La résidence au théâtre de Miami avait commencé aujourd'hui. Ce matin même, Halcyon avait pu entrer dans le bâtiment et en visiter l'intérieur. Il avait rencontré le directeur et une grande partie de l'équipe et des employés, et on lui avait laissé la grande salle ensuite pour observer tout ça, prendre des notes et vaquer à ses occupations. Halcyon avait donc pris plusieurs mesures et regardé la configuration de la scène pour se décider sur ce qu'il allait faire. Il avait des idées précises, évidemment, mais il allait devoir adapter ça aux lieux. Il pris également note des possibilités d'éclairage que lui offrait la salle. Puis, il fit un tour dans le public pour s'informer un peu sur la vue qu'on avait, à différents endroits des balcons. Une fois tout ça terminé, il resta encore un moment, puis quitta les lieux après avoir salué le concierge. Le reste de la journée défila rapidement, un peu trop même. Il ne vit pas les heures passer, et il faisait déjà à moitié nuit lorsqu'il s'installa au milieu de son salon et étala ses notes sur le parquet. C'était une façon assez peu conventionnelle de travailler, mais ça lui permettait d'y voir plus clair. Ainsi, il se rendit vite compte qu'il lui manquait quelque chose. Une ou deux feuilles, visiblement, avec des notes importantes du matin même. Et ça, il aurait du s'y attendre. Il n'écrivait jamais sur des feuilles volantes, se baladait constamment avec un carnet dans lequel il notait tout. Ce matin, il en remplit la dernière page et fut forcé de finir sur des feuilles... qu'il avait visiblement perdues. Il fouilla son sac, mais il n'y avait rien, et très vite, il en conclut que ça ne pouvait être qu'à un seul endroit : le théâtre. A cette heure-ci, le bâtiment était bien fermé, et personne n'allait lui ouvrir. Pour autant, il ne comptait pas finir la soirée sans avoir récupéré ses notes, et il prit donc rapidement ses affaires avant de sortir et de marcher en direction du théâtre. Sur le chemin, une quinzaine de minutes, il essaya de trouver un moyen, une solution, quelque chose. C'était plutôt clair qu'il allait devoir y entrer par effraction... cambrioler le théâtre. Halcyon n'était pas du genre à faire des choses illégales ou à se faire remarquer de la sorte, mais il savait aussi par expérience que parfois, il fallait saisir sa chance en mettant de côté les règles, surtout si c'était pour une bonne raison. Une fois arrivé devant le théâtre, planté là devant une affiche sur laquelle figurait son nom, il n'était pas plus avancé. Il regarda la façade un moment, essaya de zieuter à l'intérieur à travers les portes, mais c'était sombre et les grilles étaient fermées. Entrer par là serait impossible. Il décida de faire le tour du bâtiment, le pas assez rapide, les yeux vers les murs, et là, au-dessus de la porte des artistes, une fenêtre était entrouverte. C'était peut-être sa chance, même si grimper jusqu'au premier étage risquait d'être difficile. Il s'arrêta, fit quelques aller-retours en gardant les yeux sur la fenêtre, sans regarder devant lui... et il percuta quelqu'un, pas bien fort, mais la surprise était si grande qu'il en fut un peu choqué. Il n'avait entendu personne arriver. Une fois remis de ses émotions, il regarda à qui il avait affaire, et vit que c'était une jeune femme. « Euuuuuuuuuh... Désolé ! J'vous avais pas vue » il fit, perturbé par cette rencontre inattendue, mais aussi par le problème de la fenêtre située à plusieurs mètres du sol et hors de sa portée. Il se gratta la tête, embêté. « J'ai oublié un truc important dans le théâtre. J'en ai besoin. Ce soir » il raconta, avant de se demander pourquoi il lui disait tout ça. Elle devait bien s'en foutre. « Si jamais on vous demande si vous avez vu quelqu'un entrer... vous avez vu personne, ok ? » il lui dit encore, stressé, essayant de détendre l'atmosphère avec un sourire. Il ne voulait pas non plus lui faire peur, ou passer pour un psychopathe, ou un voleur.

