Je m’amusais beaucoup avec les différentes questions-réponses de notre petite jeu. J’apprenais à connaitre le jeune homme et je devais dire que ses réponses me plaisaient beaucoup. On avait pas été d’accord sur la question du Hunger Games et de Labyrinthe mais sur les autres on semblait s’accorder. Je m’étais décidé à lui poser une question un peu plus complexe dans le domaine de l’amour. Être aimé ou aimé ? Quel choix était le plus facile à supporter. Sa réponse fut aussi complexe que la question. C’était certain que l’une comme l’autre des propositions, c’était difficile. Une vraie question philosophique. Je me mis à sourire en pensant à ma propre réponse dans une telle situation. « Je pense que je préférais être aimé personnellement. C’est un peu égoïste mais souffrir toute une vie pour quelqu’un qui n’aura jamais de sentiment pour moi, je crois pas que je pourrais le supporter. » Je n’avais réellement été amoureuse d’un homme. J’avais bien eu des coups de cœur, mais je ne m’étais jamais sentie avoir été submergé d’amour pour quelqu’un. Surement n’étais-je jamais tombé sur l’homme idéal avec qui j’aurais une profonde alchimie, ou bien peut-être que je n’en ressentais tout simplement pas le besoin ? Qui sait …
 
J’ôtai mon pull de noël, l’ambiance étant chaude dans le bar, je commençai à me sentir un peu mal à l’aise. Je me justifiai en disant que j’avais chaud puis je portai à mes lèvres ma boisson tandis que Gabriel me flattai à propos de la tenue que j’avais jusque là camouflé. « Merci beaucoup, c’est très gentil. » Le jeune homme passa ensuite à une autre question, après l’amour voilà qu’on passait dans le domaine de la mort. Ses deux propositions étaient plus horribles l’une comme l’autre. Mon dieu, mourir dans un crash d’avion ou lors d’un saut à l’élastique. « J’en sais rien ! Y pas l’option se tirer une balle dans la tête plutôt ? Je sais qu’au moins ça c’est radical ! » Je me mis à rire. Cette conversation était légèrement glauque en plus. « Vraiment si je devais choisir … hmmm … peut-être le crash d’avion. Au moins tu vois pas réellement que tu tombes dans le vide, quoi que après peut-être que le saut à l’élastique tu meurs plus vite … Je sais pas, mais je pense que je vais rester sur le crash d’avion. » Je me redressai sur ma chaise et passa une main dans mes cheveux qui tombaient sur mes épaules. Cela me faisait penser à une autre question, plus personnelle. « Tu as déjà vu la mort de près ? Un accident dans lequel tu t’es retrouvé ? » Frôler la mort c’était quelque chose qu’on oubliait pas. Ça marquait à vie et ça laissait des traces, ça pouvait même nous transformer. « J’ai été envoyé sur le terrain en Afghanistan lors de ma formation militaire, j’ai vu des choses vraiment pas jolies. La guerre, je ne souhaite à personne de connaitre ça, surtout quand il y a des armes lourdes d’employées. » Je soupirai, bu une autre gorgée de mon verre et souris à Gabriel. « Jai faim. J’ai envie d’un burger avec des frites t’en dis quoi ? On boit, mais je vais vite me retrouver sous la table, ou même peut-être dessus si je mange pas ! » Je me mis à rire.
 

Le jeu était lancé et la bonne ambiance était de mise. Nous apprenions à nous connaitre d’une façon différente. Nous étions d’accord sur certains mais pas sur tous. « Hum… être obligé de vivre avec une personne qui nous aime mais que nous n’aimons pas, c’est souffrir aussi. Pas de la même façon, c’est certain, mais d’une certaine manière on souffre aussi. Enfin je trouve. » Peut-être était-ce le vécu qui me faisait dire ça. Lorsqu’on est plus amoureux et que l’on reste dans une relation, par habitude ou pour ne pas faire souffrir l’autre, est ce que l’on est heureux ? Pas tellement.

