En même temps il fallait dire qu’il m’aidait beaucoup. Il n’avait pas sa langue dans sa poche, non pas négativement, mais il entretenait la conversation et j’appréciais cela. Au moins ça évitait les blancs gênants, chose que je détestais vraiment. Il me demanda si j’étais en recherche d’emploi, j’acquiesçai d’un signe de tête. Il fallait d’ailleurs que je contacte Dani, la sœur de Chad, pour savoir si elle pouvait m’embaucher dans sa brasserie. Il me demanda si j’avais fait des rencontres à Miami. Je lui expliquai alors que je ne connaissais pas grand monde mais que cela ne me déplaisait pas non plus. Au moins je savais que j’étais bien entourée. Il rebondit en me questionnant ensuite sur le sport que je pratiquais. « Je fais des arts martiaux. Les sports de combat ça me fait du bien, ça permet de me sentir … » j’hésitais sur me mot à employer. Plus en sécurité ? Non je ne voulais pas dire ça, je ne voulais pas qu’il commence à prendre pour une paranoïaque. « … Plus forte et ça me donne de la confiance. » Ce n’était pas faux. Je ne mentais pas en disant cela. En sachant que je pouvais me défendre contre quelqu’un j’avais moins peur de rentrer seule la nuit, j’avais moins peur d’être confronter au monde extérieur qui me semblait quelque fois dangereux et j’avais moins peur que des gens du complexe ne viennent s’en prendre à moi. William me confia qu’il faisait partie d’une équipe, qu’il en était même capitaine. Instinctivement je lâchai un « Whaou, c’est cool ! » d’admiration avant de me reprendre rapidement. « Enfin je pense … J’ai jamais vu un match de football en fait mais vu que j’en entends parler souvent je pense que ca doit être chouette comme sport. » Je souris amusée par mes propos avant de replonger mes lèvres dans mon thé et de le questionner à mon tour sur ses connaissances à Miami. Il me répondit qu’il connaissait du monde mais qu’il ne comptait seulement que sur une petite poignée. Les gens de confiance de toute façon ne se comptaient jamais en grand nombre, enfin de ce que je pouvais en avoir tiré de mon expérience. J’acquiesçai d’un signe de tête pour lui signifier que je m’accordais avec ce qu’il disait. « Tant que tu sais vers qui te tourner en cas de besoin c’est l’essentiel. » Il m’expliqua ensuite qu’étant plus jeune, il était l’intello de la classe celui qui n’avait pas trop la côte. Franchement je n’arrivais pas trop à l’imager plongé dans ses bouquins, sérieux pendant des heures et des heures. Quoi que pour faire médecin, il fallait bien un peu de matière grise. Il avait sans doute bien évolué au fil du temps.
 

Alors que je me perdais dans mes pensées, une question que je réprimais assez fortement depuis le début, franchis mes lèvres. Pourquoi m’avait-il ramené. Enfin je ne l’avais pas formulé comme ca mais plutôt sur le ton de la plaisanterie, plaisanterie qui fit réagir le jeune homme présent en face de moi. Il manqua de s’étouffer avec son café. « Ça va ? » m’inquiétai-je. Je ne pensais pourtant pas l’avoir dit trop abruptement. Il essaya de trouver une excuse à son comportement de preux chevalier, sauvant la belle en détresse. S’en fut tellement amusant que je bu une gorgée de mon thé pour cacher mon sourire malicieux. Je toussotai doucement quand il me dit qu’il avait été content que je ne sois pas partie finalement. Je saisis un biscuit nerveusement dans la boite que j’avais placé sur la table plus tôt et le coupa en deux avant de jouer un peu avec. Je sentais que le rouge me montait un peu aux joues. Dans mon for intérieur j’essayai de ne pas trop me concentrer sur ça car je savais que plus j’y penserais plus ça accentuerais le rouge. « Sers-toi si tu veux. » lui dis-je en poussant la boite de gâteaux en sa direction. Mes yeux qui s’étaient posés sur la boite se relevèrent pour se poser sur le visage du jeune homme. Il avait de très beaux yeux noisette que je n’avais pas remarqués avant cela. Je détournai mon regard pour ne pas paraitre trop insistante et relança la conversation sur le sport. Il était capitaine d’une équipe de football si je le lançais sur ce sujet j’étais presque sûr qu’il m’en parlerait volontiers. « J’ai cru comprendre que c’était les gens cool qui faisait du football, comment ça se fait que tu en fais si tu étais l’intello de la classe laissé un peu sur le côté ? D’où t’es venu cette envie d’intégrer une équipe de football ? » Je ne posais pas cette question simplement pour faire la conversation. Non ca m’intéressait également d’en savoir un peu plus sur lui. Je ne savais pas pourquoi mais j’étais curieuse d’en apprendre d’avantage sur son compte. Je mis le gâteau avec lequel je jouais depuis quelques minutes, dans ma bouche et le mangea discrètement.

