Les jours et les mois se confondent depuis qu'il a quitté le centre. Temporalité relative, les secondes lui semblent des heures tant qu'il n'aura pas retrouvé sa petite soeur; tant qu'il ne sera pas certain qu'elle va bien et qu'elle est heureuse. Impossible à l'heure actuelle pour le Texan de savoir s'il compte rester auprès d'elle ou tenter de la ramener, il veut son bonheur et s'il est ici alors ... probablement qu'il s'inclinera ... ou pas. Après bien des complications, tribulations qui l'ont menées d'une ville à l'autre, d'un job précaire à un appartement en ruine, il touche enfin sa précieuse sœur du bout des doigts, mais la jolie s'échappe une nouvelle fois. C'est fou ce don qu'elle possède pour disparaître. Cette fois, il ne s'agit pas d'une fuite, après qu'il eut pris ses informations, Eli découvre que Kath est partie suivre une formation culinaire en France, mais qu'elle reviendra probablement après. Réflexions faites, il est plus sage d'attendre le retour de l'enfant prodigue que de partir à sa poursuite un billet d'avion pour la France n'est pas gratuit.

Parks, la fille que tu cherches est de retour. T'as son adresse sur le bout de papier sous la caisse. Bourru, peu chaleureux, le patron du bar possède néanmoins un réseau d'informateurs très intéressant, à peine Kathlyn avait-elle posé le pied à l'aéroport que l'homme possédait l'information. Nœud à l'estomac, il imagine facilement que c'est ça, le trac du premier rendez-vous, cette sensation qu'un vide se creuse au cœur de sa poitrine pour tout aspirer. Habillé simplement d'un jean et d'un tee-shirt foncé, Eli a opté pour des baskets claires afin de trancher un peu, amener de la lumière, cheveux lâchés, ils ont poussés depuis le départ de Kath et pour être honnête, le coiffeur n'était pas sa plus grande priorité, puis c'est tendance à ce qu'il parait. Les mains dans les poches, le grand frère arrive sur le pas de la porte, un dernier coup d'œil à l'adresse, déglutition difficile, cœur qui voudrait quitter la cage qui le protège. Il attend ce moment depuis si longtemps, il est tétanisé. Et si elle ne le reconnaissait pas ? Et si elle lui refermait la porte au nez ou pire, si elle lui riait au nez ? Qu'elle ne voulait plus jamais entendre parler de cette famille de cinglés ? Tellement de questions qui rendent le brun fébrile.

Deux coups à la porte. Pourquoi pas trois ? Aucune idée. Eli attend patiemment tout en tendant l'oreille, espérant qu'elle serait là, qu'il ne tomberait pas sur cet homme avec qui elle vit dans le péché. Soit. Ce n'est pas pour ça qu'il est là. Il se doute que le monde à quelque peu pervertit sa sœur, mais au fond il se fiche de sa vertu dans un premier temps, il veut juste que cette satanée porte s'ouvre enfin sur son sourire, sur son regard pétillant. Il veut la prendre dans ses bras, sentir son odeur, voir si elle a changé au fil des années, peut-être même apercevoir sa première ride pour la taquiner ? Regard baissé sur le bout de ses chaussures, la porte s'ouvre, soudainement prit de panique, le Texan ne relève le regard qu'après quelques secondes qui lui paraissent une éternité. Elle est si belle. Bonjour, Kitkat, sourire timide, il voudrait bouger, mais en est incapable. C'est trop dur. Il sent sa gorge se nouer, enfin, elle est là. Bouge, Eli.

Cela faisait quelques jours que j’étais rentrée de Paris maintenant et pourtant je peinais à prendre mes marques. On pouvait se dire que changer de maison c’était pas grand-chose, mais je me rendais compte que je m’étais attaché à ma routine quotidienne. Je me sentais un peu perdue sans elle. Mon psy, que j’avais vu la veille, m’avait assuré qu’il n’y avait rien d’anormal et que je devais juste trouver une nouvelle routine, quitte à reprendre d’anciennes habitudes dans un premier temps. J’avais donc commencé ma journée par allait courir au bord de la plage comme je le faisais presque tous les matins avant mon départ pour Paris. J’aimais la sensation que me procurait un footing matinal, ça mettait mon corps et mes sens en éveil en un rien de temps. J’avais croisé des joggers habituels à qui j’avais adressé quelques mots avant de repartir vers ma nouvelle maison. Une fois rentrée, il était de bon ton que je me prépare un petit-déjeuner et que je file sous la douche. Une fois cela fait, ma journée pouvait débuter.
 
