Installé là avec la kidnappeuse de tortue, il s'était lancé dans une petite discussion pour faire connaissance, et dès qu'il fut temps de parler de ce qu'il faisait dans la vie, il n'hésita pas à lui expliquer ses activités, autant à l'école qu'en-dehors. Andrea n'avait jamais été du genre à se cacher, il s'était toujours assumé, mais il faut dire que durant son adolescence, au Mexique, les choses avaient été compliquées, et il avait du faire attention... bien plus qu'ici. D'ailleurs, il avait eu sa leçon, plus ou moins. Une leçon qui n'avait servi qu'à le conforter dans ses décisions. Il vanta donc les mérites de l'association et expliqua rapidement son parcours au sein de celle-ci. C'est plutôt cool même si ça demande beaucoup de boulot puisqu'il y a pas mal de choses à gérer. Tu as donc vécu à San Francisco pendant longtemps ? Oh ça oui, c'était cool, et Andrea était quelqu'un qui aimait travailler, qui aimait être débordé et ne pas dormir de la nuit pour consacrer son temps à ses occupations. Elle rebondit sur San Francisco, et ça ne gênait pas Andrea d'en parler, c'était là-bas qu'il s'était reconstruit, qu'il avait redécouvert la vie. « Presque trois ans. Quand j'ai commencé mes études je suis allé vivre là-bas et j'y ai fait mes trois premières années d'université, avant de demander le transfert ici. C'est vraiment cool comme endroit... j'y retournerai peut-être, si j'ai une opportunité. Hector vient de là-bas ! » il dit, sourire aux lèvres, tournant le regard vers la petite tortue qui mâchouillait sa salade sans se préoccuper de quoique ce soit. Après ça, ils commencèrent à parler d'April et de ce qu'elle faisait elle dans la vie. La photographie, c'était un domaine assez étranger à Andrea. Tout comme la majorité des arts, à vrai dire. Il n'avait simplement pas le temps nécessaire pour s'y intéresser plus que ça, même s'il trouvait ça intriguant. Au sein de ses études, il allait faire en sorte de prendre un maximum de cours et d'options, car la culture, c'était important, même dans les relations internationales. Il écouta sagement April parler de son boulot, de sa passion, et c'était intéressant tout ça. Lui aussi, il n'aimait pas s'ennuyer et faire la même chose tous les jours, raison pour laquelle il était si débordé de partout, s'engageant dans un tas de choses différentes. Sur un ton de défi, il lui demanda si ça valait le coup qu'il creuse son emploi du temps pour aller voir son art, ce qui arracha un rire à la jeune femme. D'habitude je suis beaucoup plus modeste que ça mais rien que pour que tu viennes voir je dirai évidemment que oui. Il haussa un sourcil, amusé et intrigué. Il espérait sérieusement que ça vaille le coup, autrement, il serait réellement dégoûté d'avoir donné du temps pour rien. Mais bon, peut-être qu'elle était vraiment douée et que ce serait une expérience enrichissante. April alla ensuite s'isoler dans la salle de bain, pour on ne sait quelle raison, mais Andrea s'en fichait un peu, et pendant ce temps il fouilla le frigo et les placards à la recherche d'un petit quelque chose à manger. Il trouva un cake au chocolat qu'il avait acheté plus tôt dans la semaine et qu'il n'avait pas eu le temps d'ouvrir, et décida donc de le sortir de son emballage pour le mettre dans une assiette et en couper quelques tranches. Ca lui servirait de petit déjeuner. Quand il entendit la porte de la salle de bain s'ouvrir et se refermer, il releva le regard vers April avec un sourire... et fut un peu surpris de la voir dans une nouvelle tenue. Ce n'était pas du tout son genre de regarder la poitrine des femmes qu'il croisait, mais là, vu