CMa naissance n’a rien d’anodin et pour cause ; je suis né en pleine tempête de neige un 29 février ! Déjà, naitre un 29 février et devoir fêter son anniversaire une année sur quatre, ça n’a rien de festif ! Mais en plus, naitre chez soi dans un lieu coupé de tout ! Je vous laisse imaginer le tableau ! Bon, personnellement je n’ai aucun souvenir de cet instant-là, comme tout le monde en fait, mais je sais que ça a été loin d’être évident pour ma mère. Faire sortir un bébé de 3kg800 sans aucune assistance médicale et avec mon père alcoolique pour seul aide, autant dire que c’était du suicide ! J’avoue que raconter cette histoire est plutôt une fierté pour moi. Ma mère n’a pas eu une vie facile surtout quand elle était avec mon père, voilà pourquoi je suis fier de tout ce qu’elle a pu accomplir.  Une vraie battante ! C’est 3 ans après que je suis devenu grand-frère. Lina était une chouette sœur, même si au départ, je répétais sans cesse qu’elle était moche, pleurait tout le temps et qu’elle faisait tout le temps caca dans sa couche ! Bref j’étais un enfant jaloux de ne plus avoir toute l’attention de sa mère. J’ai compris l’importance de ma sœur le jour où elle est morte. J’avais 7 ans et elle 4. C’est mon père qui nous gardait, mais comme d’habitude, il avait passé sa journée à boire. Il devait la surveiller…mais il m’avait confié cette mission… comme toujours d’ailleurs. Sauf que moi, ce lundi soir, j’avais mes devoirs à faire. J’avais donné un livre à ma sœur pour qu’elle regarde les images… Au lieu de ça, elle était sortie et s’était rendu au petit lac qui se trouvait non loin de chez nous. Ce sont les pompiers qui ont découvert son corps. Elle s’était noyée. Je me suis longtemps senti responsable. Ce n’est qu’une fois adulte, que j’ai compris que je n’étais pas celui qui avait la plus grande responsabilité dans cette histoire.

C’est à partir du décès de ma sœur que les choses ont dégringolées dans ma famille. En toute franchise, ça n’a jamais été la joie chez moi. Mon père ne travaillait pas, buvait énormément et frappait ma mère. Je l’ai découvert dès mes 4 ans, mais mon père me répétait sans cesse que c’était normal, elle n’avait pas écouté alors il la punissait. J’avais fini par le croire. Seulement voilà, à la mort de ma sœur, j’ai dû moi aussi faire face à sa violence. Au début c’était une claque, puis deux, puis carrément des coups de ceinture. Je finissais souvent enfermé dans le placard sous l’escalier ! Un peu comme Harry Potter oui, sauf c’était bien plus glauque. Bien entendu, c’était toujours lorsque ma mère n’était pas là qu’il déferlait sa haine sur moi. Il y avait toujours une excuse… j’avais fait tomber sa bière, fini la boite de gâteau… bref… quand on vous répète sans cesse que vous êtes une merde, vous finissez par le croire. Cela a duré plus d’un an et demi et c’est parfaitement au hasard que ma mère l’a découvert… Visite médicale à l’école… je n’avais pas pu cacher les bleus ou les cicatrices au docteur. Les enseignantes avaient prévenu les services sociaux et en une journée je m’étais retrouvée en famille d’accueil. Ce fut la « claque » de trop pour ma mère qui, cette fois-ci, ne réussit pas à pardonner mon père. J’ai passé deux mois en famille d’accueil avant de pouvoir retrouver ma mère. On a déménagé à New-York et démarré une nouvelle vie ! C’était nous deux et c’était parfait ainsi. Je n’avais le droit de voir mon père qu’en visite médiatisée mais à 14 ans, j’ai décidé de ne plus le voir. Il n’était plus rien pour moi et j’étais bien mieux sans lui.

Du côté de ma mère, il lui a fallu presque 7 ans pour faire à nouveau confiance à une homme. Moi j’ai mis plus de temps. Pourtant je sais aujourd’hui que c’est un homme formidable et qu’il prend soin de ma mère, mais bien évidemment au début, ça n’a pas été facile. J’ai dû bien mettre un an avant de l’accepter. Bon le problème ce n’était pas que lui… disons qu’il n’avait pas débarqué seul ! Il avait deux filles. Sa femme étant morte trois ans plus tôt d’un cancer, je devais me farcir ses gamines à longueur de journée. La plus jeune, Jasmine était adorable ! Vraiment ! 7 ans et demi à l’époque, un vrai amour. J’adorai passer mon temps à la taquiner ou lui faire croire n’importe quoi ! Peut-être que j’essayais d’être le grand frère que je n’avais pas pu être. Une chose est sûre, je ne me lassais pas de sa compagnie. Le tyran, c’était la grande sœur X ! On avait le même âge et c’est un peu grâce à nous que nos parents se sont rencontrés ! On était en même classe en seconde et pour être franc à l’époque, je la trouvais totalement à mon goût. Je l’avais même invité à aller au cinéma. Elle avait refusée sans même me connaitre. Bien sûr, je n’avais pas apprécié me faire jeter, encore plus lorsque j’avais découvert que nous allions devoir partager le même toit !  Du coup, j’avais commencé à la détester (Merci mon égo d’adolescent !) et elle avait fait de même. Notre relation basée sur la méchanceté, la ridiculisation ou encore les coups bas, s’était installée naturellement. Pour le coup ça ne venait pas que de moi ! Je crois qu’au fond, l’un comme l’autre, nous adorions nous détester.  X n’était pas méchante, seulement je l’avais compris plus tard et en tant que bon adolescent borné, je ne pouvais pas revenir sur ce que je pensais. Et elle non plus apparemment !

Même si X n’a jamais été très tendre, j’ai toujours fait attention à elle. Du moins j’ai essayé, de toute façon, je n’avais pas vraiment le choix ! Ma mère ne cessait de me faire passer pour le grand frère. Seulement voilà, ce n’était pas ma sœur et ça ne le serait jamais.

C’est à mes 19 ans que je suis arrivé à Miami. Officiellement c’était pour mes études, officieusement, la raison était tout autre. En réalité, il y en avait plusieurs, dont la mort de mon meilleur ami, tombé accidentellement dans l’escalier de sa résidence. Il est mort sur le coup. Au moins, il n’a pas souffert…

C’est à Miami que j’ai décidé de devenir éducateur spécialisé. J’avais envie d’aider les jeunes qui, comme moi, avaient vécu des moments difficiles. A l’époque, c’est grâce à un éducateur en particulier que j’avais réussi à tenir. Bien sûr, ma situation, bien que difficile, était loin d’être la pire. Aujourd’hui, je côtoyais des gamins qui avaient vécu la majeure partie de leur vie en foyer alors moi et mes deux petits mois, ce n’était rien !
Cela fait à présent 8 ans que je vis ici, je me suis fait beaucoup d’amis et j’ai passé de très bons moments. Bien sûr mon passé me revient parfois en pleine face, surtout quand ma mère et mon beau-père viennent me rendre visite.

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