L'antiquaire s'excusera auprès de la dite famille pour la maladresse de Derek avant de reprendre calmement la distribution des paniers aux enfants, cette fois on allait et venait pour le fournir. A croire que le vieux prêtre avait demandé que l'on en s'en occupe à sa place. Sacré vieil homme. Enfin, quoi qu'il en retournait vraiment à ce sujet, il ne fera que constater que Derek au lieu de disparaître de son champ de vision restera au contraire bien collé auprès de lui. Lui posant des questions sur la salle de bain.

- Oui, effectivement j'y ai été. Je n'ai pas fait attention à ta présence. Je dois dire que j'étais davantage préoccupé à faire cesser le sang de couler. Les saignements de nez à l'improviste sont devenus coutumiers pour moi.

Il était étonné qu'il le sache, était ce l'homme qu'il avait bousculé en entrant ? Peut être bien dans le fond. En tout cas Thompson se demandait s'il devait mentir ou lui dire la vérité, mais vue comment il tombait gaga devant lui, la vérité était tellement plus douce pour faire souffrir lentement et langoureusement un petit coeur tendre qui vous aimait tant les douces promesses sans lendemain sincère.

Sans parler que du coin de l'oeil, il vit le panda roux filer, ne supportant pas le fait que Derek devant lui et pas devant elle. C'était ainsi, il aurait dû être totalement à lui et non à elle. C'était une évidence d'ailleurs.

- Leucémie... C'est une maladie mortelle que l'on nomme aussi le cancer du sang, elle m'a été déclarée par le médecin une semaine après notre séparation. Les saignements de nez font partie de ses symptômes. On n'a que le choix de faire avec. Et toi, sinon Nathan, tout se passe bien avec ton petit Panda ? Vous avez l'air d'être ensemble maintenant.

Une manière de lui annoncer une mort future possible et le fait que lui, vivait une belle vie nouvelle avec la femme avec laquelle il l'avait trompé sans a avoir a être une seule seconde vindicatif. Est ce que ce doux coeur tendre en guimauve parfumer à la Rose et rose allait pouvoir supporter ce qu'il venait de lui dire ? Ou pas ?

Que dire a part le fait que Thompson retombait dans ses travers. Dans cette admiration malsaine quand il regardait Derek redevenir son Nathan à lui. Ce grand garçon totalement timide et faible qui ne savait plus aligner deux mots correctement devant sa personne. Il était si adorable et voilà que cette petite voix résonnait en lui, comme l'offrande d'un alibi : et si je pouvais avoir plus d'argent, je pourrai mieux me soigner. Derek n'en manque pas. Encore une si mauvaise excuse pour dire combien même la haine ne savait pas cacher tout l'amour qu'il avait toujours eu pour lui. Pourtant il avait allègrement perdu pourtant, Derek était parti vers le Panda roux et pas lui. Il l'avait trompé avec elle.

Un petit sourire amusé sur les lèvres.

- Tu m'as senti ? Attention, je vais finir par croire que tu insinues que je sens mauvais.

Puis il viendra auprès de lui pour poser une main sur sa joue, de sa paume froide, malgré le temps clément de cet automne. Caressant lentement cette dernière.

- Dis toi juste que le destin à choisi à notre place, Nathan. Bientôt, il n'y aura que Lily Anne et toi.

Il conservera son regard ancré au sien un instant avant de se retirer tout bonnement pour reprendre la distribution des colis repas. Ses prunelles magnifiques abandonnant celle toutes étoilées de son beau Nathan. Donnant cette fois 4 paniers pour une petite famille pas si petite que cela. C'était fou comme les familles pauvres, sachant ne pas avoir le sous pour offrir une vie viable à leur progéniture continuaient de s'écharner à en faire toujours plus. Les pauvres mômes.

- Tu sais bien Nathan que la qualité d'un traitement dépend de la somme que tu peux mettre dessus. Je suis alors pour ma part, le traitement qui va avec ma bourse. Malheureusement, je dois avouer qu'il ne fonctionne pas du tout et que les saignements de nez ne font que d'empirer. Ma maladie est en pleine évolution.

Laissons planer juste le spectre de sa mort prochaine, même si dans le fond, ce n'était pas si faux que cela. Son organisme s'affaiblissait à cause de la maladie et son traitement ne fonctionnait pas le moins du monde.

- Le dosage qu'il me faudrait pour le présent traitement, me rend malade et j'ai mon magasin à faire tourner. Donc je ne peux pas le prendre comme il le faudrait.

Il parlait tout en continuant sa distribution, posant parfois le regard sur le beau Nathan qui s'offrait toujours plus beau et mignon sous ses yeux. Son amant à lui, celui qu'il avait perdu et qui pourtant lui était entièrement destiné. Son comportement n'était-il pas la preuve même qu'il n'y avait qu'une personne faite pour cette force de la nature ? Qu'il y avait que lui qui avait une vraie place dans son coeur ?