William était absent, il avait été appelé en urgence et je n’avais aucune idée de quand il reviendrait. Je tournais un peu en rond à attendre que le temps passe alors je me décidai à ouvrir mes cartons. Ça me faisait bizarre de mêler mes affaires à celles de mon petit-ami. Je savais que ça lui tenait à cœur que je considère cette maison comme la mienne, même si ça restait son bien immobilier. Je rangeais mes livres dans la bibliothèque du salon. Il y avait déjà quelques bouquins de médecine, de cuisine et des romans appartenant au propriétaire des lieux. Mon besoin d’organisation me poussa à les trier par catégorie et à les classés par ordre alphabétique pour mieux les retrouver. De cette façon, aussi, mes livres n’étaient pas d’un côté et les siens de l’autre. Je retournai ouvrir un autre carton quand j’entendis deux petits coups sur la porte d’entrée. Je la regardai, attendant quelques secondes. Je n’étais pas sûre d’avoir entendue frapper. Par doute je m’en allai ouvrir. Sait-on jamais qu’il y ait réellement quelqu’un qui attende. En effet, derrière la petite fenêtre translucide de la porte, je pouvais voir une silhouette. Je me demandais bien qui cela pouvait bien être.
 
Je tournai la poignée de la porte d’entrée restée déverrouillée et m’apprêta à saluer la personne quand mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Un jeune homme que j’aurais pu reconnaitre sans l’ombre d’hésitation entre milles se tenait le regard baissé sur le porche. Que faisait-il là ? Il releva son visage vers moi et me salua. Le son de sa voix faillit me faire défaillir. Ma main se serra sur la porte d’entrée. « Eli … » Je sentis ma gorge se nouer en prononçant le nom de mon frère ainé. Je n’osais pas bouger comme si un simple geste de ma part pourrait le faire partir. Je ne savais pas quoi dire. Eli ne semblait pas non plus trouver les mots. On resta à se regarder quelques secondes avant que je n’arrive à parler. « Qu’est-ce que tu fais là ? » lâchai-je avec une incompréhension la plus totale. Je me rendais compte après-coup que ma question faisait un peu accusateur et qu’elle allait peut-être lui faire croire que je ne voulais pas de sa présence chez moi. Ma main lâcha la porte et je m’avançai vers mon frère. J’hésita un instant et puis je le pris dans mes bras. « Tu m’as manqué. » Je sentais l’émotion de ces retrouvailles me monter aux yeux. Je n’arrivais pas à réaliser que ce que je vivais, ce que je voyais ou ce que j’entendais n’était pas juste une illusion, un tour que me jouait mon esprit. Je ne desserrais pas mon étreinte autour de mon frère, de peur sans doute de le voir disparaitre aussi vite qu’il était apparu. Son odeur était la même que dans mes souvenirs et cela me rassurait que je n’avais pas tout oublié après ces quelques années loin de ma famille. Je reculai mon visage de son cou et détailla ses traits. Il n’avait que très peu changé. Il s’était laissé pousser les cheveux. Ça lui allait bien. Ça lui donnait un air un peu plus moderne, plus décontracté. « Tu … tu veux rentrer ? » proposai-je avec une voix qui trahissait la nervosité. Oui j’étais nerveuse. Nerveuse de le voir ici et à l’idée qu’il puisse repartir. Mais aussi parce que j’avais toujours mis un point d’honneur à faire la fierté de mon frère et que j’avais peur qu’il n’en soit plus ainsi aujourd’hui. J’avais changé, beaucoup changé et je ne savais pas ce qu’il allait en penser.
 