Tahani avait apparemment chaud et décida de retirer son pull. Sans mentir, ce n’était pas pour me déplaire. Elle portait une robe qui la mettait à son avantage et vu certains regards, je n’étais pas le seul à l’avoir remarqué. En même temps un décolleté pareil, qui pourrait y résister ?

L’ambiance fut plus morbide avec ma question suivante. Okay, j’aurais franchement pu trouver autre chose, mais c’était la seule chose qui m’était venu à l’esprit. Je ris à ses premiers propos. Je réfléchissais aussi de mon côté de qui me semblait le mieux. Et pour savoir quelle morte était la mieux il fallait déterminer laquelle était la plus rapide et la plus net. J’aurais tendance à dire : le crash d’avion. Personne ne peut s’en sortir indemne. On meurt sur le coup. Radical. « J’aurais tendance à dire l’avion aussi mais pas pour les mêmes raisons. Le crash, t’as aucune chance de t’en sortir. Tu meurs sur le coup, alors que le saut à l’élastique, tu peux souffrir un moment avant de crever. Alors si la finalité est la même autant ne pas souffrir… Pas très gai tout ça ! » riais-je.
Le thème de la mort resta dominant pour la question suivante. A la question : qui pose la question la plus glauque ? Je ne sais pas qui ne nous deux était vainqueur. J’avais vu la mort de près oui, mais pas au sens où elle l’entendait « Non, je crois pas. » Je réfléchissais et oui étant petit j’avais eu la sensation de mourir des tas de fois : quand ma sœur est morte, quand mon père passait ses nerfs sur moi, … Mais je n’avais pas failli mourir réellement. La sensation et la réalité était deux choses difficiles à discerner quand on est jeune. « Enfin j’ai jamais échappé à la mort… » dis-je simplement.
Tahani elle, avait vraiment vu la mort de près, de très près même. La guerre n’était pas jolie à voir et ça demander du cran. Ce que je n’avais clairement pas. J’étais vraiment très respectueux des gens qui faisait ce travail, comme ceux qui sauvaient des vies comme des pompiers ou des médecins, mais clairement j’aurais été incapable de vivre ça tous les jours. Il fallait faire preuve de détachement dans ce genre de travail et ça, je ne savais pas faire. Je prenais les choses trop à cœur. « J’imagine oui… » l’ambiance chaude et chaleureuse était quelque peu retombée et je me demandais bien comment nous allions pouvoir changer tout ça !

Finalement Tahani fit ça à merveille avec sa faim. Boire sans manger, ça ne faisait jamais bon ménage. Et même si je tenais bien l’alcool et que ce n’était pas avec un petit verre que la tête allait me tourner, j’avais faim moi aussi. « Il y a un food truck au coin de la rue. On peut y aller. » souriais-je.

 