Que dire ? Cela faisait quelques minutes que l'archange écoutait discrètement la conversation de ces deux là devant l'église. Williams savait que s'il y avait bien un Jéhovah dans la famille Watts, Raphaël en prenait la place sans aucun problème. Il se demandait d'ailleurs si cela n'allait pas mal finir pour les deux anciens amants qui se faisait méchamment regarder de travers pour son amoureux qui voyait très mal certains propos devant un lieu saint.

Mais alors que l'archange qui notait avec un crayon de bois la liste de ce qui avait été déjà distribué se mettra à le casser en deux quand Derek fera un sous entendu de prostitution ... alors s'il avait tout suivi depuis le début correctement, Thompson était atteint de leucémie d'où le sang qu'il avait vu tout à l'heure, sa maladie évoluait rapidement, son traitement coûtait cher, il aimait toujours Derek, regardant qu'il finissait avec le panda roux, et DEREK LUI PROPOSE DE BAISER AVEC CONTRE DU FRIC ?! Un putain de sous entendu de prostitution DEVANT UNE EGLISE ?!

- Je... Chéri... Calmes toi... S'il te plait.

Williams s'écarta quand même en le voyant se redresser avec un regard bien sombre pour venir se poster dans le dos de son petit frère.

- Derek NAthan Watts...

Non, il ne lui laissera clairement pas le temps de lui répondre qu'il lui choppera l'oreille pour tirer dessus. Puis il regardera Thompson.

- Vous venez aussi Thom... La discussion entre vous deux c'est à l'intérieur, dans le bureau du prêtre et pas ailleurs. Et ne me forcez pas à molester un homme malade, je n'en ai aucune sainte envie. Williams ! Tu reprends la place !

Sur ces derniers mots, il embarque son petit grand frère sans ménagement en le tenant par l'oreille. Cela remontait à loin la dernière fois qu'il avait fait cela. Ah oui, le premier mariage de son petit grand frère. Visiblement il devait mettre encore les pieds dans le plat. C'est ainsi qu'il le trainera jusqu'au bureau, ouvrira la porte et le fera entrer dedans.

- Tu te tiens sage ou je te castre à vif. Tu te souviens de ma promesse faite quand t'en avais que 20 ? Elle est toujours valable. Donc assis et ramène pas ta fraise. Vous avez une heure pour régler vos comptes.

Thompson avait semble-t-il suivi. Au moins un homme intelligent. Il lui montrera un autre siège. Prendra la clé des liens, ressortira en fermant la porte à clé pour se barrer retrouver Williams.

Thompson regarda son Nathan si mignon et attachant à venir comme un petit moineau se caresser le visage dans la paume de sa main jusqu'à ce qu'il se recule et que le charme tombe, tout s'écroulant autour de lui, ne laissant rien de la magie de cet instant qu'il aurait soudainement souhaité plus long, jusque à l'évocation si vulgaire et déplacé en ce lieu de son ancienne place à ses côtés de prostitués. Ce fut si peu fin. Si peu élégant. Le renvoyant à cette époque où il n'était qu'un prostitué fou de lui, drogué à sa personne lui revenant jusqu'ici à Miami.

Derek ne s'était pas rendu compte comme il venait de le blesser bien plus que sa maladie. C'était comme s'il venait de balayer d'un revers de main leur histoire d'amour. Finalement la vie avait compris ce que lui s'était entêté à se cacher. Il ne put que le regarder quelque peu outré avant de le voir réaliser ce qu'il venait de faire et d'essayer de rattraper le coup.

- Non, Nathan. Ni prêt, ni autre chose. Tu as un couple maintenant. N'est ce pas.

Quelle idée avait il eu de laisser son coeur s'ouvrir ainsi, de retomber en admiration ainsi devant lui. Qu'est ce qu'il y avait gagné finalement ? A part être traité comme le prostitué qu'il avait été. Et non comme l'ex, l'amant avec lequel on avait voulu faire sa vie. Dire qu'il avait faillit oublier cette haine d'avoir été trompé. Qu'il avait été prêt a lui retomber dans les bras. Quel pauvre fou faisait il. Nathan l'avait si brutalement remise à sa place. Celle qu'il avait eu réellement : la putain que l'on chérit. Que c'était risible n'est ce pas ? Être atteint d'une maladie qui aura votre peau et n'avait été que cela pour la personne qui a le plus compté pour vous. Non, naître un 25 décembre ne portait pas du tout bonheur.

Par contre, il sera bien surpris par l'aplomb que venait de prendre le frère de ce dernier qui viendra se poster juste dernière et lui tirer l'oreille. Il devait avouer que c'était cocasse comme scène. Mais quand il s'adressera a lui avec son regard noir... Disons qu'il n'était pas fou dans sa situation de dire non. Autant suivre sagement pour éviter les ennuies.

Une fois enfermé à clé, il était là, assis sur le bord du bureau ne sachant que dire sur l'instant. Laissant le silence régner alors le bruit à l'extérieur qui lui arrivait en lointain echo.

