Eli & Clarke

Samedi matin. Je m'étais réveillée avec un gars à moitié sur moi, en train de m'embrasser le cou et la poitrine. Wow, c'était pas mal du tout comme réveil ça. Quoi que cela me prit un bon 30 secondes avant de me souvenir qui était le mec en question. Joe. Nous avions eu une soirée et une nuit plutôt enflammée. Je crois qu'on avait mis la pagaille dans mon condo hier, sur notre chemin jusqu'à ma chambre. Pour tout ce que j'en savais, j'avais très bien pu laisser la porte d'entrée grande ouverte, tellement il m'avait fait perdre la tête //Hint hint! Ah ah, la porte est très légèrement entrouverte donc tu peux entrer//. Mais ça m'était égal, car le jeune homme était carrément un dieu grec. Du genre, il aurait pu être mannequin. Peut-être qu'il l'était d'ailleurs, je n'en savais rien.

Bref, il semblait vouloir remettre ça ce matin. Et bien que je n'étais pas fan de l'haleine de matin, j'était partante. On ne tarda donc pas à être en pleine action, et après quelques minutes, entre mes gémissements de plaisir, je crus entendre un bruit dans le condo. Est-ce qu'il y avait quelqu'un? Je n'attendais personne pourta... Oh! Eli était sensée venir, et j'avais complètement oublié. Ça devait être elle! Rapidement, je me défis de l'étreinte du beau Joe, et enfilai un peignoir avant de sortir de la chambre. Elizabeth semblait avoir rebroussé chemin, prête à partir.

- T'en vas pas! Je suis là, je suis là! Je suis... presque prête, dis-je avec un petit rire, sachant que je n'étais pas du tout crédible.

Eli & Clarke

Aujourd’hui, j’allais revoir Clarke pour la première fois depuis longtemps. Depuis mon mariage à vrai dire donc ça faisait déjà un bon moment. Elle semblait bien occupée ces temps-ci et je l’étais aussi également donc on s’en voulait pas l’une l’autre de ne pas s’être tenu au courant de nos vies respectives. Mais c’était le but de la journée : se voir et rattraper le temps perdu. On avait prévu que je passe chez elle vers 10h et c’est ce que je fis, bien heureuse de la revoir. J’avais même prit la peine d’aller lui chercher un café, me disant qu’à cette heure, elle n’allait probablement pas être debout depuis longtemps, contrairement à moi, qui débutait toujours mes journées vers les 7-8h maximum. C’est avec le sourire aux lèvres que je montai l’escalier qui menait jusqu’à chez elle, me stoppant au pied de la porte avec les yeux grands ouverts. La porte de son appartement était entrouverte. Aussitôt, mon coeur se mit à battre super fort, j’imaginais le pire, automatiquement. Je poussai un peu à l’aide de mon pied, essayant de tendre une oreille à n’importe quel bruit qui pouvait me réveiller le pourquoi du comment, que Clarke avait laissé l’accès à son logement aussi facilement. Peut-être m’avait-elle vu arriver? Je n’y pensais pas vraiment, en fait, je me disais qu’elle s’était peut-être fait enlever, peut-être même qu’elle était en train de se faire attaquer? Je sais je sais, vous devez être en train de vous dire : mais qui pense à ce genre de chose là en premier? Qui est paranoïaque à ce point là? Eh bien… moi. Je m’avançai doucement dans l’appartement, tenant mes deux cafés dans chacun de mes mains, me disant que c’était probablement la seule que je pouvais faire si mon amie se faisait attaquer : balancer du liquide chaud sur le méchant. Toutefois, lorsque j’arrivai près de sa chambre, où la porte était entièrement ouverte je me retrouvai devant un tableau que je n’aurais jamais voulu voir de ma vie. Disons que Clarke n’était pas dans une situation… désagréable. Prise de panique, je tournai immédiatement les talons en espérant quitter les lieux sans qu’elle ne le remarque mais le plancher craquait et hop, j’entendis mon amie éclater de rire en m’informant qu’elle arrivait.

