Amour & Amitié.
Bellamy n'a jamais été du genre à avoir beaucoup d'amis. Certes, il a toujours été entouré d'une foule de gens, mais ceux-ci comptaient-ils pour autant dans sa vie...? Pas tant que ça. Il en va de même pour ses relations amoureuses. Le jeune homme s'attache et fait confiance difficilement ; aussi n'a-t-il pas eu beaucoup de relations sérieuses au cours de sa (jeune) vie. À l'heure actuelle, Bellamy est célibataire et cette situation lui plaît. Sa rupture douloureuse, il y a quelques mois, lui a passé l'envie de recommencer. Il est sentimentalement fatigué, en vérité. Tout finit toujours mal. Sa première vraie relation, quand il avait dix-sept ans, s'est soldé par un véritable drame, parce que son coeur battait pour un homme. Un couteau dans l'abdomen - le sien, soit dit en passant, et un procès. Ce n'est qu'il y a deux ans que Bellamy a fini par se remettre d'un traumatisme dont il garde tout de même des séquelles, dans les bras d'une femme qui, malgré les hauts et les bas de leur relation, est parvenue à apprendre à aimer de nouveau, à lui, l'oiseau blessé. Tous ses efforts n'ont pas suffit à sauver cette relation et leur amour a fini par s'étioler. Aujourd'hui, Bellamy a oublié et songe à aller de l'avant, même si la recherche du grand amour est loin d'être sa priorité. Il pense en avoir terminé avec toutes ces bêtises ; il est tout simplement fatigué par ses déboires sentimentaux. Pourtant, aujourd'hui, il est troublé par le retour d'un vieux fantôme de son passé...
Travail & Loisirs.
Bellamy a commencé tant bien que mal des études de psychologie quand il est arrivé aux États-Unis, il y a de cela trois ans. Le jeune homme n'avait jamais été très tourné vers les études et ne pensait d'ailleurs jamais en faire. Seulement, l'opportunité s'est presque tout naturellement présenté quand il a emménagé à Miami, une opportunité qu'il n'avait pas dans sa ville natale, Tijuana. La volonté de tourner une page de sa vie et la possibilité d'offrir par la suite une vie meilleure à sa fille l'ont poussé à s'inscrire à l'université. Ses débuts furent laborieux, lui qui n'avait jamais été studieux, mais progressivement, Bellamy a réussi à faire ses preuves. Il aimait ce qu'il étudiait, même s'il ne savait pas trop pourquoi. Ses études étaient probablement ce qui lui permettait de souffler, d'oublier son
autre vie, de se prendre à rêver qu'il n'était qu'un type normal, banal... Il avait pensé à devenir psychologue carcéral, un milieu qu'il connaissait pas mal, ou du moins dont il connaissait les détenus, pour en avoir fréquenté un bon nombre. L'idée de pouvoir aider des types dans la galère, envers qui le sort ne s'était jamais montré favorable et leur permettre de rebondir après leur incarcération plaisait beaucoup au jeune homme. Mais, presque contre toute attente, Bellamy a décidé d'arrêter ses études il y a six mois, et ne sait pas encore s'il va les reprendre. Après sa rupture, le jeune Frobisher a connu une grosse période de découragement. Il ne se sentait tout simplement pas capable d'arrêter ses conneries et, depuis son voyage de quelques mois au Mexique, il lui est devenu légalement impossible d'exercer ce métier qui le fascinait tant. Aussi se consacre-t-il depuis à son autre job, celui qu'il exerce depuis ses quinze ans. Au début simple guetteur, il est rapidement devenu passeur de drogue à la frontière mexicaine en raison de son jeune âge et de son physique caucasien. Aujourd'hui, il est trafiquant à temps plein de drogues, d'armes et de tout autre objet de contrebande qui lui tombe sous la main. Basé à Miami, son travail consiste à réceptionner les diverses cargaisons arrivant par des moyens détournés à des endroits stratégiques de la ville et à les transiter vers les clients. Ce job, Bellamy le déteste autant qu'il l'aime. Son appartenance à son cartel lui a causé beaucoup de torts par le passé et a mis sa famille en danger à de nombreuses reprises, raison d'ailleurs de sa venue à Miami, pour fuir ceux qui avait mis sa tête à prix au Mexique. Il déteste l'influence de son travail sur sa vie privée et déteste ce qu'il fait courir à ses proches, et pourtant, il en est accro. Il est accro à cette pulsion d'adrénaline et ne se sent jamais plus vivant qu'avant un pistolet braqué sur sa tempe.
