- Sebastian McKay….
- Un sale type, Commissaire.
- Hum…. Plutôt beau gosse, murmura-t-elle comme pour elle-même tout en feuilletant le dossier qu’on lui avait remis.
Il semblait épais et drôlement fourni : le type n’avait jamais été arrêté et n’avait pas eu de réels problèmes avec la justice, mais son nom était cité un peu partout. Et ça, ce n’était jamais bon signe : soit la police vous avait dans le collimateur pour une bonne raison, soit vous vous mettiez un peu trop en avant pour de mauvaises raisons. Dans un cas comme dans l’autre, c’était toujours suspect. Il n’y avait pourtant rien de mirobolant dans ce qu’elle lisait : la routine, somme toute, surtout quand on savait que l’individu tenait un Night club à Miami. Dans son fort intérieur, cela sonnait un peu comme un synonyme « d’aimant à problèmes », mais elle avait encore les vieux réflexes de Boston et elle savait qu’il lui faudrait un peu de temps avant de s’en débarrasser tout à fait. A Miami, les night clubs semblaient fleurir comme les cactus en plein désert, c’est-à-dire de façon inopinée, mais pas franchement inappropriée. Ils faisaient partie du décor, au même titre que la plage et les enceintes Bluetooth. Il n’y avait donc pas de raison à proprement parler que les lieux soient suspects.
Mais celui de McKay avait un peu trop attiré l’attention des autorités : il y avait des bruits, quelques témoignages non signés, des aveux suspects, des indics un peu trop bavards… McKay avait un peu trop résonné à l’oreille des flics dernièrement : une visite s’imposait tout naturellement. En tout cas, Keira avait insisté pour en faire une : autant commencer à se faire connaître par les habitants du coin dès que possible ! Et si c’était en faisant une entrée fracassante et en perquisitionnant le club pour de fausses raisons, c’était encore mieux ! A défaut de passer pour une idiote, mieux valait passer pour une emmerdeuse : ça rapportait toujours davantage à la fin, elle le savait d’expérience.
Elle feuilleta le rapport durant quelques minutes, avant de sentir un des lieutenants qui l’assistait pour la perquisition se pencher vers elle :
- Vous fiez pas trop à sa belle gueule. Ce type est un pourri.
- Oh je m’en doute : les gueules d’ange, ça dissimule toujours un démon.
Il ricana alors qu’elle refermait le dossier, désormais sûre d’une chose : McKay n’était pas un type bien. Et elle fouillerait de night club de fond en comble pour trouver quelque chose. Quand bien même elle ne trouverait rien, elle s’efforcerait de faire comprendre à ce salopard que si ses prédécesseurs avaient fermé les yeux, elle ne jouerait pas les mêmes cartes avec lui.
La voiture s’arrêta bientôt et elle en descendit : trois de ses hommes l’accompagnaient. Un lieutenant et deux agents simples : ce ne serait pas de trop pour faire le tour du propriétaire et tenter de dénicher quelques indices contre McKay. En attendant, elle comptait bien utiliser la cartouche que tous les flics utilisaient un jour ou l’autre : celle de la vente d’alcool à des mineurs au sein du club. C’était une excuse foireuse mais McKay ne pourrait jamais s’opposer à cela et serait obligé de lui ouvrir les portes.
Sinon, elle s’arrangerait pour les faire enfoncer par ses gars.
Dégainant sa plaque, elle la montra au videur à l’entrée et lui lança un regard où dansait un certain mépris :
- Dites-moi, le patron est là ? On aimerait lui toucher deux mots.