comment elle était fringuée, ses yeux allèrent droit vers là. Ce fut l'histoire de quelques dixièmes de seconde, et il baissa instantanément le regard vers son cake, rougissant d'un coup. Désolé mais je suis une sensible de la température, j'espère que ça ne te dérange pas... fit-elle en souriant. Il voyait son visage, du coin de l'oeil, mais c'était peut-être mieux de garder la tête baissée vers le gâteau, vu qu'il rougissait et que la nouvelle tenue d'April le perturbait grandement. Bon, c'était juste question de s'habituer. Dans quelques minutes, il ne verrait plus ce décolleté... même si c'était assez impossible de ne pas le voir... mais bon. « Non, euhm, y'a pas d'souci, fais comme chez toi » il fit en se raclant la gorge, tout en coupant le cake en de belles tranches. Il ne s'était jamais appliqué à ce point pour couper un cake, d'ailleurs. « Tu veux du cake au chocolat ? Je l'ai acheté chez Walmart... mais il est bon » il proposa, glissant vers elle l'assiette ou se trouvait le cake découpé. Relevant finalement le regard vers son visage, il sourit à la jeune femme avant de prendre une tranche pour lui et de croquer dedans. Il avait ses petites habitudes, histoire de ne pas perdre de temps quand il faisait ses courses, et ce cake-là était un produit qu'il achetait régulièrement. Il en raffolait. « Et du coup, toi... tu es originaire de Miami ? T'as beaucoup voyagé ? » il demanda pour relancer une conversation, masquant au mieux la gêne et faisant abstraction du décolleté d'April.

Sa vie avait été marquée par des allées et venues, des déménagements qui chacun avaient marqué une nouvelle étape de sa vie. De bonnes étapes, des mauvaises. Il n'avait pas vraiment de regrets. Certes, il y avait certaines choses qu'il aurait préféré ne pas avoir à vivre, peut-être qu'il aurait aimé rester ignorant sur certaines choses, mais ça ne s'était pas passé comme ça et il ne pouvait pas revenir en arrière. Alors avec ce qu'il était devenu aujourd'hui, il était plutôt fier. April l'invita à parler un peu de San Francisco, et il ne se gêna pas pour se lancer dans un petit éloge. San Francisco, ça avait été une bonne étape, de bons souvenirs. Ca avait été ses premiers instants de réelle liberté, ses premiers choix, là où il avait pris son indépendance et débuté sa vie d'adulte. Je suis bien d'accord avec toi c'est une chouette ville, je m'étais d'ailleurs bien amusée à photographier les maisons victoriennes, je n'hésiterai pas à y retourner. Et qu'est ce qui t'a fais changé d'avis ? Pourquoi tu as décidé de revenir ici? C'était intéressant d'apprendre qu'April aussi avait mis les pieds à San Francisco. Il faut dire que la plupart des gens qu'il avait rencontré jusqu'à présent depuis son arrivée à Miami n'avaient pas énormément voyagé. Du moins, pas à l'autre bout du pays. Alors c'était plaisant de rencontrer quelqu'un qui savait de quoi il parlait. Cependant, il rectifia de suite les paroles de la jeune femme avec un sourire. « Oh, je suis revenu, je venais de Phoenix avant, et de Tijuana où j'ai grandi... J'avais jamais mis les pieds à Miami,mais j'suis venu pour retrouver quelqu'un... c'est une longue histoire et c'est pas très intéressant » il décida de couper cours à ça, avec un sourire. Bellamy... il ne souhaitait pas en parler, surtout qu'ils s'étaient vus une fois simplement, et que depuis, ils s'étaient à nouveau perdus. C'était un peu triste, mais c'était ainsi. Andrea avait eu ce qu'il était venu trouver, une finalité. Ils parlèrent ensuite d'April et de ses occupations à elle, notamment la photographie dont elle avait fait son métier. Intrigué, Andrea