Je commençai à me lasser de mon job au snack. Cela faisait maintenant bientôt un an que j’y travaillais et j’aspirais à présent à beaucoup mieux. Cela faisait plusieurs semaines à présent, que je réfléchissais à démissionner pour trouver un travail mieux payer et qui correspondait un peu plus à mes projets d’avenir. Mon objectif étant de bosser dans la cuisine d’un restaurant, il me fallait chercher de ce côté-là. Je ne pouvais pas prétendre à un poste de cuisto, j’en étais consciente, je n’avais aucune qualification dans le domaine qui prouverait que j’étais bonne en cuisine. Pas de diplômes, pas d’expériences, rien. Je soupirai, perdue dans mes pensées. En m’échappant du complexe, je n’avais pas anticipé la difficulté à se construire une place dans la société de l’extérieur. Aujourd’hui, cette réalité me rattrapait et m’atteignait plus que je ne l’aurais voulut par moment. Mais je ne baissais pas les bras. J’étais motivée à devenir une femme accomplie et j’allais faire en sorte que cela arrive. Je sortis mon portable de ma poche et mis les écouteurs dans mes oreilles. Je tournai instinctivement à droite sans même lever la tête de mon mobile. Je prenais ce chemin tellement de fois que j’étais certaine que j’aurais pu rentrer chez moi les yeux bandés. J’enclencha ma playlist de musique, celle-ci par Believer d’Imagine Dragons. De façon presque inaudible, je me mis à chanter « You made me a, you made me a believer, believer. » Croire était le credo de ma vie en quelque sorte. Croire en soi, croire en son entourage, croire en la vie et en Dieu. Ne jamais perdre espoir. Mes pensées revinrent sur mes plans d’avenir et mes doigts se mirent à pianoter sur google pur effectuer des recherches sur les formations en cuisine. Si je me formais, je pouvais accentuer mes chances d’être prise en cuisine. J’avais des économies de côté qui pourraient me servir à financer une formation. Encore fallait-il la trouver. Je tournai de nouveau dans une rue et percuta sans faire exprès une personne qui se trouvait sur mon chemin. Je levai ma tête, surprise et vit un jeune homme. Son visage m’était familier. Il s’excusa rapidement. Je secouai la tête négativement, accompagné de gestes de la main. « Non, non c’est moi. Je ne regardais pas où j’allais. » Il ajouta ensuite qu’il avait oublié quelque chose dans le théâtre. Je regardai sur le côté et vit le bâtiment en question. Je ne m’étais même pas rendue compte que j’étais arrivée là aussi rapidement. Je ne comprenais pas trop pourquoi il se justifiait ainsi. Mon regard se posa ensuite sur une affiche collée sur le panneau d’affichage. C’était le visage du jeune homme avec son nom. Halcyon Belleair. Voilà pourquoi son visage je me disais quelque chose. J’étais vraiment très fan de son travail que je suivais de près sur internet. Je trouvais ce metteur en scène très talentueux et les thèmes qu’il abordait me touchaient vraiment profondément à chaque fois. Je hochai la tête lorsqu’il me pria de ne rien dire s’il l’on me demandait si j’avais vu quelqu’un entrer dans le bâtiment. Je ne comprenais pas trop bien pourquoi il me disait cela. « Euh … Mais … vous n’avez pas la clé du bâtiment ? » lui demandai-je. Si sa troupe se représentait dans ce théâtre il devait bien avoir un moyen d’y rentrer, parce que clairement la façon dont il m’avait dit les choses j’avais l’impression que ce n’était pas le cas. « Vous êtes bien Mr Belleair ? J’adore votre travail ! » D’un geste de la tête je montra l’affiche accroché. Peut-être n’était-ce pas lui finalement, peut-être était ce une personne lui ressemblant ? « J’ai fait le ménage pendant un temps dans ce théâtre et je sais qu’il y a une fenêtre sur le toit qui reste toujours ouverte. Venez. » Je ne savais pas trop dans quoi je m’embarquais et même pourquoi j’aidais un parfait inconnu. Même si je le connaissais à travers internet, je ne savais pas quelle genre de personne il était. Mais ce qu’il dégageait de son travail, me laissait croire que je pouvais lui faire confiance. Je guidai le metteur en scène vers une échelle qui menait au toit du théâtre. « Les comédiens ont l’habitude de s’échapper par là pour prendre l’air entre deux scènes. Le verrou est cassé et ça m’étonnerait qu’il ait été réparé. » expliquai-je en montant par l’échelle. Je jetai un coup d’œil par-dessus mon épaule pour voir si le jeune me suivait. Une fois sur le toit, je m’avançai vers la fenêtre en question, que je débloquai avec facilité. Le passage ouvert, j’offris un petit sourire au jeune homme et d’un geste de la main lui indiquai qu’il pouvait passer. « Ce serait indiscret de vous demander ce que vous cherchez ? »
 