Finalement avec le petit jeu que j’avais lancé entre nous, j’en avais appris un peu plus sur la personnalité du jeune homme. Il état drôle, un tantinet romantique, fidèle à ses amis et n’avait jamais frôlé la mort de près. Pour le coup on pouvait dire que notre rencontre originale avait finis par devenir un rendez-vous également original. L’ambiance était un peu retombée avec mes propos au sujet de la guerre et je ne voulais pas que ce bon moment se termine sur cela, je proposai donc d’aller manger un bout. Je commençai à avoir faim et l’alcool m’échauffait peu à peu. J’avais besoin de remplir mon estomac au plus vite. Un burger et des frites semblaient être la meilleure des options à envisager ! Gabriel m’indiqua qu’il y avait un foodtruck pas très loin et que l’on pouvait s’y rendre. J’acquiesçai d’un hochement de tête avant de terminer mon verre. « Excellente idée, faisons ça ! » Je payai nos consommations en laissant sur la table le nécessaire avec un pourboire et récupéra mon pull de noël que je fourrai dans mon sac sans ménagement. J’allais certainement pas le remettre. « Tu as pas trop chaud avec ta petite laine de noël là ? » lui demandai-je amusée. Il n’avait pas pris la peine de retirer le sien. Peut-être n’avait-il pas pensé à mettre autre chose en dessous qui sait ? Il pouvait bien se mettre torse-nu cela ne me dérangerait pas. Je me levai de ma chaise et sorti du bar, Gabriel sur mes talons avant de le laisser me guider vers l’endroit où nous allions manger. « Tu as toujours vécu à Miami ? Ou bien tu es d’ailleurs et tu es venu chercher le soleil ici ? » J’arrive pas bien à discerner si c’était un vrai Miamian ou pas. Il ne semblait pas avoir d’accent mais après il y avait tellement de population différente dans cette ville qui venaient d’un peu partout, qu’on ne savait plus très bien qui était natif d’ici ou non. On arriva assez rapidement au food-truck. L’odeur qui émanait du stand m’ouvrit encore plus l’appétit. Je regardai la carte des menus affichés sur le côté. Mon choix s’arrêta très rapidement sur un basique. « Ce sera un double cheeseburger avec des frites et une bière pour moi, s’il vous plait. Et toi ? » Je regardai Gabriel pour qu’il commande ce qu’il souhaite. On avait un peu d’attente avant d’être servi alors, d’un signe de tête je montrai une table libre afin qu’on s’y installe. Je repris le fil de notre conversation avant notre commande. « Je suis née à Bombay, j’ai quitté mon pays à dix-neuf ans en … 2006 ! Punaise ça fait bail en y repensant ! Je n’y suis jamais retournée depuis. Parfois je me sens plus américaine que indienne. » Le temps avait filé à une vitesse affolante ces dernières années. Ça me rendait toujours très triste de penser à mon pays natal mais je savais très bien que j’avais pris la meilleure des décisions en fuyant mon pays, ma maison familiale. « Tu as déjà voyagé un peu dans le monde ? Quitter les Etats-Unis pour aller à l’autre bout du monde ? » Les voyages, je n’en faisais pas assez souvent mais qu’est-ce que j’adorais ça ! Si je pouvais je parcourais les routes du monde entier à la recherche des plus belles merveilles du monde, pas celles qu’on voit dans les livres touristiques, non celles dont on ne parle jamais car trop quelconques au yeux de certains.
 

Parler de mort, il y avait mieux pour ce genre de rencontre, non ? En même c’est moi qui avais lancé le sujet avec mon histoire d’avion et de saut à l’élastique. L’ambiance était donc plombée. Fort heureusement, la faim de Tahani nous fit sortir de là. Le food truck que je venais de lui proposer la tentait bien.

Contrairement à elle, j’avais gardé mon « superbe » pull de Noël. Déjà que j’avais l’air d’un idiot à la base, c’était encore pire maintenant que j’étais seul à le porter. La jolie brune se mit à me taquiner là-dessus. « Un petit peu oui, mais je voudrais pas que mon décolleté vertigineux fasse concurrence au tiens. » plaisantais-je avant de l’enlever. Je portais un simple tee-shirt blanc et bien sûr on était bien loin de son décolleté.

On marcha donc en direction du food truck qui se trouvait non loin de notre position initiale. « Hum non. J’ai vécu à Denver pendant une dizaine d’années avant de partir à New-York avec ma mère. Et puis j’ai débarqué ici à cause de mes études et j’y suis tout simplement resté. » souriais-je. En même temps on était bien plus au chaud ici qu’à New-York. Puis maintenant j’avais ma vie, mes amis ici. Je n’eus pas le temps de lui retourner la question que nous étions déjà arrivé sur place. « La même chose. » dis-je simplement. Je payai nos commandes avant que l’on se dirige vers une table libre. « Et toi alors ? » Je me doutais bien qu’elle n’était d’ici où du moins que ses parents ne l’étaient pas. Physiquement, on pouvait se douter de ses origines indiennes. « Et tu n’as pas de famille là-bas ? » demandais-je alors qu’elle affirmait ne jamais être revenu en Inde depuis son départ. « Pardon, c’est peut-être indiscret… » rajoutais-je rapidement. Peut-être qu’elle n’avait plus de famille ou qu’ils n’avaient plus de contact entre eux qui sait ?