ne s'était pas gêné pour la chercher un peu sur ce terrain-là. Il ne voulait pas paraître trop bon public, ou sembler trop facile à convaincre, car surtout il ne l'était pas ! Lui et l'art, disons que c'était quelque chose qui n'était pas vraiment fait pour lui. Il aimait ça, comme tout le monde, mais il n'y connaissait rien du tout. C'est l'adresse de mon studio photo je pourrai te montrer la collection que j'exposerai dans une Galerie prochainement. Tu ne seras pas déçu je te l'assure! dit-elle en lui tendant sa carte de visite. Il la prit et regarda ce qui était inscrit sur le carton, hochant la tête, toujours aussi amusé mais notant dans un coin de sa tête qu'il allait devoir se libérer un après-midi. Il était curieux. Il la laissa ensuite s'isoler dans la salle de bain, sans chercher à comprendre ce qu'elle avait à y faire. Il préféra s'occuper de chercher quelque chose à grignoter, et mis la main sur un cake au chocolat. Parfait, ça ferait l'affaire et ça serait idéal pour un petit déjeuner. Il ne se sentait pas tout frais, après une nuit mouvementée et un réveil brutal. Avec le café, ça commençait à aller mieux, mais il avait l'estomac désespérément vide. Quand elle revint, elle avait changé de tenue, et son décolleté eut le don de faire rougir Andrea qui baissa direct les yeux vers le gâteau. Il n'y avait pas plus gênant que de se retrouver à mater par inadvertance les seins d'une fille, surtout pour lui, qui n'avait pas une folle expérience avec la gente féminine. Il lui proposa du gâteau. Miam c'est tellement bon! J'adore ça! lança-t-elle en goûtant le cake. Ca ne valait pas du fait-maison, mais Andrea était bien d'accord avec elle, c'était un bon choix. Pour briser le silence et relancer une conversation normale, il reprit la parole et la questionna sur ses origines. Tout à fait, je suis née et j'ai vécu ici mais ça ne m'a pas empêché de voyager. J'ai surtout beaucoup été en Europe et en Afrique du Nord, je trouve que c'est assez exotique et qu'il y a énormément d'endroit à visiter. N'empêche j'aimerai bien un jour faire le tour du monde, je serai surement bien inspirée pour mes projets futur. Mais Miami reste comme un aimant pour moi, j'ai l'impression d'être toujours attirée par ici. Tu trouves ça bizarre? raconta-t-elle. Au moins, elle avait des choses intéressantes à dire, et Andrea aimait bien l'écouter. De son côté, il n'avait pas beaucoup voyagé du tout. Certes plus que beaucoup de gens, mais à côté d'April, ses aventures étaient ridicules. Il n'avait jamais quitté l'Amérique du Nord, était né à Tijuana et avait suivi ses parents aux Etats-Unis, tout simplement. Pour l'instant, il avait bien trop peu voyagé pour satisfaire ses envies de découverte. « Je sais pas... peut-être un peu » il commença, étouffant un rire. « J'me suis jamais attaché vraiment à un endroit. J'ai grandi au Mexique, on est venus vivre aux Etats-Unis avec ma famille quand j'avais 18 ans, puis j'ai coupé les ponts et je suis parti. Je sais pas si je vais rester à Miami pour toujours ou seulement quelques mois encore, on verra bien » dit-il. Il n'allait pas expliquer les raisons de son déménagement, ni ses histoires familiales, pas à une quasi-inconnue. « Mais si tu as toute ta vie ici, et que t'y as de bons souvenirs, j'crois que c'est normal, dans un sens. T'as de la famille dans le coin ? » demanda-t-il, curieux. Etrangement, il ne savait pas trop ce que c'était une famille normale, qui n'envoyait pas ses gamins se faire soigner de maladies inexistantes, qui ne poignardait pas d'autres gosses dans des ruelles, la nuit. Une famille différente de la sienne.