« AH!  Oh… ok… je… enfin, faîtes comme si j'étais pas.. pas là. ENFIN NON Je... ahhh... j’attends où? Je… neee… salon. »

Je posai les cafés sur la petite table en prenant place sur le canapé. Et dire que je n’avais même pas remarqué les vêtements au sol. Maintenant, c’était bien évident. Je me trouvais stupide, j’aurais dû attendre à l’extérieur et tenter de l’appeler d’abord. Clarke sortit de la chambre avec son… ami? Ce dernier se mit à s’habiller devant moi pendant que j’avais la tête penchée vers mon téléphone. Je faisais semblant d’être méga concentrée mais j’avais rien à regarder à vrai dire, je pianotait sur la calculatrice. Je devais être rouge comme une tomate, j’avais ridiculement chaud en tout cas et le moment me semblait durer une éternité en plus, je pouvais le voir torse nu enfiler bien tranquillement sa chemise et l’espace d’un moment, je pensais bien qu’il avait le regard rivé sur moi. Je relevai doucement la tête, comme pour voir si c’était bien le cas… eh bien oui! Le jeune homme me sourit en soutenant mon regard, incapable de réagir convenablement, je bafouillai un :

« Bon… bon matin. »

Naturellement, il se mit à rire en me renvoyant le truc pour finalement saluer Clarke et foutre le camps. Je me sentais tellement stupide, et tellement pas à ma place. Cette dernière arriva, en riant toujours de la situation. Je me mit à rire également, mais pas mal jaune à vrai dire. Je me passai une main au visage.

« Je suis tellement désolée… j’aurais pas dû rentrer mais… la porte était ouverte et enfin, je me demandais ce qui se passait. Je t’ai apporté un café! » déclarais-je, super rapidement et toute d’une traite avant de prendre mon propre café et l’apporter à mes lèvres : j’avais besoin de faire passer le tout.

Eli & Clarke

- AH! Oh… ok… je… enfin, faîtes comme si j'étais pas.. pas là. ENFIN NON Je... ahhh... j’attends où? Je… neee… salon.

Eli avait le don de me faire rire. Ce n'était pas comme si on allait continuer quand même! J'enfilai un peignoir et sortis de ma chambre pour retrouver mon amie au salon. Joe quant à lui enfila son boxeur dans la chambre, mais il n'eut pas le choix de sortir pour continuer à s'habiller puisque ses vêtements étaient éparpillés dans mon appartement. En même temps, il ne semblait nullement gêné de son corps. D'ailleurs, il s'habillait tout en regardant Elizabeth qui elle, devenait de plus en plus rouge, les yeux rivés sur son téléphone.

- Bon… bon matin.

- Bon matin, répondis Joe un petit sourire en coin.

- Bas les pattes Joe! Elle est mariée!

Il lança un "dommage" qui me fit rire, puis il me salua avant de me claquer une fesse et partir. Une chance que j'avais profité de son corps hier, sinon j'aurais été très déçue de le voir partir aussi vite ce matin. En même temps, il était un charmeur et il avait même reluqué Eli devant moi, donc je savais que je n'allais sûrement pas le revoir. Ça ne me faisait rien. Nous avions passé une belle nuit. Et puis soyons honnête, mon amie était très belle, alors ça ne m'étonnait pas que Joe l'ait trouvé de son goût. Je ne le blâmais pas du tout.

- Je suis tellement désolée… j’aurais pas dû rentrer mais… la porte était ouverte et enfin, je me demandais ce qui se passait. Je t’ai apporté un café!

- Hey c'est pas grave! J'avais laissé la porte ouverte c'est ma faute... dis-je avec le sourire. Et merci pour le café.

Je pris le gobelet qu'elle me tendait. Du bon café, ce serait parfait pour me réveiller. Mais il manquait un petit quelque chose. J'allai à la cuisine et ouvrit le gobelet pour ajouter de l'Amarula dans mon café. J'en proposai à mon amie, qui refusa. De retour au salon avec mon café, et m'assis sur le canapé, à côté de mon amie. Je ne portais que mon peignoir, mais j'avouais que je m'en foutais pas mal. De toute façon, je crois qu'Eli avait pas mal tout vu ce qu'il y avait à voir quelques secondes plus tôt.

- Alors Madame Keller? Comment est la vie de jeune mariée?

Ça faisait longtemps qu'on ne s'était pas vu, alors on avait du rattrapage à faire. Surtout que je n'étais pas très bonne pour prendre des nouvelles de mes amis, et il devait s'être passé plein de choses dans la vie d'Elizabeth. Il y avait eut le mariage, la lune de miel au Canada. Je pris une gorgée de mon café, appréciant la touche d'alcool que j'y avais ajouté. C'était presque rendu nécessaire à ma survie en réalité.