« Oui j’aime beaucoup ça. » avouais-je. J’économisais toujours pour faire un voyage par an. Je partais souvent seul avec un simple sac à dos et sans jamais vraiment d’itinéraire prévu. Je n’aimais pas me sentir contraint, de partir à telle heure car le lendemain, il fallait visiter tel ou tel monument. Non, je préférais aller où j’avais envie, au moment où j’en avais envie ! J’avais d’ailleurs loupé mon vol de retour une fois à cause de ça. Beh oui, car le vol de retour, je le prévoyais quand même à l’avance. « L’année dernière j’ai fait une partie de l’Argentine, avec pour seul compagnon mon sac à dos. J’ai adoré. » avouais-je. Cette année, je n’avais encore rien de prévu, il allait falloir que j’y réfléchisse. « Et toi ? Enfin je suppose qu’avec ton boulot tu dois voyager beaucoup. »

Ce n’est que quelques minutes après que nos commandes arrivèrent. « Merci. » Avant de voir ce cheeseburger, je n’avais pas spécialement faim, mais là, j’en avais clairement l’eau à la bouche ! « Ca été du rapide ! » Tant mieux, je détestais attendre au restaurant !  

 

On avait décidé d’aller manger un bout afin de se remplir nos estomacs d’autre chose que du liquide. J’avais commandé un double cheeseburger et des frites, le tout accompagné d’une bière. Ce n’était pas parce que j’étais en rendez-vous avec un gars que j’allais mettre de côté ma gourmandise pour la malbouffe. Le jeune homme me raconta qu’il était de Denver à la base et qu’il était venu faire ses études à Miami. En faite, on avait un peu le même parcours finalement. Un coup de cœur pour la ville et nous voilà jamais reparti. Gabriel me demanda si j’avais encore de la famille en Inde avant de s’excuser rapidement. Je souris. « Mes parents sont là-bas. Je suis en froid avec mon père, il a pris très mal le faite que j’abandonne ma famille pour les Etats-Unis, mais dans le fond je m’en fiche. Nos relations étaient déjà pas au beau fixe avant. » répondis-je d’un ton détaché. Cela faisait bien longtemps maintenant que je ne ressentais plus rien de positif à l’égard de mon paternel. Je détournai ensuite la conversation sur des potentiels voyages effectués autour du globe. Le jeune homme avait visité l’Argentine en sac à dos. Cela avait l’air d’avoir été une chouette expérience ! « J’ai fait quelques pays sous tensions, comme l’Irak ou l’Afghanistan dans le cadre de ma formation militaire. Mais sinon dans le cadre de mon plaisir personnel, j’ai déjà été Thaïlande et en Mongolie. Ce sont vraiment de beaux pays, avec des habitants vraiment supers accueillants. J’aimerais bien essayer d’aller en Nouvelle-Zélande d’ici la fin de l’année. » Nos commandes arrivèrent et je remerciai le vendeur et souhaitai un bon appétit à Gabriel avant de croquer à pleines dents dans mon sandwich. « C’est vraiment trop bon la malbouffe ! Le mec qui a inventé ça a eu une idée de génie ! Bon c’est de la merde pour le corps mais pour l’esprit c’est plutôt pas mal. » Je me mis à rire en regardant le jeune homme manger son diner avec autant de satisfaction que moi.
 
« Et sinon t’as des passions dans la vie ? A part de t’occuper de jeunes en difficultés ? » lui demandai-je pour relancer une conversation entre nous. Peut-être qu’on avait des choses en commun tout les deux qui sait. « Perso, je suis du genre à être assez casanière. Ça me plait de rester enfermer chez moi à regarder des séries ou jouer à Call of Duty, mais parfois il m’arrive de bien m’habiller et de sortir avec mes amis en boite et faire la fête toute la nuit, parfois … » J’esquissais un sourire. En faite je me rendais compte en lui disant ça que je pouvais être deux personnes bien distinctes en fonction de mon humeur du moment. Quand je sortais, je ne faisais pas les choses à moitié, d’ailleurs j’avais même du mal à m’en remettre pendant quelques jours ensuite. Faut croire que je commençais à ne plus être toute jeune. « Je m’intéresse à l’art aussi. Je trouve ça assez apaisant de regarder des peintures et de me dire que contrairement à moi, certains ont des dons exceptionnels pour le dessin ! » J’étais une piètre dessinatrice. C’était tout juste si je savais dessiner un bonhomme et une maison. J’avais sans doute pas été assez assidue pendant mes cours d’arts à l’école.
 