Thompson regarda le fameux grand frère « macaque à la grosse queue » refermer la porte à clé, allant assis sur le bord du bureau et en voyant Nathan commencer à faire les cents pas devant lui, que dire à part qu’il lui donnera rapidement le tournis et qu’il lui faudra prendre place sur le siège de tout à l’heure pour obtenir un meilleur appui et une bonne stabilité. Il se sentait profondément vidé par sa perte de sang de tout à l’heure. Cet aparté ne lui faisait finalement pas de mal. Certains de ces ex clients lui auraient dit que c’était le cul qui reposait les jambes. Dans le fond, ils n’avaient peut être pas tord même si le dire moins vulgairement aurait été salutaire pour la morale qu’offrait cette petite phrase châtiée.

Sinon, Nathan ressemblait de plus en plus à un lion en cage… quoi que, vue la carrure qui semblait s’étendre avec le temps, c’était plutôt à un ours ayant loupé sa période d’hivernation et qui n’en semblait pas très heureux. Toutefois il s’arrêtera finalement pour bien lui faire face et lui mettre deux nouvelles gifles en plein visage rien qu’en parlant. Il ferma les yeux quelques secondes, en reprenant une profonde respiration. Voilà une des raisons pour laquelle, il n’avait pas su quoi dire pendant ce long moment de silence, la peur d’apprendre qu’il l’avait remplacé par un autre : Eh bien maintenant il le savait et en avait la confirmation. Et pas simplement un nouvel amant mais un nouveau dominant en même temps.

Il lui demandait d’être son soumis, il l’aurait bien envoyé au diable rien que pour ce propos, Nathan savait bien que lui en soumis c’était pas ça du tout. Enfin, il se doutait bien que c’était sûrement une excuse à la Derek Nathan Watts pour faire ce qu’il voulait. Car le jour où Nathan sera un dominant au lit avec un autre homme, faudra vraiment que l’on lui montre cela, car rien qu’à la parole, il ne le croira jamais de la vie qui lui restait. De l’autre, que pouvait il faire de plus que voir la vérité en face, il n’avait pas su non seulement oublier cet amour pour lui mais sa maladie avançait rapidement. S’il ne faisait pas une pause, s’il ne pouvait pas prendre le temps de se soigner et de prendre un meilleur traitement, il allait passer de vie à trépas d’une manière ou d’une autre à la rue. Il ne se faisait pas d’illusion à la vitesse où cela le dévorait, il ne pourra bientôt plus travailler.

– C’est oui Nathan.

Il le murmura tout en rouvrant les yeux pour ancrer ses prunelles aux siennes. Espérons juste que Derek ne regrette pas son choix. Dire qu’il avait refusé un couple à trois. Maintenant c’était un couple à combien ? 4 ? Le dominant, le soumis, l’épouse… Il n’avait même plus le statut officiel d’amoureux. Cela faisait mal.

De toute façon, il n’aura pas le temps de s’apitoyer sur son sort qu’un léger vertige le prendra et que du sang coulera à nouveau de son nez. Il avait visible trop présumé de ses forces en venant ici aujourd’hui pourtant dans un sens, il avait peut être récupéré en partie la seule personne qui avait compté vraiment dans son existence. Il prendre le mouchoir humide pour le mettre sous son nez.

– Désolé. Je suis sans doute fatigué. Cela devrait se calmer un peu plus vite cette fois.

D’une main, il ira se servir un peu de vin pour le siroter entre deux coulées de sang.

Thompson ne réagit pas quand Nathan arrivera auprès de lui pour prendre son mouchoir taché et le remplacer par le sien. Venant lui pincer le nez pour essayer de le stopper. Quelque part, le voir aussi inquiet pour son état lui mettait du baume au coeur. Quelque part, cela voulait dire qu'il comptait encore pour lui. Pour son Nathan. Même si ce n'était plus lui le numéro 1. Celui qui comptait plus que tous les autres. Comment ne pas ressentir de la tristesse en faisant ce constat douloureux.

- Hum, fatigué avec ce saignement supplémentaires et tu serres fort je dois dire .

Un faux sourire dans la voix.

- Enfin non, cela ne va pas. J'ai besoin de savoir. Besoin que tu me le dises. Tu sais de quoi je parle, tous me montre que tu tiens encore a moi, mais j'ai besoin de l'entendre de ta bouche.

Voilà, il venait de le dire. Pourquoi se taire alors que Nathan avait bien remarqué qu'il n'allait pas bien. Autant ne laisser aucun non dit. Mais la Derek est pressé visiblement de mettre les termes du contrat en place. De mettre ses exigences sur la table avec lui et il se sentit éloigné de son cœur soudainement.

- Oui, nous pouvons en parler maintenant et j'imagine que tu feras faire le contrat par un de tes avocats rapidement après. Que désires tu donc Nathan ?

Il avait l'impression que le sang avait cessé de couler, il posera sa main sur celle de Derek et repoussera aimablement sa main pour en retirer le mouchoir. Oui, cela ne coulait plus. Un soulagement pour lui qui finissait un peu plus pale encore.

- Merci. Cela vient de s'arrêter.

Il s'installera plus confortablement sur le siège et viendra ancrer son regard bleu profond aux prunelles de Derek. Attendant ses réponses. Attendant ses mots importants pour lui.