Eli & Clarke

Oh la la la… je ne pensais pas du tout voir mon amie complètement nue en compagnie d’un jeune homme en arrivant chez elle dès le matin. Disons que ça avait le don de déstabiliser et si j'étais pas réveillée, je l’étais maintenant! Je savais tellement pas gérer cette situation, alors que les deux autres, semblaient au contraire, trouver le tout bien drôle! En plus, c’était eux qui venait de se faire prendre, à leur place, je serais morte de honte, bien cachée sous les draps. Je m’étais donc sagement assise sur le canapé du salon, attendant que les jeunes gens se disent au revoir. J’aurais d’ailleurs préféré que l’inconnu ne m’adresse pas la parole, et encore moins, me fasse… ? Je ne comprenais pas trop ce qu’il faisait à vrai dire, il était quand même pas en train de me faire de l’oeil devant mon amie qu’il venait de pénétrer quelques minutes plus tôt? Mon dieu! J’avais le regard tellement fuyant et heureusement, il ne resta pas longtemps. J’étais tellement mal à l’aise, en plus : ça se claquait les fesses devant moi, sans problème. C’était dans ce genre de situation là que je réalisais que j’étais tellement pas aussi à l’aise avec la sexualité que d’autres, quoique peut-être que Clarke l’était aussi beaucoup trop, va savoir! Quoi qu’il en soit, je m’empressai de m’excuser à cette dernière et comme de fait, ça semblait être trois fois rien pour elle.

« J’aurais dû parler, faire du bruit au moins! Je pensais qu’il y avait quelqu’un chez toi! Du moins… oui, il y avait quelqu’un mais pas de cette… façon. » Je me pinçai les lèvres en secouant la tête. « J’espère que ce genre de chose ne m’arrive jamais! Je ne pense pas que je serais calme comme toi en tout cas! » ajoutais-je en lâchant un petit rire timide.

Naturellement, son rire se joignit au mien. Ça devait être la toute première fois que je faisais référence au sexe en sa compagnie. J’en parlais tellement rarement, en fait, je ne savais pas trop comment discuter de ce genre de chose avec des personnes, non impliquées dans mon intimité. J’avais l’impression que n’importe quoi ce que je pourrais dire, ça serait que malaisant au final. Comme la plupart de gens que je croisais depuis mon mariage, tout le monde me demandait comment ça se passait cette nouvelle vie et je ne pouvais que sourire car ça me faisait toujour bien plaisir d’en parler. J’étais heureuse et très fière aussi d’être madame Keller.

« Eh bien tu sais, ça ne change pas vraiment à la maison, on s’entend toujours aussi bien, comme ça toujours été le cas mais on est vraiment dans une belle petite bulle d’amour, comme il en a été question tout le long de notre lune de miel! Tu aurais dû voir ça! Le Canada, c’est magnifique! Les paysages sont à couper le souffle! Et regarde, je me suis même fait un tatouage! C’était une surprise d’Edward, il l’a dessiné et il a également le même, sauf qu’il a fait ajouté mon prénom! »

Je relevai la manche de mon chandail pour lui montrer mon avant-bras, bien fièrement! Ça avait fait assez mal mais je ne regrettais pas. Je trouvais que c’était une très belle signification. Je la laissai regarder le tout attentivement pendant que je souriais toujours bêtement. Puis, ayant jugé qu’on avait assez parlé de moi pour le moment, je repris parole :

« C’est ton copain Joe ou bien c’est… un simple ami comme tu as l’habitude d’en avoir? » Puis, réalisant que ce que je venais de dire pouvait sonner comme un reproche, j’écarquillai immédiatement les yeux. « Enfin, pas que c’est mal hein! C’est bien d’avoir un penchant pour la diversité, explorer de nouvelles choses… Euh… » Je soupirai. « Désolée, je dois pas avoir assez dormi, je parle vraiment tout croche! »

J’avais l’impression que je faisais que me mettre les pieds dans les plats depuis que j’étais entrée ici ce matin. Je sentais mes joues encore bien chaudes, elles devaient ne pas s’être calmées niveau rougeur. Je tentai de faire passer le tout avec une bonne gorgée de café - trop - chaud.  