Il avait besoin de ces papiers, vraiment. Il était tard, certes, et il aurait très bien pu voir ça comme un signe du destin, un petit message pour lui dire qu'il était temps de mettre le travail de côté, qu'il irait récupérer ses notes le lendemain. Mais non, le fait qu'elles traînent là quelque part dans ce théâtre, ça l'angoissait. Il voulait récupérer tout ça le plus rapidement possible. Comment pouvait-il être sûr que le lendemain matin quelqu'un ne tomberait pas dessus et déciderait de les garder ? Non non non, il devait y aller ce soir absolument. Une fois devant le bâtiment, il fut confronté à un autre problème. Tout était fermé. Il n'avait pas les clés, puisque son contrat avec le théâtre n'avait pas encore commencé, à la date d'aujourd'hui. Les clés ne lui seraient remises que dans quelques jours. Son coeur battait fort face à l'impossibilité de la tâche qu'il souhaitait réaliser. Est-ce qu'il allait en être capable ? Cambrioler le théâtre. Est-ce qu'il n'était pas en train de mettre en péril son propre avenir, sa propre carrière ? S'il se faisait prendre... Mais non, non, il avait besoin de ses notes ce soir, absolument. Il tourna autour du bâtiment quelques fois, fit plusieurs aller-retours dans cette rue. C'est ainsi qu'il parvint à percuter quelqu'un. Il fut surpris, et s'excusa dès qu'il vit que c'était une jeune femme et non pas un flic venu l'arrêter avant même qu'il ne commette de crime. « Non, non c’est moi. Je ne regardais pas où j’allais. » Bon, peut-être que c'était tous les deux alors, mais Halcyon savait bien que c'était de la sienne. Qu'il avait marché ici dans tous les sens sans penser que quelqu'un arriverait. Bon, elle avait l'air sympa, mais ça ne voulait rien dire. Halcyon espérait qu'elle l'était tout de même, et essaya de lui faire comprendre qu'il allait faire une connerie et que c'était mieux si elle faisait comme si elle ne l'avait pas vu ici ce soir. Il avait espéré qu'elle ne pose pas de questions, qu'elle se contente de jouer le jeu, de reprendre sa route. Et évidemment, c'était un peu optimiste comme idée, car n'importe qui se serait posé des questions. « Euh … Mais … vous n’avez pas la clé du bâtiment ? » Question surprenante. Il ne s'était pas attendu à ça, mais plutôt à une réflexion moins compréhensive. Il resta dans l'incapacité de répondre, si ce n'était de secouer la tête brièvement pour donner une réponse négative à la question. « Vous êtes bien Mr Belleair ? J’adore votre travail ! » Et ça, c'était presque flippant. Elle effectua un signe de tête, et le regard d'Halcyon vint trouver l'affiche, où se trouvait également son portrait. « Ah euuuh oui ! Ouais c'est moi » il dit, et une vague chaleur se propageait dans ses joues, se rappelant qu'elle venait de complimenter son travail. Il ne pensait pas avoir des admiratrices jusqu'à Miami. Il avait l'impression que son visage rougissait un peu, et heureusement qu'il faisait nuit, que ça restait invisible. « J’ai fait le ménage pendant un temps dans ce théâtre et je sais qu’il y a une fenêtre sur le toit qui reste toujours ouverte. Venez. » Il resta planté là comme un imbécile. Franchement, quel pourcentage de chance avait-il de tomber sur quelqu'un qui serait capable de l'aider ? Très peu, et pourtant, cette jeune femme prétendait avoir une solution à son problème. Après un moment d'hésitation, perdu dans ses pensées, il se bougea pour la suivre. Il se retrouva devant une échelle. « Les comédiens ont l’habitude de s’échapper par là pour prendre l’air entre deux scènes. Le verrou est cassé et ça m’étonnerait qu’il ait été réparé. » C'était une information utile qu'il nota dans un coin de sa tête. A vrai dire, une de ses premières initiatives une fois dans le théâtre serait de faire réparer ce verrou. C'était trop risqué, de laisser ce chemin ouvert alors qu'à l'intérieur se trouveraient les