Les trois lettres qui composent son prénom s'échappe des lèvres de sa petite sœur, un frisson parcourt le corps du Texan. Il rêve depuis si longtemps de ces retrouvailles, il les imaginait le soir en s'endormant, mais aucun de ses scénarios ne ressemblait à ceci. Parodie de rencontre, comme s'ils étaient étranger alors que le même sang pulse dans leurs veines. Image douloureuse pour l’aîné qui se retrouve incapable de bouger, tétaniser par la peur, par ce cœur qui semble à deux doigts de l'explosion. Il ne peut s'empêcher de notifier sa beauté, elle est toujours aussi belle et semble en bonne santé, ce qui le rassure immédiatement. Qu'est-ce que tu fais là, demande la cadette, c'est une question légitime malgré l'apparente rudesse des propos, Eli ne s'en formalise pas. La jeune femme s'approche et brise la distance en même temps que la glace. Il ne faut pas une seconde à l'homme pour serre ses bras autours de la silhouette de sa jeune sœur, inspirant profondément, emplissant ses narines du parfums de ses cheveux, doux souvenir qui revient. Toi aussi tu m'as manqué, petite soeur, est-ce qu'elle peut sentir la tendresse dans sa voix ? L'amour indéfectible dont il à dû faire preuve pour arriver jusque là au gré des indices, des saisons ? Est-ce qu'elle pourra comprendre la détermination qu'il aura fallu à Eli ? Rien n'est moins sûr, mais pour l'instant ce ne sont pas ces quelques questions qui l'inquiète, mais plutôt cette belle maison où elle semble vivre, la vie qu'elle à menée jusqu'à présent, tellement de questions sans réponses qu'il compte bien dissiper.

Je veux bien, quelques mots qui sonnent la fin de l'étreinte, mais qu'il offre avec un sourire large. Sincère. La main glisse contre le dos de Kath, il la suit dans cet intérieur qui ne ressemble aucunement à ce qu'il à l'habitude de voir, même si sa propre maison est confortable, c'est moins tape à l’œil, certainement, mais Eli apprécie de plus en plus le confort qu'offre l'extérieur, il s'habitue à certains petits luxes du quotidien dont il n'est pas certain de pouvoir se passer quand il retournera à sa vie d'avant. Tu es vraiment une très belle jeune femme, qui semble vivre dans une très belle maison, petite soeur, il ne dissimule pas la fierté qu'il éprouve, ni même la malice vis-à-vis de sa demeure, il sait bien des choses, des murmures et des rumeurs auxquelles il fut obligé de prêter attention pour pouvoir la retrouver, mais qu'importe, elle est là, en bonne santé, c'est tout ce qui compte. Kath ... Après avoir observer le lieu, Eli se plante face à sa sœur, prenant sa main entre ses paumes chaudes et toujours aussi rugueuses, comment est-ce que tu vas ? Si la question semble innocente, quelconque, ce n'est pas vraiment le cas, elle est bien plus profonde; il veut connaitre sa vie, ses joies, ses malheurs, il veut rattraper le temps perdu.


hrp: je suis vraiment désolée du délais

J’avais l’impression de vivre une illusion. Mon frère était sur le pas de ma porte, identique à celui qu’il était dans mes souvenirs. Un peu sous le choc je lui demandai ce qu’il faisait là. C’était sans doute pas les mots qu’ils s’attendaient à entendre après quatre années de séparation. Je me rattrapai en exprimant le faite qu’il m’avait manqué. L’entendre retourner mes propos me fit chaud au cœur. Je lui proposai de rentrer dans la maison ce qu’il accepta. Cela faisait tellement longtemps que le contact avait été rompu entre nous que j’avais l’impression de me trouver face à un étranger. Une légère timidité s’emparait de moi. Je le menai jusqu’à la cuisine alors que sa main se glissa dans mon dos. Ce geste affectueux, furtif et peut-être presque anodin me procura une sensation familière au fond de mon cœur. Mon frère me complimenta et je me retournai vers lui, les joues légèrement rougies. « Merci. Je viens d’emménager … » dis-je en laissant volontairement la fin de mon propos en suspends. Comment lui dire que je vivais avec un homme. Quel regard porterait-il sur moi ?  Mais peut-être le savait-il déjà ? Au fond de moi je sentais que c’était pas vraiment une coïncidence qu’il arrive juste quelques jours après mon retour de France. Il avait du mener sa petite enquête pour me retrouver, pour retrouver là où j’habitais. Mon cœur s’emballa dans ma poitrine.
 