« Et toi alors, quoi de neuf depuis tout ce temps? Ça va toujours bien l’école? »

C’était là qu’on s’était connu mais moi, je n’y étais plus. J’avais réalisé que ce n’était pas vraiment pour moi au final et je me concentrais pour essayer de trouver un boulot dans mon domaine, travaillant en même temps sur mon portfolio qui avançait assez bien, j’étais plutôt satisfaite de moi!

Eli & Clarke

- Eh bien tu sais, ça ne change pas vraiment à la maison, on s’entend toujours aussi bien, comme ça toujours été le cas mais on est vraiment dans une belle petite bulle d’amour, comme il en a été question tout le long de notre lune de miel! Tu aurais dû voir ça! Le Canada, c’est magnifique! Les paysages sont à couper le souffle! Et regarde, je me suis même fait un tatouage! C’était une surprise d’Edward, il l’a dessiné et il a également le même, sauf qu’il a fait ajouté mon prénom!

- Wow! Vous êtes des petits rebelles les Keller!

Eli releva sa manche pour me montrer son tatouage. Il était très joli et le fait que ce soit Edward qui l'ai dessiné le rendait plus original et intéressant. J'étais quand même étonnée qu'elle se soit fait tatouer. Surtout un tatouage que son mari avait aussi. En espérant qu'ils restent ensemble toute leur vie et qu'ils ne finissent pas comme un mariage sur deux, divorcés. Autrement ça allait lui coûter cher de laser pour faire enlever ça. Mais bon, elle était amoureuse. Je ne pouvais probablement pas comprendre.

- C’est ton copain Joe ou bien c’est… un simple ami comme tu as l’habitude d’en avoir? ...Enfin, pas que c’est mal hein! C’est bien d’avoir un penchant pour la diversité, explorer de nouvelles choses… Euh… Désolée, je dois pas avoir assez dormi, je parle vraiment tout croche!

- C'est un simple ami, dis-je avec un sourire en coin. Enfin, ami est un grand mot. Je l'ai rencontré hier.

Mon amie me faisait bien rire. Elle se mettait un peu les pieds dans les plats en parlant. Mais je ne le prenais pas mal. C'était plutôt drôle. Et puis oui, j'aimais explorer de nouvelles choses, si on pouvait appeler ça comme ça. Être en couple, ce n'était pas fait pour moi. Mais si j'étais en couple un jour, j'espérais que ce soit avec quelqu'un d'aussi sexy que Joe. Bref, je me perdais dans mes pensées là. Je pris une gorgée de mon café que j'avais alcoolisé généreusement.

- Et toi alors, quoi de neuf depuis tout ce temps? Ça va toujours bien l’école?

- Oh j'ai lâché l'université. Ce n'était pas fait pour moi. J'imagine que tu peux comprendre.

Contrairement à ma soeur, Elizabeth ne pouvait pas me faire la morale. Elle aussi avait décidé d'arrêter l'université. Peut-être que ce n'était pas fait pour les artistes et les gens plus créatifs. Je savais que mon amie se cherchait un emploi dans son domaine. Pour ma part, je ne savais pas trop ce que j'allais faire. Il fallait absolument un diplôme pour travailler en architecture. Alors j'allais probablement finir par être barmaid ou serveuse toute ma vie.

- Et toi de ton côté? Ça avance la recherche d'emploi?

Je n'avais aucune idée si c'était difficile de trouver un poste dans le domaine de l'art. Je savais que les artistes qui essayaient de vivre de leur art étaient souvent pauvres, mais si je ne me trompais pas, elle cherchait un emploi dans un musée, une galerie, une école ou quelque chose du genre. C'était peut-être différent. Je bus encore une gorgée de mon café. Il était à moitié vide et j'avais envie d'aller le remplir avec de l'Amarula encore une fois, mais j'avais peur de me faire juger par Eli. Après tout, il était encore très tôt, et elle ne comprendrait pas. Elle n'était pas comme moi. Sa vie était... plus simple, plus belle.

- Tu veux quelque chose à manger? Je peux nous préparer euh... des céréales ou euh... c'est pas mal tout ce que j'ai en fait.