On termina notre rapide repas sur le pouce. Je regardais l’heure sur mon portable pour me faire une idée de l’avancée de notre soirée. J’étais assez contente d’être en compagnie de Gabriel et la soirée n’était pas si avancée. « Est-ce que tu veux fuir ma compagnie, ou bien tu veux encore passer du temps avec moi ? Et si c’est le cas que veux-tu faire ? »

Nous avions décider d’aller manger quelque chose, histoire d’assouvir notre faim et d’éponger un peu l’alcool que nous avions bu. On commença alors à discuter apprenant à nous connaitre. En l’écoutant, je me rendis compte que nous avions un point commun : notre relation avec notre père. Moi non plus je ne lui parlais plus depuis des années, mais ce n’était pas pour les mêmes raisons. « On choisi malheureusement pas notre famille. » dis-je simplement.

En ce qui concernait les voyages, j’adorai ça. J’aimais découvrir le monde et en particulier les vastes décors naturels. Les grandes villes comme Paris, Tokyo, … okay pourquoi pas, mais ce n’était pas ce qui m’intéressait le plus. J’aimais partir pour plusieurs semaines avec juste un sac à dos et voir où tout cela me menait. J’avais toujours rêvé de faire le tour du monde en sac à dos, malheureusement, à part abandonner mon boulot, je ne voyais pas trop comment faire et puis financièrement, je n’étais pas vraiment aisé alors tenir un an ou plus pour découvrir le monde, c’était carrément impossible ! Tahani aussi aimait voyager et dans le cadre de son voyage, elle découvrait de nouveaux pays. Enfin pas forcément des pays qu’ils faisaient rêver ! « La Thaïlande, c’est vrai que les paysages sont magnifiques, mais beaucoup trop de touristes ! » Et surtout des touristes qui se fichaient pas mal de détruire un tel endroit.

Notre commande arriva rapidement à notre plus grand plaisir. C’est vrai que ce n’était pas la meilleure nourriture qu’il soit pour notre corps, mais franchement pour le moral, c’était génial ! « Oh, il suffit de faire du sport après pour l’éliminer ! » Lâchais-je. Moi qui étais un gros mangeur depuis tout jeune, je n’avais pas eu d’autres choix que de m’y mettre ! Heureusement pour mon corps, le sport, j’aimais ça !

« Et bien je suis passionné de musique. Je joue et chante dans un groupe. » On ne faisait que quelques bars et quelques petites scènes par-ci par-là, mais c’était amplement suffisant. Nous avions tous un boulot que nous adorions à côté. « A côté de ça, j’adore la randonné. » Je pouvais passer des heures à marcher pour explorer les paysages. Bon vu ce que je lui avais confié sur les voyages, elle ne devrait pas trop être étonné par ce point-là. « Et toi alors ? » demandais-je en buvant une gorgée de ma boisson. Elle, elle était plutôt mon opposé, préférant rester chez toi. C’est fou, si elle ne me l’avait pas dit, je n’aurais jamais pensé ça d’elle. Elle aimait aussi l’art. Moi personnellement, je n’y comprenais pas grand-chose et oui, je n’aimais pas m’enfermer pendant des heures dans un musée pour observer des œuvres. Mes connaissances dans ce domaine étaient très réduites et à part dire : je trouve ça beau, ou je trouve ça moche, j’étais incapable de dire autre chose. « Moi j’ai absolument pas d’âme artistique en ce qui ce type d’œuvre. Au collège, j’avais toujours 9 en art plastique alors que pourtant, c’était la matière où on pouvait facilement avoir 15 ou 16. Mais non, pas moi. » riais-je en croquant une nouvelle bouchée de mon hamburger.