Episode marquant.
2013. Bellamy passe un mois à l'hôpital. Après plusieurs jours passés entre la vie et la mort, le jeune homme est finalement sauvé. Il s'en sortira avec une grosse cicatrice qui lui lacère l'abdomen. Le pire mois de sa vie. Le mois où tout son monde s'écroula. Un mois où il se sentit si seul malgré la présence quotidienne de sa mère et de ses soeurs. Un mois cauchemardesque conclu par un procès. À peine remis de l'altercation, on le mit sur une chaise roulante et on le traîna, presque contre son gré, dans ce foutu tribunal. Bellamy savait d'avance que tout était déjà fait, et que sa mère n'obtiendrait pas gain de cause. Parce que c'était bien elle qui avait intenté tout cela, elle et son désespoir maternel. Quelle mère supporterait de laisser celui qui avait presque tué son fils impuni ? Et ce, même si l'attaquant n'était autre que le frère du compagnon de son fils ? La pauvre, elle n'était pas d'ici. Elle était anglaise et ne connaissait rien aux lois qui régissaient Tijuana. Elle ne connaissait rien aux affaires de gangs contre qui la justice est impuissante parce que gangrénée. Elle menait un combat vain, gagné d'avance, parce que les juges incorruptibles se faisaient de plus en plus rares dans le pays. Bellamy n'écouta rien du procès. Il garda les yeux rivés sur Hamri, celui qui avait failli le tuer et qui faisait presque le malin de l'autre côté de la salle, et surtout sur Andrea. Andrea, son amour, celui pour qui son coeur battait depuis près d'un an. Andrea qui avait tout changé dans sa vie, tout bousculé, qui l'avait fait grandir. Aujourd'hui, ce n'était pas de Bellamy dont on faisait le procès, mais de leur relation. On avait voulu le tuer parce qu'ils avaient une relation homosexuelle, et qu'ils ne s'en cachaient pas. Ou du moins, pas assez. Pourtant, si c'était à refaire, Bellamy signerait tout de suite. Il n'entendit même pas le juge prononcer la sentence, trop occupé à échanger un dernier regard avec Andrea. La dernière fois qu'il ne vit.
2014. Elle pousse son premier cri. Bellamy l'entend de l'autre côté de la porte, la voit à travers le hublot. Il ne peut pas rentrer, évidemment. Adela ne l'avait pas autorisé à assister à l'accouchement, sans quoi ça n'aurait pas été Adela. Ç'avait été son dernier doigt d'honneur au père de sa fille. Trépignant derrière la porte, Bellamy attend qu'un médecin vienne lui ouvrir. Au bout d'un interminable moment, on l'autorise enfin à entrer. On lui enfile tout un attirail de gants et une combinaison bleue, mais ne le remarque pas. Il a les yeux rivés sur ce petit bout de vie qui se débat dans les bras d'Adela, sa mère. Bellamy s'approche, sans savoir quoi dire ou quoi faire. Il la regarde d'un air médusé, déboussolé, mais aussi incroyablement heureux. Heureux parce que sa fille est là, parce qu'il l'aime déjà plus que tout. Parce qu'il a envie de se donner pour elle, envie de changer, envie de devenir un meilleur homme. Adela lui prend la main, un geste tendre qui ne lui ressemble pas. Son visage est plein de larmes, un mélange de joie et de douleur. Elle qui jusque là voulait accoucher sous X, et laisser son enfant à l'orphelinat... Bellamy n'avait pas osé protester. C'était son choix, pas vraiment le sien. Elle le tenait déjà assez responsable de l'avoir enfanter, ce qui n'était pas faux, alors... Et puis, est-ce qu'il était prêt à être père, à seulement dix-neuf ans ? Rien n'était moins sûr. Et pourtant, tous ses doutes s'étaient évaporés en voyant ce petit visage rouge.
« On la garde » dit Adela d'une voix tremblante. Il n'était pas ensemble et ne s'entendait quasiment jamais, mais pourtant, à ce moment-là, Bellamy l'aima plus que tout au monde.