Eli & Clarke

J’avais eu peur de la réaction de mon entourage à la suite de mon tatouage. Non pas parce que j’étais marqué à vie mais bien parce qu’Edward avait le même également. C’était facile de juger rapidement, de dire que c’était con d’avoir un tatouage de couple ainsi car au final, dès que les deux personnes se séparaient, ils étaient prit encore avec ça mais ça n’allait jamais nous arriver car on allait rester ensemble pour toujours. Je savais bien que tout le monde disait ça aussi mais je savais que c’était vrai et qu’on était plus fort que tout. Je n’osais simplement pas dire ce genre de chose à voix haute car on pourrait facilement rire de moi et me trouver innocente de penser ainsi… mais bon, je le croyais plus que tout au monde et au final, notre entourage l’avait bien vu qu’on faisait la paire tous les deux et ça en surprendra plusieurs si un jour, on en viendrait à divorcer Ed et moi. En parlant de relation, je demandai à mon amie si le jeune homme que j’avais pu croiser - et voir nu - était un petit-ami potentiel ou bien un simple ami comme elle avait l’habitude d’en avoir. C’est à dire : un ami avec qui elle couchait… chose que je ne comprenais pas vraiment. Ça me semblait tellement intime que de partager ça avec n’importe qui… j’en serais incapable. J’étais très bien mariée!

« Hier? Wow! Et tu comptes le revoir? »

Parce qu’il était beau… bien que c’était bizarre qu’il m’ait fait des petites remarques devant elle. Mais bon, la beauté n’était pas tout et je me doutais bien que l’opinion que Clarke avait sur l’amour n’avait pas changé : elle était un électron libre. Le jour où elle allait me présenter quelqu’un, j’allais probablement être très surprise. Bref, maintenant que le sujet “amour” était terminé, je passai à celui des études. C’était d’ailleurs à l’université qu’on s’était rencontré elle et moi. J’avais quitté l’école depuis plusieurs mois déjà et je fus surprise d’apprendre que cette dernière en avait fait de même.

« Oui… je peux parfaitement comprendre. L’architecture ne te plaît pas alors? »

J’avais pourtant vu ce qu’elle faisait… elle avait beaucoup de talent! Je trouvais ça plutôt dommage mais elle devait avoir ses raisons. J’apportai mon café à mes lèvres pendant que mon amie me proposait de manger quelque chose… qui s’avérait être des céréales car c’était tout ce qu’elle avait.

« Oh, non merci j’ai mangé! Avoir su... je t’aurais apporté quelque chose de plus consistant… »

Je me levai avec mon café pour la suivre jusqu’à sa cuisine. C’était pas très propre ici et pourtant, elle avait un condo magnifique! C’était un peu dommage de ne pas prendre soin de ses trucs comme ça. J’avais l’impression que parfois, elle prenait un peu trop les choses pour acquises. Elle avait beaucoup de chance, elle ne semblait même pas le réaliser.

« Sinon, qu’est-ce que tu comptes faire maintenant que tu n’es plus à l’école? T’as d’autres projets en tête? »

J’étais bien curieuse parce qu’elle n’allait quand même pas travailler dans des bars toute sa vie, non? Et si éventuellement, elle voulait un mari et des enfants, il me semble que ce n’était pas un horaire de vie très stable, ça allait rendre les choses compliquées. J’osais espérer qu’elle ne voyais pas ça comme une reproche non plus, ce ne l’était pas du tout. Elle faisait ce qu’elle voulait de sa vie, j’étais pas mieux qu’elle à bien y penser. Je travaillais le dimanche dans un café et le reste du temps, je gardais des enfants.. c’était pas le boulot rêvé non plus.

« Tu m’avais pas dit que ta soeur te permettais de vivre dans ce condo gratuitement à condition que tu continues tes études? Il va se passer quoi avec ça? »

J’étais inquiète pour elle, je ne voulais pas non plus qu’elle se retrouve à la rue.

Eli & Clarke

Lorsque mon amie me demanda si l'architecture me plaisait toujours, j'haussai les épaules. Je ne savais plus trop en fait. Ce n'était pas que je n'aimais plus cela, seulement, ça n'avait plus le même attrait qu'avant. Et je ne saurais expliquer pourquoi. Je proposai à mon amie des céréales, mais elle avait déjà mangé. Nous passâmes tout de même à la cuisine toutes les deux. Après tout, moi je venais de me lever, alors j'avais bien envie de manger un petit quelque chose. Je trouvai un bol propre et me servis des céréales, sans lait.