Le Club allait bien, il était plein à chaque soir et je ne pouvais tout simplement pas me plaindre du fric qui s'amassait chaque soir. Disons que le business roulait très bien... Sans parler du mien qui était plutôt privé. J'avais tout ce que je voulais, tout ce que désirais, je faisais comme ça me chantait. J'étais en train de mettre mon fric dans le coffre-fort quand j'aperçu sur les caméras les flics qui étaient en train de débarqué dans mon Club. ENCORE? Ces jours-cil ils ne me laissaient vraiment pas de jours de repos, à croire qu'ils espéraient obtenir des trucs venant de ma part. Je pris soin de serrer tout ce qui était compromettant ici et je fis sortir les filles en petite tenue assez rapidement merci. Je ne sais pas trop ce qu'ils cherchaient, mais visiblement, ils devaient avoir quelqu'un qui avait dit des trucs sur moi pour qu'on se pointe encore. C'était de l'acharnement leur affaire. Je fis venir le gars de la sécurité pour qu'il fasse sortir les mineurs s'il y en avait derrière. On vérifiait le tout, mais il y avait toujours des minables qui réussissaient à se faufiler. Suffisait de montrer le fric pour qu'un de mes bouncers les laisse passer. Quand ils rentrèrent... 3 flics, une femme et deux hommes, je les accueillis en gardant le sourire. Je l'avoue, j'avais bu un peu, mais pas au point d'avoir perdu la tête.

- Quel me vaut se plaisir encore une fois! Vous savez que ça fait la troisième fois cette semaine? Ce n'est pas trop bon pour mes affaires si vous vous pointez toujours dans le coin.

Néanmoins je gardais le sourire parce qu'ils ne trouveraient rien ici et je n'aurais pas à m'en faire avec des accusations. Mon nom était connu de tout le monde dans le coin et je sais que je n'avais pas vraiment de casier, mais c'était bien parce que papa avait réussi à me sortir de là à maintes reprises.

- Je vous sers à boire peut-être? Sinon, vous pouvez aller où que vous voulez.

Je n'étais pas responsable de la drogue qui s'y trouvait de toute façon. Les gens ici ce n'était pas tous des anges non plus. Quoiqu'il en soit a commissaire de police était bien nouvelle, la première fois que je la voyais.

- Vous êtes nouvelles non? Sebastian McKay, ça serait sympa de vous voir plus souvent dans le coin finalement! Je vous fait visiter?

Magnifique jeune femme avec un tempérament de feu, je devais dire que ça m'allumait vraiment beaucoup. Un fantasme jamais réalisé, je dois le dire. Quoiqu'il en soit, la jeune femme ne voulait pas vraiment sourire et je dirais que ça m'amusait. C'était comme un défi.

Elle haussa un sourcil, écarquillant les yeux pour simuler une surprise qui n’était pas la sienne devant le fameux patron du night club.
- Trois fois déjà ? Bon sang, ce que le temps passe vite n’est-ce pas ?

Les photos ne mentaient pas : il était diablement mignon. Et son petit sourire légèrement arrogant ne trompait absolument pas Keira. Elle avait bien trop d’expérience désormais pour ne pas savoir à quoi s’en tenir avec ce genre de type, surtout quand ils souriaient ainsi. Une gueule d’ange pour un démon caché : elle avait eu raison. Et cela lui faisait froid dans le dos de comprendre qu’à Boston ou ici, elle croisait toujours les mêmes salopards. Ils pensaient s’en sortir à chaque fois, mais venait fatalement un jour où leur empire s’effondrait, et ce jour-là…. Elle était la première à arborer le même sourire qu’ils lui avaient balancé à chaque perquisition.

Cela dit, ils en étaient encore loin sur ce dossier : il n’y avait que des soupçons, quelques propos rapportés qui n’étofferaient jamais suffisamment un mandat d’arrêt. Par contre, ils avaient eu l’aval pour une perquisition, ce qui signifiait que McKay n’était pas non plus en odeur de sainteté absolue là-haut.
D’un mouvement du menton, elle indiqua à ses hommes de se mettre au travail, pendant qu’elle retenait McKay dans son bureau. Mieux valait qu’ils aient le champ libre là où ils iraient, plutôt qu’en sentant le regard du patron sur leur dos. Et elle s’incluait là-dedans : elle aussi faisait office de patron pour eux, après tout…
- Vous avez de l’eau gazeuse ? Sans glaçons évidemment, on pourrait croire que vous tentez de me corrompre.
Elle ne lui sourit pas, se contentant de détailler les lieux du regard, cherchant à mieux comprendre un homme tel que McKay. Etait-ce seulement l’appât du gain qui le motivait ? Une faiblesse naturelle à l’illégalité ? Ou juste un besoin inconscient de s’émanciper d’un monde qu’il pensait trop petit pour lui ? Les motivations étaient légions dans ce genre d’endroit et pour ce genre de personne, et Keira aimait parfois s’aventurer dans leurs égarements psychologiques pour mieux les comprendre.

