La sueur coulait sur le front de la jeune brunette, elle se tortillait de droite à gauche et cela sans cesse. Son visage se contractait, ses sourcils étaient froncés, les draps étaient par terre et un cri strident retentit dans toute la pièce. Yaël avait enfin réussi à ouvrir les yeux mais son corps tremblait. Elle était toute trempée et elle se rendit compte qu’elle avait, encore une fois, cauchemardé. Elle se tourna vers sa table de chevet et décida de prendre un verre d’eau mais elle était comme atteinte de la maladie de Parkinson, ses mains tremblaient et le verre d’eau lui fila des mains et se retrouva en mille morceaux à côté de son lit. Yaël resta interdite pendant quelques secondes avant de quitter son lit. Elle avait besoin d’air, besoin de se vider la tête. Elle avait cette sensation d’étouffement qui la consumait de l’intérieur. La seule chose dont elle était capable c’était de prendre son téléphone et de passer un appel. Elle savait qu’il était assez tard, d’ailleurs sa montre indiquait une heure trente déjà. Elle espérait qu’il lui répondra, qu’il ne la laissera pas dans son mal-être. Après plusieurs bip qui commençaient à faire perdre l’espoir naissant en la jeune femme, Jay finit par décrocher. Un peu inquiet par cet appel tardif, il lui demanda automatiquement si tout allait bien. "Non...ça ne va pas...j’étouffe....j’en peux plus.... je suis désolé de t’appeler aussi tard mais je ne savais pas trop quoi faire...je...je n’arrive pas à fermer l’œil...c’est encore mes cauchemars..." Sa voix était presque inaudible, les battements de son cœur accélérèrent et les larmes avaient commencé à couler. Elle détestait se sentir vulnérable et pourtant elle ne pouvait y échapper, à chaque cauchemar elle se retrouvait dans cet état. C’était fatiguant à force mais comment faire pour ne pas subir tout ça. Elle était médecin mais dès qu’il s’agissait d’elle-même alors elle paniquait totalement. Jay la rassura quelque peu au téléphone et lui assura qu’il sera chez elle en un rien de temps. Rien que l’idée la soulageait déjà. Elle hochait la tête à chaque mot qu’il disait comme s’il se trouvait en face d’elle puis finit par raccrocher. La brunette garda le téléphone en main et s’assit par terre au pied de la porte, elle ne voulait pas rejoindre sa chambre et encore moins son lit. Elle avait l’impression de revivre ses cauchemars à chaque fois qu’elle fermait les yeux. Elle ne s’était même pas rendu compte qu’elle s’était blessée au pied lorsqu’elle avait quitté son lit en marchant sur les bouts de verres qui traînaient non loin de là. Elle était tellement en panique qu’elle n’avait même pas remarqué le sang qui se retrouvait un peu partout dans son appartement.

( Pando )

J’étais en train de rêver que mon téléphone n’arrêtait pas de sonner, c’était des rendez-vous que je devais prendre dans le cadre de mon travail… À la recherche de nouveaux patients, je devais être patient avant de me faire un nom. Cette sonnerie se faisait entendre et je n’étais pas capable de répondre, jusqu’au moment où je me rends compte que mon téléphone est vraiment en train de sonner. Le réveil est brutal et mon coeur se met à pomper à toute allure. Je saisi mon téléphone d’une main et sans reconnaître le numéro, je prends cet appel. J’allume la lumière de ma lampe sur ma table de chevet et je mets mes lunettes sur mon nez. Je prononce difficilement les premiers mots tellement je ne suis pas complètement réveillé. Oui?... Oui! réessayai-je en me raclant la gorge. Je reconnais ensuite cette voix, c’est une de mes patientes que j’ai déjà vu deux fois. Elle a des problèmes nocturnes. Je prends la peine de bien l’écouter, je dois dire que mon cerveau a besoin encore un peu de temps pour tout comprendre, mais je vais y arriver. Quand je regarde le cadran de ma chambre, il est 1h32 du matin. Ça va? Quelle question stupide! Bien sûr que ça n’allait pas si elle m’appelait en pleine nuit. Je devais vraiment me réveiller. J’écoutai donc attentivement ce qu’elle avait à me dire.