- Sinon, qu’est-ce que tu comptes faire maintenant que tu n’es plus à l’école? T’as d’autres projets en tête?

- Je ne sais pas trop encore... Pour l'instant, j'aime pas mal le fait de travailler de nuit. Et puis rien ne m'empêche de me réinscrire à l'université à la prochaine session. Je suis encore en train d'y penser.

Je restais toujours assez vague lorsqu'on me posait cette question. N'empêche, Elizabeth était la seule personne à qui j'avais dit que j'avais officiellement arrêté l'université. Les autres personnes dans ma vie avaient soit assez de problèmes dans leur vie comme ça, ou soit ils me jugeraient. Eli elle était cool. Je crois qu'elle non plus n'avait pas de plan détaillé et précis pour les 5 prochaines années. Évidemment, elle était plus sérieuse que moi, alors elle imaginait probablement des enfants, une maison, etc. Mais elle ne me semblait pas contre l'improvisation et les changements de plan.

- Tu m’avais pas dit que ta soeur te permettais de vivre dans ce condo gratuitement à condition que tu continues tes études? Il va se passer quoi avec ça?

- Qu'est-ce que ça peut te faire? demandai-je sèchement. Ne t'inquiètes pas, je vais me débrouiller! Je suis une grande fille!

En prononçant ma dernière phrase, j'avais fait un geste de la main qui avait accroché mon gobelet de café sur le comptoir. Ce dernier tomba et s'ouvrit par terre, partout sur le plancher de ma cuisine. Tout un dégât. Je m'en foutais un peu par contre. Tout d'un coup, j'étais irritée par les paroles de mon amie. En fait, j'étais même complètement furieuse contre elle. Une colère inexplicable m'avait envahie, alors que j'étais parfaitement détendue quelques secondes plus tôt. Eli était dans tous ses états face à ma réponse. Elle voulu se pencher pour nettoyer le café que j'avais échappé.

- Non mais tu ne peux vraiment pas t'empêcher d'être la petite fille parfaite hein? Mêles-toi de ce qui te regarde et laisse-moi gérer mes dégâts! Dans tous les sens du terme!

J'avais haussé le ton oui, mais je ne criais tout de même pas. Alors Elizabeth réagissait bien trop fortement. Je savais qu'elle était faible et innocente, mais à ce point? Allons, ce n'était pas comme si c'était la première fois qu'elle se faisait crier dessus non? Je me faisais crier des choses par la tête presque à chaque jour, et je n'étais pas morte.

- Ce n'est pas parce que tu vies dans un monde d'arc-en-ciels et de licornes que tu peux te permettre de juger tout le monde! dis-je moins fort cette fois.

Eli & Clarke

Clarke venait de m’annoncer qu’elle prenait une pause de l’école. Elle avait remarqué qu’elle ne voulait probablement pas faire de l’architecture de sa vie. Pour l’instant, elle continuait à travailler dans un bar. Je ne voyais pas le mal à tout ça, j’avais pas mal fait la même chose sauf que moi, c’était pas des verres que je servais, c’était des enfants que je gardais. Disons que nos champs d’intérêts n’étaient pas du tout les mêmes à Clarke et moi… mais on s’entendait bien quand même. Enfin, c’est ce que je pensais, jusqu’à ce que je ne pose une question qui semblait de trop puisque cette dernière sembla aussitôt contrarié. Elle passait soudainement du blanc au noir en un instant. J’étais complètement déstabilisée.

« Je… non enfin, je sais que tu vas te débrouiller je faisais que me questionner… car je m’inquiète pour toi, t’es mon amie et je t’aime et je veux que tout soit ok… » bafouillais-je en la regardant avec de gros yeux.

Je ne m'attendais pas à ce que sa réponse à ma question soit aussi sèche et voilà que je me sentais bien mal d’avoir entraîné le sujet. Ça m’apprendra à me mêler de ce qui me regardait pas. Mais comment est-ce qu’on pouvait faire la conversation avec quelqu’un d’autre alors, s’il fallait essayer de ne pas se mêler de sa vie, indirectement en posant des questions… on le faisait non? C’était parfois si compliqué les relations sociales! Pendant que je parlais, elle accrocha d’un geste de la main son verre qui éclata partout au sol. Je me disais que c’était un bon moyen de me rattrapper en l’aidant un peu avec ce dégât. Je m’empressai donc de me pencher pour ramasser la vitre en lui faisant signe de faire attention puisque je ne voulais pas qu’elle se blesse. À peine m’étais-je mit à genoux, un bout de verre dans la main que cette dernière continua dans sa lancée, elle se mit à me crier n’importe quoi au visage, me demandant de me mêler des mes affaires. Je reposai donc doucement le morceau au sol, m’esuyant les mains sur les cuisses en faisant quelques pas vers l’arrière. Le regard soudainement bien bas.