Je passai nerveusement une main dans mes cheveux en le regardant. Mon ainé s’approcha de moi et pris ma main dans la sienne. Sa chaleur m’irradia. Combien de fois avais-je eu envie de le sentir près de moi depuis ma fuite ? Bien trop de fois. « Ça va. Je vais bien. » répondis-je la gorge nouée par l’émotion. Je reprends ma main et sors deux verres et la carafe d’eau pour nous servir. Je voulais cacher ma nervosité en m’occupant les mains. Il y avait tant de choses à lui dire, mais tant que je ne savais pas par quoi commencer. Je lui tendis un verre et pris place sur un tabouret de la cuisine en espérant qu’il ferait de même. « J’ai décidé d’établir ma vie à Miami, ça fait trois ans maintenant. Je suis entrain de me former pour être cheffe cuistot dans un restaurant. D’ailleurs, je viens de rentrer de Paris où j’ai fait un stage pendant trois mois. » Je lui souris fière de ce que j’avais entrepris de faire depuis quelques mois. Je pesais tout de même mes mots dans ce que je lui confiais. Je ne voulais pas le blesser en lui envoyant un bonheur dans lequel j’avais décidé de ne pas l’inclure. Je connaissais son désir de s’enfuir du complexe avec moi, cependant j’avais choisi d’agir égoïstement et de partir sans lui. « Et toi … comment vas-tu ? » Je savais que cette question était sensible mais je ne pouvais pas me résoudre à l’éviter. S’en était-il bien sorti ces dernières années ? Nos sœurs et nos parents allaient-ils bien ? Est-ce que la vie n’était pas trop dure ? Leur avais-je fait du mal en partant … ?
 

Il attend cet instant depuis si longtemps, il en a rêvé, il l'a imaginé des centaines de fois, mais comme toujours rien n'est jamais similaire à l'imagination. Sentir les petits bras de Kathelyn autour de ses épaules est un réel soulagement, comme s'il pouvait enfin recommencer à respirer. La maison est charmante et si le compliment du frère est sincère, la réponse de la sœur est somme toute évasive, Eli sait pertinemment que cette maison n'est pas celle de Kath, d'ailleurs le nom sur la boite aux lettres ne laisse place à aucun doute, mais il se contente de sourire ; il n'a pas fait tous ces kilomètres pour la juger. Elle parlera quand elle en aura envie, quand elle se sentira prête. Il a ce besoin typique des aînés, celui d'être certain que tout vas bien, qu'elle est heureuse, le contacte de leurs épidermes est réconfortant, les souvenirs refont surface accompagnés des émotions diverses enfuies durant ces dernières années.

Nervosité palpable, Kath sert deux verres d'eau et s'installe sur un tabouret, mouvement imité par son frère qui ne voudrait pas paraître intrusif. Il a toujours été en retrait, Eli, il n'est pas le genre de gars à s'imposer, sauf aujourd'hui, il impose sa volonté de renouer avec elle. Religieusement, il écoute son parcours, même s'il en connaît une grande partie, et la fierté se lit dans son regard. Il est fier de ce que sa cadette a entreprit seule, elle réussit à dompter une vie qu'on leur avait toujours décrite comme dangereuse, comment ne pas être fier ?  Je suis heureux pour toi dans ce cas léger sourire au coin des lèvres et étincelles dans le regard, il est pourtant sincère le grand frère, c'est juste qu'il se rend compte qu'elle n'avait peut-être pas besoin de lui finalement.

Et toi ? Bien sûr, il n'allait pas y échapper à la question cruciale. Comment résumer ces dernières années sans l'accabler ? Sans lui donner l'impression d'être une incroyable égoïste qui à tout envoyer balader, qui à tout-fait éclater avec son départ ? Eli avale une gorgée d'eau, puis une seconde, il gagne du temps afin d'organiser sa pensée au mieux, ça va, toujours marié, les parents n'ont pas changés, les autres non plus, rien n'a vraiment changé en fait... sauf elle ... et lui maintenant. C'est comme s'ils étaient figés dans le temps ajoute-t-il en souriant, un brin de nostalgie dans la voix. Certes, ce n'était pas le lieu propice à l'épanouissement personnel, mais les personnes qui lui sont cher sont restées là-bas et ça suffit au grand brun pour avoir une pointe de culpabilité, de nostalgie. En parlant de nostalgie, le brun sort de l'intérieur de sa veste une petite boite d'une quinzaine de centimètre et la tend à sa petite soeur, c'est pour toi. Il n'ajoute rien. Il préfère attendre de voir sa réaction. La boite contient trois petites figurines en bois sculptées (un papillon, une girafe et un oiseau), une pour chaque année loin de lui, une pour chaque anniversaire manqué, parce que depuis qu'il est en âge de créer, c'était le cadeau qu'il lui faisait et avec l'âge elle commençait à avoir une véritable ménagerie. C'était sa manière à lui de rester connecté avec sa soeur, une tradition qu'il ne voulait pas rompre, même si au vu de la décoration les petits objets font tâches malgré leurs grandes qualités. Bon anniversaire en retard dit-il en haussant les épaules probablement un peu gêné par la situation. Il n'est pas à l'aise avec ce genre de situation, c'est toujours difficile pour lui de s'ouvrir aux autres, mais il espère qu'elle comprendra qu'elle n'a jamais quitté ses pensées, pas un seul jour.