décors, les costumes et tout le reste. Il monta lentement, s'apercevant seulement au bout de presque une minute que la hauteur ne le mettait pas à l'aise. « You make me feel like a... natural woman » il fredonna pour se donner du courage. Avant de se mettre à siffloter, imitant un oiseau qui était venu chanter à côté de lui. Il arriva en-haut, juste derrière la jeune femme, qui s'était rendue devant la fenêtre. Il la regarda ouvrir celle-ci sans difficulté, plutôt fière d'elle-même. Elle pouvait l'être. « Ce serait indiscret de vous demander ce que vous cherchez ? » demanda l'inconnue. Halcyon fixa un moment le chemin qu'elle lui avait laissé, et s'approcha pour se baisser et regarder à l'intérieur. « J'ai laissé des notes ici ce matin... oublié deux feuilles et j'en ai besoin pour travailler dessus ce soir » il dit, passant la tête à l'intérieur. « J'ai visité les lieux ce matin mais mon contrat avec le théâtre est pas encore d'actu. Donc demain matin, mes notes auraient pu être trouvées par n'importe qui... » Il entra lentement, escalada un peu le bord de la fenêtre pour mettre les pieds à l'intérieur et descendre dans la pièce. Halcyon voulut remercier l'inconnue, mais en réalité, il n'avait pas non plus très envie de se séparer d'elle. « Mmmmh si vous avez fait le ménage ici, vous devez bien connaître les lieux... et j'avoue que je suis un peu paumé à cet étage, on m'a montré que la salle de spectacle et quelques pièces autour... vous voudriez pas venir ? Ca ira plus vite » il demanda en faisant des yeux de chien battu. Peut-être que cela eut de l'effet, quoiqu'il en soit, elle vint le rejoindre à l'intérieur en passant elle aussi par cette fenêtre. Ils étaient dans une pièce qui devait servir de rangement à décors et costumes. La pièce était plutôt vide, et les quelques objets et accessoires présents étaient d'une autre époque. « Ca fait presque peur, j'attends de voir quand les fantômes vont se pointer » il dit, à moitié amusé, l'autre moitié angoissé. Ils traversèrent la petite pièce pour en ouvrir la porte qui donnait sur le reste du théâtre. « Comment vous connaissez mon travail ? Je suis pas le type le plus populaire... surtout pas ici, je viens juste d'arriver » il lança pour faire la conversation, mais aussi parce que l'idée d'avoir des gens qui le connaissaient un peu partout, ça devait lui plaire.

« J’espère que vous allez les retrouver. » Eh bien, Halcyon espérait lui aussi. Personne n'avait été ici après son départ... pas vrai ? Il préféra ne rien dire, il était un peu stressé tout à coup en prenant en compte la possibilité que ses notes soient introuvables. Se sentant perdu et un peu hésitant, n'ayant pas trop envie de rester seul ici, il demanda à la jeune femme de le guider dans les coulisses du théâtre. « D’accord, mais je ne peux pas rester très longtemps. » Il lui adressa un grand sourire. « Oui ! Non ! Moi non plus » Il avait hâte de s'échapper d'ici, avec ses notes sous le bras, et de disparaître dans la nuit avec un tel talent que personne ne saurait qu'il avait été là en pleine nuit. Ils s'aventurèrent à l'intérieur, et à vrai dire, c'était assez étrange. Halcyon avait l'impression d'être dans un film d'épouvante, à tel point qu'il fit une pseudo-blague au sujet de l'arrivée soudaine de fantômes. Bon, il rigolait, mais il n'était pas spécialement rassuré non plus. « Des fantômes ou bien des chauves-souris qui sait … D’ailleurs quel son ça fait une chauve-souris ? Grik Grik Grik … » Il se tourna vers elle, un sourire surpris et amusé sur les lèvres. Cette fille était drôle et semblait sympa. Peut-être qu'il avait réussi à se faire une première amie, sans même le vouloir ? Après avoir ri un peu avec elle, il se concentra de nouveau sur sa mission de la nuit, et continua le périple en suivant la jeune femme. Ils firent tout ça dans un silence intense, de peur de réveiller quelqu'un ou quelque chose... Halcyon n'en savait trop rien. Et enfin, ils arrivèrent dans la grande salle, celle aux beaux fauteuils rouges et balcons dorés. Il lui demanda alors comment elle le connaissait, ou plutôt son travail, osant à nouveau prendre la parole maintenant qu'il savait où il était. « Internet. Je suis tombée par hasard sur vos travaux dans des vidéos google, des