«  S’il te plaît, cries pas je… je m’excuse. » J’aimais tellement pas ça, ça me faisait peur aussitôt qu’on levait le ton, ça devait me rappeler de mauvais souvenirs d’autrefois. « Désolée, je ferai plus rien je… je voulais pas être de trop pardon… pardon. »

Je fixais un point imaginaire au sol en sentant mes yeux se remplirent de larmes. Je ne comprenais pas ce qui se passait mais je l’avais mise en colère, sans trop être capable de voir qu’est-ce que j’avais bien pu faire. J’étais en colère contre moi, j’essayais de me repasser la scène et je m’en voulais tellement! Je jouai nerveusement avec le bout de mes manches de chandail en me demandant si je ferais peut-être mieux de quitter les lieux et la laisser seule… Comme cette éventualité me semblait la mieux, mon amie reprit parole, cette fois-ci plus calmement mais en étant tout aussi blessante. Elle parlait de juger… moi… juger quelqu’un? Je faisais jamais ça!

« Quoi? Mais… je t’ai jamais jugé pour quoi que ce soit Clarke… je comprends pas… je… je voulais pas te faire de la peine ou te mettre en colère… »

Visiblement, le sujet de son école, et de son logement était très sensible. Je savais maintenant que je devais plus recommencer. Peut-être aussi que ça la stressait et avec mes questions, je venais de déclencher quelque chose. Je savais très bien ce que c’était de ne pas être capable de gérer du stress, si c’était bien ça qui se passait, bien entendu.

« Écoute j’aimerais comprendre Clarke ce que j’ai pu te dire pour te mettre en colère… je ne voulais vraiment pas… si tu veux, je vais partir et je… je reviendrai pas… je m’excuse tellement… » J’essuyai mes larmes du revers de ma main. « Je viens de gâcher notre amitié… je suis pas correcte! »

Parfois, je me disais que c’était mieux quand j’avais personne dans ma vie. Pas d’amis, pas de mari, rien.. comme ça, je ne faisais pas de peine au gens et je n’avais pas l’air bizarre à ne pas savoir comment me comporter dans ce genre de situation. Je me disputais jamais moi, et je ne voulais pas non plus le faire… encore moins avec ma bonne amie Clarke que j’aimais beaucoup.

Eli & Clarke

//Je viens de réaliser que j'avais écris "unicornes" à la place de "licornes" dans mon dernier post! OMG! xD  I can't français! //

- S’il te plaît, cries pas je… je m’excuse. Désolée, je ferai plus rien je… je voulais pas être de trop pardon… pardon.

Je ne pouvais pas expliquer pourquoi toutes les paroles d'Eli m'irritaient tout d'un coup. En fait, moi-même je ne comprenais pas. Je savais simplement que je n'étais plus capable de tolérer ses faits et gestes. Elizabeth avait arrêté d'essayer de ramasser mes dégâts. Elle se tenait maintenant immobile, le regard fixé au sol. Et même de cette façon, elle me rendait hors de moi. Je lui fis remarquer qu'elle ne pouvait pas juger tout le monde parce que sa vie à elle était plus belle.

- Quoi? Mais… je t’ai jamais jugé pour quoi que ce soit Clarke… je comprends pas… je… je voulais pas te faire de la peine ou te mettre en colère…

Je ne répondis pas. Elle ne me faisait pas de la peine. En fait, ça faisait bien longtemps que je n'avais pas ressenti de tristesse. Alors j'imagine que ce que je ressentais envers elle était de la colère. Pourquoi alors est-ce que ça me semblait aussi flou? Je ne comprenais pas exactement comment cette colère s'était déclenchée, ni comment je pouvais me calmer. Et en réalité, je ne voulais pas me calmer. Parce que chaque fois que mon amie ajoutait quelque chose, ça me donnait envie de la frapper tellement elle m'énervait.