- Ne t’excuse pas! Tu as bien fait de m’appeler! Il faut que tu te détendes… Écoute-moi bien. Tu vas t’allonger sur ton lit et on va se parler tous les deux, je suis avec toi, je ne te lâcherai pas. J’ai besoin de savoir s’il s’est passé quelque chose aujourd’hui pour que ça te fasse ça maintenant?

Je saisi un carnet à côté de mon lit pour y prendre des notes, je devais découvrir ce qui troublait tant cette jeune femme. C’est certain qu’il fallait gratter plus loin pour comprendre. Je sentais la jeune femme tellement fragile… Je ne voulais pas aller trop loin, mais je me demandais si ce n’est pas ça qu’elle attendait de moi.

- Tu veux que je passe chez toi maintenant?

Il ne fallait pas voir d’autre chose, c’était strictement professionnel. Je ne savais pas trop si elle habitait loin de chez moi, mais peu importe. J'étais quand même prêt à tout pour la garder ma patiente et qu'elle ait confiance en moi.

( Pando )

La peur, cette sensation étrange qui envahissait à chaque fois la jeune brunette, à chaque fois qu'elle fermait les yeux et qu'elle se réveillait en sursaut, à chaque fois qu'elle quittait son lit en pleurant. Une sensation qu'elle détestait au plus haut point et qui réussissait même à lui faire renssentir un dégoût envers sa propre personne. Elle avait besoin de s'échapper, de fuir son lit, ses cauchemars, tous ce qui l'entourait. Alors elle se retrouva dans la cuisine, le téléphone à l'oreille et Jay à l'autre bout du fil. Elle s'en voulait de le réveiller et de le solliciter aussi tardivement mais elle ne savait pas quoi faire. Il était la seule personne compétente qui pouvait l'aider. Elle aurait pu réveiller sa famille ou ses amis mais pour faire quoi ? Rien justement. Ils ne pourraient rien faire à part s'inquiéter et être aussi désespérés qu'elle. Jay lui demandait de se calmer, de respirer et de revenir à son lit mais elle était incapable de faire cela, elle n'arrivait plus à bouger, ses jambes avaient lâché. Et puis, pour l'instant, elle voyait sa chambre comme un enfer, il suffisait qu'elle s'allonge, qu'elle ferme les yeux et c'était reparti pour un tour. "Non...je ne peux pas...je ne peux pas revenir...ils seront là, ils m'attendent, je ne veux pas m'allonger..." Elle continuait de redire cela en boucle, incapable de répondre à ses autres questions. Jay essaya autre chose mais en vain. Ne voulant pas la laisser dans cet état, il se proposa de venir chez elle. Il n'était pas obligé mais c'était gentil de sa part. "D'accord...je veux bien..." C'était plus fort qu'elle, elle avait sa fierté, son honneur mais elle ne pouvait pas cacher cela à tout le monde. Il fallait qu'elle apprenne à laisser les autres l'aider comme elle le faisait, mais c'était une chose bien difficile pour elle. Quelques minutes plus tard, alors qu'elle était toujours plongée dans la pénombre, un pied blessé, on sonna à la porte. Yaël sursauta mais se leva aussi rapidement pour ouvrir. Avant de définitivement ouvrir la porte elle demanda. "Jay, c'est bien toi ?" Elle devait en être sûre avant d'ouvrir. Lorsqu'elle entendit sa voix, un grand soulagement l'envahit et elle ouvrit la porte. "Je suis vraiment désolé...je ne voulais pas te déranger à cette heure mais je ne savais pas vers qui me tourner..." Elle s'en voulait de l'avoir sollicité à ce moment, il avait surement du boulot le lendemain matin.

( Pando )

Se faire réveiller à 1h30, c'était un peu brutal et je dois bien l'avouer, je n'avais pas touts les idées claires non plus. La jeune femme au bout du fil était en détresse et ça s'entendait dans sa voix. Je l'entendais pleurer et je dois dire que tout ce qui comptait pour l'instant c'était qu'elle se calme. J'avais donc proposer qu'elle s'allonge, mais tout de suite, elle paniqua de nouveau. Difficile de calmer quelqu'un au bout du fil quand on ne la voit pas. Elle avait prononcer les mots "ils seront là, ils m'attendent" c'était un peu perturbant tout ça. J'essayais de lui dire d'autres choses, mais elle n'était pas du tout réceptive c'est pourquoi je proposai de me rendre jusqu'à sa maison pour aller la retrouver. Comme ça, on allait pouvoir parler face à face et voir ce qu'il en ai de son état.