Je demandai à Kathelyn si elle était en recherche d’emploi, elle me fit signe de la tête que c’était bel et bien le cas. « Et tu cherches dans quel domaine exactement? » Parce que bon, je pouvais toujours rester à l'affût si je voyais quelque chose à l’hôpital ou même ailleurs quoi! J’avais bien envie de l’aider avec tout ça, à ce qu’elle se sente encore mieux dans cette nouvelle ville. La conversation dériva ensuite vers les sports et je dirais que j’étais franchement intéressé maintenant qu’elle me disait qu’elle en pratiquait. Elle avait un bon corps, ça se voyait qu’elle s'entrenait et je trouvais ça vraiment sexy. Elle me fit part que c’était des arts martiaux qu’elle pratiquait, je haussai les sourcils, surpris et impressionné à la fois. « Je vois, donc je vais faire attention à ce que je dis, et à ce que je fais question d’éviter les coups de pieds et tout! » lâchais-je en riant. Elle n’avait pas l’air violente, c’était des blagues et j’aimais bien voir si je pouvais la taquiner, car c’était tout moi de faire ce genre de chose. Je lui fis part à mon tour de quel sport je pratiquais. Elle disait que c’était cool mais elle m'avoua qu’elle n’y connaissait pas grand chose, ce qui me fit bien rire. « Eh bien, t’es la bienvenue si tu veux assister à un match! Pendant les tournois, c’est vraiment cool l’ambiance et puis, j’ai toujours besoin d’encouragement. » Ça me ferait bien plaisir qu’elle vienne, elle pouvait même inviter sa coloc! Disons que ça me motiverait à bien performer pour l’impressionner, héhé.

Je parlai un peu du fait que j’avais beau vivre ici, que je n’avais pas énormément d’amis mais elle avait raison en disant que tant que je savais vers qui me tourner en cas de besoin, que c’était l’essentiel. Je savais très bien que Nate serait toujours là pour moi. Kathelyn me surprit ensuite en me demandant si j’avais l’habitude de ramener mes patientes chez elle comme ça. Mon dieu, ça me faisait limite passer pour un gros pervers. Je fus tellement surpris par sa question que je m’étouffai un peu avec ma gorgée de café. J’essayai de lui faire comprendre que non, que je n’étais pas comme ça mais que j’avais été bien content de la voir à la fin de ma journée de travail. Et puis, merde… par son expression, je compris que je venais de la mettre mal à l’aise! J’avais pas l’habitude des filles aussi timides… je ne savais pas où était la réelle limite. Elle s’était mis à rougir, à fuir mon regard et je ne pouvais que me traiter de stupide. Elle m’offrit ensuite des biscuits, clairement pour changer la conversation. « Euh ouais ok… merci! » Je me disais que peut-être, il valait mieux pour moi de partir maintenant? Je voulais pas m’enfoncer et la rendre encore plus mal à l’aise. Cette dernière reprit donc le sujet des sports, au moins, c’était déjà ça. Elle voulait comprendre mes motivations à passer d’avoir le nez dans mes bouquins à courir sur un terrain de foot. « Je te cacherai pas qu’au départ, c’était surtout pour attirer les filles. Disons que j’étais vraiment pas populaire avec elles. » dis-je en riant. « Puis, à force de m'entraîner, de faire du sport et de prendre soin de moi… j’ai gagné beaucoup confiance en moi et je me sentais mieux dans ma peau donc bien que ça ait commencé d’une mauvaise intention, ça s’est transformé en quelque chose de bien et j’ai découverts un passe-temps que j’aime  beaucoup! » ajoutais-je en lui souriant tout doucement. Elle m’écoutait avec attention et je ne pouvais que trouver ça agréable. C’était rare maintenant de parler avec des gens et avoir la réelle impression que la personne était attentive à ce qu’on disait. Maintenant, les conversations étaient tellement superficielles ou bien trop souvent interrompu par les téléphones ou peu importe quoi! Il n’y avait rien qui était plus insultant qu’être en conversation avec quelqu’un qui regardait continuellement son téléphone. La conversation fut toutefois interrompu par la porte de l’appartement qui venait de s’ouvrir. Je fus un peu surpris, je me redressai en tournant la tête en direction de la jeune femme qui venait de saluer l’intérieur de l’appartement en ne regardant pas immédiatement en notre direction. « Bonjour! » dis-je alors pour lui rendre ses salutations. Je me doutais bien que c’était Lina, la coloc’ de Kathelyn. Une coloc’ qui ne devait pas être là ce soir, aux dires de cette dernière. Naturellement, la jeune femme ne s’attendait pas à voir un homme en entrant chez elle, je me doutais bien. Je me levai donc doucement en me dirigeant vers elle pour tendre la main et lui faire la bise. J’étais poli après tout, j’étais chez elle en plus!  « Moi c’est William! » déclarais-je, sans gêne du tout.  Naturellement, Kathelyn s’était approchée de nous, je me doutais bien qu’elle voulait faire les présentations comme il se doit.  

Lina revenait de sa journée passée avec Jordan, des étoiles plein les yeux. Elle était passée chez lui et ils avaient partagé un moment intime avant de se rendre à la plage avec Alva après sa sieste. La journée s'était achevée par un baiser tendre et langoureux. Elle aurait aimé resté mais ça faisait quelques temps qu'elle n'avait pas vu Kathelyn et elle voulait passer du temps avec elle ce soir. Elle rentra donc chez elle pour espérer la trouver-là. Elle ouvrit la porte et machinalement voulut se rendre dans la cuisine pour prendre un verre d'eau elle avait soif. La porte n'étant pas fermée elle se doutait que Kathelyn était là. Saluuut !! Kath !! lança t-elle à travers la pièce mais elle se stoppa quand en fait elle vit Kath avec un homme.

Wooowww !

Il se leva et vînt à la rencontre de Lina pour lui tendre sa main quand elle lui tendit sa joue. Ils se firent la bise et il se présenta. Enchantée William, moi c'est Lina, la colocataire et amie de Kath. Elle devint toute rouge du coup en se rendant compte qu'elle venait sans doute d'interrompre un rendez-vous entre eux. Je suis vraiment désolée de vous interrompre ... Je ... rentrais pour voir Kath. On se voit en coup de vent en ce moment alors je me disais que ... Mais si jamais je dérange je peux revenir plus tard y a pas de soucis ... Lina détailla le jeune homme en face d'elle et le trouvait bien charmant.

Décidément c'est une petite cachottière ma Kath chérie !!!