- Écoute j’aimerais comprendre Clarke ce que j’ai pu te dire pour te mettre en colère… je ne voulais vraiment pas… si tu veux, je vais partir et je… je reviendrai pas… je m’excuse tellement… Je viens de gâcher notre amitié… je suis pas correcte!

- Attend, tu pleures vraiment là? dis-je en la voyant essuyer une larme.

Non mais elle était sérieuse là? Je soupirais. C'était du Elizabeth tout craché ça. Tellement sensible. Je me demandais si elle se lassait parfois de jouer la victime. Parce que sérieusement, elle devait pleurer plus que n'importe qui au monde. Je ne savais pas pourquoi, mais nos différences que je trouvais autrefois charmantes, me tapaient vraiment sur les nerfs maintenant. Pourtant j'avais toujours aimé qu'Eli soit aussi différente de moi.

- Y'a rien à comprendre, ok? Tu fais juste m'énerver, là, maintenant. C'est tout.

Je ne criais plus, mais j'avais encore mon ton irrité. Je l'étais encore d'ailleurs. Et légèrement découragée aussi. Je pris des essuies-tout et commençai à nettoyer mon dégât par terre. Elizabeth était toujours plantée là, à être inutile.

- Je n'ai jamais compris pourquoi on était devenues amies... marmonnai-je en continuant de ramasser.

Eli & Clarke

Je ne comprenais plus rien, ça s’était passé tellement vite, sans même que j’ai le temps de vraiment assimiler toute la situation. Voilà que Clarke était remonté contre moi, rendant l’atmosphère tellement bizarre que je ne savais plus quoi dire, ni même quoi faire. Je sentais que peu importe ce que je pouvais dire ou pouvait faire, que c’était jamais correcte et qu’elle allait me reprocher tout. J’avais beau m’excuser, essayer de la calmer en voulant comprendre sa pensée, il n’y avait rien à faire, elle marmonnait des choses toute seule pour ensuite me dire des choses encore plus blessantes. C’était impossible pour moi de ne pas devenir soudainement bien émotive, elle était mon amie et par ma faute, j’étais en train de tout gâcher. Et le pire dans tout ça, c’est que je me rendais même pas compte de mes torts… je devais sérieusement avoir un problème. Je séchais mes larmes et bien entendu, Clarke se rendit compte que j’étais en train de pleurer.

« Euh… oui… ça m’fait de la peine la dispute… surtout avec les gens que j’aime. »

Bien qu’elle se disputait pas mal toute seule, je restais la cause de sa colère donc c’était tout comme. Maintenant, je me sentais également mal de pleurer. Je m’empressai donc de sécher le tout du revers de mes mains en regardant de nouveau mon amie qui ramassait la vitre au sol avant de se lever et m’affirmer qu’il n’y avait rien à comprendre, que je faisais que l’énerver, point final. J’eus un petit hochement de tête avant de ramener mon regard vers le bas. C’était blessant… mais jamais autant que l’entendre me dire qu’elle ne comprenait pas pourquoi nous étions devenues amies toutes les deux. Est-ce qu’elle voulait que je réponde à ça? Ou bien pas?

« Je… » Je vins pour lui dire que c’était parce qu’on aimait les deux le dessins, parce qu’on étaient différentes mais qu’on parvenait à travers tout ça de se compléter l’une l’autre… mais j’avais le sentiment qui valait mieux que je ne répondre strictement rien. Parfois, quand on vit de trop grandes émotions, on veut seulement se retrouver toute seule. « Je… je vais partir… t’inquiètes pas… »

J’allais pas lui imposer ma présence plus longtemps. Je tournai donc les talons sans rien ajouter de plus. J’osais espérer qu’elle allait me rappeler pour qu’on puisse véritablement se parler elle et moi. Pour le moment, il n’y a pas grand chose à faire à mon avis. En passant par le salon, je sortis de mon sac à main un petit sac cadeau pour Clarke. C’était une petite pensée de mon voyage de noce : une petite bouteille de sirop d’érable et des chaussettes avec des castors dessus. C’était pas glamour mais je les trouvais mignonnes. Je jetai un coup d’oeil à mon amie qui me faisait dos une dernière fois puis je quittai chez elle, les yeux encore remplie de larme et le coeur de peine.