Ils papotaient simplement, au sujet de leurs origines et des endroits où Andrea avait vécu par le passé. Contrairement à certaines personnes qui n'étaient jamais vraiment sorties de leur ville d'origine, lui avait vu un peu de pays. Certes, il n'avait pas encore eu la chance de voyager pour de vrai, mais il avait déménagé plusieurs fois, sans jamais trop s'attacher à un lieu en particulier. Cependant, San Francisco avait pris une petite place dans son coeur, et Miami également. Certainement parce qu'il s'y était installé par choix, dans les deux cas. Oh excuse moi j'ai mal compris alors... Ah oui du Mexique alors, ça doit être bien chaud là-bas j'aimerai bien un jour y aller, mon frère et sa copine m'ont dis que c'était génial, ils se sont bien amusés. En tout cas j'espère que tu as trouvé la personne que tu cherchais... En entendant tout ça, il était un peu surpris, parce que ce n'était pas exactement l'image qu'il avait lui du Mexique. Puis, il se dit que pour les touristes et les étrangers, la vision devait être différente. « Bah tu sais... je veux pas casser tes rêves, mais c'est pas si cool que ça. Du moins pas là où j'ai grandi, mais j'imagine que les touristes fréquentent pas les lieux ou les milieux que j'ai pu connaître. C'est comme ça dans beaucoup de pays, en fin d'compte... C'est beau pour les vacances, mais pas forcément pour ceux qui y passent leur vie » Il aurait pu développer, continuer là-dessus parce que ça le révoltait et que ça faisait partie de ses combats. Les droits de l'homme, la pauvreté... Les choses qu'il avait vues et vécues à Tijuana et qui l'amenaient à se demander comment un pays pouvait abandonner ses propres gamins. Mais tant pis, ce n'était pas le sujet. Il ne répondit même pas au sujet de la personne qu'il était venu trouver ici. Il s'agissait de Bellamy, ils s'étaient vus une fois, sans suites. Il préférait se dire que ça avait été le destin, tout simplement. Il fallait aller de l'avant. Quand elle parla ensuite de ses sentiments vis-à-vis de la ville de Miami, il eut un peu de mal à suivre et le lui avoua. Lui-même n'avait pas d'attaches, et rien qui ne le retenait. Oui je comprends mieux pourquoi tu te fou de  moi, tu ne dois pas vraiment connaître ça étant donné que tu change d'endroit tout le temps. Je trouve ça intéressant de vivre au jour le jour sans se soucier où tu seras dans quelques années ou quelques mois... dit-elle. « Ou quelques jours » il compléta, sourire amusé sur le visage. Bon après tout quelques fois couper les ponts avec ses parents peut être la meilleure solution, moi j'en ai finis avec eux bien avant mes 18 ans... Il était bien d'accord avec elle sur ce point-là, même s'il avait été élevé de façon traditionaliste, dans une culture où les ancêtres étaient sacrés, des gens à qui il fallait montrer énormément de respect. Cela faisait bien des années qu'il avait mis ce principe de côté. Quant à April, il était curieux maintenant. Elle enchaîna encore. Oui...ça doit être ça. Je suis ici avec mon frère jumeau qui vit avec sa copine et qui vient d'avoir un petit garçon. Et puis ma famille c'est eux avec tous mes amis. Mes parents ne rentrent pas dans ce cercle là... Une fois de plus, elle mentionnait les parents, ne donnant pas d'autre information à leur sujet. Au moins elle avait un frère avec qui elle semblait s'entendre, et à l'écouter, elle avait son petit cercle. Ce n'était pas vraiment le cas d'Andrea. Il n'était pas seul au monde, mais avait des connaissances par-ci par-là, sans rien qui ne se rejoigne forcément. Le seul petit cocon qu'il avait, c'était sa micro-famille, formée de lui et Hector. Vu qu'à présent il était curieux, et que son envie de savoir était plus forte que sa gêne, il posa sa question sans filtre. « C'est quoi l'histoire avec tes parents ? » il interrogea simplement. Au pire, si c'était trop privé, elle refuserait simplement de répondre. « J'parle plus aux miens non plus, ni à mes frères, ni à personne en fait. J'ai coupé les ponts, j'étais né dans la mauvaise famille, en fait... » C'était la meilleure conclusion à laquelle il pouvait arriver.