blogs … Ce que vous faites est très inspirant. Les thèmes que vous abordez sont vrais, certains me parlent énormément. » D'un côté, il aurait pu se dire que c'était simplement histoire de le flatter, mais au final, ce qu'elle disait était plus recherché qu'un simple "je suis votre plus grande fan". D'ailleurs, elle ne disait pas du tout être sa plus grande fan, ce qui laissait croire à Halcyon qu'elle était sincère dans ses paroles. Visiblement, elle s'était réellement posé des questions, et avait cherché à comprendre. Ca lui faisait plaisir, il la regarda un instant et sourit. « C'est inspiré de choses vraies. C'est ça que je trouve intéressant au théâtre. On a tous des choses à dire, sur ce qu'on voit autour de nous... » il dit simplement, tout en descendant les allées de chaises vers la scène. Ils s'arrêtèrent tous deux au niveau de la table installée là, où un tas de conneries étaient étalées. Halcyon commença un peu à regarder, mais il n'était même pas certain que ses affaires se trouvaient ici. Il essayait de se refaire dans sa tête les étapes de sa visite de la matinée. La jeune femme quant à elle venait de trouver quelque chose, et il leva les yeux vers elle en fronçant légèrement les sourcils quand elle se mit à lire. « Ecoutez-ça : Le gentil Winnie l’Ourson partait à la pêche à la truite quand soudain l’ongle de son orteil se retourna, quel drôle d’étalon, c’est une belle éjaculation que voilà ! Mais cette vaginite empêcha toute ambiance romantique … Apparemment vos acteurs ou je ne sais qui, s’amusent bien pendant que vous travaillez. » Le vague mauvais goût là-dedans le fit grimacer autant que ça le fit rire. Elle semblait gênée, ce qui rendait la situation encore plus amusante. Puis, elle n'avait pas tort. C'était à croire que quelqu'un s'ennuyait. Les acteurs, il ne pensait pas, mais peut-être une partie de l'équipe du théâtre, qui était venue ce matin uniquement pour faire acte de présence. La jeune femme alla ensuite chercher au sol, et Halcyon se pencha lui aussi pour zieuter la moquette rouge, jeter un oeil sous les fauteuils... rien. Juste quand il voulut se redresser, il fut percuté par quelque chose. Quelqu'un. « Aie… Oh excusez-moi. On devrait peut-être garder nos distances pour éviter de nous cogner l’un l’autre. » dit-elle. « Pardon, j'suis maladroit » fit Halcyon en même temps. Sa proposition tenait la route en tous cas. « Mais oui... c'est mieux. Ce serait bête d'avoir à appeler les urgences, il faudrait leur expliquer ce qu'on fait là » lâcha-t-il avec son humour un peu sarcastique. Il passa sa main sur son crâne, là où ils s'étaient cognés. Il espérait ne pas se trimballer avec une bosse dès le lendemain. « Bon … Je ne crois pas que ce qu’on cherche est ici. Vous ne vous souvenez pas de l’endroit où vous les avez laissés ? Peut-être dans les loges ? » elle proposa, alors que lui secouait la tête pour manifester son accord : ils cherchaient au mauvais endroit. Mais les loges, il n'était pas certain. « C'est vrai. C'est pas ici. J'essaye de me souvenir de partout où je suis allé » il fit, réfléchissant encore. « Sur le premier balcon peut-être. Je me suis arrêté là-haut pour prendre des notes » il annonça, comme s'il venait de faire une grande découverte. Faisant signe à la jeune femme de le suivre, il se dirigea vers le couloir pour contourner la salle et emprunter les escaliers qui menaient au balcon. Se tournant vers elle, il lui demanda : « C'est quoi votre prénom, au fait ? Avec tout ça, on s'est même pas présentés » Et bon, elle savait peut-être quel était son nom, mais ça ne valait pas non plus une vraie présentation. Ils arrivèrent en haut du balcon, et descendirent en direction du premier rang. C'était là qu'Halcyon s'était installé le matin même, avait ré-ouvert sa pochette et sorti ses feuilles pour prendre de nouvelles notes. « Regardez moi ça. C'est les meilleures places du théâtre, d'après moi » dit-il en s'arrêtant pile au centre de la première rangée. Ce n'était peut-être pas qualifié de carré or, car celui-ci se trouvait parterre, mais c'était bien des sièges de première catégorie. « Bon, si mes papiers sont pas ici... alors je sais pas » dit-il en se penchant pour commencer à regarder sous les sièges, dessus, autour...