Mais hormis le fouillis sur le bureau, et la neutralité presque mensongère des étagères qui n’accueillaient ni bibelots, ni trophées, McKay ne se livrait pas beaucoup. A croire que ce bureau n’était qu’une façade… Et c’est le regard toujours occupé à détailler ce qui constituait la vie de McKay qu’elle lui répondit :
- Commissaire Jake. Pas Joke, Jake. On me la fait souvent, alors j’anticipe.
Elle daigna enfin reporter son regard sur le jeune homme, et cette fois-ci un petit sourire ironique vint fleurir sur ses lèvres alors qu’elle l’écoutait lui proposer une visite privée.
- Croyez-moi, vous détesteriez me voir tous les jours par ici. Mais je retiens l’invitation, sait-on jamais, il se pourrait que je trouve votre club sympathique.
Haussant de nouveau un sourcil, elle lui désigna l’écran sur lequel les caméras de sécurité projetaient leurs images.
- Il y a l’air d’y avoir du monde. Tous majeurs j’imagine… Et tous sains de corps et d’esprit. Laissez-moi deviner : vous tenez un club modèle et les ragots ne font que vous salir par jalousie ? Mon pauvre, cela doit être terrible.

Jamais vu cette femme de ma vie et elle venait faire la loi dans mon bar? Disons que j'étais un peu contrarié vu que cette semaine c'était la troisième fois que les flics débarquaient. J'en avais marre pour tout dire. S'il aurait fallu qu'il trouve quelque chose, ils l'auraient déjà trouvé non? Elle me répondit sans hésiter juste pour me narger... Ah ces flics!

- Pas assez il faut croire! Allez, fouillez ce que vous voulez, je n'ai rien à cacher!

En fait si... Mais ils n'étaient pas obligé de le trouver non plus. J'en étais pas à mes première descente dans mon bar et surement pas la dernière non plus. Afin de l'amadouer, je lui offris à boire et je ris à sa blague comme quoi j'essayais de la corrompre.

- Oh je pense que je n'ai pas ce pouvoir sur vous. Apprenons d'abord à nous connaître et ça sera déjà un bon début.

Je fis signe à ma barmaid de lui donner ce qu'elle voulait. Peu importe, en attendant il n'y avait pas grand chose à faire. Tous mes employés devront commencer à ranger et nettoyer parce que de toute façon, la police aura mit fin à cette soirée. Pas mal mauvais pour les affaires! Elle reçut son verre alors je décidai de sortir le grand jeu pour lui faire visiter. Elle n'était pas d'humeur à la fête la petite et je dirais que ça commençait à m'agacer. Elle se présenta comme commissaire Jake et bien entendu je voulu faire le gag sur Joke, mais elle me devança et je ne pus que rire de sa remarque.

- Je suis sympathique comme tout le monde ici! Majeur? Sans aucun doute, mes portiers font bien leur travail, s'il s'agit de fausses cartes, alors là, nous n'avons rien à voir là-dedans. À vous de faire votre travail, mais vous perturber la fête et tous mes clients vont quitter parce que vous voir dans les parages, ça sent jamais bon... ça sent comme le cochon! Vous ne trouvez pas?

Moi aussi je savais piquer parce que je voyais la foule se disperser. Chaque policier regardait leur identité, c'était un peu la merde. Je déposai mon verre au bar, je n'avais qu'une envie, quitter, mais je ne pouvais pas.

- Bon, dites-moi vraiment ce que vous chercher et je vais coopérer!

3 fois cette semaine et ça devait être surement sur une information reçue. Aucune idée d'où ça peut provenir, mais il y a des jaloux partout et depuis le feu au Fifty je dirais que mes affaires étaient meilleures, mais là... ce ne l'était pas du tout.