On termina rapidement notre repas et la jeune femme me demanda ce que je comptais faire, fuir ou rester. « Rassure toi, je n’ai pas de gastro fulgurante ce soir. » plaisantais-je dans un léger rire avant de reprendre. « On peut aller chez toi où chez moi. » Simple et clair, mais nous n’allions pas nous mentir, nous n’avions pas accepté ce rendez-vous pour finir la soirée comme ça. Surement pas après tous les sms échangés.

J’en savais maintenant un peu plus sur ma compagnie de ce soir. C’était un jeune homme charmant, avec de l’humour et qui avait l’air d’être un bon gars. En même temps il s’occupait de jeunes en difficultés, fallait avoir un peu de bonté d’âme pour pouvoir faire ce job … à contrario du mien si on se disait que mon boulot tuait des gens sur le long terme. Enfin, chacun faisait ce qu’il pouvait pour vivre et chacun se dépatouillait de sa conscience comme bon lui semblait. Nous avions terminé notre repas en apprenant davantage l’un sur l’autre. Nous avions tous les deux une sensibilité artistique, lui pour la musique et moi pour l’art. J’aimais penser que ce point commun était un bon début à un rapprochement plus physique. D’ailleurs je lui demandais s’il était d’accord pour continuer la soirée ensemble. Nous n’allions pas nous mentir, je savais à quoi m’attendre lorsque nous avions décidés de nous rencontrer. J’éclatai de rire lorsqu’il me rassura de ne pas être pris d’une gastro fulgurante. « Bon ça va alors, je peux donc te proposer de venir chez moi. » Je lui fis un sourire charmeur en me levant. D’un signe de tête je lui montrai la direction à prendre pour se rendre jusque chez moi. En coupant par les bonnes ruelles on pouvait rapidement arriver chez moi.
 
J’habitais un appartement dans un bel immeuble avec portier. Je gagnais bien ma vie et j’avais eu envie de m’offrir un bien immobilier qui représentait bien cela. Oui ça faisait peut-être tape-à-l’œil ce genre de comportement mais c’est ce qui me faisait plaisir. On grimpa dans l’ascenseur qui nous mena au dernier étage de l’immeuble. « J’espère que tu as pas le vertige car je suis au sommet de l’immeuble ! » Les portes s’ouvrirent sur un palier de quatre portes d’appartements. Une sur chaque face du cube dans lequel nous nous trouvions. J’ouvre ma porte d’entrée et invite Gabriel à pénétrer chez moi. Je sais que ça peut paraitre grand pour certaines personnes. Je ne sais pas si le jeune homme est du genre à vivre dans un minuscule appartement en ville ou bien s’il loge dans un logement aux dimensions supérieures aux gens de la classe moyenne. Sans doute était-il impressionné, mais ce n’était pas important. « Tu veux un verre de vin ? » Lui demandai-je en posant mes affaires dans l’entrée. « Playlist de Jazz, Alexa. » dis-je à haute voix. La musique se mit en route immédiatement après une réponse de la part de l’intelligence artificielle qui habitait dans les lieux. Je me rendis dans la cuisine et ouvrit une bouteille de vin avant de servir deux grands verres. J’en tendis un à Gabriel. « Bon, pas de faux-semblant entre nous. Je me doute que tu attends la même chose que moi en venant ici, non ? » Je le regardai en plongeant mon regard dans le sien. Mes lèvres se posèrent sur le bord de mon verre et j’en bu une gorgée. « Du sexe, rien de compliqué. Si t’es du genre à partir avant le petit-déjeuner demain, je t’en tiendrais pas rigueur, mais si tu veux rester pour manger des pancakes et boire un café j’ai rien contre non plus. » Au moins les choses étaient dites et il n’y aurait pas de malaises demain ou bien juste après notre petite affaire. J’avais pas envie de m’encombrer de complications. J’étais honnête dans ce que je voulais et au moins c’est facile pour tous le monde. Certains pourraient dire que ça manquait de tact mais qu’importe. Je m’approchais de Gabriel et posais mes lèvres sur les siennes délicatement.
 