Je craignais que Eli m’en veuille de l’avoir abandonné au complexe mais il ne semblait pas avoir une quelconque rancune à mon égard. Mais je connaissais assez bien mon frère pour savoir qu’il savait faire preuve de self-control et ne montrer que ce qu’il voulait. J’étais nerveuse et lorsque je lui parla de mon évolution et de mon investissement à me construire une carrière, cela s’accentua un peu. Mon frère ainé me répondit qu’il était heureux pour moi et je le sentais bien sincère. Je ne pouvais pas éviter de lui retourner sa question sans paraitre égoïste. Sa réponse était un peu vague, mais en même temps à quoi pouvais-je bien m’attendre ? Il n’y avait pas tant de possibilités qu’à l’extérieur. La vie se ressemblait jour après jour. J’hochai la tête et avant que je ne pu le questionner davantage il me tendit une petite boite. Je la pris avec précaution et l’ouvrit. Mon cœur se serra lorsque j’y découvrit trois petites figurines en bois. Je pris le papillon dans ma main et le regarda avec attention alors que je sentais des larmes me monter aux yeux. « Eli s’est magnifique. » Ces petits objets avaient une signification profonde pour tous les deux. Eli me souhaita un joyeux anniversaire et je relevai la tête. Je reposai le papillon et m’avança vers mon frère pour le serrer dans mes bras chaleureusement. Même si ce n’était sans doute pas son intention, je culpabilisais encore plus à présent. Je l’avais abandonné et jamais je ne pourrais me le pardonner. Il avait été le seul à toujours me soutenir, quelle que soit la situation et je ne l’avais jamais remercié à sa hauteur. « Je suis tellement désolée. Aucune excuse n’effacera ce que j’ai fais mais sache que je m’en suis toujours voulut. Je pensais à toi tous les jours, me demandant ce que tu devenais. J’aurais jamais du t’abandonner ainsi, c’était totalement injuste. » Je restai accroché au cou de mon frère, lui parlant près de son oreille. Je sentais ses mains s’apposer sur mon dos. Je ne voulais pas croiser le regard de mon frère. J’avais peur d’y voir toute la peine que j’avais pu lui faire. Je n’étais qu’une lâche qui avait abandonné sa famille pour ses propres envies, ses propres ambitions. Je resta encore quelques instants accroché à Eli avant de me reculer, d’essuyer une larme qui s’était échappé d’un de mes yeux et de croiser enfin son regard. « Je sais que j’ai dû vous faire du mal à tous en partant comme ça … J’ai voulut plusieurs fois reprendre contact avec vous, mais j’avais trop peur qu’on revienne me chercher. Je ne veux plus retourner là-bas. » Je me reculai jusqu’à la chaise de la cuisine et y m’assis dessus. Cela pouvait paraitre un peu dur ce je disais, mais je savais qu’Eli pouvait comprendre. Il savait bien le mal-être dans lequel je me trouvais au complexe. J’étais malheureuse et ce n’était pas juste un caprice d’ado rebelle. Non je m’étais toujours sentie étouffée et pas à ma place. Je n’étais pas en accord avec leur mode de vie. Pour moi, vivre ma foi ce n’était pas comme cela que je l’envisageais. Je pris mon verre d’eau et bu une gorgée et puis nerveusement je le fis tourner entre mes mains, assez doucement pour ne laisser s’échapper le liquide par inadvertance. « Ils m’en veulent ? » Je connaissais déjà la réponse au fond de moi mais j’avais besoin de l’entendre je crois. Mon père était plus dur que ma mère et cela ne m’étonnerait même pas qu’il m’ait renié de la famille. Ma mère même si elle était persuadée que la vie était plus agréable au complexe avait toujours su m’écouter, même si elle n’avait jamais vraiment su me comprendre.