- Très bien, je m'habille et je m'en viens chez toi, écris-moi ton adresse.

Je n'avais pas son dossier sous les yeux, alors je ne savais pas quelle était son adresse. Je pris ensuite ma voiture pour me rendre jusqu'à sa porte où je cognai doucement à la porte. J'entendis alors la voix de la jeune femme derrière pour me demander si c'était bien moi. L'entendre dire mon surnom était plutôt étrange. On m'appelait souvent Docteur ou Jaymeson, mais pas tout simplement "Jay".

- Oui! Tu peux m'ouvrir?

Elle ouvrit donc la porte et je vis apparaître la jolie rouquine dans un état disons le encore en panique.

- Très bien... Je suis là, il faut qu'on arrive à te détendre un peu. Il faut évacuer toute cette panique parce que c'est en train de te manger. Passons au salon.

Je m'installai à ses côtés et lui pris sa main avec son accord bien entendu. Je commençai à la masser tout doucement. C'était connu il y avait des points de tension assez important à cet endroit ainsi qu'au poignet.

- Explique-moi ce qui s'est passé, ce qui t'a mis dans tous tes états.

J'allais essayer de l'aider du mieux que je ne pouvais, mais je devais découvrir ce qui avait fait commencer toute cette terreur. L'anxiété peut tellement pourrir la vie des gens, mais dans le cas de Yannaël, je dirais que c'était plus que ça. Il avait quelque chose qui bloquait, quelque chose qui n'avait jamais guérie en elle. Il fallait donc qu'elle ait confiance en moi pour qu'on puisse soigner ça ensemble.

( Pando )

La panique rongeait la jeune femme de l’intérieur, elle était dans tous ses états et était incapable de se calmer toute seule comme elle avait l’habitude de faire. Elle tournait autour de sa cuisine car elle ne pouvait plus revenir dans sa chambre. Elle s’était même assise par terre en attendant le jeune homme qui venait de lui assurer que dans quelques minutes il serait chez elle. C’était un grand soulagement d’avoir quelqu’un qui pouvait l’aider dans ce genre de situation. Personne d’autre qu’un psychologue ne pouvait faire grand chose pour elle, et c’est bien pour cette raison qu’elle avait directement appelé le jeune psychologue. Concentrée sur les idées noires qui lui trottaient dans la tête, Yaël n’avait fait attention ni à son pied blessé ni au sang qui gisait encore sur le sol. Mais elle sursauta lorsque Jay sonna à la porte. Elle ne s’était même pas rendue compte qu’elle venait de l’appeler par son surnom; mais fallait croire que dans l’état où elle était elle ne se rendait compte de pas grand chose. Elle espérait simplement qu’il ne lui en voudrait pas après cette soirée. Elle l’avait dérangé en pleine nuit et en plus de cela elle l’appelait par son surnom. Mais qu’est ce qu’on ne pouvait pas entendre de plus ?!

Le jeune homme lui expliqua qu’il fallait rapidement évacuer la panique qui l’avait envahie. Aussitôt, ils se dirigèrent vers le salon et s’assirent tous les deux sur le sofa. Jay prit sa main dans la sienne et essaya de détendre la jeune femme en massant les points de tensions qui s’y trouvaient. Yaël savait très bien que c’était une bonne technique. Tout en continuant ses gestes, il lui demanda de lui raconter ce qui s’était passé. La brunette était un peu déboussolée et ouvrait constamment la bouche et la refermait comme un poisson. "Eh bien....je...je...ne sais pas trop..." Ses idées n’étaient pas vraiment claires alors comment réussir à trouver l’origine de son anxiété.