Nous avions passé une bonne partie de la soirée à discuter de tout et de rien, mais en tout franchise, nous nous étions pas déplacés pour ça. Les sms échangés étaient explicites et comme aucun de nous ne s’étaient enfuis, la suite des choses étaient juste logique. C’est donc chez elle qu’on terminerait la soirée et au fond, je préférai. Abi’ squattant toujours l’appartement, elle aurait certainement trouvé quelque chose pour m’emmerder et pour faire fuir Tahani au passage ! « Je te suis ! » dis-je simplement. Au final, elle n’habitait pas bien loin du lieu où on s’était donné rendez-vous.

L’entrée de son immeuble était bien différente de la mienne. J’étais forcée de constater que nous venions de deux mondes totalement opposés. Je n’aurais certainement jamais les moyens de m’offrir un tel luxe ! Ou alors, il fallait que je gagne au loto ! Mais pour cela, il faudrait évidemment que je me mette à y jouer ! En rentrant dans l’ascenseur, Tahani fit une remarque sur son appartement qui se trouvait tout en haut de l’immeuble. Ce n’était pas la hauteur qui me faisait peur, mais plutôt ce petit espace dans lequel nous étions confinés quelques instants pour nous y rendre. Oui, ma phobie était ridicule, mais je ne la contrôlais pas. Le trajet fut rapide et je réussi plutôt bien à me contrôler. Nous n’étions que deux dans cet ascenseur, alors c’était évidemment plus facile.

Si l’entrée de l’immeuble m’avait paru grandiose, ce n’était rien face à son appartement. Même Nick, qui pourtant avait un très très bon salaire, ne vivait pas dans un tel luxe. Je ferai peut-être bien de lui demander de m’épouser tout de suite ! Elle me proposa un verre de vin. Personnellement quand j’allais chez quelqu’un, c’était plutôt « Tu veux une bière ? » Encore une fois, signe que nous n’étions pas du même monde. J’étais encore plus soulagé d’être ici plutôt que chez moi. Elle aurait sûrement trouvé mon appartement miniature et ridicule. Après, elle ne se serait peut-être pas permise de me le dire de vive-voix. « Je veux bien, merci ». Elle demanda alors de la musique à une certaine Alexa. Je crus d’abord qu’elle avait une sorte « d’assistante », enfin plutôt boniche pour le coup, chez elle, mais je me rendis rapidement compte qu’en réalité il s’agissait d’une intelligence artificielle. Même si je ne le montrais pas, j’étais plutôt impressionné par cet appartement.

Tahani semblait franche et pour le coup, j’appréciais, au moins les choses étaient claires. Nous allions coucher ensemble et ça s’arrêterait là. Pas de complication à prévoir avec elle et j’aimais ça ! « Parfait ! » dis-je simplement. Sans attendre, ses lèvres se posèrent délicatement sur les miennes. Finalement, le vin allait attendre. Je n’aurais donc pas la possibilité de gouter un vin de luxe, parce que vu la maison, c’était évident que lui aussi l’était. Au moins ça m’évitait les questions incommodantes sur son goût. Je n’avais pas un palais assez développé pour pouvoir faire une critique adéquate !
Je répondis à son baiser. D’abord avec délicatesse puis avec plus de fougue par la suite. L’ambiance s’était rapidement réchauffée entre nous deux et la jeune femme me dirigea sans que nos bouches ne se lâchent, vers sa chambre, du moins une chambre. Après tout, ce n’était peut-être pas forcément la sienne. Elle se débarrassa de ses chaussures ce qui lui fit perdre quelques centimètres. Tout en continuant à l’embrasser, je défis la fermeture éclaire de sa robe et aida Tahani en s’en débarrasser complétement. La robe laissait déjà deviner la silhouette parfaite de la jeune femme. Sans, elle était juste divine ! Je poussai Tahani sur son lit, retirai mon tee-shirt, avant de m’allonger au-dessus d’elle et de reprendre possession de ses lèvres. Ma main libre parcourait son corps de mille caresses avant de d’allait se refugier dans son dos pour détacher son soutien-gorge.