Petit à petit, son corps commençait à se détendre et elle ferma les yeux, essayant de se souvenir de quoi que ce soit. "Ce matin nous avions eu aux urgences un nouveau cas, c’était un petit garçon âgé de 9 ans. Je le connaissais car il y’a quelques mois il a eu une opération chirurgicale et j’étais l’interne en charge. Aujourd’hui il a développé le syndrome de Guillain-Barré. Bien évidemment cette maladie s’est manifestée suite à son intervention chirurgicale. J’ai l’impression que tout ceci est de ma faute. Il est encore jeune et nous devons absolument trouver une solution car c’est une maladie rare et le petit est capable d’y laisser sa vie. Mais nous devons agir vite car son cas s’aggrave rapidement et les complications s’intensifient. Alors comment réussir à dormir après tout ça ? Je me sens coupable et incompétente devant ce petit garçon... Pourtant il continue de sourire à chaque fois que je franchit la porte et me susurre constamment à l’oreille à quel point il est fort et qu’il allait s’en sortir comme un superhero..." Aussitôt elle mit ses mains devant son visage et pleura à chaudes larmes.

( Pando )

Il était rare que je faisais ça, me rendre en pleine nuit chez une patiente, mais je dois dire que c'était vraiment une question de comprendre ce qui se passait dans la tête de Yannaël. Une fois entré chez elle, elle n'était pas en mesure de me dire d'où venait son anxiété, il allait falloir travailler un peu plus fort.

- Ok... respirez bien Yannaël, je suis là pour vous aider.

Elle réussit à se calmer un peu et à m'avouer ce qui la tracassait... Oh, c'était donc lié à son travail au sujet d'un petit garçon ayant développé des complications après une opération. Elle se sentait coupable... Il fallait comprendre qu'être dans un hôpital, ça pouvait être une grande source de stress.

- Bon, viens on va aller sur le canapé et on va en discuter. Une fois bien assis, je pouvais commencer à la calmer davantage et surtout de la raisonner. Vous ne pouvez pas vous blâmer pour quelque chose que vous pensiez bien faire. Il faut savoir que ce petit garçon a été malchanceux et je suis conscient que vous voulez rapidement le sauver, mais il faut savoir que pour y arriver, il faut être calme et surtout être en mesure de se reposer. Sinon, vous ne pourrez pas avoir les idées claires. Vous n'êtes certainement pas seule non plus à travailler sur cecas. Vous devez pouvoir vous appuyez les uns sur les autres. Puis, vous le dites, il reste fort, alors il est important que vous restez forte pour lui.

Elle était dans un état un peu de paranoïa.... la fatigue peut amener à penser toute sorte de choses dont jamais cela ne va se produire. On appelle ça des scénarios...

( Pando )

Cette panique qu’elle avait, cette maladie, la poursuivait depuis bien trop longtemps et jusqu’à ce jour, elle n’avait jamais réussi à s’en débarrasser. Cela la rendait triste d’être à chaque fois aussi vulnérable, incapable de prendre soin d’elle alors qu’elle était plutôt douée lorsqu’il s’agissait de son boulot. Ce soir là, Jay s’était gentiment rendu chez elle et avait fait de son mieux pour la détendre et surtout, de la faire sentir en sécurité. Elle devait prendre du recul sur tout ce qui la tracassait et ainsi, elle serait capable d’avoir une nuit sans agitations. Après une bonne demi-heure, La petite Yaël commença à respirer normalement et a être de plus en plus détendu. "Tu as raison, je ne devrais pas trop me prendre la tête...je devrais essayer de m’en dormir...peut être que ça irait mieux." Yaël espérait vraiment que ses cauchemars n’allaient pas recommencer, une fois sa tête sur l’oreiller.

"Jay, je voudrai te remercier pour tout ce que tu as fait pour moi ce soir. Et surtout, je m’excuse pour ce dérangement...." Elle espérait sincèrement qu’il ne lui en voulait pas. Jay lui souhaita une nuit sereine et quitta l’appartement de la jeune femme. Yaël, de plus en plus soulagée, rejoint sa cuisine pour prendre un verre d’eau. Maintenant que des idées étaient de plus en plus claires, elle remarqua enfin les tâches de sang par terre et se souvint du verre qu’elle avait cassé dans sa chambre. D’ailleurs, elle ressentit même la douleur à son pied gauche. Elle accourra vers sa pharmacie et sortit le nécessaire pour soigner sa blessure. Une fois le bandage fait, elle rangea les bouts de verre qui trainaient et essuya le sang traînant un peu partout dans toute la maison. Lorsque le rangement fut enfin terminée, Yaël rejoint son lit et remarqua qu’il était déjà trois heures du matin. Elle n’avait plus que deux heures de sommeil. C’était déjà mieux que rien. Elle éteint alors la lumière et s’endormit.

( Pando )